Titre : L'Un à l'autre inconnus
Auteur :
Sigognac
Genre : Romance + Hurt / Comfort

Rating : M
Disclaimer : Les personnages et l'univers du manga Naruto appartiennent à Masashi Kishimoto.

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L'un à l'autre inconnus

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Prologue

« Ça ne te fait pas mal qu'ils se servent d'Asuma ainsi ? »

Elle s'arrêta alors qu'elle arrivait aux limites de la porte de sa chambre et osa jeter un regard à l'intérieur. Kakashi gisait sur son lit, le dos mal soutenu par le mur et les jambes repliées dans des draps sales et en désordre. Sa déchéance se résumait dans l'œil vide et cerné qu'il posait sur elle.

Kurenai répondit honnêtement à sa question :

« Si, avoua-t-elle. Mais tant que je peux aider un ami… »

C'était uniquement la perte d'Asuma qu'il lui garantissait l'accès de son antre, elle le savait. Son statut de veuve officieuse du Village de la Feuille en faisait une alliée dans la douleur abjecte qui l'étouffait depuis des jours.

« On l'a retrouvé, hein ? »

Il était suffisamment maître de lui pour comprendre qu'elle ne serait pas venue sinon. Restait à connaître l'étendue de l'horrible vérité.

« Il est vivant. », annonça-t-elle, sans joie.

« 'Vivant' comme 'il respire encore', c'est ça ? »

Elle se contenta d'acquiescer.

« Ils l'ont… »

« Ils lui ont fait beaucoup de mal. », abrégea-t-elle pour couper court à ses questions.

Entrer dans les détails était au-dessus de leurs forces à tous les deux.

Ce n'était pourtant qu'une simple mission de rang B. « Inoffensive », avait-il pensé pour se tranquilliser. Il détestait qu'Iruka se trouve hors des murs. Il ne possédait pas sa force de caractère lorsqu'il s'agissait d'être celui qui attend et s'inquiète.

Mais – et son estomac se tordait rien qu'à y repenser- ce matin-là, il ne s'était pas spécialement inquiété. Parce que c'était une inoffensive mission de rang B.

Il s'était levé, s'était réchauffé ce qu'Iruka lui avait laissé pour le petit-déjeuner, avait trouvé sous sa tasse un de ces petits mots que le chuunin lui griffonnait souvent et il avait secoué doucement la tête en lisant ce qu'il contenait. Une journée tellement banale.

Le papier était déchiré, maintenant, trop usé d'avoir été déplié et replié sans cesse. Relire ces quelques mots d'Iruka était un des seuls moyens qu'avait trouvé Kakashi pour ne pas perdre la raison.

Il avait remarqué, évidemment, les premières heures de retard mais il les avait mises sur le compte du zèle d'Iruka et de sa faculté parfois agaçante à bavarder avec n'importe qui.

Voilà ce qu'il s'était dit pour tromper l'angoisse qui s'emparait peu à peu de lui : Iruka était en retard parce qu'il bavassait. Il ne pouvait en être autrement puisque c'était une enfantine mission de rang B, une de celles qui ne nécessitent même pas de sortir d'un bureau.

Le village de Tumo avait eu besoin d'un traducteur pour déchiffrer des tablettes anciennes, récemment déterrées. Le dialecte évoqué ressemblait à l'un de ceux qu'Iruka maîtrisait. Cet imbécile s'était même porté volontaire. On lui avait adjoint deux ANBU comme escorte, plus par habitude que par crainte. Des mecs très valables d'après leurs dossiers. Kakashi avait vérifié par la suite.

On avait retrouvé leurs corps, massacrés, aux limites du Pays de la Pluie. Iruka, lui, était resté introuvable. Personne n'avait osé le dire franchement devant Kakashi mais lui comme tous les autres avaient reconnu cette manière de procéder : on exécutait les forts pour pouvoir s'emparer du faible.

Parce qu'un faible résistait toujours beaucoup moins bien à la torture.

« Il est en état de parler ? »

Elle secoua négativement la tête.

« Tsunade est à son chevet actuellement et elle répare ce qui peut l'être. Je ne peux même pas t'assurer qu'il passe la nuit.»

Il se leva, ce qu'il n'avait pas fait depuis plusieurs jours, depuis que Tsunade, après qu'il ait cédé à une incontrôlable crise de fureur, lui ait interdit de faire partie des équipes de recherche.

Kurenai l'aida à se remettre sur pieds, prenant son bras sur son épaule.

« Tu as mangé ? », s'enquit-elle.

Ignorant sa question, il reprit :

« Emmène-moi à l'hôpital, s'il te plaît. »

« Tu vas probablement attendre pendant des heures, sans avoir aucune nouvelles. Tu ne veux pas avaler quelque chose ? »

« J'avalerais quelque chose quand j'aurai parlé à Iruka. », décida-t-il.

Elle le réajusta plus fermement sur son épaule et chercha de l'œil où il avait pu jeter ses sandales. Elle ne les avait pas vues dans l'entrée.

Elle n'eut pas le courage de lui rappeler qu'il ne reparlerait probablement jamais à Iruka.