Tu te caches dans ton jardin (mais tu n'es pas seul)
Résumé : Post 'le sort de beaucoup', un an après la bataille finale.
Bilbon obtient son jardin, son propre verger secret, et commence diligemment à planter.
Sauf que ce n'est pas si secret. Et que tout le monde veut y passer.
Et c'est censé être un SECRET.
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« Un jardin ?
- Tous les hobbits ont un jardin, acquiesça Esmeralda. »
Sous ses mains, Merry gloussa à nouveau.
« Tous les hobbits respectables, en tout cas. Même si c'est juste un petit potager à herbes, ils peuvent être faciles à entretenir si vous faites d'autre choses comme- Merry ! Reste tranquille ! »
Merry n'avait aucune intention de le faire. Merry avait toutes les intentions de tendre les mains vers ses petits orteils pendant qu'Esmeralda essayait en vain de lui mettre son petit pantalon.
Kili ricana, pas même concerné par le regard noir que lui lança Esmeralda.
« Tu pourrais aider, tu sais, dit-elle en se renfrognant. Ce n'est pas aussi facile que ça en a l'air.
- Non, en effet, dit Dis. Enfiler des vêtements à celui-là après un bain était presque impossible. »
Elle désigna Fili d'un signe de tête.
« Mère !
- Et faire entrer celui-là... »
Elle désigna Kili de la tête, tandis que Fili enfouissait son visage dans ses mains.
« … dans le bain pour commencer était presque impossible. Et quand il était dedans, eh bien. C'était là que les vrais ennuis commençaient. »
Kili devint écarlate. Legolas sembla soudain très intéressé par l'histoire, ainsi que Dernwyn. Fili semblait ravi d'embellir, ne serait-ce que pour éloigner l'histoire de lui, et Bilbon reposa rapidement son thé.
« Oui, un jardin, dit-il. Et je connais exactement l'endroit pour ça.
- Pas en-dehors de la montagne, dit Dori en fronçant les sourcils. Ce petit endroit dont Thorin a parlé ?
- Il vous a dit où c'était ? Demanda Bilbon. »
De toutes les choses stupides à faire...
« Juste que c'était sur le flanc de la montagne, et que vous étiez, eh bien, franchement, atteint à la tête. Il préférerait un autre endroit.
- Il n'est pas un hobbit, dit Esmeralda. »
Elle enfila le pantalon à son fils avec un cri triomphant. Merry se contenta de glousser et lui envoyer des baisers à bulles.
« Quel que soit l'endroit que tu as trouvé, je suis sûre que c'est charmant. Est-ce que ce sera une sorte de potager secret, alors ? Est-ce que tu as de la terre ?
- C'est ça, et j'en ai. »
Et Bilbon attendait ça avec impatience. Il y avait pas mal d'espace, en fait, et la montagne était tellement verte de ce côté que personne ne le verrait de loin. Et personne n'avait trouvé la petite entrée dans l'arche, il était donc assez sûr que ce serait son espace et le sien seulement. Les seules personnes qui étaient venues jusqu'à présent étaient Dril et Hril, livrant de grandes piles de terre qu'il avait commencé à étaler partout sur la pierre.
« Bombur m'a promis quelques graines de Dale pour commencer, et le Roi Bard a des plantes qu'il va m'envoyer. »
Legolas hocha la tête, le regard distant tandis qu'il réfléchissait.
« Veux-tu un peu de flore de la forêt ? Il y en a plusieurs qui poussent bien dans ce climat, et plus encore qui pousseraient bien sur les pierres. »
Bilbon s'illumina considérablement.
« Oui, en fait, ce serait charmant. Merci, Legolas. »
L'elfe hocha la tête. Puis, après une pause et un regard à son mari, il poursuivit :
« Mais je préférerais en entendre plus sur cette histoire d'enfance avant de partir.
- D'accord, on va les chercher, et on les ramènera, dit précipitamment Kili. »
Il agrippa Legolas et le traîna jusqu'à la porte.
« A plus tard !
- Je crois que je devrais aller avec eux, ne serait-ce que pour aider, commença Fili. »
Mais Dis l'attrapa par le bras et le ramena à son siège.
« Tu ne devrais pas. Je peux le taquiner, parce que je suis sa mère, et que c'est moi qui ai lutté pour le mettre dans la baignoire à chaque fois. J'ai aussi lutté pour te mettre des vêtements quand tu aurais préféré ne porter que ta peau, avertit-elle. »
Le visage de Fili se tordit sur une grimace.
« D'accord. Compris.
- Tu sais, je ne serais pas contre en entendre plus à ce sujet, commença Dernwyn. »
Fili bondit à nouveau de son siège.
« Je devrais aider Oncle Thorin, vraiment, avec, quelque chose. Quelque chose, certainement quelque chose. »
Puis il disparut, les laissant avec des regards amusés.
Esmeralda poussa un soupir lorsque le pantalon de Merry fut boutonné, tandis qu'il continuait de jouer avec les poils sur ses pieds.
« Là. Honnêtement, on penserait qu'il ne serait pas si dur d'enfiler son pantalon. Bien sûr, avec certains hommes, ils ont toujours du mal à garder leur pantalon, même quand ils sont adultes.
- Essé ! »
Esmeralda chassa de la main le cri scandalisé de Bilbon.
« Oh, je t'en prie, je nesuis plus une petite fille, j'ai bien conscience de comment les choses se passent. Merry est arrivé à cause de-
- Et j'en ai assez entendu, coupa Bilbon. »
Il avala son thé d'une gorgée comme un bon whisky. Dernwyn était rouge mais souriait jusqu'aux oreilles tandis que Dori tripotait la tasse de thé devant lui, fronçant les sourcils en direction d'Esmeralda. Dis se contenta de hausser les épaules et retourna au travail soigneux du métal sur lequel elle était actuellement concentrée. Quand Dori fut certain qu'Esmeralda avait fini, il demanda enfin :
« Mais sur le flanc de la montagne ? Vraiment ?
- C'est stable, Thorin a demandé aux mineurs et aux maçons de vérifier. C'est parfaitement sûr, et ça s'enroule partiellement autour de lamontagne. Ce sera charmant. »
Et un bout de silence et de solitude, quand il en aurait besoin. Avec tous les nains qui allaient et venaient dans les appartements royaux ces jours-ci, ce serait bien d'avoir un endroit qui serait tout à lui et que personne ne connaîtrait, et s'ils le faisaient, ils devraient jurer le Secret Total.
Et vraiment, les hobbits étaient faits pour avoir un jardin. Bilbon était toujours descendu à Dale pour aider quand il avait ressenti le besoin d'une main verte, mais maintenant que tout était réglé dans la région, et que la Forêt Noire avançait si bien, et que la Comté avait été si verte et belle et lui avait rappelé à quel point certaines choses lui manquaient, eh bien. Un jardin à lui était parfait.
Il était absolument impossible que ça tourne mal.
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« Pas grand-chose ici, pas vrai ? »
Bilbon leva les yeux en entendant la voix. Dwalin semblait très peu appréciateur, jetant un regard autour de lui de façon presque dédaigneuse.
Il fronça les sourcils en direction du nain.
« Il y a déjà beaucoup ici. Établir une fondation de terre est important si on veut vraiment planter quelque chose. Ça fait des jours que je suis là. »
Dwalin n'avait toujours pas l'air impressionné.
« Pas très secret non plus, dit-il. »
Bilbon soupira, s'asseyant là où il était agenouillé. Ses doigts étaient couverts de terre, mais ça faisait du bien d'être de nouveau dehors dans la verdure, dans la terre noire et riche et dans l'air frais. Même si regarder par-dessus le bord lui donnait parfois le vertige. Il était tombé par-dessus les portes une fois, pour atteindre la bataille en cours plus bas. Il n'était pas tout à fait à hauteur des portes – il le savait parce qu'il pouvait voir le sommet des portes juste au coin de la montagne – mais il était encore à une certaine distance du sol.
Et en quoi est-ce que ce n'était pas secret ?
« Pourquoi n'est-ce pas un secret ? Demanda-t-il. Personne ne sait où c'est.
- Nous le savons tous, dit Dwalin. »
Il regardait toujours autour de lui.
Bilbon croisa les bras.
« Thorin vous l'a dit.
- Toute la Garde est au courant, mon gars. Et ensuite la Garde a jasé. On vous fiche simplement la paix. »
Maudits soient-ils tous.
« Alors vous pouvez continuer à me laisser en paix, dit-il. Il y a beaucoup d'autres choses que vous préféreriez probablement faire plutôt que de me regarder en train d'apparemment ne pas beaucoup travailler. »
Dwalin roula des yeux.
« Vous n'avez vraiment pas beaucoup de choses par ici, dit-il enfin. »
Apparemment il ne partait pas tout de suite.
« Il faudrait quelques plantes là-bas, près du bord.
- Je, ah, eh bien. Pas vraiment certain de vouloir aller là-bas. Puisque c'est le bord et tout. Non, je serai bien à planter dans cette partie. À côté de la montagne. »
Où c'était beaucoup plus sûr.
Mais Dwalin étudiait le bord du regard maintenant, comme s'il réfléchissait profondément à quelque chose. Il eut enfin un semi hochement de tête et sembla arranger quelque chose avec lui-même.
« D'accord, dit-il. »
Puis il disparut.
Bilbon cligna des yeux et fixa l'arche, où il s'était juste trouvé.
« C'était quoi, ça ? marmonna-t-il dans sa barbe. »
Il n'était pas entièrement certain de pourquoi le nain était venu ici de toute façon, et pour ensuite disparaître d'un seul coup ?
Enfin, il était parti, au moins, ce qui voulait dire que Bilbon pouvait se remettre au travail. En espérant qu'il n'y ait plus d'interruptions. Il y avait des graines à planter et encore de la terre à labourer. Et il fallait que ce soit fini dans les prochaines heures pour pouvoir retrouver Thorin pour le souper.
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L'interruption suivante n'arriva pas avant le lendemain, quand Dwalin revint, mais cette fois avec Nori juste à côté de lui, et Ori derrière lui. Du moins, Bilbon était à peu près sûr que c'était Ori. C'était difficile à voir, derrière tout ce feuillage vert.
Et qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire ?
« Qu'est-ce que c'est que ça ? Demanda Bilbon avec incrédulité. »
C'étaient les plantes les plus grandes et les plus feuillues qu'il ait jamais vues, et sans les tiges vertes qui envoyaient de longs brins ressemblant à de l'herbe vers les feuilles au-dessus, il les aurait prises pour des arbres.
« Bard dit qu'elles poussent le long des rives, dit Dwalin. Près des jetées en pierre. Il a dit qu'avec l'humidité qui court le long de la montagne, vous ne devriez pas avoir de mal à les faire pousser ici. »
Il déposa l'un des pots près du bord, et Nori suivit son exemple. Ori commença à placer la sienne à côté de celle de son frère, et Dwalin s'empressa de la lui prendre pour la mettre sur le bord. Ori roula des yeux et souffla.
Dwalin l'ignora.
« J'ai pensé que ça aiderait, pour le bord, dit-il. Maintenant vous avez une ligne visible pour contenir votre jardin. »
Et un mur très visible pour garder le bord hors de la vue de Bilbon. Une vague d'émotions dépassa son agacement devant le fait d'avoir été interrompu – à nouveau – et le remplit de gratitude à la place.
« Merci, dit sincèrement Bilbon. Merci. Vous n'étiez pas obligé de faire ça. »
Dwalin haussa les épaules.
« Vous avez dit que vous aviez besoin de plus de plantes.
- Non, en fait, c'est vous qui avez dit ça. Je crois bien que vous trouviez mon jardin 'dérisoire'.
- Il est dérisoire. Pas encore assez de verdure ou de légumes. »
Bilbon fronça les sourcils.
« Qui a dit que je plantais des légumes ? »
Non que ce ne soit pas le cas, parce que ça l'était, mais ils n'étaient encore qu'un petit carré de graines dans un coin, pour l'instant. Bombur lui avait donné les graines venant de quelques-uns des plats qu'il avait préparés récemment. Bilbon avait hâte de planter les autres graines plus tard, quand ce serait le moment de les planter.
« Gloin, dit Nori pour aider. »f
Mais Bilbon n'en fut que plus perplexe. Qu'est-ce que Gloin savait de son jardin ?
« Il l'a dit à Gimli, et Gimli l'a dit à Tauriel. Je crois qu'ils ont d'autres plantes pour vous, quelques buissons à baies de la forêt. Je crois qu'ils veulent juste venir cueillir des fruits frais tout près de la montagne, cela dit.
- Comment est-ce qu'ils- non, vous savez quoi ? Je ne veux pas savoir. Ceci est mon jardin secret-
- Tout le monde est au courant, l'interrompit Dwalin. »
Bilbon l'ignora magnifiquement.
« -et je vous remercie pour les plantes, sincèrement, mais personne n'est censé savoir ! »
Il avait envie de taper du pied comme quand il était enfant. C'était ridicule. Son propre secret, un endroit réservé à Bilbon, et tout le monde était au courant. Ce n'était même pas terminé. C'était comme laisser entrer des invités quand vous n'étiez même pas habillé. Ils étaient censés attendre que le jardin soit terminé. Ensuite ils pourraient entrer.
Et penser à être déshabillé lui fit juste penser à Kili et Fili et aux histoires de Dis, et il frissonna.
« S'il vous plaît, dites aux autres qu'à moins d'amener des plantes que j'ai demandées, j'apprécierais juste un peu de silence pour travailler ici. Ce n'est pas encore fini.
- Bien sûr, dit Ori sans hésitation. »
Dwalin et Nori eurent simplement l'air amusé, et Bilbon fronça les sourcils dans leur direction à tous les deux. Honnêtement.
Même si les grandes plantes vertes montaient bien au-dessus de la tête de Bilbon et couvraient parfaitement sa vue du bord. Aussi prudemment qu'il l'osa, il commença à placer des rochers le long du bord pour commencer un petit parterre de fleurs. Bientôt il y eut de la terre, et assez pour y planter le feuillage ressemblant à de l'herbe. Elles ondulaient joliment, comme les rideaux que Dis était en train de coudre, chaque fois qu'il la voyait.
Lorsqu'il eut fini de les planter, c'était de nouveau presque l'heure du souper, et le soleil commençait à descendre derrière la montagne. Il se frotta les bras dans le froid soudain et alla à l'intérieur.
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Kili fut le suivant, étonnamment sans Legolas. Il arriva, cependant, avec une plante.
« Qu'est-ce que je devrais donner à Legolas ? Demanda-t-il. Tu sais. En cadeau. »
Bilbon fronça les sourcils.
« Un cadeau ? Pour quoi ?
- Juste, tu sais. Pour. Eh bien. ça. »
Parce que c'était plus clair.
« Pourquoi donc voudrais-tu... oh pour l'amour d'Eru, donne-moi ça avant de te crever un œil. »
C'était une petite plante à brindilles, mais ça fleurirait magnifiquement dans les prochaines semaines, une fois plantées correctement. Du moins, si Kili ne se blessait pas avec les longues tiges de bois.
« Kili, pourquoi veux-tu faire un cadeau à Legolas ? »
Kili marmonna quelque chose dans sa barbe.
« Quoi ? Demanda Bilbon. »
Il se pencha plus près.
« ça fait presque un an depuis la bataille, laissa enfin échapper Kili, prenant Bilbon par surprise. Je veux juste lui donner quelque chose pour dire à quel point je suis reconnaissant qu'il soit resté, que je l'aime, et que je suis heureux qu'il soit vivant et avec moi. »
Il lui fallut un moment pour vraiment s'asseoir et y réfléchir. Bilbon déposa enfin la plante dans un carré de terre ouverte, pour mieux protéger les racines à vif, et vraiment, est-ce que Kili l'avait juste arraché du sol pour lui amener ?
Il se secoua et se concentra sur le véritable sujet.
« Ne fais pas les cent pas près de mes gueules-qui-tremblent, dit-il d'un ton absent. »
Il fouilla son esprit à la recherche d'une idée. Pas vraiment de la réponse, cela dit, plutôt pour les mots qui donneraient à Kili la paix qu'il recherchait manifestement. Penser au premier anniversaire de la bataille était difficile.
« Gueules-qui-tremblent ? C'est comme ça qu'elles s'appellent ? »
Bilbon leva les yeux et croisa le regard incrédule de Kili.
« Dans la Comté, on les appelle des gueules-qui-tremblent, dit-il. Leur nom plus commun est gueules-de-loups, mais elles tremblent dans le vent, et elles ont un peu une forme de mâchoires, alors on les appelle des gueules-qui-tremblent. »
Kili regarda de nouveau la plante en question, puis adressa un autre regard à Bilbon.
« Vraiment ? Dit-il avec ironie.
- Tu n'as pas besoin de lui offrir quoi que ce soit, dit gentiment Bilbon. »
Le regard amusé de Kili disparut.
« Parle-lui juste. C'est tout. Dis-lui à quel point ça t'a fait peur. Dis-lui ce qu'il représente pour toi.
- Je veux quand même lui offrir quelque chose qui lui rappellera tout ça, cela dit, dit Kili. Je ne sais juste pas quoi. »
Il soupira et s'assit par terre, mais s'éloigna des gueules-qui-tremblent quand Bilbon lui lança un regard noir.
« Tu es censé m'aider.
- Je ne sais pas comment t'aider, protesta Bilbon. Tout ce que tu lui donneras lui fera plaisir. Tu pourrais lui donner une serviette déchirée et Legolas la chérirait parce qu'elle viendrait de toi. Vraiment, Kili. »
Kili semblait toujours pensif, mais ses lèvres se retroussèrent, au moins, à la mention de la serviette.
« Ou un mouchoir ? le taquina-t-il. »
Bilbon lui frappa le bras en fronçant les sourcils.
« Il n'y a rien de mal à offrir un mouchoir. Surtout quand tu l'as fait toi-même.
- Bien sûr que non. »
Ses épaules restaient haussées jusqu'à ses oreilles, cependant.
« Kili.
- Oui, mon Oncle ?
- Arrête de t'inquiéter pour ça. »
Kili hocha la tête, puis demeura aussi tendu qu'avant. Bilbon poussa enfin un soupir lourd.
« Écoute. Si tu veux lui montrer ce qu'il représente pour toi, tu pourrais juste faire quelque chose pour lui. Emmène-le dans un bel endroit, faites un pique-nique, passez du temps ensemble.
- Tu crois ? Demanda Kili.
- Je le sais. Tiens. »
Il cueillit soigneusement une fleur de la plante qu'Ori lui avait offerte. L'une des longues tiges avait fleuri, étonnamment, et la fleur près du bord était orange vif. Il la tendit à Kili, qui la prit comme s'il tenait un cristal fêlé.
« Donne-lui ça. Si quelqu'un peut apprécier un bouton de fleur en cadeau, c'est Legolas. »
Kili se jeta sur Bilbon pour une étreinte rapide, puis, la fleur toujours soigneusement pincée entre deux doigts, traversa l'arche en courant avec un signe de la main.
Bilbon se retourna vers son jardin et la pauvre petite fleur qui avait certainement été usurpée ailleurs. Enfin, c'était l'intention qui comptait. Il commença à mettre la fleur dans la terre, et espéra qu'il allait au moins pouvoir s'occuper du carré de légumes au fond avant d'avoir plus d'invités.
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Dori amena du thé deux jours plus tard et sembla content de rester un moment. Oin passa avec Holdred pour désigner les herbes médicinales que Bilbon avait plantées. Bombur passa vérifier l'état de ses légumes, qu'Ori ignorait promptement quand il venait lire dans le coin, où les plus jeunes scribes ne pouvaient pas le trouver. Hildili vint le voir, toute seule, et Bilbon appela Dril pour qu'il dise à Dernwyn où au juste se trouvait sa fille. Cependant, Lili resta loin du bord et se déplaça comme une petite fée, voletant ici et là, reniflant chaque fleur – et légume – qu'elle pouvait renifler.
Dwalin passa à nouveau également, apportant une autre plante à tige qu'il aida Bilbon à planter, insistant pour que le hobbit reste loin du bord. Puis il se contenta de s'asseoir par terre et resta là à un moment, presque en train de se détendre. Après cela, Bilbon descendit l'un des tapis des appartements qu'il partageait avec Thorin, pour que ce soit plus confortable quand quelqu'un viendrait s'asseoir et discuter. En général, c'était Dwalin.
Ce fut un flot constant de visiteurs, après cela. Tauriel vint s'asseoir et parler avec lui des divers buissons qu'ils pourraient planter le long des pierres, et des lierres grimpants que Gimli avait aperçus qu'ils voulaient tous deux placer autour de l'arche. Esmeralda vint pour le thé et amena le petit Merry pour lui présenter ce qu'était un jardin. Merry fut enchanté par tout ce qui était vert autour de lui, prouvant qu'il était un vrai hobbit. Bofur aimait également passer, la conversation facile entre Bilbon et lui, l'aidant souvent à planter des choses.
Fili passa, cherchant Dernwyn, mais resta une demi-heure juste pour s'asseoir et plaisanter avec Bilbon. Dori passait avec son tricot, faisant des histoires sur les guildes tandis que Bilbon faisait des histoires sur ses légumes. Nori et Gloin passèrent une fois et se salirent les mains en recouvrant de petites racines et semblèrent beaucoup s'amuser. Même Bifur passait, et il s'asseyait sur le tapis de Dwalin (c'était le nom qu'on commençait à lui donner) et admirait juste le jardin en silence.
Le jardin commença à prospérer. Il poussait par périodes, et bientôt les plantes prirent profondément racines dans les piles de terre, et tout sentait bon le frais. Les premiers légumes étaient presque mûrs et prêts à être cueillis, et chaque petit moment que Bilbon passait dans son jardin était un moment luxurieux.
Même si tout le monde continuait de passer presque à chaque instant. Cela rendait difficile de jardiner parfois, mais la compagnie était moins un inconvénient et plus un avantage, lui permettant de parler à quelqu'un au lieu de l'air.
C'était... agréable. Il se surprit même à apprécier.
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« Puis-je entrer ? »
Bilbon leva la tête après avoir plissé les yeux pour regarder la terre. Thorin était debout dans l'arche allumée, ses tresses encore dans le style royal. Il portait avec lui une torche, et Bilbon réalisa soudain à quel point il était tard, et à quel point il faisait maintenant noir.
« Est-ce que j'ai manqué le souper ? Demanda-t-il.
- Juste un peu, répondit Thorin. »
Ce qui voulait dire qu'il l'avait manqué depuis longtemps. Bilbon grogna et s'assit, sentant le froid de la nuit maintenant qu'il n'était pas aussi concentré sur son jardinage. Pas étonnant qu'il ait eu du mal à voir.
« Désolé, je n'avais pas l'intention d'être si absorbé. Je voulais finir la prochaine rangée de thym. Il pousse joliment je crois que j'aurai bientôt assez pour en donner à Bombur. »
Et ce serait bien, car Bombur ne cessait de le harceler pour avoir des herbes tout le temps.
« C'est ce qu'on m'a dit, dit Thorin. »
Et bien qu'il sourie, il n'avait pas l'air particulièrement amusé. Bilbon fronça les sourcils, s'asseyant sur ses genoux pour la première fois depuis des heures. Son dos lui faisait mal, mais c'était un bon mal, qui signifiait qu'il travaillait depuis longtemps.
Ça n'expliquait toujours pas l'expression presque prudente sur le visage de son mari.
« Est-ce que tu vas bien ? Demanda-t-il.
- Et toi ? Demanda Thorin en retour. »
Bilbon fronça encore plus les sourcils.
« Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
- Je crois que si. »
Ce ne fut pas dit d'un ton accusateur, mais doux, et Thorin alla s'asseoir sur le tapis de Dwalin. La lanterne envoyait une lueur autour du jardin qui le faisait presque briller. Elle se reflétait joliment dans l'argent des cheveux de Thorin, illuminant chacun de ses traits. Cela lui donnait l'air encore plus frappant que d'habitude.
Alors quand Thorin lui tendit une main, qui était Bilbon pour refuser ? Il laissa son mari le tirer vers le sol, s'asseyant entre ses jambes ouvertes. Avec le pantalon épais de Thorin et ses bottes encadrant ses propres jambes, cela gardait ses pieds au chaud, et ensuite Thorin prit sa longue cape et la tira sur eux deux. La chaleur soudaine le fit soupirer de contentement et s'appuyer contre Thorin.
Cette fois, il y avait certainement de l'amusement dans la voix de Thorin.
« Tu n'aurais pas froid si tu étais rentré au bon moment au lieu de te cacher ici.
- Je ne me cache pas. Je ne peux pas me cacher, pas quand tout le monde n'arrête pas de venir à toute heure du jour. Je pensais honnêtement qu'aucun d'entre eux ne voulait que j'aie un jardin, et maintenant ils sont tous là.
- Ils sont là parce qu'ils sont inquiets. »
Bilbon fit la grimace.
« Inquiets ? Pour quoi ?
- La même chose que moi, dit Thorin à mi-voix. Toi. »
Le silence s'abattit sur le jardin tandis que Bilbon essayait de comprendre, au nom d'Eru, ce que son mari voulait dire exactement.
« Je suis complètement perdu, alors un peu d'aide ne ferait pas de mal, admit-il enfin. Pourquoi êtes-vous tous inquiets pour moi ?
- Parce que tu te caches ici, tous les jours, dit Thorin. Et plus on approche du premier anniversaire de la bataille, plus tu restes ici longtemps. »
Bilbon s'immobilisa. Thorin poursuivit.
« Dwalin était inquiet au début. Puis Kili, qui partageait également un inconfort sur les souvenirs d'il y a un an, est venu te voir, et a aussi dit que tu t'enroulais autour de tes plantes. Les autres ont peut-être ou peut-être pas planifié des visites pour te tenir compagnie.
- Je ne suis pas tout le temps ici, dit Bilbon. Je rentre avant qu'il ne fasse sombre – d'accord, la plupart du temps, c'est la première fois que j'ai perdu la notion du temps – et je suis à l'intérieur pendant la majeure partie de la journée jusqu'à midi. J'ai pris plus de temps récemment parce que le jardin a besoin de plus de temps, maintenant. Lorsque les fleurs seront là où je les veux, et que le lierre aura vraiment pris autour de l'arche, et que les légumes suivront un rythme, je n'aurai plus besoin d'être ici aussi souvent. Je pourrai juste en profiter. Mais commencer un jardin prend du temps, de l'amour et des soins. »
Derrière lui, Thorin était silencieux. Bilbon se tourna lentement sur les genoux de Thorin jusqu'à être face à son mari, toujours sous la cape. À la lueur de la lanterne, l'inquiétude de Thorin était évidente.
« Non, je n'aime pas penser à ce qui s'est passé,admit Bilbon. Eru sait que j'ai encore des cauchemars de temps en temps, où tu meurs, où je t'enterre. Mais ils ne sont pas vivaces, comme avant, ce sont juste des cauchemars, mes peurs. Et ça n'a pas d'importance de toute façon parce que tu es là, Fili est là, Legolas est là, et nous avons réussi. C'est ce que j'ai essayé de dire à Kili : que les mots comptent le plus, qu'il devrait parler à Legolas. On dirait que j'aurais dû te parler, aussi. »
Chaque mot prononcé semblait apaiser la tension de Thorin jusqu'à ce qu'il soit comme les voiles d'un bateau sans vent pour les gonfler, pendant librement.
« Ce n'est pas à cause des souvenirs, alors, dit-il pour confirmer. »
Bilbon sourit.
« Parfois un hobbit a juste besoin d'un jardin. C'est tout. Tu sais, tu aurais pu venir ici plus tôt au lieu de te monter la tête.
- Je ne voulais pas te déranger, au cas où je ferais partie de tes inquiétudes. »
Mais Thorin avait l'air aussi penaud que sa voix.
Bilbon lui adressa le roulement d'yeux qu'il méritait, ce qui lui valut un léger rire. Après s'être de nouveau retourné, son dos contre la poitrine de Thorin, ils restèrent assis comme ça un moment, profitant du jardin à la lueur de la lanterne.
« C'est beaucoup plus beau que je n'avais jamais imaginé, dit Thorin. »
Il déposa un baiser sur la pointe de l'oreille de Bilbon.
« Tu as un vrai don, bien-aimé.
- C'est juste un jardin. Je veux dire, c'est agréable, de travailler de nouveau dans mon propre petit jardin, admit-il. Mais ce n'est vraiment qu'un jardin. »
Les légumes dans le coin poussaient joliment, et les gueules-qui-tremblent bougeaient dans la petite brise. Les tiges de rivière près du bord continuaient de pousser, et il devrait en déplacer une plus bas, pour continuer le mur vert. Dans un moment. Pas tout de suite. Il aurait du temps pour profiter du jardin avant.
« Tu as fait pousser quelque chose à partir de rien. Tu as vu un potentiel et tu lui as donné vie. Ce n'est pas 'juste un jardin', mon époux. »
Il enroula davantage ses bras autour de Bilbon, et Bilbon se renfonça dans son étreinte, souriant devant le gentil compliment.
« Surtout quand tu arrives à le faire quand tout le monde vient te déranger.
- Tout le monde n'est pas venu, franchement. C'est la première fois que tu es venu depuis que j'ai commencé le jardin, et Dis n'est pas passée du tout. »
Ce qui était étrange, étant donné qu'elle y avait montré un tel intérêt.
« C'est parce qu'elle travaille sur une porte en tissu pour toi. Pour mieux cacher ton jardin. »
Bilbon regarda par-dessus son épaule.
« C'est sur ça qu'elle travaille ? Je croyais que c'était une bannière, un ornement pour accrocher aux murs.
- Non. C'est pour toi et le jardin. Ne lui dis pas que je te l'ai dit : elle sera énervée si elle découvre que j'ai trahi son secret. »
Non que ce soit tellement secret : tout le monde était au courant. Il supposait que ça collait, étant donné que tout le monde était au courant de son jardin.
« Je ferai mine d'être surpris quand elle me l'offrira, alors, promit-il. »
Thorin rit derrière lui, et Bilbon ferma les yeux, se laissant monter et descendre à chaque respiration de son mari.
« Ne t'endors pas, avertit Thorin. Il fait trop froid dehors pour dormir.
- Absolument, acquiesça Bilbon. »
Ses paupières étaient déjà lourdes. Ses doigts étaient sales, il avait de la terre dans les cheveux et il le sentait, et ses genoux étaient un peu douloureux après être restés si longtemps sur la pierre.
Thorin déposa un baiser sur le côté de sa tête.
« Debout là-dedans, murmura-t-il. »
Puis Bilbon fut debout, bien que toujours enveloppé dans la cape.
« Et on rentre.
- Tu devrais venir ici plus souvent, dit Bilbon. C'est agréable. »
D'une façon mystérieuse, ils descendaient le hall, ce qu'il appréciait beaucoup.
« Alors je le ferai. »
Puis ce fut Bilbon et le lit et Thorin qui ne semblait pas gêné par son état de saleté, puis le sommeil était trop bon pour le fuir.
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Il s'avéra que la plate-forme pouvait accueillir toute la compagnie sans tomber ou ruiner le jardin. Tout le monde émit des sons très approbateurs, et dans l'ensemble, ce fut un après-midi très agréable, le jour où Bilbon ouvrit enfin son jardin à ceux qu'il aimait.
Et dans l'entrée pendait le tissu, avec du métal à chaque coin pour le maintenir en place. Au milieu se trouvait un carré de jardin, et derrière lui un arbre avec ses branches s'entremêlant avec les plantes en-dessous.
C'était, peut-être, ce que Bilbon préférait dans son jardin, en-dehors de toute la famille qui était là avec lui.
Même si certains membres de cette famille insistaient qu'ils viendraient l'aider à jardiner de façon régulière. Eru lui vienne en aide.
(-)
Voilà ! Un petit chapitre tout paisible pour commencer la partie 2 (mais vous commencez à connaître, vous savez que la paix ne va pas durer) !
Niveau traduction : J'ai reçu l'autorisation de l'auteur pour traduire Under New Management. Je vous préviens tout de suite que c'est très dur, car très réaliste. Rien de graphique mais ce qui est évoqué est DUR. La fic est racontée du point de vue de Fili, et bien qu'il y ait le pairing Bilbon/Thorin ce sera très secondaire...
Autre chose : Deux co-équipières sur ma traduction Merlin m'ont demandé de faire de la pub pour leur page FB. Si vous êtes fans de Teen Wolf, sachez que la page Fanbook Eaddy Mays organise une convention française non-officielle. N'hésitez pas à aller les rejoindre !
À mercredi pour le prochain chapitre !