Titre : L'Un à l'autre inconnus
Auteur : Sigognac
Genre : Romance + Hurt / Comfort
Rating: M
Disclaimer : Les personnages et l'univers du manga Naruto appartiennent à Masashi Kishimoto.
Note : Comme c'est avec cet épilogue que se termine cette histoire, je m'autorise une note d'auteur un peu plus importante. Tout d'abord, je tenais à vous remercier, vous qui lisez ces lignes et qui m'avez donc suivie jusque là. J'ai conscience que c'était une fic particulière, un peu "casse-gueule" avec un Iruka qu'on met beaucoup de temps à retrouver et qui apparaît souvent comme antipathique. Merci, donc, de m'avoir lue jusqu'au bout, de m'avoir laissé des reviews fantastiques, d'avoir mis cette fic dans vos favoris ou alertes ou de m'avoir suivie dans l'ombre (mais il n'est jamais trop tard pour laisser une review, n'est-ce pas ? ^^).
Je suis très fière de pouvoir clore cette histoire. Ceci dit, je pense pouvoir l'affirmer, je n'écrirai plus une histoire aussi longue avant vraiment, vraiment, très longtemps. C'est épuisant et très prenant et on a quand même souvent la crainte de ne pas en venir à bout ! J'ai connu de beaux moments de doute et de découragement.
Les prochains projets sont donc des histoires courtes, j'ai un OS inachevé pour Le Borgne et le Cloporte qui poireaute depuis deux ans, un OS sur Gai que j'aimerais vraiment écrire... Et pour le reste, je traverse une crise "marvelienne" alors si vous ne les avez pas encore vus, je vous conseille les trois films Captain America pour leur potentiel hautement slashesque. Steve et Bucky sont trop mignons, je vous jure, vous me remercierez (et, en plus, comme ça, vous pourrez venir lire mes histoires sur ce couple !).
En espérant vous revoir bientôt, je vous laisse avec l'épilogue de L'Un à l'autre inconnus. Bonne lecture !
Épilogue
« Et elle est où, la signature de tes parents ? »
L'enfant, la panique dans les yeux, se ratatina sur sa chaise.
« Je ne t'avais pas demandé de faire signer ta punition par tes parents ? »
Aucune réponse mais les autres élèves, autour, opinèrent de la tête. Ils étaient bien contents que Shomei se soit fait attraper. Il n'arrêtait pas de les embêter pendant les récréations. Iruka-sensei avait eu raison de le punir.
« Tu croyais peut-être, suggéra ce dernier d'une voix féroce en se rapprochant du visage de l'enfant, que j'allais oublier de vérifier ? »
Shomei eut le courage de secouer la tête mais Iruka enfonça le clou.
« Sache que je n'oublie jamais rien, jamais ! »
Là, quelques enfants qui avaient des grands frères et sœurs dans des classes supérieures pensèrent bien à le contredire mais Iruka les fit taire d'un regard.
Et chacun replongea la tête dans sa copie.
~/~/~
Il quitta l'académie de bonne heure.
Lorsqu'il avait repassé ses tests d'aptitudes et qu'il avait été reçu, Tsunade lui avait proposé de ne reprendre qu'à mi-temps ou, du moins, de ne pas retourner travailler au bureau des missions. Iruka avait proposé un aménagement autre : cela ne le dérangeait pas de beaucoup travailler tant que Kakashi était hors des murs mais il voulait être plus disponible quand le jounin était là. On avait donc organisé son emploi du temps en tenant compte du rythme des missions de Kakashi et ça fonctionnait bien ainsi.
Or c'était un jour de retour de mission : Iruka était donc sorti tôt.
Quand il avait pénétré dans sa cour intérieure, il avait souri en apercevant Pakkun qui paressait au soleil. Il était allé lui gratter le ventre et le chien n'avait pas fait un geste pour l'arrêter.
« Il va bien ? » demanda le chuunin.
« Même pas une égratignure. » répondit le chien.
Alors, Iruka avait ouvert sa porte et trouvé Kakashi qui l'attendait, tranquillement assis sur leur canapé. Le chuunin se défit de ses affaires et alla s'installer dans ses bras. Les retrouvailles furent câlines, chacun racontant ce qui s'était déroulé pendant la dernière semaine écoulée.
Enfin, Iruka distingua un paquet sur la table basse.
« Je t'ai ramené un cadeau du Pays du Riz. », expliqua le jounin.
Le jeune homme, surpris mais aussi méfiant, déchira le papier et ouvrit la boite.
« C'est… une corde ? » interrogea-t-il sans comprendre ce qu'il tenait dans ses mains.
« Maaah, ce n'est pas n'importe quelle corde… », précisa un Kakashi expert à son oreille.
Et il lui fit tâter l'objet sous toutes ses coutures.
« Tu vois, c'est très doux, c'est fait exprès pour ne laisser aucune marque et ne pas trop serrer… »
« Serrer ? Mais serrer quoi ? »
Le jounin approcha son masque du visage de son compagnon.
« Toi, mon chéri. »
L'accent qu'il avait utilisé ne laissait aucun doute sur la manière dont il souhaitait se servir de ce « cadeau ».
« Tu as envie de m'attacher ? »
Maintenant, il était pris d'un doute. Depuis le temps, il avait eu confirmation que Kakashi était un amant aussi doué que décomplexé. Rien ne l'arrêtait alors qu'Iruka se montrait plus timoré. Il avait souvent peur de ne pas assez le satisfaire et que le jounin finisse par aller voir ailleurs.
« Non, rectifia cependant ce dernier, c'est toi qui as envie qu'on t'attache… »
« Ah oui ? »
« Avant ton amnésie, tu me l'avais confié. Et je crois qu'il est temps d'assouvir ce fantasme… »
« Je t'ai confié que j'avais envie que tu m'attaches, interrogea Iruka dubitatif, comme je t'ai dit que j'adorais faire l'amour en plein air ? »
Kakashi se contenta d'arquer son œil visible comme s'il ne voyait pas le rapport.
« Non parce que c'est très douloureux, les piqures d'insectes sur les fesses, je te rappelle. »
« Je t'avais proposé d'autres positions où tu n'aurais pas eu ce problème. »
Iruka rougit en y repensant et rangea la corde dans sa boite.
Cela ne faisait pas très longtemps qu'ils arrivaient à plaisanter de son amnésie. Au début, c'était un peu tabou. Iruka n'aimait pas trop que Kakashi parle du passé parce qu'il avait toujours la crainte de ne pas être à la hauteur de son ancien lui-même.
A leur départ de Sugusoba, ils n'étaient pas rentrés tout de suite à Konoha. Kakashi avait envoyé un message au village où il indiquait qu'il prenait quelques jours de vacances et il avait proposé à Iruka de l'emmener à la campagne.
« C'est un endroit où on est déjà allé plusieurs fois, lui avait-il raconté. Autant te le préciser, y a pas grand-chose à y faire à part manger, dormir et baiser. »
« Ça me va. », avait répondu Iruka d'une petite voix qui avait fait rire le jounin.
C'était une auberge douillette, entourée par la forêt, et qui avait la particularité de n'accueillir que des couples de même sexe. L'établissement était d'ailleurs tenu par deux hommes ensemble depuis plus de dix ans. L'un d'eux était un ninja retraité que Kakashi semblait bien connaitre. Iruka, qui se découvrait d'une jalousie maladive, les soupçonna même d'avoir été amants.
A peine arrivés dans la chambre, Kakashi s'était jeté sur un Iruka qui regardait naïvement la vue qu'ils avaient depuis leur fenêtre. Le jounin poursuivit son éducation sexuelle, lui faisant découvrir de nouveaux plaisirs. Quand ils étaient repus de sexe, ils sortaient se promener, se baladant en se tenant la main, jouant avec la neige qui tombait en abondance dans la région et se réchauffant d'un thé fumant ou d'une valse de leurs corps.
La bulle de la chambre de Sugusoba se reforma dans cette auberge et Iruka savait bien que c'était ce qui avait motivé Kakashi à l'amener ici.
Le retour à Konoha se fit de nuit si bien qu'ils ne regagnèrent leur appartement que pour y dormir mais, dès le lendemain matin, on frappa à leur porte. C'était Kurenai qui, en passant, avait vu de la lumière. Elle dévisagea Kakashi quand il vint lui ouvrir et rien qu'à son œil, soulagé et heureux, elle sut.
« Tu l'as ramené ? »
Il n'eut pas besoin de répondre. A l'entente de sa voix, Iruka s'était élancé et passant sous le bras avec lequel Kakashi maintenait la porte ouverte, il sauta au cou de Kurenai.
Ce fut le festival. La nouvelle fit le tour du village en un rien de temps et chacun vint rendre ses hommages au couple.
Ils réaménagèrent tout l'appartement. Iruka avait fait rapatrier une partie de ses meubles de Sugusoba, il voulait se sentir véritablement chez lui. Kakashi acceptait toutes ses idées et comme Iruka s'inquiétait d'être trop dirigiste, le jounin lui avait avoué qu'il ne s'était déjà occupé de rien à leur premier aménagement.
« J'ai proposé à Naruto de venir manger en fin de semaine, informa Iruka tout en se blottissant contre le corps du jounin sur le canapé, tu serais d'accord ? »
« Il viendrait avec Sasuke ? » s'enquit Kakashi.
« Évidemment. »
La première rencontre avec Sasuke avait été étrange. Un jour, alors qu'ils faisaient des courses, Naruto les avait apostrophés et Iruka avait aperçu un jeune homme brun, pâle et très beau qui déjeunait en face du blond. Iruka lui avait présenté poliment ses respects mais Sasuke lui avait répondu avec distance et laconisme, l'exact inverse de Naruto.
Ils s'étaient revus à l'anniversaire de Lee. La soirée avait été beaucoup trop arrosée mais Sasuke, dans un coin, n'avait pas bu un seul verre. Iruka s'était servi raisonnablement car il se savait de faible résistance à l'alcool et comme beaucoup des invités lui étaient encore inconnus et que Kakashi et Naruto avaient été embarqués dans un des défis débiles de Gai, il s'était approché de Sasuke. Ils n'avaient échangé que quelques mots mais, par la suite, à chaque fois qu'il y avait une soirée, Sasuke s'asseyait immanquablement auprès de lui.
« C'est parce que tu ne te souviens pas qu'il a déserté. », lui avait expliqué Kakashi.
Comme beaucoup, le jounin avait pardonné à Sasuke mais la confiance n'était pas tout à fait revenue. Mis à part avec Naruto, il existait toujours une distance entre Sasuke et les autres. Sauf avec Iruka. Parce qu'Iruka ne pouvait pas se sentir trahi par une désertion dont il n'avait aucun souvenir.
« Tu sais, moi aussi, j'ai déserté. »
Sasuke avait levé des yeux surpris sur lui.
« Quand j'ai quitté Kakashi, c'était une sorte de désertion. Et à mon retour, personne ne m'en a voulu alors que je l'aurais mérité. Ce n'est pas très juste. »
Sasuke n'avait rien répondu mais il avait jeté un regard sur Naruto qui était assis à l'autre bout de la pièce. Tout comme Iruka, il avait abandonné la personne qu'il aimait le plus. Et il avait commis tant d'autres crimes. Pourtant, Naruto ne lui en avait pas voulu et avait même accepté de lui rendre ses sentiments. Il se trouvait déjà bien chanceux. Le mépris des villageois et des autres ninjas lui paraissait être un passage obligé dans sa réintégration.
« Il serait temps qu'ils se décident, râla Kakashi, on ne va pas garder nos vieux meubles éternellement… Le local qu'on loue nous coûte une fortune. »
« Hey ! S'installer à deux, c'est une étape importante. Ils sont encore jeunes, laisse-les prendre leur temps. Tu devrais plutôt te réjouir que Naruto soit passé instructeur. »
« C'est grâce à toi, ça. »
En effet, peu de temps après son retour, Iruka avait souhaité reprendre l'entraînement. Tous les jounins de sa connaissance avaient cherché à l'aider mais celui qui s'était montré le plus patient se révéla être Naruto.
« Sensei, vous m'avez toujours dit que je ne m'appuyais pas assez sur mes genoux quand je lançais mes shurikens... »
Et Iruka, attentif, écoutait les conseils qu'il avait donnés jadis à ce combattant hors-pair lorsqu'il n'était encore qu'un petit garçon esseulé.
Quand Iruka avait finalement récupéré son grade de chuunin, Naruto s'était senti désœuvré et il avait pris une équipe de genins sous son aile pour compenser.
Redevenu chuunin, portant fièrement son bandeau et son uniforme, Iruka connut l'angoisse de sa première rentrée à Konoha.
Il avait tenu au courant ses amies de Sugusoba et il essayait de les voir au moins une fois par mois. Évidemment, c'était toujours Iruka qui se déplaçait et ils se retrouvaient immanquablement dans ce bar où il leur avait parlé de Kakashi. Quand il débarqua pour la première fois avec son uniforme chuunin tout neuf, il fut accueilli par des sifflements et des acclamations hystériques. Les autres clients du bar n'avaient pas compris.
Alors que lui-même reprenait le chemin de l'académie, Meijin, elle, avait pris un congé parental. Elle voulait s'occuper à plein temps de son petit garçon qu'elle considérait, comme toute nouvelle maman qui se respecte, comme l'enfant le plus extraordinaire au monde. Shibu, à la fin de son année de stage, avait été mutée dans une autre école. Elle préparait activement son mariage et avait dû fermement s'imposer auprès de son fiancé pour qu'Iruka puisse venir à la cérémonie accompagné de Kakashi. Il avait trouvé l'attention adorable quand on connaissait l'opinion de Shibu sur l'homosexualité. C'était comme si son affection pour Iruka lui faisait dépasser ses préjugés. Seule Yasui continuait à travailler à l'école. Elle attendait avec impatience le retour de Meijin même si elle s'entendait maintenant bien avec le reste de ses collègues. Elle perdurait dans sa vie de débauche parce que, disait-elle, elle ne trouverait jamais un homme qui arriverait à la cheville d'Iruka.
Il ne se trouvait pourtant pas si formidable et l'amour que lui portait Kakashi restait pour lui un mystère. Il avait eu si peur, au début, de le décevoir. Au fur et à mesure du temps, son attirance pour Kakashi n'avait fait qu'augmenter, il était fou de cet homme. Et plus son amour l'oppressait, plus il se souvenait du passé et de tous ces moments où il s'était montré si cruel envers Kakashi. Que le jounin ne l'ait pas jeté à la rue était un exploit en soi. Et souvent, il s'engouffrait dans ses bras, se confondait en excuses, se traitait de tous les noms. Un jour, cependant, le jounin avait su le tranquilliser d'une phrase :
« Tu n'étais pas toi-même. », lui avait-il murmuré.
Et tant bien que mal, Iruka était parvenu à se pardonner.
La boîte à souvenirs trônait maintenant dans le salon, sur un meuble qui renfermait aussi la collection complète des livres que Kakashi avait retrouvés avec l'aide d'Aryuu. C'était une sorte d'autel qui mélangeait les deux périodes de leur histoire. Souvent, quand ils étaient tous les deux de repos, Iruka mettait la boîte entre eux sur le canapé et il piochait dedans au hasard. Il tendait sa trouvaille à Kakashi qui se mettait à raconter tout ce que ce souvenir lui évoquait. Le même souvenir pouvait être raconté des dizaines de fois sans qu'Iruka ne se lasse et il fermait les yeux, posait des questions, allait interroger les autres témoins de la scène, cherchait à recréer cet événement dans sa tête. Avec le temps, son esprit se remplit de ces souvenirs fictifs qui lui donnaient l'illusion de posséder un passé.
Kakashi avait longtemps cru qu'il avait peut-être été le plus malheureux des deux parce qu'il était le seul à se souvenir de leur idylle et que l'Iruka qui s'était réveillé semblait incapable de ressentir un véritable chagrin. Mais maintenant qu'ils formaient de nouveau un couple soudé, qu'ils avaient retrouvé une vie paisible et heureuse, il sentait que son amnésie pesait sur son amant. A mesure qu'il redevenait lui-même, Iruka s'était rendu compte de l'immensité de la perte, des fantômes qu'étaient devenus ses parents, du vol de sa jeunesse. Et il y avait eu cette semaine où tous ses collègues avaient été réquisitionnés pour élaborer le prochain examen chuunin et qu'il avait été laissé de côté. Tsunade avait essayé de l'occuper en lui confiant de petits boulots administratifs mais Iruka ne pensait qu'à cette forêt interdite où il ne pourrait jamais plus se rendre parce qu'il était désormais incapable d'en sortir seul. Il arrivait à se repérer sans problème dans Konoha parce qu'il avait mémorisé tous les bâtiments et itinéraires, que tout était automatisé dans sa tête mais une forêt… C'était devenu impossible. Ainsi, ses élèves étaient confiés à quelqu'un d'autre durant les entraînements à la course d'orientation et Iruka rentrait chez lui le cœur gros, se traitant de sous-homme.
Ces semaines-là, Tsunade oubliait de confier des missions à Kakashi.
Ils sortaient beaucoup en couple, répondant présents à toutes les invitations. Au début timide, Iruka chercha de plus en plus à aller vers les autres mais le déséquilibre était toujours là, difficile à supporter. Alors que lui était dans une perpétuelle phase de découverte, les autres le connaissaient par cœur et parfois, quand il racontait un événement ou une anecdote, il devinait aux sourires et hochements de tête que son récit était connu, qu'il l'avait probablement déjà raconté ou que, pire, il narrait un événement qui n'était pour lui qu'une histoire alors qu'en face, ses interlocuteurs avaient assisté à la scène.
Sur le chemin du retour, Kakashi savait à ses silences que la soirée l'avait perturbé et quand ils retrouvaient la sécurité de leur appartement, ils faisaient l'amour pour qu'Iruka se souvienne de ce qu'il avait gagné en revenant vivre à Konoha.
Au demeurant, Iruka n'avait pas besoin de ça pour se sentir à sa place et il savait que le temps qui s'écoulait se chargerait de rééquilibrer les choses. Il était ravi, d'ailleurs, de s'occuper de la petite de Kurenai car ses souvenirs de lui remontaient à sa sortie du coma. Il ne serait jamais en retard avec cette enfant, c'était déjà ça.
Il se laissa aller, sur le canapé, à reposer sa tête sur l'épaule du jounin.
Il savait que ce dernier ne repartirait pas avant plusieurs jours. Chaque départ en mission était une torture. Iruka dormait mal, faisait des cauchemars, se sentait ignoble s'il lui arrivait de plaisanter avec certains de ses collègues chuunins. Dans ces moments-là, il enviait presque sa toute jeune version de lui-même qui se rendait à peine compte que Kakashi était absent. Dire qu'il avait vécu des mois sans lui à Sugusoba, il en serait bien incapable aujourd'hui.
« J'ai un autre cadeau pour toi. »
Il se tourna plus franchement vers Kakashi. Celui-ci avait tendu le bras et attrapé une boite cachée à sa vue par le côté du canapé. Le paquet était plus gros.
« Si c'est une cravache, prévint Iruka, laisse-moi te dire que tu peux tout de suite la remballer ! »
Le jounin sourit largement sous son masque mais Iruka devina que c'était un peu forcé.
« Non, je… C'est pas ça… »
Le jounin était comme timide. Iruka avait appris que Kakashi était finalement rarement timide. Il n'était pas toujours très à l'aise avec les gens mais c'était surtout parce qu'il avait peur de trop s'attacher à eux. Les seules fois où Kakashi avait été réellement timide, c'était avec lui, quand il essayait maladroitement de l'approcher alors qu'il était encore un homme farouche et têtu.
C'était le même genre de timidité et Iruka supposa que ça venait du cadeau. Kakashi avait-il peur de l'offenser ?
Il aurait pu trouver drôle qu'un homme qui venait de lui offrir une corde en guise de jouet sexuel soit inquiet de ses réactions mais Kakashi avait une pudeur particulière qui ne se focalisait pas forcément sur les mêmes objets que le commun des mortels.
La boite fut posée sur la table et, la bouche sèche, Iruka l'ouvrit.
Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il rapatriait le carton sur ses genoux pour mieux voir ce qu'il contenait.
« C'est… »
Il remua tout ce qui se trouvait à l'intérieur afin d'être bien sûr de lui et saisit finalement un des objets les plus gros.
« C'est la première lettre que je t'ai écrite quand j'étais à Sugusoba ? »
Kakashi opina et Iruka se saisit d'autres papiers.
« Mes fiches pour préparer mon concours ? »
Déjà, il les avait posées et sa main, vorace, était repartie en quête.
A sa nouvelle découverte, sa voix trembla. Il venait d'attraper l'emballage d'une barre de céréales qui avait servi à les nourrir dans leur chambre d'hôtel à Sugusoba.
« Je l'avais jeté… », se souvint-il.
« Oui mais après, tu es parti. Je sais ce que tu vas dire, ce n'est pas très hygiénique… »
La visage interloqué d'Iruka était tourné vers lui.
« Tu as fait une nouvelle boite ? »
Le jounin haussa les épaules, honteux.
« Je me suis dit qu'il était temps que je te la montre. Tu n'es pas fâché ? »
« Fâché ? eut la force de répéter Iruka. Pourquoi donc serais-je fâché ? »
Kakashi le regarda de biais.
« Il n'y a pas si longtemps… tu aurais détesté. »
Iruka ne put se retenir davantage, il fondit sur le jounin, lui arrachant presque son masque pour l'embrasser.
« Si tu savais comme je t'aime. »
Le jounin sourit, content. Ça le rassurait toujours un peu quand Iruka lui disait qu'il l'aimait.
« C'est le plus beau cadeau qu'on ne m'ait jamais fait. »
« Bah, et ma corde, alors ? »
Iruka eut un gloussement mais il était trop ému pour se détendre véritablement. Il se leva, agité. Kakashi l'observait un peu inquiet.
Le chuunin se mit à chercher frénétiquement dans son cartable et en sortit une feuille qu'il tendit à Kakashi.
« La carte d'encouragement que je t'ai envoyée quand tu as passé ton examen. », reconnut-il.
« Mets-la dans la boite ! »
Et déjà, Iruka fouillait son bureau, alla jusqu'à leur chambre. Kakashi entendit le bruit de tiroirs qu'on ouvre, de vêtements qu'on inspecte.
Le chuunin revint finalement les mains pleines : il avait retrouvé les lettres que Kakashi lui avait envoyées à Sugusoba, la carte du village qu'il n'avait plus besoin d'utiliser depuis longtemps et, de sa poche, il tira un sifflet, celui que Kakashi lui avait confié pendant l'attaque du village et qui pouvait être entendu par Pakkun à des kilomètres.
« Quand je pense que tu aurais donné ta vie pour moi ce jour-là et que je n'en avais rien à foutre. J'étais vraiment le dernier des trous du cul. »
Cela fit rire Kakashi : Iruka était dur avec son ancien lui-même.
« Tu as gardé le sifflet, pourtant. »
« Je ne savais pas me battre. Évidemment que j'ai gardé le sifflet. »
L'objet fut déposé avec les autres. Iruka plongea une nouvelle fois la main dans sa poche.
« Je crois que le plus important, c'est celui-ci… »
Un minuscule papier était serré entre ses doigts, il le déplia et Kakashi reconnut sa propre écriture : c'était l'adresse de son auberge qu'il avait confiée à la vieille concierge de l'immeuble d'Iruka.
« Je ne suis pas d'accord, contesta-t-il cependant. Pour moi, c'est celui-ci. »
Il avait attrapé un morceau de papier jaune et le montra à Iruka qui sourit : c'était la facture de l'hôtel de Sugusoba. Elle était barrée d'un feutre rouge et il reconnut la marque administrative de Konoha.
« Une nuit d'amour au frais du village. », résuma Kakashi.
« Il nous devait bien ça. », fit remarquer Iruka.
Les deux souvenirs trouvèrent leur place dans le carton et Iruka, le refermant, alla le déposer sur leur autel à côté de l'ancien.
Au-dessus, entre deux bâtonnets d'encens, étaient suspendues plusieurs photographies et, à leur centre, Iruka et Kakashi, collés l'un à l'autre, souriaient à l'objectif.