Auteur : CatsAreCool
Traductrice : Moi
Spoilers : -
Rating : T
Genre(s) : Family/Drama
Disclaimers : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling. L'histoire que vous allez lire appartient à CatsAreCool. Quant à moi, je ne suis qu'une humble traductrice.
Bêta : Sophia...Merci Sophie !
Notes : Pour ceux que ça intéresse de lire cette histoire en version originale, le lien se trouve dans mon profil.
Je rappelle que vous pouvez désormais me trouver sur Facebook sous le nom de Saw Trombone... Si vous voulez discuter de mes fics ou vous tenir au courant de ma vie : D Vous êtes les bienvenus !
Partie 6 : La Première Coupe du Monde de Quidditch de Pronglet (La Farce 'Ne-Laissons-Pas-Les-Mangemorts-La-Gâcher')
- Chapitre 31 -
~20 août 1994~
Hermione resta nerveusement aux côtés de ses parents alors qu'ils époussetaient leurs vêtements dans la salle de réception du Manoir des Black. Toute la Maison des Black s'était réunie pour l'arrivée de Simeon Black et sa famille - sa femme, Anna, et son bébé, Jason. Le Régent Apparent de la Maison des Black était arrivé le matin même d'Australie et tout le monde était présent pour le rencontrer et apprendre à le connaître.
Penelope sourit à Hermione avant de les guider vers l'immense véranda. La plupart des meubles avaient été enlevés, bien que quelques sièges étaient stratégiquement placés çà et là. Une table couverte de boissons et de petits-fours était placée contre le mur attenant la maison mais les portes vitrées avaient été ouvertes, donnant à tout le monde accès au jardin puisque le soleil brillait haut dans le ciel.
Hermione pouvait voir Andromeda et Narcissa en train de discuter avec une femme aux cheveux blonds qui tenait un bébé. Plus loin dans le jardin, elle repéra Lucius, en train de discuter avec le Professeur McGonagall ; Remus, en train de discuter avec Ted à l'ombre d'un arbre. Elle grimaça lorsqu'elle regarda autour d'elle et qu'elle trouva Draco assis sur un sofa dans un coin de la pièce, une expression renfrognée sur le visage alors que Tonks lui parlait d'une chose ou d'une autre.
Pauvre Tonks, se dit Hermione. On aurait dit que la jeune Auror avait perdu à la courte-paille et qu'elle se retrouvait donc forcée de s'occuper de Draco. Elle était vaguement consciente qu'Andromeda et sa famille avait régulièrement rencontré Narcissa et Draco depuis la dernière réunion de famille, qui avait eu lieu en juillet, afin d'entraîner Draco à interagir poliment avec des personnes qu'il aurait habituellement insulté ou ignoré, le temps qu'il s'adapte au nouvel ordre des choses.
D'une certaine façon, elle se sentait désolée pour Draco ; il avait toujours été convaincu que son père et lui étaient au sommet de la chaîne alimentaire mais à peine quelques semaines plus tôt, il avait réalisé que quelqu'un d'autre occupait cette position et que ce quelqu'un n'aurait aucun problème à l'éliminer s'il faisait le moindre faux-pas. Mais elle ne pouvait pas nier que la plus grande partie d'elle était enchantée qu'il reçoive sa juste punition pour avoir été un tel raciste. Malheureusement, elle savait aussi que Narcissa avait passé l'été à lui apprendre à mieux dissimuler ses préjudices au lieu de lui apprendre à ne pas en avoir.
Elle se redressa en réalisant qu'elle n'avait pas vu ses parents saluer Sirius et Harry, qui se tenaient sur le pas de la porte dans une ligne de réception informelle avec un autre homme qui ressemblait beaucoup à Sirius ; les mêmes cheveux noirs, des yeux bleus au lieu de gris, mais la même beauté hautaine qui définissait les Black.
"...et voici Hermione," déclara Sirius, en la poussant légèrement en direction de l'étranger. "Hermione, Simeon Black."
Hermione lui fit une révérence comme lui l'avait appris Andy et laissa sa tête s'incliner légèrement. "Auror Senior Black."
"Simeon, je te prie," lui dit Simeon, avec un sourire chaleureux. Elle pouvait entendre une pointe d'accent Français sous son accent Australien. "C'est un véritable plaisir de faire ta connaissance et celle de tes parents, Hermione. Je pense que mon Oncle Alphard aurait donné son bras droit pour te rencontrer ; la première Fille Née-Moldue de la Maison des Black."
Sirius renifla. "Nous sommes chanceux de l'avoir, et nous en avons maintenant deux puisque ta femme a rejoint famille plus tôt." Il fit un clin d'œil à Hermione et hocha la tête à l'attention de Harry. "Pourquoi ne rattraperiez-vous pas le temps perdu maintenant que toutes les présentations sont finies ?"
Harry fit un large sourire à Sirius, un sourire bien plus timide à Simeon, et Hermione s'émerveilla des changements qui avaient eu lieu chez son ami au cours de l'été.
Harry semblait bien mieux, pour commencer ; en meilleure santé - sa peau était bronzée, ses cheveux noirs brillaient, ses yeux verts pétillaient et il semblait avoir pris du poids. Mais il semblait aussi bien mieux traité avec ses vêtements de bonne qualité, propres et à sa taille ; ses nouvelles lunettes. Il ne semblait plus négligé. Et plus important encore, il semblait heureux ; formidablement heureux et satisfait d'une façon qu'elle n'avait jamais vu au cours de leurs trois années d'amitié.
Elle avait douté de la capacité de Sirius à prendre soin de lui, même si elle avait discrètement fait comprendre à Amelia Bones, lorsque celle-ci l'avait questionné au début de l'été, qu'il valait mieux que Harry soit séparé des Dursley. Après tout, Sirius était un étranger, et ils n'avaient rien su de lui outre le fait qu'il était innocent et qu'il était le parrain de Harry. Mais Sirius s'était montré à la hauteur. Il était évident pour tout le monde qu'il aimait Harry et qu'il ferait n'importe quoi pour lui.
Peut-être cependant, considéra Hermione, alors que Harry l'escortait vers la table couverte de rafraîchissement et qu'elle commençait à le questionner sur leur devoir de Métamorphose, c'était cet autre changement en Harry qui mettait Hermione dans tous ses états ; son nouvel intérêt pour les études.
Ce n'était pas comme si elle ne savait pas que Harry était intelligent - il était brillant - mais au cours de leurs précédentes années à Poudlard, il n'avait démontré cette intelligence que lorsque c'était absolument nécessaire, se contentant de se fondre dans la masse le reste du temps. Pour quelqu'un comme elle, qui adorait étudier et qui ne pouvait pas s'empêcher de montrer l'étendue de ses connaissances (une de ses sales manies, elle en était bien consciente - même ses propres parents l'avait disputé pour son arrogance intellectuelle), c'était incompréhensible.
Enfin, si, elle pouvait comprendre, vu l'intérêt supplémentaire que s'attirerait Harry en se montrant intelligent et en devenant l'un des premiers de la classe.
Elle soupira intérieurement. S'il y avait bien une chose qu'elle avait appris en étant l'amie de Harry Potter, c'était que le monde sorcier pensait avoir le droit de tout savoir sur lui et n'avait pas le moindre problème à discuter de chacune de ses actions - et pas toujours en bien. Au moins maintenant Sirius contrôlait la presse dans une certaine mesure, et il s'occupait des horribles livres qui avaient été écrits sur l'enfance de Harry. Et il semblait qu'avec cette protection et les encouragements de Sirius, Harry s'était débarrassé de ce qui le bloquait intellectuellement.
Elle sentit une pointe de nervosité.
Hermione ne pouvait pas nier qu'elle était un peu inquiète. Les connaissances de Harry en Runes étaient aussi bonnes que les siennes et lorsqu'il lui avait montré sa nouvelle puissance magique un jour, lançant silencieusement des sorts de Métamorphose, elle avait su qu'il l'avait surpassé dans son sujet préféré. Elle aurait aimé prétendre que c'était dû à sa puissance magique, mais elle savait qu'il n'aurait pas pu effectuer des telles métamorphoses s'il n'avait pas connu les mouvements de baguette exacts et la théorie des sorts.
Il était excellent en débat aussi. Il préférait attendre et les laisser, Ron, Neville et elle parler en premier, mais quand il entrait dans le débat, tout le monde l'écoutait ; c'était naturel chez lui. Elle commençait à se demander s'il aurait encore besoin de son aide pour étudier ; s'il aurait encore besoin de son amitié.
Ce qui était stupide, reconnut-elle silencieusement tout en écoutant Harry discuter des Lois de Métamorphoses et des raisons qui le poussait à croire qu'il serait possible de transformer quelque chose d'inanimé en être vivant.
Harry n'était pas son ami juste parce qu'elle l'aidait pour ses devoirs ou pour résoudre les problèmes de certaines de ses aventures. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se rappeler comment Ron et lui ne lui avait pas parlé pendant des semaines après l'incident de l'Éclair de Feu. Leur dispute initiale avait été principalement de sa faute. Elle avait agi dans le dos de Harry ; si elle lui en avait parlé...
Mais le temps que ça avait pris pour qu'ils se réconcilient et sa dépression grandissante face au refus des garçons de lui pardonner avait été de leur faute à eux. Ça avait pris bien plus de temps qu'elle ne l'aurait cru (et qu'elle avait calculé lorsqu'elle avait pris la décision d'amener le balai à leur Directrice de Maison). Puisque Harry n'était pas du genre rancunier (sauf avec le Professeur Snape, qui mettait régulièrement à mal sa propre conviction que tous les professeurs devaient être respectés et avec Draco Malfoy, qui était un abruti fini), elle tenait Ron responsable, puisqu'ils avaient eu leur propre dispute concernant Crookshanks et Scabbers (1).
Son amitié avec Ron était complètement différente de son amitié avec Harry. Sans Harry, elle était convaincue que Ron et elle ne seraient jamais devenus amis. C'était grâce à Harry que les deux garçons étaient arrivés à temps pour la sauver du troll - ce qui était l'incident qui avait donné naissance à l'amitié du trio. Ron n'avait pas apprécié son intelligence et l'avait considéré comme une Mademoiselle-Je-Sais-Tout et elle ne l'avait pas vraiment apprécié non plus. Mais le lendemain d'Halloween, quand Harry s'était excusé pour aller aux toilettes, Ron lui avait présenté ses excuses pour l'avoir insulté et l'avoir fait pleurer, et lui avait offert la Chocogrenouille qu'il s'était mis de côté pour plus tard. Hermione avait été touchée par son geste et son sacrifice (parce qu'elle savait à quel point Ron aimait ses sucreries) et elle avait accepté. Depuis lors, leur amitié était un mélange de la tension qui avait caractérisé leur relation avant le troll (en d'autres mots, des chamailleries à n'en plus finir) et ce qui se passait depuis (à savoir, quelque chose d'affectueux).
En comparaison, son amitié avec Harry n'avait aucune trace de la volatilité de sa relation avec Ron. Elle était bien plus directe ; ils s'acceptaient l'un l'autre malgré leur irritation pour leurs divers défauts (Hermione savait qu'elle le rendait complètement fou avec son attitude concernant les études et sa manière de donner des ordres et quant à lui, sa tendance à ignorer les formes d'autorité et à se montrer têtu la rendait dingue) et traitaient leur amitié comme un trésor. Elle avait un poster, dans sa chambre moldue, qui disait 'les amis, ce sont les gens qui connaissent vos défauts et vous aiment malgré tout' et elle pensait que ça définissait parfaitement bien sa relation avec Harry. Peut-être, considéra Hermione, alors que Harry l'entraînait, leurs verres à la main, vers le jardin pour la présenter à la femme et au fils de Simeon, que c'était parce que, ni Harry ni elle, n'avaient jamais eu d'amis avant Poudlard (c'était l'une des rares choses que Harry avait laissé échapper de sa vie avec les Dursley). Ils accordaient beaucoup plus de valeur à leur amitié à cause de ça.
Et c'était pour ça qu'elle avait été si blessée par leur refus, à Ron et lui, de lui parler pendant des semaines. Elle leur avait pardonné à tous les deux - en partie parce qu'ils étaient vraiment désolés, en partie parce qu'elle était vraiment désolée, mais surtout parce qu'ils lui avaient manqué. Mais cet incident avait incité Hermione à réfléchir aux différentes amitiés qu'elle avait nouée à Poudlard, depuis le début des vacances, et elle pensait que c'était probablement ça qui avait incité Harry à réfléchir lui aussi aux différentes amitiés qu'il avait.
Depuis le début de l'été, et son retour de la clinique, ils étaient devenus plus proches. Hermione pensait que c'était en partie dû à son inclusion dans la Maison des Black, mais c'était surtout parce que Harry semblait avoir décidé de nouer une relation plus proche avec elle. Il lui avait écrit (bon d'accord, à Ron aussi) dans un journal qu'elle avait lu de bout en bout plus d'une fois; il avait pris Runes et abandonné la Divination et ils étudiaient désormais ensemble pour pouvoir sauter une classe; il avait demandé à Sirius si Hermione pouvait se joindre à lui pour ses leçons de Potions et de Politique sans qu'elle n'ait eu besoin de lui le rappeler; il l'avait laissé lui tenir la main et le réconforter dans la Chambre des Secrets.
Et elle était touchée par ses actions. Elle savait que Ron avait une place spéciale dans le monde de Harry parce qu'il était son premier ami du même âge mais maintenant elle avait l'impression d'occuper une position spéciale dans sa vie autre que celle d'être sa première amie fille - une position plus égale à celle de Ron, et ça la rassurait parce qu'elle pensait que ça voulait dire que Harry ne prendrait pas automatiquement le parti de Ron à l'avenir. Elle n'était pas sûre que ça avait été l'intention de Harry mais c'était le résultat.
Curieusement, Harry semblait avoir pris la même décision qu'elle, à savoir de se faire d'autres amis. Perdre la compagnie de Harry et Ron avait fait réaliser à Hermione à quel point le trio était isolé - à quel point elle était isolée. Neville avait été très gentil avec elle - s'il la voyait dans la Salle Commune des Gryffondors, alors il lui tenait compagnie si Harry et Ron n'étaient pas là. Elle avait aussi trouvé un peu de réconfort dans son groupe d'étude d'Arithmancie, qui incluait Padma Patil et Lisa Turpin, mais ils ne se rencontraient que deux fois par semaine, et très franchement, ils se concentraient plus sur leurs études plutôt qu'apprendre à se connaître. Non, elle avait décidé au début de l'été qu'il fallait qu'elle se fasse d'autres amis. Heureusement, Harry semblait être arrivé à la même conclusion qu'elle et leurs activités jusque-là avait été idéales pour établir les fondations de nouvelles amitiés avec Susan, Hannah et Neville.
Elle avait aussi essayé de devenir amie avec Ginny, suite à une conversation qu'elle avait eu avec elle à la fin de l'année...
Elle avait soupiré lourdement et reposé sa brosse à cheveux, renonçant à essayer de coiffer sa tignasse. Elle s'était ensuite tournée et s'était cognée dans Ginny, qu'elle n'avait pas vu. "Désolée, Ginny. Je peux t'aider ?"
"J'aimerais te parler," avait admis Ginny, en se tordant les mains. Elle avait regardé autour du dortoir vide avant de lancer un regard empli d'espoir à Hermione.
Hermione avait fait un geste de la main vers son lit et elles s'étaient toutes les deux assises.
"Alors de quoi veux-tu me parler ?" lui avait demandé Hermione.
"Ben...c'est...c'est au sujet de Harry...est-ce que tu..." Ginny avait hésité et regardé une fois de plus autour d'elle avant de prendre son courage de Gryffondor à deux mains et poursuivre, "qu'est-ce que tu penses que Harry pense de moi, en tant qu'amie, je veux dire ?" Elle était devenue complètement rouge.
Une vague de pitié l'avait submergé en entendant la question de Ginny. "Je pense que Harry te voit probablement comme la petite sœur de Ron," tout comme Hermione la voyait, "plutôt que comme une amie, Ginny," lui avait-elle honnêtement répondu.
Ginny s'était ratatinée sur elle-même et avait enroulé ses bras autour d'elle ; l'image même de la misère et du désespoir.
Hermione avait soupiré. "Écoute, Ginny, si tu veux vraiment devenir l'amie de Harry, alors tu dois lui montrer que tu n'es pas que 'la petite sœur de Ron', que tu es une personne à part entière." Tout comme Ginny avait besoin de voir que Harry n'était pas que 'Le Survivant' mais une personne à part entière. "Tu dois faire l'effort de devenir son amie plutôt que quelqu'un qui traîne parfois avec son frère et ses meilleurs amis. Parle-lui. Apprends à le connaître."
"Mais je ne sais jamais de quoi lui parler," avait admis Ginny, les yeux baissés.
"Ben, qu'est-ce que tu aimes et Harry aime aussi ?" lui avait demandé Hermione.
L'expression de Ginny s'était éclaircie et elle avait souri largement. "Le Quidditch." Son visage s'était à nouveau défait. "Pas que mes frères et ma mère me laissent beaucoup y jouer."
"C'est un début," lui avait fait remarquer Hermione. Elle avait ensuite adouci sa voix. "Je sais que Harry aime avoir des amis alors je suis sûre qu'il apprécierait un effort sincère." Et non pas, comme elle le soupçonnait, une tentative de se rapprocher du Survivant. "Parle-lui."
Ginny avait lentement hoché la tête. "C'est juste que...c'est dur pour moi de lui parler parce que..."
"Parce qu'il est le Survivant ?" avait sèchement demandé Hermione.
"Tu n'as pas grandi dans le monde sorcier, Hermione," s'était défendue Ginny. "Tu ne sais pas ce que c'est ! J'ai grandi en entendant des histoires de Harry ! Et je sais que ce sont des fictions mais c'est dur de ne pas le voir comme un héros alors qu'il a...ben..."
"Qu'il a vraiment été ton héros," avait complété Hermione en soupirant. "Écoute, je peux comprendre..." Elle avait levé une main lorsque Ginny avait ouvert la bouche pour se défendre à nouveau. "Le troll, tu te rappelles ? Moi aussi il m'a sauvé. Mais Harry déteste être le Survivant et il vaudrait mieux oublier tout ça pour apprendre à connaître le véritable Harry." Elle s'était interrompue pour laisser le temps à Ginny de digérer ses mots. "Et tu dois te rappeler que Harry ne se voit pas comme un héros et il ne pense pas qu'il finira par se marier avec les filles qu'il sauve - par Merlin ! Harry est bien plus intéressé par le Quidditch que par les filles." Elle avait insisté sur ce point pour se faire comprendre. "Les garçons prennent plus de temps que les filles pour mûrir."
"Mais Fred m'a dit que George et lui ont commencé à sortir avec des filles en troisième année, tout comme Percy ! Bill s'est fait attraper dans un placard à balais en quatrième année," avait répliqué Ginny.
Hermione avait levé les yeux au ciel. "Peut-être que tes frères étaient prêts pour sortir avec des filles en troisième ou quatrième année mais ça ne veut pas dire que ce sera pareil avec Harry ! Peut-être que Harry voudra une petite amie l'année prochaine, peut-être qu'il commencera à sortir avec quelqu'un mais..." elle avait distraitement agité la brosse à cheveux qu'elle avait repris à un moment ou un autre de la conversation, "je peux te garantir qu'il ne prêtera pas la moindre attention à quelqu'un qui ne le voit que comme le Survivant !"
L'expression de Ginny s'était faite songeuse. "Alors il demandera probablement un rendez-vous à quelqu'un qui sera son amie."
"Une amie sincère," l'avait gentiment corrigé Hermione. "Mais oui."
"Est-ce que tu m'aideras ?" lui avait soudainement demandé Ginny, en regardant Hermione avec une expression déterminée.
La demande l'avait prise par surprise mais elle avait cédé en voyant l'espoir qui brillait dans les yeux de Ginny. "Je t'aiderais à devenir son amie, Ginny," avait accepté Hermione. "Mais c'est toi qui devra faire l'effort de lui parler."
Bien sûr, Hermione avait parlé de Ginny à Harry, et il semblait d'accord pour devenir ami avec elle, mais Ginny semblait avoir toujours le même problème à parler avec lui. Apparemment, Ginny ne voyait toujours que le Survivant et ses rougissements et bégayements mettaient Harry mal à l'aise donc il lui parlait rarement. Mais durant le dernier dîner qu'ils avaient eu avec les Weasley, Harry avait compatis avec Ginny en apprenant qu'elle avait dû prendre du Poussos et Ginny avait réussi à passer cinq minutes sans ruiner sans repas par maladresse, donc peut-être qu'il y avait du progrès (et Hermione était contente, vraiment). Mais elle pensait que Ginny voudrait toujours plus qu'être une simple amie.
Hermione se sortit de ses pensées suffisamment longtemps pour serrer la main de Anna, la femme de Simeon, et dire bonjour au bébé. Elle discuta joyeusement de leurs expériences de Nées-Moldus avec Anna jusqu'à ce qu'elle celle-ci commence à questionner Harry sur le Magenmagot. Elle se plaça ensuite en retrait et se perdit à nouveau dans ses pensées.
Pour être honnête, Hermione était bien consciente qu'elle avait eu le même problème que Ginny - quand Harry l'avait sauvé du troll, elle avait peut-être un peu craqué sur lui - mais elle avait eu plus de chance que Ginny puisque Harry ne s'était rendu compte de rien et qu'elle avait été capable de se comporter normalement avec lui et donc de devenir son amie. Et au début de l'été, elle n'avait absolument pas envisagé Harry comme un petit-ami potentiel lorsque ses parents l'avaient taquiné sur ce sujet.
Trois ans d'amitié avec Harry (et leur dispute au sujet de l'Éclair de Feu) avait fait de leur relation la chose la plus précieuse au monde pour Hermione ; et elle ne voulait pas perdre cette relation pour des sentiments que Harry n'éprouverait probablement jamais pour elle. Hermione était bien consciente qu'objectivement, il y avait des filles bien plus belles qu'elle à Poudlard et elle s'était dit qu'il y avait plus de chance que Harry tombe amoureux d'une fille jolie plutôt qu'intelligente pour se conformer aux attentes que tout le monde avait du Survivant. Sans mentionner sa certitude que Harry ne pensait pas encore aux filles - quelque chose que leur premier barbecue de l'été avait confirmé.
Hermione avait réfléchi à son propre intérêt dans les relations amoureuses et avait déterminée qu'elle était prête à sortir avec quelqu'un et secrètement, elle voulait un petit-ami qui lui ferait des compliments, qui lui tiendrait la main et qui lui donnerait quelques baisers. Elle pensait aussi qu'il était très peu probable que quelqu'un veuille sortir avec elle (elle savait que de l'avis général, les garçons n'aimaient pas trop les filles intelligentes), mais elle espérait, espérait que si.
Bien sûr, intellectuellement, elle avait considéré Harry et Ron comme des petits-amis potentiels, puisqu'ils étaient ses amis proches, et donc sûrs. Mais elle les avait aussi réfuté parce que ses considérations objectives des garçons n'avaient pas été positives ; Ron était un étudiant paresseux avec qui elle avait très peu de choses en commun, même s'il avait un cœur bon, et Harry était intelligent et adorable, mais il ne la considérerait probablement jamais comme une petite amie potentielle et bien qu'ils avaient plus de choses en commun (grandir dans le monde Moldu et être des enfants uniques), leurs intérêts étaient bien trop différents. Non, elle devrait choisir un autre garçon. Cependant, les choses avaient changé depuis qu'elle avait pris cette décision au début de l'été.
Harry avait changé.
Et Hermione aussi.
Hermione était désormais une Fille de la Maison des Black et ça lui avait donné un sens de sécurité et d'appartenance au monde Sorcier qu'elle n'avait pas ressenti avant en tant que Née-Moldue. Cette sécurité lui avait permis d'assouplir sa détermination à tout connaître de tout ce qu'elle pouvait connaître. Elle appréciait la politique mais ses leçons préférées avaient été les sorties culturelles - apprendre à connaître l'héritage du monde dans lequel elle était.
Non seulement ça, mais son père et sa mère visitaient désormais régulièrement le monde sorcier d'une façon qui aurait été inimaginable avant. Elle s'était levée tard un matin et avait trouvé Andy dans sa cuisine, en train de papoter avec sa mère autour d'une tasse de thé. Son père avait assisté à la finale de Duel, invité par Sirius, et Sirius avait été faire du golf avec son père. Hermione était immensément soulagée que sa relation avec ses parents - qui s'était lentement défaite au fil des années - était redevenue l'unité forte de son enfance.
Elle avait un plan maintenant pour ce qu'elle voulait faire dans le futur : elle voulait devenir une Guérisseuse et combiner les traitements moldus et sorciers. Elle avait l'intention de bâtir un laboratoire de recherche médicale qui chercheraient un traitement aux maladies magiques rares comme la lycanthropie et à la situation des parents de Neville, mais aussi certaines maladies moldues - elle voulait éradiquer le cancer ! Elle savait que ce serait difficile - elle devrait reprendre ses études moldues pour faire médecine et travailler dur pour son Master de Guérison mais elle était convaincue qu'elle pourrait le faire. Et elle aurait le soutien de la Maison des Potter, de la Maison des Black et de la Maison des Longbottom.
Ce qui donnait une Hermione plus sûre d'elle et mieux dans sa peau - une Hermione dont le meilleur ami, Harry, était plus sûr de lui et mieux dans sa peau. Il avait mûri au cours de l'été, entre ses responsabilités envers ses Maisons, le temps qu'il avait passé à la Clinique et les soins qu'il avait reçu. Il était devenu un Harry qui serait un formidable petit-ami, Hermione le voyait bien.
Et il s'était montré si attentif envers elle. Peut-être, peut-être, peut-être...
Tout ça donnait une direction dangereuse à ses pensées, se dit sèchement Hermione, alors que bébé Jason rampait dans l'herbe pour rejoindre Harry. Harry lui tendit distraitement son verre et elle l'attrapa pour qu'il puisse se pencher pour soulever le bébé qui lui tapotait le pied. Jason tendit la main vers les lunettes dorées de Harry.
"Attrapeur," déclara Harry, en esquivant sa tentative. Il attrapa le petit poing de Jason dans sa main et ajusta sa position.
"Ravie de voir que tu entraînes déjà ton remplaçant, Harry," dit le Professeur McGonagall en les rejoignant.
Harry lui fit un large sourire. "Ce ne serait pas une mauvaise idée. Ron n'arrête pas de me dire que les équipes professionnelles ont toutes des remplaçants."
Le Professeur McGonagall fit un petit bruit, mais Hermione vit qu'elle commençait à réfléchir à cette idée.
"Tu sembles à l'aise avec ce bébé, Harry," dit Tonks lorsqu'elle rejoignit le groupe. "Est-ce qu'il y a quelque chose que tu veux nous dire ?" le taquina-t-elle.
"Juste que certaines des voisines prenaient leurs bébés avec pendant leurs réunions de commérages," leur expliqua Harry en faisant sauter doucement le bébé sur sa hanche. "Ma tante m'ordonnait toujours de les surveiller pour que les adultes puissent passer un peu de temps tranquille." Il leva les yeux au ciel.
"Où est Draco ?" demanda Narcissa, en regardant autour d'elle avec inquiétude.
Tonks fit un geste de la main en direction de la maison, où Draco se trouvait avec son père, Simeon et Sirius. "Oncle Lucy est venu le chercher pour une discussion entre hommes."
"Nymphadora," dit sévèrement Andy, bien que Narcissa semblait amusée plutôt qu'en colère, "essaye de te montrer respectueuse."
Harry était concentré sur le bébé mais Hermione pouvait voir son sourire moqueur. Il fit une grimace à Jason qui gazouilla de plaisir. Hermione vit ensuite l'amusement disparaître du visage de Harry pour laisser place à une expression triste et songeuse.
Et soudainement, le temps lui-même sembla ralentir alors que des nuées dorées et argentées apparaissaient de nulle part, entourant les femmes rassemblées, Harry et le bébé...
Les totems familiaux se formèrent de chaque côté de Harry.
Chaque femme tendit la main pour la poser sur l'épaule de Harry. Hermione regarda son propre verre tomber de sa main et rebondir sur l'herbe alors qu'elle posait sa main sur l'épaule de Harry.
Anna fut la seule exception ; au lieu de toucher l'épaule de Harry, elle se mordit délicatement le pouce et dessina de son sang la rune protectrice qu'elles avaient utilisé durant le rituel de bénédiction sur le front de son fils, une expression hébétée sur le visage.
Le serpent siffla quelque chose à Harry, qui hocha lentement la tête, et l'instant suivant, les totems redevinrent deux nuées dorées et argentées qui tournoyèrent brièvement autour du groupe avant de disparaître à nouveau.
Hermione haleta lorsqu'elle reprit le contrôle de son corps.
Anna secoua la tête et tendit anxieusement les bras à son fils, en lançant un regard soupçonneux à Harry. "Que vient-il de se passer ?"
"Bonne question !" haleta Sirius en les rejoignant en courant. Il plaça une main sur l'épaule de Harry alors que celui-ci tendait le bébé à sa mère. "Tout le monde va bien ?"
Hermione hocha rapidement la tête comme les autres.
"Harry, que s'est-il passé ?" demanda Sirius.
Harry soupira et lança un regard chagriné à Jason. "Je pensais juste à..." ses yeux se posèrent sur les Malfoy, qui se tenaient derrière Simeon, qui avait enroulé un bras autour de sa femme pour la réconforter, "au rituel de protection qu'on a fait."
Hermione comprit immédiatement ce qu'il voulait dire et un coup d'œil lui indiqua que Sirius savait aussi de quoi il parlait ; la protection de Lily, qui gardait Harry en sécurité.
"Je me disais juste que je n'étais pas beaucoup plus vieux que Jason lorsque..." Les yeux de Harry devinrent douloureux et le cœur de Hermione se serra douloureusement dans sa poitrine, "tu sais, et je me disais que c'était vraiment dommage qu'on ne puisse pas accorder la même bénédiction à Jason, surtout qu'il est dans la lignée de succession des Black s'il nous arrive quelque chose donc..."
"Donc la magie familiale a immédiatement réalisé ton souhait," compléta Sirius, avec amusement.
Harry hocha la tête et lança un regard d'excuse à Anna. "Je suis désolé si ça vous a fait peur mais le rituel de bénédiction que nous avons fait pour moi inclut Jason maintenant. Le totem me l'a confirmé."
Sirius leva une main lorsque Simeon ouvrit la bouche pour poser une question. "Je t'expliquerais plus tard, Simeon, mais saches que ton fils est désormais protégé par la magie familiale d'une façon très spéciale."
"Tous ces trucs de magie familiale sont très étranges," déclara Anna, son accent australien rendu plus proéminent par sa détresse. "C'est comme si j'avais perdu tout contrôle de mon corps."
"Je suis terriblement désolé," s'excusa à nouveau Harry. "Elle vous reconnaît comme une Fille de la Maison après les serments de ce matin et..." il agita distraitement la main, "apparemment elle peut contrôler ceux sous serments ?" Il lança un regard interrogateur à Sirius mais ce fut Remus qui répondit.
"Dans certaines légendes, la magie familiale peut prendre le contrôle de ceux sous serment s'il y a une bonne raison de le faire - en général pour protéger quelqu'un." Remus montra Jason, qui venait d'attraper le collier de sa mère pour le mettre dans sa bouche, du doigt. "On dirait que la magie familiale a jugé ton désir de protéger Jason valide."
"Pas de problème alors," dit Simeon avant qu'Anna ne puisse répondre. "J'ai hâte d'entendre des explications sur cette bénédiction," ajouta-t-il en jetant un coup d'œil à Sirius avant de se tourner vers sa femme. "Nous devrions probablement aller nettoyer et coucher Jason avant le dîner."
Anna hocha la tête et ils partirent vers la maison. Les adultes se dispersèrent, laissant Hermione et Harry seuls avec Draco.
"On dirait que les réunions familiales ne seront jamais ennuyeuses tant que tu seras là, Potter," ricana Draco en enfonçant ses mains dans ses poches.
Harry se tendit. "Ce n'est pas comme si je le faisais exprès, Malfoy."
"Tu ne fais jamais rien exprès," renifla hautainement Draco.
"Nous sommes censés nous montrer cordiaux les uns envers les autres, Malfoy," lui rappela sèchement Hermione. "Ou est-ce que tu as déjà oublié ?"
Il fusilla Hermione du regard et elle lui rendit la pareille.
Draco reporta ensuite son attention sur Harry. "Je vois que tu as déjà raconté des secrets familiaux à ton petit entourage."
Harry se redressa de toute sa hauteur. "Je n'ai rien dit à personne, Malfoy. Ce qui s'est dit entre ta famille et Lord Black est resté secret mais Hermione est suffisamment intelligente pour deviner que nous devons nous montrer cordiaux puisque nous sommes de la même famille."
Non pas pour la première fois, Hermione se demanda ce qui s'était passé lorsque Sirius avait confronté les Malfoy.
"Ça c'est toi qui le dit," répondit Draco, bien qu'un peu plus calmement.
"Écoute, entre la Coupe du Monde de Quidditch et tous les trucs de famille, on va beaucoup se voir au cours de cette semaine et ensuite on retourne à Poudlard. Nous devons nous tolérer alors pourquoi ne pas faire une trêve ?" Harry lui tendit la main.
Draco l'étudia longuement avant de lentement sortir une de ses propres mains de ses poches pour serrer rapidement la main de Harry, avec une expression légèrement dégoûtée sur le visage. Ils se relâchèrent rapidement.
"Harry !" l'appela Remus depuis le pas de la porte et Harry soupira.
"Je devrais aller voir ce qui se passe." Harry lança un regard incertain à Hermione et son rapide coup d'œil à Draco révéla son anxiété à l'idée de la laisser seule avec leur ennemi Serpentard.
"Ne t'en fais pas, Harry, tout ira bien," lui assura Hermione, même si elle n'en était pas sûre.
Harry hocha lentement la tête. "Malfoy." Son salut était un avertissement clair et Hermione sentit une vague de plaisir en voyant à quel point il était protecteur envers elle.
Draco se renfrogna.
"Il a dit vrai, tu sais," lui dit nonchalamment Hermione, "il ne nous a rien dit."
"Même pas au rouq...je veux dire, Weasley ?" demanda Draco d'une voix incrédule, en haussant un sourcil blond.
"Non," lui répondit Hermione d'une voix brusque. "Harry prend les affaires familiales très au sérieux."
Draco renifla. "J'en suis sûr," cracha-t-il. "Mais excuse-moi de ne pas croire que Weasley ne prendra pas avantage de la situation."
Hermione fronça les sourcils en se rappelant comment Ron avait ri à l'idée que Harry et Draco devaient se montrer cordiaux l'un envers l'autre au cours de leur dernière leçon d'étiquette, et comment il leur avait assuré que même si Harry devait se montrer cordial avec Malfoy, lui-même n'était pas tenu aux mêmes règles. Mais elle se rappelait aussi de ce que Harry lui avait répondu.
"En fait, Harry a déjà dit à Ron que s'il commence une dispute avec toi, Harry devra prendre ton parti puisque l'honneur de la Maison des Black sera en jeu et que donc il valait mieux qu'il ne fasse rien. Il a aussi assuré à Ron, cependant, que si tu commençais une dispute, alors en tant que Patriarche de la Maison des Potter, il prendrait sa défense puisqu'ils sont alliés et vu qu'il est l'Héritier de la Maison des Black, il pourra te punir pour ton comportement." Elle prit une profonde inspiration. "Et vu que la magie familiale l'aime beaucoup, je prendrais garde à ne pas le provoquer si j'étais toi, Malfoy."
Draco devint blanc comme un linge à cet avertissement.
"Et ne pense même pas à refiler le sale boulot à tes amis - Harry comprendra tout de suite," poursuivit Hermione.
"Tu penses vraiment tout savoir, n'est-ce pas, Granger ?" tempêta Draco. "Pour ton information, je n'ai pas eu le droit de voir mes amis cet été. J'ai été forcé de passer du temps avec Nott et Zabini à la place."
Hermione haussa légèrement les sourcils à cette admission. C'était logique que Lucius Malfoy veuille que son fils fréquente les fils de personnes alliés à la Maison des Black, même si Nott n'avait qu'un pacte de non-agression mutuelle et que l'alliance avec Zabini était encore en négociations puisque Sirius avait refusé l'offre initiale de mariage de la Veuve Zabini. "Et je suis sûre que la seule raison pour laquelle tu n'aimes pas passer du temps avec Nott et Zabini au lieu de Crabbe et Goyle, c'est parce que Nott et Zabini ont des cerveaux et qu'ils n'obéiront pas immédiatement à tes ordres."
Draco rougit et elle sut qu'elle venait de marquer un point.
"Franchement, Malfoy," continua-t-elle, "je pensais que les Serpentard appréciait nouer des alliances avec des personnes influentes et intelligentes plutôt que de supporter des...des gros bras."
"Comme je te l'ai dit," finit par répondre Draco, "tu ne sais pas tout." Il releva le menton. "Crabbe et Goyle sont mes amis."
Ainsi que mes gros bras.
Ces mots non-dits flottèrent dans l'air entre eux.
Hermione hocha lentement la tête en réalisant qu'il était sincère. "Peut-être que je ne sais pas tout, mais ce que je sais, c'est que Harry a beaucoup changé cet été et qu'il était très sérieux quand il t'a dit qu'il voulait une trêve. Je te suggère de dire à tes amis de se tenir à cette trêve."
"Et vous ?" demanda Draco avec une grimace dédaigneuse indiquant clairement qu'il doutait que les Gryffondors - et probablement, Ron en particulier, s'y tiendraient.
Hermione leva les yeux au ciel. "Et oui, nous nous y tiendrons aussi."
Draco l'observa longuement, pour jauger sa sincérité, réalisa-t-elle avec amusement.
"Draco, Hermione !" les appela soudainement Andy. "Venez vous rafraîchir avant le dîner."
Draco se tourna à nouveau vers elle, le visage impassible. "J'ai peut-être serré la main de Potter, mais je refuse de serrer la tienne," la prévint-il.
Hermione lui fit un sourire moqueur qui aurait probablement rendu Sirius fier, se félicita-t-elle. "Si jamais je t'offre ma main un jour, Malfoy, je ne m'attends pas à ce que tu la serres." Elle partit en direction de la maison, laissant Draco derrière elle. "Je m'attends à ce que tu respectes l'étiquette et que tu l'embrasses !"
Severus fit tourner le liquide ambré dans son verre en cristal et étudia le parchemin posé sous ses yeux.
Il l'avait soigneusement divisé en quatre : en haut à gauche, il avait listé toutes les initiales des Mangemorts connus encore en vie ; en bas à gauche, les initiales de tous les Mangemorts incarcérés à Azkaban. En haut à droite, il avait marqué les initiales S.D.T et P.P, pour le Seigneur des Ténèbres et Peter Pettigrew alors que la dernière colonne, en bas à droite, contenait les initiales de tous les Mangemorts portés disparus ou morts.
Il fronça les sourcils.
Il ne savait pas exactement ce qu'il essayait de faire. Depuis qu'il avait entendu parlé du message que Potter avait reçu pour son anniversaire, il avait l'impression d'avoir oublié quelque chose. Les exercices de méditation qu'il avait appris pour son Occlumancie ne l'avaient pas aidé à ramener quoi que ce soit à la surface et il avait espéré que cette liste soit le déclic pour trouver cette information inconnue qui l'irritait comme un caillou dans une chaussure.
Malheureusement, ça ne semblait pas avoir marché.
Ce dont il aurait vraiment eu besoin, c'était d'un avis extérieur. Lily lui manquait terriblement pour ça. Il avait très peu d'amis à qui confier ses problèmes et il était donc devenu intensément indépendant. Peut-être qu'un collègue pourrait l'aider, mais au vu de la nature sensible de la situation, il ne pouvait pas tout simplement demander de l'aide même s'il avait voulu, et il ne le voulait pas. Il avait une relation distante mais professionnelle avec les autres, et ça lui convenait parfaitement. Les deux seules exceptions à ça était Albus, qui était parti rendre visite à un vieil ami, et Minerva, qui pourrait faire l'affaire en cas de besoin, mais qui était elle aussi absente, puisqu'elle dînait une fois de plus avec Potter et Black.
Les lèvres de Severus se retroussèrent avec dégoût.
Il reposa son verre toujours plein. Peut-être qu'une petite marche lui éclaircirait les idées et l'aiderait à remettre de l'ordre dans ses pensées. Il quitta ses quartiers et prit la direction d'un hall d'entrée. Les couloirs étaient remplis d'elfes en train de préparer le château pour la nouvelle année.
Bientôt, se dit Severus, morose, bientôt il devrait à nouveau supporter les étudiants, devrait dire adieu au calme et au silence.
Il détestait enseigner.
Il haïssait ça.
Il n'était pas devenu un Maître des Potions pour enseigner à d'autres - enfin, si peut-être à des apprentis, mais pas à des enfants. Il avait voulu faire des recherches ; créer des potions qui aideraient le monde. S'il y avait un bon point à son service dans les rangs du Seigneur des Ténèbres, c'était qu'il avait eu beaucoup de liberté pour ça, bien qu'il en eût payé le prix en créant de nombreuses potions sur les ordres du Seigneur des Ténèbres.
Sa carrière à Poudlard avait débuté sur les ordres du Seigneur des Ténèbres et s'était poursuivie après sa chute parce que Severus avait eu besoin d'un endroit sûr après que les autres Mangemorts aient appris qu'il était un espion. Il avait été une cible pour leur colère et leur rancune puisque Potter avait disparu et que Black s'était retrouvé à Azkaban. Cependant, il avait réussi à calmer la situation en contactant Lucius qui avait fini par faire savoir aux autres que Severus était devenu un agent double sur les ordres de leur Maître. Cinq ans plus tôt, finalement sûr qu'il ne serait pas tué s'il quittait le château, Severus avait essayé de démissionner pour la première fois.
Albus avait calmement déconstruits ses arguments pour une démission immédiate; il n'avait pas de successeur - Severus accepterait sûrement de rester jusqu'à ce qu'Albus trouve son remplaçant; Severus lui-même n'avait pas d'autre offre d'emploi, le château lui fournissait des quartiers et une sécurité certaine en plus de son salaire...et quand Severus avait malgré tout insisté pour démissionner; Harry...ne serait-il pas plus facile pour Severus de protéger le fils de Lily s'il restait professeur dans l'école où Harry étudierait un jour?
Il avait cédé.
Severus souffla alors qu'il s'approchait lentement du Lac Noir. Il était à peine conscient du soleil couchant, de la brise qui effleurait à peine ses cheveux, et du murmure des feuilles dans les arbres. Il plongea sombrement son regard dans les eaux argentées.
C'était probablement injuste mais Severus tenait Potter responsable du fait qu'il était forcé d'enseigner.
Une part de lui - la part qui ressemblait remarquablement à Lily - lui murmura que c'était complètement injuste d'en vouloir à Potter. C'était les ordres du Seigneur des Ténèbres qui l'avaient mené à Poudlard ; c'était son choix de servir le Seigneur des Ténèbres ; c'étaient les manipulations d'Albus qui l'avait forcé à rester ; et ça avait été son choix de rester.
Il était possible, concéda Severus, qu'il considère lui-même son emploi comme une juste punition pour ses crimes. Poudlard était sa prison, un endroit où tout lui rappelait Lily et les erreurs qu'il avait fait. Elle était morte ; il ne méritait pas un emploi qu'il aimait et une vie vide de tout enfant irritant qui n'aurait jamais dû s'approcher d'un chaudron.
Bien sûr, il n'était pas le seul à avoir été condamné à une prison infernale depuis la mort de Lily.
Ses poings se serrèrent lorsqu'il se rappela du rapport Ministériel qu'il avait lu au sujet de la précédente maison de Potter. Il renifla soudainement.
Quelle maison ?
Cette bâtisse n'avait été rien d'autre qu'un endroit où vivre au mieux, et au pire, oui ; une prison. Potter n'avait reçu que le strict minimum nécessaire à sa survie, et en découvrant l'absence d'amour et de soins dont le garçon avait souffert, Severus avait été outré malgré lui que Petunia ait osé traiter l'enfant de Lily comme ça. Albus lui avait constamment assuré que Harry était bien traité. C'était pour ça qu'il avait supposé que Potter fût aussi pourri gâté que son père l'avait été lorsqu'il était entré à Poudlard. Il aurait dû savoir ; il aurait dû savoir que Petunia ne pourrait jamais passer outre sa jalousie envers Lily.
Il avait même éprouvé des regrets en réalisant qu'il avait lui-même poursuivi leur cycle d'abus verbaux à Poudlard; en humiliant et en disputant le garçon à la moindre petite infraction; en se montrant injuste envers Potter juste parce qu'il était Potter; en lui posant des questions auxquelles seul quelqu'un ayant étudié des mois à l'avance pourrait répondre, en notant sévèrement ses devoirs et ses potions - s'il prenait la peine de les noter et ne déclarait des potions parfaitement acceptables ratées.
Severus ferma les yeux avec colère et secoua la tête de déni. Son comportement n'était pas comparable ou égal aux années de maltraitance que les Moldus avaient fait subir à Potter ; ça ne l'était pas. Il avait un rôle à jouer, et quelqu'un devait garder l'égo du garçon sous contrôle.
Mais il avait de plus en plus de mal à se justifier d'avoir traité Potter avec autant de dédain. Lily aurait été furieuse après Severus en le voyant traiter n'importe quel enfant comme ça, et encore plus son fils. Et elle aurait pris sa défense, se dit Severus avec amertume. Après tout, elle était morte pour lui, alors c'était logique de penser qu'elle aurait essayé de le protéger du traitement sévère d'un professeur.
Si elle avait survécu, elle aurait fait irruption dans l'école pour le remettre à sa place et...Severus ne lui en aurait pas voulu. Il se demanda si le fait qu'il avait fait de son mieux pour protéger son fils aurait mitigé le reste de son comportement. Il avait bien peur que non. Pour être honnête, il n'avait pas fait grand-chose pour le protéger à part surveiller Quirell, et même s'il avait réussi à contrer le mauvais sort lancé sur son balais pour que Potter n'en tombe pas, il n'avait pas réussi à empêcher Quirell de blesser Potter à la fin de l'année. L'énorme carcasse de Basilic avait été un autre rappel de ses échecs. Pas que c'était facile de protéger Potter ; le sale jeune semblait n'avoir aucun instinct de survie.
Et pourquoi en aurait-il, se rappela Severus. Le rapport indiquait clairement que les Dursley avait élevé un enfant ayant très peu d'estime de lui. Ajouté à ça les manipulations d'Albus et les attentes du monde Sorcier sur leur héros, et il n'était pas surprenant que l'enfant risque constamment sa vie sans le moindre regard pour sa propre sécurité. Il n'avait aucun doute que le besoin d'instiller de l'estime de soi à Potter serait au cœur de la discussion que l'équipe aurait concernant les enfants maltraités de Poudlard.
Bon, Albus lui avait ordonné de se montrer cordial avec Potter et il le ferait.
Il refusait, cependant, de se montrer cordial avec Black.
Il secoua la tête. Il ne comprenait absolument pas pourquoi Albus avait pensé que ce serait une bonne idée de les surprendre avec une rencontre le jour où ils étaient descendus dans la Chambre. Black avait été aussi horrible qu'il l'avait toujours été et Severus ne le tolérerait pas. Il devait peut-être collaborer avec ce crétin pour détruire le Seigneur des Ténèbres mais il refusait de prétendre que leur relation ne serait jamais quoi que ce soit d'autre que ce qu'elle était : une haine mutuelle.
Severus repoussa toute pensée de Black en se rappelant pourquoi il était venu sur les rives du Lac Noir en premier lieu. Il inspira profondément.
L'odeur des branchifleures emplit ses narines ; les branchiflores seraient bientôt prête à être récoltées. Il laissa son esprit divaguer, laissa son irritation et sa frustration disparaître jusqu'à ce que son corps se détende et son esprit se remplisse de la vision qu'il avait sous les lieux.
Ses oreilles perçurent un léger bruit d'herbe écrasée derrière lui et il regarda par-dessus son épaule. Il n'y avait rien de visible. Mais ses sens étaient en alerte et il pouvait sentir une légère odeur de sueur, de savon et de vêtements mouillés ; quelqu'un était sous un sortilège de Désillusion.
Il était très peu probable qu'il y ait un intrus à Poudlard, surtout puisque Alastor Moody avait amélioré la sécurité du château depuis qu'il y avait emménagé mi-juillet. Les failles dans les protections avaient été identifiées et comblées ; les accès à certains passages secrets avaient été bloqués, et des mesures de sécurité supplémentaire avaient été ajouté dans certains lieux clés comme l'Infirmerie et la Réserve de Potions.
Severus sortit sa baguette. "Montrez-vous !"
Moody apparut dans une cascade de magie alors qu'il mettait fin à son sortilège de Désillusion. "Snape."
"Moody," répondit Severus sur le même ton. Le vieil Auror et lui ne s'étaient jamais entendu, bien qu'ils eussent établi une forme de Détente depuis l'arrivée de Moody à Poudlard en s'ignorant tout simplement.
Pendant un long moment tendu, ils se fusillèrent du regard, leurs baguettes levées et prêtes à attaquer.
Finalement, Severus rangea sa baguette et inclina légèrement la tête. "Vous devriez retravailler votre discrétion."
"Vous avez de bonnes oreilles et un bon nez, Snape," répondit Moody d'une voix bourrue, son œil magique tournant à toute vitesse. "Je me suis quand même suffisamment approcher pour vous décapiter si je l'avais voulu. Vous devriez être plus vigilant !"
Severus se renfrogna mais c'était un bon conseil, surtout considérant que le Seigneur des Ténèbres était de retour et que ses Mangemorts commençaient à reprendre du service. Il était devenu trop sûr de lui sur les terres du château ; trop complaisant. "Vous avez peut-être raison," concéda-t-il à contrecœur.
Moody grogna. "Pourquoi vous êtes là d'ailleurs ?"
Il haussa un sourcil à cette insinuation. "Dois-je supposer, au vu de cette question, que l'équipe éducative est soumise à un couvre-feu désormais ?"
"En fait, ce ne serait pas une mauvaise idée," dit Moody avant d'éclater de rire en voyant l'expression horrifiée de Severus.
Severus renifla avec exaspération.
Moody se calma mais fit un geste de la main vers le Lac. "C'était une simple question de politesse, Snape. Albus m'a dit et redit qu'il était important pour moi de maintenir une relation positive et amicale avec mes collègues."
Severus aurait probablement pu réciter le discours que Moody avait reçu ; Albus lui faisait le même chaque année. "Je vous conseille de l'ignorer. C'est ce que je fais."
"Je vois ça," répondit calmement Moody. "Bon, je devrais retourner à l'intérieur. Il n'y a personne sur les terres du château à part nous, les professeurs, et la ménagerie de Hagrid."
"Encore deux semaines, et nous serons envahis par des nuées de petits monstres," répondit Severus en décidant de rentrer lui aussi. Son plan avait échoué. Il n'avait pas fait le moindre progrès pour trouver ce qui le dérangeait avec les menaces de morts.
"Je sais," grimaça Moody, son visage couvert de cicatrices se tordant. "Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête lorsque j'ai accepté d'enseigner. En fait, je suis presque certain qu'Albus m'a lancé un sort de confusion."
"Je ressens souvent la même chose après avoir discuté avec lui," approuva Severus, et il manqua de tressaillir en réalisant qu'ils venaient d'avoir un échange poli.
Un silence étonnamment confortable s'abattit sur eux alors qu'ils retournaient au château et Severus se surprit à ralentir poliment pour avance au même rythme que l'ex-Auror boiteux au lieu d'avancée à grandes enjambées comme à son habitude. Son esprit retourna aux pensées qu'il avait eu avant de quitter ses quartiers ; il avait souhaité un avis extérieur. Moody était un ancien Auror qui connaissait très bien les Mangemorts puisqu'il les avait traqués toute sa vie. Peut-être que...
"La raison pour laquelle j'étais sur les rives du Lac, c'était parce que je réfléchissais aux menaces de morts que Potter a raison," dit Severus.
"Oh ?" Moody lui lança un regard soupçonneux.
"Un autre point de vue serait le bienvenu à mes considérations sur le sujet," dit calmement Severus, comme s'il n'avait aucune hésitation à demander l'aide de Moody.
Moody hocha lentement la tête. "La salle des professeurs ?"
C'était une bonne suggestion ; un lieu neutre pour eux deux.
"Je dois aller chercher quelque chose dans mes quartiers," lui dit Severus. "Je vous rejoins là-bas."
Dès que Moody hocha la tête, Severus fit volte-face pour se rendre dans les donjons où il récupéra le parchemin qu'il avait préparé plus tôt. Il retourna ensuite à la salle des professeurs où il trouva Moody déjà assis sur une chaise qui lui donnait une bonne vue de la pièce et plus important encore des sorties ; Severus s'asseyait généralement là lui-aussi. Il s'approcha et s'assit en face de lui, repliant sa robe noire autour de lui.
Moody agita sa baguette pour lancer une bulle d'intimité et souleva sa flasque. "Ogden's ?"
Severus était sur le point de refuser lorsqu'il décida que prendre un verre avec l'autre homme rendrait peut-être leur conversation plus conviviale. Il hocha la tête.
Moody fit apparaître deux verres qu'il remplit. Ils se portèrent mutuellement un toast avant de vider leurs verres.
"Alors," dit Moody. "Qu'est-ce qui passe ?"
"Depuis que j'ai parlé des menaces de mort avec Albus, j'ai le sentiment que je devrais me rappeler de quelque chose, quelque chose d'utile, mais malgré tous mes efforts, mon cerveau refuse de me dire quoi," lui avoua Severus. "J'ai préparé cette liste dans l'espoir qu'elle m'aide." Il la tendit à Moody.
Le vieux sorcier l'étudia attentivement, son bon œil devenant calculateur alors qu'il associait chaque initiale à un Mangemort. Il fronça les sourcils en approchant de la fin du parchemin. "Pourquoi avez-vous listé les Mangemorts morts ?"
"J'essaye de me rappeler de quelque chose ayant eu lieu dans le passé, donc j'ai jugé plus prudent de tous les lister," répondit Severus avec obéissance, et ses yeux s'écarquillèrent avant de se plisser. Il attrapa le verre qu'il avait posé et renifla. "Du Véritaserum ?"
"Une variante," lui répondit Moody après un long silence.
Les yeux de Severus s'écarquillèrent à nouveau. "Vous nous avez drogué tous les deux ?" Il avait rempli leurs deux verres de la même flasque.
Moody hocha la tête. "Une petite dose. Juste assez pour suggérer de dire la vérité au lieu de nous y forcer." Il fronça les sourcils à l'attention de Severus. "Je ne pensais pas que vous tomberiez dans le panneau."
"Et qu'est-ce qui vous fait penser que je ne vais tout simplement pas partir ?" cracha Severus avec colère, irrité par la critique de l'autre homme puisqu'elle était méritée. Il avait baissé sa garde et le vieil Auror en avait profité.
"Parce que le sérum vous aidera peut-être à vous rappeler," lui répondit calmement Moody.
Malheureusement, il avait raison. Severus se massa le front avec fatigue.
"Est-ce que vous êtes fidèle au Seigneur des Ténèbres ?" demanda brusquement Moody, clairement bien décidé à prendre avantage de la stupidité de Severus.
"Non," répondit Severus tout aussi brusquement. "Je veux le voir mort."
"Hmpf," dit Moody avec surprise. "Ça me suffit." Il agita la main. "Racontez-moi comment vous avez entendu parler des menaces de mort."
Severus se demanda s'il ne devrait pas juste faire un doigt à Moody avant de partir, mais le besoin de savoir ce qui le dérangeait autant submergea son désir de dire à l'autre sorcier d'aller se faire voir. "Je l'ai découvert dans la Gazette," répondit sèchement Severus, "et très franchement, la seule chose à laquelle j'ai pensé sur le coup, c'est que l'article n'étaient qu'un amas de niaiseries médiocres."
Moody rigola. "Skeeter a un style bien particulier." Il agita une main à l'attention de Severus. "Alors dîtes-moi quand ça a commencé à vous faire tiquer."
"Albus m'a convoqué dans son bureau pour discuter de différentes choses," lui dit Severus, "l'une d'entre elles étant les menaces de mort. Il avait réussi à en obtenir une copie de la Directrice Bones. Il me l'a donné pour que je la lise et m'a informé du résultat des tests de magie légale..."
"Et ça vous a fait tiquer."
"Comme maintenant," dit Severus.
"À quoi ça vous fait penser ?" demanda directement Moody.
Severus sentit quelque chose mais ça ne passa pas ses lèvres et son esprit resta vide. "Je peux sentir que je sais, mais je ne peux pas le dire." Il fronça les sourcils pour se concentrer mais secoua la tête.
"Intéressant," l'œil magique de Moody tourna. "Les seules fois où j'ai vu les sérums de vérité échouer à récupérer un souvenir c'est lorsque l'individu concerné était le Gardien d'un Secret, ou que ses souvenirs avaient été effacés ou dissimulés."
Severus se raidit. Il n'était pas un Gardien, ce qui voulait dire que quelqu'un avait touché à ses souvenirs mais son Occlumancie aurait dû l'informer que quelqu'un touchait à sa mémoire. "Je suis un Maître en Occlumancie..." commença-t-il.
"Et ?" l'interrompit Moody. "Vous avez dû faire le tri dans vos souvenirs durant votre entraînement et vous faîtes clairement le tri régulièrement depuis, oui. Mais ça veut juste dire que ce souvenir manquant à probablement eu lieu lors de votre entraînement, quand vous avez donné accès à votre esprit à quelqu'un d'autre."
"Bellatrix !" grogna furieusement Severus. Ses mains se serrèrent en poing alors qu'il essayait de contrôler la vague de magie qui avait fait irruption en lui.
Moody haussa les sourcils. "Vous avez donné accès à votre esprit à cette garce complètement dingue ?!"
"Je n'ai pas eu le choix !" cracha Severus. Il prit une profonde inspiration pour essayer de se calmer. "J'ai passé un mois chez les Lestrange."
"Alors ce qui vous fait tiquer au sujet des menaces de mort a probablement eu lieu durant ce mois," lui dit Moody. "Je vous parie un Gallion que Lestrange a placé sort d'ignorance sur ces souvenirs. Ça vous convainc probablement que vous l'avez déjà étudié et trié."
"Oui," dit sèchement Severus ; il en était déjà arrivé à la même conclusion. Mais c'était un grand pas en avant comparé à ses efforts frustrants. "Maintenant que j'ai conscience du problème, je m'y attèlerai durant ma prochaine séance d'Occlumancie."
"Ça explique aussi pourquoi vous avez listé les Mangemorts morts," suggéra Moody. "Votre inconscient essayait de vous donner un indice."
Severus hocha la tête. C'était une bonne théorie.
"Est-ce que quoi que ce soit vous vient à l'esprit maintenant ?"
"Non." Severus secoua la tête. "Je me rappelle vaguement du manoir..." Il fronça les sourcils. "Et que Rabastan avait souvent un visiteur masculin mais je ne saurais dire qui."
"Probablement Crouch Junior," lui dit Moody. "Ça expliquerait le sort d'ignorance. Crouch était certainement un secret, non ?"
Severus hocha lentement la tête. Barty Crouch Junior avait été gardé secret non seulement pour la Lumière mais aussi parmi les Mangemorts. Severus avait certainement été surpris lorsque Crouch avait été arrêté avec les Lestrange chez les Longbottom. Moody avait probablement raison de penser que c'était pour ça que ses souvenirs avaient été manipulé. Mais même si c'était ça la raison pour laquelle Bellatrix avait joué avec sa mémoire, la chose dont il devait se rappeler étaient contenue dans ses souvenirs et il doutait vraiment que ce soit l'histoire d'amour de Crouch avec Rabastan.
La porte s'ouvrit et Albus entra dans la pièce, vêtue d'une robe aux rayures vert et jaune citron. Son visage s'illumina en trouvant Moody et Severus assis ensemble.
Moody lui jeta un coup d'œil et ils se mirent silencieusement d'accord sur le fait que leur conversation était finie. Moody leva rapidement la bulle d'intimité. "Albus."
"Alastor ! Et Severus !" rayonna Albus. "Quel plaisir de vous trouver tous les deux ici ! Ensemble !"
Oh Merlin, réalisa Severus ; Albus pensait qu'ils étaient en train de faire connaissance ! Il échangea un regard horrifié avec Moody. Puis un regard consterné en réalisant qu'ils avaient échangé des regards et que peut-être qu'Albus avait eu raison.
Severus fit la seule chose à faire.
"Si vous voulez bien m'excuser..." dit-il avant de retourner précipitamment dans ses quartiers.
Sirius était de mauvaise humeur.
Ses dimanches étaient généralement réservés à des activité père-fils avec Harry mais à cause de la visite de Simeon, ce n'était pas possible aujourd'hui. Ajouté à ça, la consternation de Sirius que Remus ait mentionné le Domaine de Campagne des Black au dîner la veille et que le reste de la famille ait décidé de le visiter avec enthousiasme.
Il soupira en sortant de la cheminée dans le hall d'entrée. Personnellement, il n'avait eu aucune envie de visiter le Domaine ; il l'avait évité depuis qu'il était devenu Patriarche malgré l'insistance de Remus. Mais il avait été impuissant face aux efforts combinés de Remus, Harry et Andy, qui s'étaient injustement ligués contre lui à son avis.
Il s'éloigna de la cheminée pour permettre aux autres visiteurs de le rejoindre. En quelques instants à peine, le hall fut rempli par les diverses factions de la Maison des Black. Son regard chercha immédiatement Harry. Son fils était avec Remus, apparemment en train d'écouter avec attention la leçon d'histoire que Remus leur donnait, à Hermione et lui, sur le Domaine (et Remus était en plein mode professeur ; il agitait même les bras et tout).
Sirius renifla en voyant à quel point Hermione et Harry étaient proche ; les deux adolescents n'étaient jamais loin l'un de l'autre, et il avait parié à Remus qu'ils seraient un couple avant la fin de la quatrième année. Ils avaient parié cinq Gallions. Malgré son amusement cependant, ça inquiétait parfois Sirius. Les histoires d'amour adolescentes étaient rarement éternelles et il était inquiet que s'ils venaient à rompre un jour, leur amitié et l'inclusion de Hermione dans la Maison des Black viendraient à en pâtir.
Sirius écarquilla les yeux en voyant Draco poser une question à Remus et se joindre au petit groupe.
"Je suis contente de voir qu'il essaye de s'intégrer." La voix amusée d'Andromeda fit tourner Sirius et il réalisa qu'elle se tenait juste derrière lui. "J'avais peur qu'il passe la journée, accroché aux jupes de Cissy puisque Lucy a refusé de venir et que ma fille est au travail aujourd'hui."
Sirius souffla. Harry lui avait dit que Draco et lui avaient accepté de faire une trêve la veille, mais Sirius ne croirait en la bonne foi de Draco que lorsqu'il en aurait des preuves indéniables.
"Je ne suis pas venue ici depuis des années," dit Andromeda en regardant autour d'elle avec nostalgie.
Il observa le décor familier et soupira. "Moi non plus."
"Tu te rappelles des semaines entières que ton grand-père insistait que nous passions ici chaque été ?" Andromeda soupira. "Bien sûr, en y repensant, c'était probablement des réunions de familles."
"En effet."
Andromeda l'observa attentivement avant de hocher la tête avec compréhension. "Tu disparaissais toujours toute la journée et on pensait que tu faisais ta tête de mule et que tu nous ignorais mais ce n'était pas le cas, n'est-ce pas ?"
"Je suis devenu l'Héritier à l'âge de huit ans, Andy, donc ; non," lui dit Sirius. "Je ne vous ignorais pas, je passais mes journées à regarder Grand-père discipliner la famille." Il frissonna. Il avait haï les réunions de famille des Blacks bien qu'il pût désormais comprendre l'implacabilité et le contrôle rigide que son grand-père avait exercé.
Le bruit de quelqu'un s'éclaircissant la gorge sortit Sirius de ses pensées et il se tourna avec reconnaissance vers Remus qui indiqua le groupe rassemblé autour de lui ; Simeon et sa famille, Narcissa et Draco, Ted, Harry et Hermione.
"Je me suis dit que je pourrais leur faire visiter le Domaine pendant que tu fais le tri dans le bureau," lui dit Remus d'une voix ferme.
En d'autres mots, se dit Sirius avec un amusement résigné ; va faire le tri dans le bureau.
Il hocha la tête. "Bonne idée."
"Je viens avec toi, Remus," offrit Andromeda, "Je suis sûr que Cissy et moi trouverons des histoires à vous raconter sur le Domaine."
Narcissa sourit à sa sœur, une pointe de malice apparaissant sur son visage placide. "J'en suis sûre, comme la fois où tu nous as tous convaincu de boire du whiskey."
Andromeda tressaillit avant de se reprendre. "Oui, ou comme la fois où tu as décidé que tu voulais ressembler à Tante Cass et que tu as mis ses..."
"Peut-être que Harry trouverait des histoires de Sirius plus intéressantes ?" l'interrompit calmement Narcissa.
"Ce serait génial !" déclara Harry.
Sirius lui lança un regard faussement noir. "Traître !"
Harry sourit alors que Remus prenait la tête du groupe et il lui fit un petit signe de la main. Anna se plaça à côté de Harry et Sirius poussa un soupir de soulagement en voyant que la sorcière Née-Moldue essayait de réparer le mal qu'elle avait causé à Harry en se montrant froide et distante avec lui après la bénédiction de la veille.
D'une certaine façon, il pouvait comprendre sa réaction ; Harry avait fait de la magie sur son fils sans son accord, de la magie qui l'avait forcé à participer au rituel d'une manière similaire à un Imperius. Elle n'avait pas grandi avec les mêmes traditions qu'eux et se méfiait de la magie familiale et donc de l'usage que Harry en faisait. Et ça n'avait pas aidé qu'ils ne puissent pas lui expliquer immédiatement le don que Harry avait fait à Jason à cause de la présence des Malfoy - parce que malgré leurs serments, Sirius ne voulait pas qu'ils connaissent la nature exacte de la protection de Harry.
Mais Harry s'était excusé et l'attitude de Anna avait rendu le dîner tout particulièrement inconfortable pour Harry puisqu'elle l'avait complètement ignoré. Simeon avait essayé de compenser en se montrant jovial avec Harry lui-même, mais le mal avait été fait ; Harry avait essayé de ne pas être affecté mais il avait été blessé par son comportement et Sirius avait vu les ombres des critiques des Dursley réapparaître dans ses yeux. Il aurait pu étrangler Anna pour ça.
Après le dîner, Harry avait demandé à retourner à la Maison du Griffon et Sirius l'avait laissé faire et envoyé Remus avec lui pour le réconforter et le rassurer. Sirius avait ensuite eu une discussion avec Anna et Simeon au cours de laquelle il les avait informés de la protection inestimable que Harry avait offert à leur fils (une protection crée par le sacrifice de sa propre mère) et Anna avait été honteuse.
Au petit-déjeuner de ce matin, elle s'était confondue en excuse auprès de Harry et l'avait remercié de son don et ça lui faisait plaisir de la voir continuer à passer outre leur malentendu et conflit en passant du temps avec Harry. Il voulait toujours l'étrangler pour avoir fait du mal à son fils et comprenait soudainement mieux le comportement de Molly à son égard au début de l'été.
Sirius réalisa soudainement qu'il était en train de traîner dans le hall pour retarder l'échéance et soupira lourdement. Il traversa le Manoir jusqu'à atteindre le bureau situé au rez-de chaussé.
La porte du bureau avait été verrouillée lorsque Remus avait gagné accès au Domaine et elle avait refusé de s'ouvrir pour lui. Remus pensait qu'elle ne s'ouvrirait que pour le Patriarche de la Maison des Black et Sirius ne pouvait être que d'accord avec lui. Ce sur quoi il n'était pas d'accord, cependant, c'était la nécessité d'ouvrir cette porte.
Son refus le surprenait lui-même. Ce n'était pas comme s'il avait de si mauvais souvenirs que ça de son grand-père. Arcturus avait été un bâtard sans pitié, un requin en politique et un homme dur, mais il avait été fier de Sirius durant son enfance, il avait encouragé sa malice (probablement parce que c'était un signe qu'il avait la ruse d'un Serpentard) et, en y repensant, il avait fait de son mieux pour limiter la cruauté de la mère de Sirius.
Mais Sirius ne voulait pas déverrouiller le bureau qui appartenait à son grand-père. Peut-être, se dit-il en observant le bois sombre, pleurait-il la mort du vieux rapace à sa façon ; peut-être qu'il ne voulait pas entrer dans le bureau parce que ce serait admettre une bonne fois pour toute que son grand-père était effectivement mort.
Sirius secoua la tête pour essayer de faire disparaître ces pensées parce qu'il ne voulait pas pleurer son grand-père, qui avait soutenu l'agenda Sang-Pur et le racisme qui avait permis à Voldemort de prendre le pouvoir et de lancer une guerre qui avait mené à la perte de ses amis, de sa vraie famille...
Il prit une profonde inspiration et plaça sa main sur la clenche. Les protections le reconnurent et le verrou se défit, lui permettant d'entrer.
La porte s'ouvrit.
(1) Scabbers : Croûtard
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