Très chers lecteurs, comme à peu près chaque année je me rends compte que l'écriture de fics sur l'univers d'Harry Potter me manque et qu'il faut absolument y remédier.

J'ai choisi cette fois-ci un thème qui me trotte dans la tête depuis déjà pas mal de temps : les Fondateurs de Poudlard. Seulement, je n'avais pas envie d'écrire une histoire classique où Salazar est fourbe, Gryffondor est courageux, Helga est gentillette et Rowena d'une intelligence suprême. Dans cette nouvelle histoire je vous propose d'imaginer une autre légende.

Très bonne lecture !

La légende des Fondateurs

Hautaine

La grande demeure détonnait dans le paysage médiéval du royaume de Bretagne. Bâtie en pierres grises et en briques rouges, sa massive structure carrée offrait une façade haute, rectiligne et austère, percée d'une unique porte et d'une rangée de fenêtres en plein cintre. Une tourelle massive se dressait au coin sud-est de la bâtisse, surmontée d'un petit dôme. L'ensemble paraissait immense mais demeurait toujours silencieux.

Rien de commun, naturellement, avec les bicoques de chaume et de paille qui peuplaient la campagne aux alentours et qui grouillaient de vie.

Ce qui étonnait le plus les habitants de cette région, c'était que cette grande maison de pierres paraissait bien neuve : pas un brin d'herbe folle ne perçait les murs, et on ne constatait aucun signe d'usure nulle part. Pourtant, ils auraient tous pu jurer que la demeure se tenait là depuis toujours, perchée à flanc de colline comme un nid d'aigle.

L'endroit suscitait une curiosité régulière parmi le voisinage et les rumeurs les plus diverses couraient à son sujet : on disait que les murs, à l'intérieur, étaient couverts d'or et le sol incrusté de pierreries qu'un magnifique jardin protégé par des murs immenses s'étendait à l'arrière de la maison et qu'un chaud soleil d'été y baignait tous les jours des arbres étranges et des plantes exotiques. Et l'on murmurait bien des choses au sujet de la mystérieuse maîtresse des lieux ... Car parfois, on voyait des pèlerins traverser la région qui s'en revenaient de l'Orient lointain, et qui pour atteindre les Terres Saintes de Jérusalem avaient traversé l'antique Empire romain d'Orient. Ceux-là avisaient avec des yeux ronds l'étonnante bâtisse, ses fenêtres rondes, son dôme, et assuraient qu'ils n'avaient contemplé pareille architecture que dans la fameuse cité de Byzance.

De là, les idées s'échauffaient rapidement et les légendes se multipliaient : peut-être la dame de céans avait-elle été la mère ou bien la fille d'un empereur, peut-être avait-elle traversé des aventures rocambolesques, des complots, des coups d'Etat, des trahisons et des fuites précipitées pour finir sa vie dans la province reculée de Bretagne ... Qui pouvait savoir ? Elle était si secrète. On ne la croisait pour ainsi dire jamais dans les villages avoisinants, et on ne voyait d'elle qu'une haute silhouette rousse aperçue parfois dans le lointain, une canne à la main, marchant d'un pas altier sous les murs de sa demeure. Ceux qui l'avaient approchée évoquaient une nature fière, orgueilleuse, avare même.

Et des pouvoirs.


Les légendes n'avaient pas totalement tort. Elles exagéraient, bien sûr. L'objet de ces racontars les accueillaient le plus souvent avec un sourire énigmatique et un peu las. Elle détournait la tête, rajustait une épingle dans son épaisse chevelure rousse striée de fils blancs par les ans, et retournait à de plus sérieuses affaires.

L'aménagement de sa demeure en était une. Si les murs n'étaient pas pavés d'or, ils étaient en revanche ornés de somptueuses mosaïques aux couleurs éclatantes. Et si la demeure offrait à l'extérieur une façade revêche et fermée, sa cour intérieure était quant à elle éclatante de lumière et de chants d'oiseaux. Une eau claire et pure jaillissait des fontaines du jardin, et un gravier gris clair crissait sous ses pas entre les allées de cyprès.

Certes, Helga avait un peu triché avec la nature. Mais c'était si beau ! Après toutes les péripéties de sa longue existence, elle estimait avoir gagné le droit de se faire plaisir.

Elle menait dans cette retraite dorée une vie solitaire, pour l'essentiel. Elle n'aimait pas les visiteurs, ni les curieux, ni les acrobates ou les saltimbanques qui frappaient souvent à sa porte, pleins d'espoir et d'illusions.

En revanche, elle ouvrait toujours sa porte aux plus démunis, aux malades et aux mourants. Elle les accueillait sans leur poser de question inutile, les soignait de son mieux avec une patience et un dévouement exemplaires, et les laissait demeurer chez elle aussi longtemps qu'il était nécessaire. Du reste, la place ne manquait pas. Lorsqu'ils étaient rétablis et prêts à reprendre le cours de leur vie, elle les fournissait abondamment en provisions et en vêtements chauds puis les laissait repartir – en veillant seulement à ce qu'ils ne gardent de leur séjour aucun souvenir trop précis.

Ainsi vivait la farouche Helga, oubliée du monde et heureuse de l'ignorer. La seule personne dont elle appréciait encore la compagnie était sa filleule, une jeune fille aussi charmante que parfaitement malhabile.

CLING

D'ailleurs, elle venait encore de briser un vase.

─ Oh, Rowena ... soupira sa marraine en se massant les tempes.