Traduction de "Inspection" de tfm, réalisée avec l'autorisation de son auteur.
Bonne lecture!
NdT : l'histoire se situe à la fin de la saison 5
Scénaristiquement parlant, c'était une heure tardive d'un jeudi après-midi, et environ un jour et demi avant que la prochaine affaire ne tombe. Ce serait apparemment un tournant important de la série, ce qui signifiait que l'affaire serait éreintante à la fois physiquement et psychologiquement. Et Hotch était à peu près certain que Reid allait encore se faire enlever.
Parfois, il détestait vraiment ces périodes. C'était peut-être bien appréciable pour la chaîne, mais c'était son équipe qui devait faire face au traumatisme. Ils avaient beau être des personnages de fiction, cela ne signifiait pas qu'ils étaient incapables de ressentir la douleur.
Quoi qu'il en soit, à cause de la nature fictionnelle du travail, il n'était pas obligé de faire quoi que ce soit tant que le récit ne se concentrait pas sur lui. Il était libre d'outrepasser les limites imposées par l'univers tant qu'il y revenait à temps pour l'affaire.
La plupart du temps, cependant, Hotch préférait rester dans son bureau à travailler sur la paperasse – cela l'aider à rester dans son personnage.
Il releva la tête en entendant qu'on frappait à sa porte.
Il fronça les sourcils.
L'homme était habillé de manière professionnelle : costume, cravate, bretelles, lunettes. Techniquement, il ne détonnait pas dans l'immeuble, mais d'un autre coté, quelque chose n'allait pas. Il était bien trop détaillé pour un figurant, et pourtant Hotch ne se souvenait pas l'avoir déjà vu où que ce soit.
- Agent Hotchner ?
- Qui êtes-vous ? demanda sévèrement Hotch, sans quitter des yeux l'homme étrange qui se tenait à la porte de son bureau.
- Paul Swift, Département de Continuité des Fictions. Je suis ici pour l'inspection de votre canon.
L'expression renfrognée de Hotch demeura en entendant ces mots.
- L'inspection de mon canon ? Au milieu d'un tournant du scénario ? Je croyais que ces inspections avaient ordinairement lieu pendant la pause d'été.
- Il y a eu des plaintes. Des incohérences dans votre background, entre autre.
Il frappa deux fois de son stylo le porte-bloc qu'il tenait.
- Il faut que je m'entretienne avec tous les personnages principaux.
Hotch esquissa un geste vers le téléphone de son bureau, mais Swift l'interrompit abruptement :
- Ce ne sera pas nécessaire. J'ai fait en sorte qu'ils reviennent au bureau. J'aimerais m'entretenir avec vous en premier, si cela vous va.
Il marqua une pause, et nota quelque chose sur son porte-bloc.
- Comme ça le pire sera derrière moi.
- Je vous demande pardon ? demanda Hotch en plissant les yeux.
- Dites-moi, Agent Hotchner…
Sans attendre une invitation, Swift s'assit sur la chaise faisant face à celle de Hotch.
- …comment est mort votre père ?
Il y eu un long silence inconfortable.
- Selon mes notes, vous avez attribuée la mort de votre père à une crise cardiaque dans l'épisode The Tribe de la saison un, puis à un cancer des poumons une saison plus tard, dans Ashes and Dust. Quelle version est la vraie ?
- Ce n'est pas contre les règles de continuité de mentir à un suspect, pointa Hotch.
- Mais cela est contraire à votre personnalité, contra Swift. Et Comportement hors Personnalité c'est bien plus grave que Contradiction de Background. Dans tous les cas, Evan Abby n'était pas un suspect quand vous avez révélé cette information. Ce n'était qu'un délit mineur, vous n'aurez donc qu'un avertissement, mais il y a quelques autres incohérences dont j'aimerais parler avec vous.
- Très bien, céda Hotch avec un regard noir, déjà irrité par la présence de l'inspecteur.
- Vous étiez procureur autrefois, c'est bien ça ?
- Oui.
- Et un membre du S.W.A.T. ?
- En effet.
- Après quoi, vous avez rejoint le Bureau Fédéral d'Investigation ?
- Oui.
- Et selon votre livre souvenir du lycée de 1987 qui apparaît dans la première partie de The Fisher King, vous avez 39 ans. Dans Faceless, Nameless, on vous donne environ 43 ans. Dans les deux cas, ces nombres semblent un tantinet… irréalistes, si on peut dire.
Hotch leva un sourcil :
- Je ne vois pas en quoi ma carrière est « irréaliste ».
- Si vous me permettez, fit Paul en se penchant en avant, imaginons une sortie du lycée à dix-huit ans. L'Université et l'Ecole de Droit vous auraient demandées pas moins de sept ans, après quoi vous étiez procureur et, au vu de votre compétence, vous l'avez été pendant un certain temps. Sans même prendre en considération la période passée au S.W.A.T., on dirait presque que vous avez réussi à faire rentrer deux carrières différentes en une seule vie.
Hotch ne répondit rien.
- Ais-je besoin de vous rappeler que l'utilisation des machines à voyager dans le temps et des modificateurs de réalité est strictement prohibé dans les fictions Criminelles ? La partie vingt-sept, sous-partie quatre du Code des Genres en Télévision vous autorise, si vous le désirez, à passer dans le Crime Surnaturel, mais cela inclurait des frais de « rebondissement grotesque. » Vous avez flirté avec le surnaturel dans Cold Comfort et Demonology, mais toute référence explicite faite dans le but de contourner les règles de continuité aboutira à une lourde sanction. En l'état actuel des choses, des efforts doivent être faits afin de régler ces problèmes de temporalité, ou vous risquez d'être accusé de crime de background.
- Bien sûr, fit Hotch, sans même se soucier de cacher le venin qui commençait à transparaître dans sa voix.
Il avait ses raisons pour les transgressions citées. Des raisons qu'un homme comme Paul Swift ne pourrait jamais comprendre.
Swift fit claquer sa langue et marqua quelques annotations supplémentaires sur son document. Hotch dut résister à l'envie de le lui arracher des mains et de le lui mettre dans la figure. Le Aaron Hotchner que le monde connaissait n'agirait jamais ainsi, mais de toute façon, ce n'était pas comme si on les regardait.
Swift leva le regard.
- Haley Brooks était votre amour de lycée ?
- Je préférerais ne pas parler d'Haley.
Bien que sa mort ait été nécessaire pour le scénario, cela restait douloureux. Tout était douloureux.
- Je ne fais que mon travail, Agent Hotchner, je suis sûr que vous avez vous-même posé votre lot de questions douloureuses.
Swift frappa à nouveau le porte-blocs avec son stylo – à l'évidence, il obtenait fréquemment ce genre de réaction.
- Haley était mon amour de lycée, confirma Hotch, tandis que l'envie de lui arracher son porte-bloc se faisait de plus en plus irrépressible.
- Donc vous étiez ensemble depuis presque vingt ans quand votre fils est né. Y a-t-il une raison pour avoir attendu si longtemps ?
- Raisons professionnelles, asséna Hotch.
- Vraiment ? questionna Swift en haussant un sourcil. Êtes-vous sûr que cela n'a pas été fait afin de créer un conflit chez votre personnage, accentué par le choix entre le travail et la famille ? Les intrigues ultérieures semblent indiquer que cela pourrait être le cas.
- Quoi qu'il en soit, un élément non expliqué ne signifie pas forcément une incohérence.
Swift eut un sourire en coin en griffonnant sur son document.
- Vous savez, de toutes les personnes que j'interroge, ce sont toujours les forces de l'ordre qui semblent se sentir personnellement attaquées.
- Ce que je fais est plus important que n'importe quelle inspection, répondit Hotch, les jointures de ses poings serrés devenues blanches.
- Bien que votre série propage l'idée de l'importance de la famille et d'autres messages positifs, les tueurs en série que vous attrapez son fictifs, Agent Hotchner, souligna Swift.
Hotch sentit une brusque montée de colère.
- Vous pensez que juste parce que nous sommes des personnages de fictions, cela fait de nous des sous-humains ? siffla Hotchner en se levant, et Swift se tassa en reculant légèrement. Je pense que quelqu'un du monde extérieur ne comprendrait pas réellement notre situation, mais nous ressentons tout. Nous ressentons la colère, nous ressentons la douleur. Nous souffrons. Chacune des victimes fictives a peur pour sa vie avant de mourir. Chaque tueur en série fictif est en tout point aussi dangereux que son équivalent réel.
Swift sembla un peu déconcerté.
- Je fais seulement mon travail, Agent Hotchner. Je suis sûr que vous pouvez aussi comprendre ça.
Il baissa la tête vers son porte-bloc et écrivit pendant pratiquement deux minutes, puis frappa deux coups avec son stylo.
- Je crois que j'ai tout ce dont j'avais besoin à votre sujet, Agent Hotchner. L'Agent Reid est le prochain.
Il fronça les sourcils et ajouta :
- Trois doctorats ? Mmmh.
Il se leva, et tendit la main. Il y eut quelques secondes de silence inconfortable avant que Hotch ne la lui serre. Swift se dirigea alors vers la porte et s'arrêta, comme s'il hésitait à dire quelque chose.
- Mes condoléances pour le spin-off, dit-il finalement, avant de fermer la porte derrière lui.
N'hésitez pas à commenter et critiquer, et je suis toujours ouverte aux suggestions pour les prochaines traductions.
J'ai publié la semaine dernière un crossover Criminal Minds / Doctor Who / Torchwood. Les crossover n'étant pas visibles par défaut, il faut aller sur mon profil ou dans la section crossover pour le trouver.
A très vite !

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