Cet OS a été écrit à l'occasion d'une Nuit du FoF, sur le principe d'une heure pour un thème. Le thème de 21h était "Griffe" et voilà ce qui est sorti de ma petite tête. Les Nuits ont lieu chaque mois, n'hésitez pas à nous rejoindre ! =D


Clegane souffla en grognant et se secoua. Il devait monter le même cheval depuis bien des années, car elle ne broncha pas malgré cette soudaine agitation. Sansa, elle, avait sursauté. Elle pensait pourtant s'être habituée à ses manières rudes, après la dizaine de jours passés à voyager ensemble.

Le Limier lui coula un regard et la jeune fille s'empressa de détourner le sien. Il ricana. Il avait vu qu'elle l'observait. Elle l'observait sans cesse, lui semblait-il. Et à chaque fois, elle se sentait obligée de feindre le désintérêt. Il trouvait ça particulièrement ridicule.

- Sommes-nous bientôt sortis de cette forêt ? demanda Sansa, tentant de donner le change de ses joues enflammées par une posture digne d'une reine.

- Presque, ouais, fit Clegane. Ouvre tes yeux, tu verras bien toi-même.

Les yeux clairs de la jeune Stark roulèrent sur lui, froids et hautains. Elle ne goûtait toujours pas à sa façon de lui dispenser ses conseils sur la façon dont elle devrait se comporter durant leur voyage.

- Pourquoi faire ? siffla-t-elle. C'est une forêt de chênes et ils se ressemblent tous.

- Les arbres ne poussent jamais à l'identique, à moins de les forcer. Mais ça pourrait être une forêt de sapins ou d'alisiers, ça changerait pas grand-chose.

Sansa fronça les sourcils. Elle ne voyait pas où il voulait en venir – elle savait néanmoins qu'une autre brillante suggestion de vie était sur le point d'arriver.

- Y'en a moins, dit-il en désignant les troncs sombres qui les entouraient. Et l'écorce est plus sèche.

- Nous pourrions être en train de nous approcher d'une clairière ? proposa la jeune femme en réponse, acerbe.

- Faut toujours que tu essayes d'avoir le dernier mot, hein ?

Il reporta son attention sur le sentier, non sans lâcher un gloussement amusé. Sansa préféra ne pas relever son choix de mots… Ne faisait-elle vraiment qu'essayer d'avoir le dernier mot ?

Elle serra les dents en se rendant à l'évidence. C'était vrai. Depuis qu'ils avaient quitté Port-Réal, elle n'avait fait que se plaindre jusqu'à ce que le Limier la fasse finalement céder ou perde patience. Ce dernier point lui fit réaliser dans la foulée que, même lorsqu'il perdait l'envie de poursuivre le dialogue, jamais il n'avait perdu son sang-froid. Il restait indifférent ou s'amusait de son obstination infantile.

Pourquoi se comportait-elle ainsi ? se demanda-t-elle alors. Il l'avait aidé à fuir un sort des plus funestes, il était venue délibérément vers elle. Ce n'était pas juste un hasard. Et malgré tout ce qu'elle avait craint, tout ce qu'elle avait imaginé qu'il aurait pu lui faire, il s'était contenté de suivre sa parole. Il l'emmenait à Winterfell, comme il avait annoncé qu'il ferait. Et elle, Sansa Stark, le remerciait en se comportant comme la plus imbuvable des compagnons de route.

Il y eut soudain un rugissement. Avant même que Sansa ait pu déterminer si c'était Clegane qui criait ou si ça venait des buissons épais qui les entourait – ou des deux à la fois – son cheval cabra avec un hennissement frénétique. Elle tomba au sol si brutalement qu'elle en perdit brièvement conscience.

Elle avait l'impression qu'elle venait juste de toucher terre, elle avait le souffle coupé par une douleur vive entre les côtes et il lui fallut quelques battements de cils pour chasser la brume qui floutait sa vue.

- Rien de cassé, petit oiseau ?

Sandor Clegane se dressait au-dessus d'elle, l'épée au clair, visiblement aux aguets, prêt à bondir sur tout éventuel assaillant. Mais sa lame était déjà rouge. Il avait déjà défait un adversaire.

- Je ne crois pas… dit Sansa en se redressa.

Elle gémit alors que son bras la lançait tout à coup. Poser ses doigts à l'endroit de la douleur ne fit qu'ajouter des picotements désagréables en sus. Elle saignait. Sa robe déchirée buvait le sang qui suintait de sa peau.

A quelques pas, une masse poilue gisait dans une mare sombre. Fallait-il qu'il soit affamé pour qu'un loup seul s'attaque à deux humains sur leurs montures !

- Fais voir, grogna le Limier en mettant un genou en terre à côté d'elle.

Il lui prit le coude sans vraiment attendre de réponse. Sansa ne voyait que la moitié brûlée de son visage alors qu'il auscultait la plaie du regard. La peau boursouflée et rougie laissait presque voir la forme des flammes qui l'avait léchée. On imaginait sans peine l'intensité de la douleur causée par le feu, mais ce n'était pas aussi vilain pour les yeux que ça pouvait l'être pour le coeur.

- C'est pas profond, annonça Clegane. On va mettre un peu d'eau dessus et ça cicatrisera tout seul en séchant.

Sansa cilla en croisant le regard du Limier. A penser à sa brûlure, elle en avait oublié sa propre blessure. Clegane gloussa. Elle n'avait pas détourné le regard, cette fois.


Hey, vous avez tout lu jusque là ? Merci, avant tout, je suis ravie que vous n'ayez pas fui avant la fin :)

Mais peut-être pourrez vous prendre une minute de plus pour laisser une petite review ? En effet, la review est le seul moyen pour l'auteur de savoir ce que vous avez vraiment pensé de sa production. Je suis ouverte à toute remarque et critique, même les plus virulentes, n'hésitez pas à vous exprimer, c'est comme ça que je pourrais m'améliorer ! :)