Chapitre 23 : La nouvelle collaboration :

Tsuna était anxieux. La cérémonie finale allait commencer. Même si son anneau venait de briller une dernière fois, il avait peur de la réaction du conseil. Sa cérémonie allait de mal en pis. L'échange des anneaux, l'apparition des primo, la destruction de l'arène, les trois jours de deuil. Même s'il avait le soutien de sa famille et de nombreuses familles alliées, il pourrait être considéré comme inapte à la place de decimo. Une guerre éclaterait alors au sein de la mafia et elle toucherait le monde entier.

Byakuran lui avait raconté que si le futur avait changé, c'était à cause d'une cérémonie ratée. Les Millefiore avaient fait partis des détracteurs des Vongola c'est pourquoi tous les événements se sont déroulés. Le soir précédent, les deux hommes avaient retrouvé Uni. Tous les trois avaient longuement discuté de l'avenir de la mafia. Une acceptation permettrait un changement de régime en douceur, un refus briserait de nombreux rêves.

Le decimo était assis sur son trône. En apparence, il était calme, mais ses proches lisaient en lui comme en caractère 70, gras et surligné, projeté sur un écran géant. Bref, Tsuna était terrorisé. Peu à peu, le monde entra dans la salle. Ses gardiens l'entourèrent et ses amis s'assirent aux premiers rangs. Tous le soutenaient. Une fois que la foule fut installée, le silence tomba. Finalement, les membres du conseil entrèrent à leur tour. Il en manquait trois, blessés ou morts. Un des sages s'avança plus que les autres, c'était une dame d'un certain âge, pourtant l'éclat de ses yeux montrait une grande vivacité d'esprit. Elle s'éclaircit la gorge, mais Tsuna la prit de vitesse en déclarant d'une voix forte et claire :

-Quoi qu'il arrive, je protègerais ma famille. Si vous ne m'acceptez pas, ce n'est pas grave, je n'ai pas besoin de vous. Je changerais les règles du jeu et je gagnerais. Ce n'est pas parce que vous m'avez donné un dé pipé que je vous laisserais une chance. J'ai ma famille et c'est le plus important

Les membres du conseil se regardèrent, confus. Des murmures parcoururent l'assemblée. Ils augmentèrent encore lors de l'arrivée triomphale de Reborn. En le voyant, le sourire monta aux lèvres du decimo et le soulagement perla ses yeux. Même si son intuition lui avait indiqué son choix, Tsuna avait encore un pincement au cœur. Et si Reborn l'avait abandonné ? Il aurait pu. Mais l'homme s'approchait fièrement de lui, s'appuyant sur une canne et pourtant toujours aussi noble. De la tête, il le salua et Reborn se plaça à ses côtés. C'est à ce moment-là que la première génération se décida d'entrer dans la salle.

Les murmures s'arrêtèrent, laissant place à la fascination. La première génération avait revêtu leurs tenues de combat, celles décrites dans les livres, peintes sur les tableaux. Devant tant de puissance, les membres du conseil s'écartèrent et la première génération fit face à la dixième. D'un geste calculé, il leva sa main portant la bague Vongola vers le ciel. Il annonça :

-Au début de la cérémonie, nous, la première génération des Vongola avons été appelé à cette époque. Nous avions pour mission de déterminer si oui ou non nous jugions digne la dixième génération de prendre la relève. Pendant cette semaine, nous les avons observés, discutés avec eux ou leur proche pour nous faire notre propre avis. Au fur et à mesure, chacun de mes gardiens a accepté son descendant, c'est ce que signifient les points lumineux présent sur l'anneau Vongola

Il se tue et regarda la foule. Giotto attendait un signe de négation, de refus, car, si le Primo acceptait son descendant, le conseil n'aurait pas à donner son avis. Son jugement serait obsolète par rapport à celui du créateur de la mafia et de la plus grande famille du monde. Intérieurement, Giotto exulta. Malgré ses doutes, il ne s'était pas trompé sur Tsuna. Le jeune homme avait réussi à réunir autour de lui les plus grands mafieux, les plus grandes familles. Tous le soutiendraient. L'homme qui avait traversé les siècles reprit :

-Je déclare, moi Giotto di Vongola, créateur de la famille Vongola, le jeune homme digne successeur Tsunayochi Sawada di Vongola, susnommé decimo comme responsable et parrain de la famille Vongola a compté de ce jour. Que sa volonté soit !

Les mots prononcés, la bague du Primo s'auréola d'orangé. Les flammes recouvrirent sa main, puis son bras. Enfin, le Primo disparu dans les flammes. Ces dernières touchèrent chaque gardien de la première génération. Quand tous furent recouverts, ils devinrent une flèche d'énergie qui entra dans chaque bague de chaque Vongola de la dixième génération.

Peu à peu, la lumière s'éteint. Devant la foule, le decimo et sa famille étaient intact ils étaient les dignes successeurs. Les mots étaient vains, alors Dino se leva et s'approcha de son ami, de son frère et le salua d'une légère inclinaison du buste. Cela fit sourire le decimo et l'ambiance solennelle se brisa. Une ambiance bon vivant régna alors dans la salle.

Un buffet fut organisé dans le jardin qui avait été remis en état. La fête était au rendez-vous. Pourtant, Tsuna semblait pensif, presque triste. Quand ses amis étaient venus s'enquérir de son état, il leur avait répondu la réponse habituelle, que tout allait bien. Mais le cœur de Tsuna pleurait bien. Depuis qu'il était entré dans la mafia, il avait admiré Giotto di Vongola. Il représentait un idéal à attendre, un héros, une légende. Lors de leur première rencontre, même sous forme de fantôme, le decimo avait vu l'homme derrière la légende et il en fut ébloui. Il était devenu pour lui une sorte de symbole. Au fil des rencontres, Tsuna l'avait peu à peu découvert et c'était mis à le considérer comme un grand frère protecteur, un père aimant. Il s'était mis à chercher son approbation.

Aujourd'hui, son héros était venu à son époque et il avait tout raté. Il aurait voulu mériter sa place par des actions grandiloquentes, comme lui, mais il n'avait fait que créer une catastrophe. Il n'avait pu discuter avec lui qu'une nuit.

Le jeune homme sortit de ses pensées quand son gardien du brouillard s'approcha de lui. Avec nonchalance, Mukuro s'assit à côté de lui. Lorsqu'il émit son rire si particulier, tous les convives proches du decimo s'éloignèrent précipitamment. Même s'ils avaient confiance en Tsuna, ce n'était pas le cas pour l'illusionniste. Le decimo soupira de soulagement. Depuis la fin de la cérémonie, il était assailli par les admirateurs et ne pouvait pas être lui-même. Son gardien du brouillard le remarqua et lui dit en ricanant :

-Kufufu, je te suis devenu indispensable on dirait. Tes chiens ne les ont pas chassés ?

-Non, cela aurait été mal vu, tu t'amuses bien ?

-Kufufu, oui. J'adore voir le visage terrifié des convives quand je surgis derrière l'un d'entre eux, il laissa planer un silence avant de continuer d'une voix rauque, presque inaudible, comment l'as-tu découvert ? Personne n'est au courant. Je suis certain qu'ils ne connaissaient pas l'importance de ses documents, alors pourquoi ?

-J'ai cru pendant longtemps que mon père m'avait abandonné et qu'il était mort. Par la suite, j'ai découvert qu'en réalité, il se fichait de moi. Je lui en ai voulu. Mais, depuis l'accident… la voix du decimo était serrée par l'émotion

-Depuis l'accident de voiture, où tes parents sont morts ?

-Oui, il attendit un peu de reprendre contenance avant de continuer, je m'en suis voulu. Mon père a essayé de m'offrir une vie, loin de la mafia pour que je sois heureux. Il m'a fait connaitre juste pour préserver le monde de la colère de Xanxus. J'aimerais le revoir et lui pardonner, apprendre à le connaitre, qu'il soit fier de moi. Je veux te donner une chance de revoir ta famille

-Mais comment as-tu su ? lui demanda Mukuro

-J'ai demandé à Hibari de me faire un rapport sur les Marcosa. Dedans, j'y ai vu un lien avec la famille qui a fait des tests… en me replongeant dans les dossiers de Nono de l'époque, un nom a surgit. Mon intuition a fait le reste. Je sais que tes parents ne t'ont pas vendu, mais que tu as été enlevé. Je suis certain qu'ils ne t'ont pas oublié. Et je me suis dit que les informations sur eux devaient être dans les dossiers des Marcosa.

Entre les deux hommes, un silence réconfortant s'installa. Mukuro passa la main sur son cou et un collier apparu. Il ouvrit le pendentif et trois visages apparurent. On reconnaissait là une famille, avec en son centre Mukuro qui ne devait pas avoir plus de cinq ans et il devait encore avoir une vie heureuse. L'illusionniste regarda son boss et son regard exprima toute la gratitude possible. Il se dématérialisa alors qu'un homme s'approchait d'eux.

Tsuna reconnu le fils du boss des Marcosa. Le jeune homme semblait mal à l'aise. Finalement, après un sourire du Vongola, il s'assit à la place précédemment occupé par Mukuro. L'homme lui dit :

-Je crois que vous m'avez reconnu, comme beaucoup de personnes d'ailleurs. Je viens de m'excuser pour les actions de mon père et de ma famille. Je vous remercie aussi de l'avoir relâché, même s'il a mis fin à ses jours…

-Pardon ? S'exclama Tsunayochi

-Il avait trop honte de lui et il s'est tiré une balle dans la tête. Comme prévu, je prends la tête de la famille, mais j'aimerais la faire repartir sur de bonnes bases. J'aimerais faire une alliance avec les Vongola

-Je suis heureux de notre future collaboration, même si cela se fait dans de si tristes jours

-Je comprends les choix de mon père, même si je ne les approuve pas. Je vais réformer ma famille et lui rendre son éclat. Depuis toujours, nous avons beaucoup travaillé sur les flammes de dernières volontés. Avec mes chercheurs, nous allons reprendre tous nos travaux. C'est pourquoi j'aimerais vous demander, voudriez-vous bien assister à ma cérémonie ?

Tsuna le regarda avec ses grands yeux chocolat. Il hésitait. Sa famille était destructrice et pourtant. En s'arrangeant bien, il pouvait faire en sorte de n'être accompagné par qu'un ou deux de ses gardiens… Le jeune Vongola sourit alors à son interlocuteur et lui dit :

-Pourquoi pas, comme ça, je saurais comment ma cérémonie aurait dû se passer !

Les deux hommes éclatèrent de rires, surprenant ainsi la plupart des convives. Au fond de l'anneau, Giotto souri. Son descendant ne se laisserait pas abattre. Il n'avait plus besoin d'aide maintenant. Peu à peu, la conscience du Primo s'effilocha, avant de se mélanger avec celle des autres bosses Vongola. Il pouvait se rendormir sans crainte, car la veilleuse qu'était Tsuna ne s'éteindrait pas avant longtemps.