On commence en douceur avec un sous-épisode !

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Chapitre 1: Un Mariage Royal ~ Partie 1 ~

Des trois hommes assis à l'extérieur de la petite salle enfouie sous le château, l'un avait l'air un peu satisfait de lui-même, l'un manquait distinctement d'enthousiasme, et le troisième observait un petit sablier d'une demi-heure avec une lueur presque malicieusement amusée dans les yeux.

Merlin regarda tomber les grains de sable, le coin de sa bouche tressautant avec hilarité à chaque cri, bruit sourd, et braiment-d'âne-couinement-de-poulet qui se faisait entendre à travers l'épaisse porte de bois.

Et était-ce étonnant que le chevalier attendant son tour d'entrer là-dedans manque d'enthousiasme ?

Gauvain jeta un regard à ce chevalier, puis à Merlin. Le magicien avait certainement fait preuve d'un étrange sens de l'humour dans son choix de 'créature magique'. La bête faisait trois pieds de haut, n'avait donc pas une taille intimidante, et ressemblait à un hippogriffe. Cependant, il y avait une différence majeure. Au lieu d'être moitié aigle, moitié cheval, la chose était moitié poulet, moitié âne. Il avait aussi annoncé aux chevaliers qui allaient l'affronter, sans armes, de façon régulière, que c'était un 'Asalcicen' n'importe qui parlant couramment l'Ancien Langage aurait conscience que cela signifiait littéralement 'âne-poulet'.

Quand Arthur avait découvert ça, et vu la créature pour la première fois, le roi avait certainement eu l'air d'hésiter entre s'éloigner avec embarras devant la création de son Sorcier de la Cour, et rester debout à se moquer d'elle.

Le dernier grain de sable tomba au fond du sablier, et Gauvain y vit son signal pour se lever et entrer dans la pièce. À l'intérieur, un chevalier sans armes ni armure faisait de son mieux pour repousser la créature qui lui arrivait à peine à la taille. À en juger par les bleus sur ses bras, et sa claudication, il ne s'en sortait pas très bien. Quant à Gauvain, il se contenta d'entrer et de donner un coup de botte aux fesses de la création pour obtenir son attention, avant de simplement lui faucher les jambes d'un coup de pied et de la suspendre, tête en bas, par la queue.

Il la garda dans sa main tandis que le chevalier se retirait précipitamment de la pièce, et la lâcha lorsque le malheureux suivant eut pris sa place. Il quitta ensuite la salle et ferma la porte, observant le chevalier qui venait de sortir s'éloigner en boitant, après avoir reçu la dose habituelle de médicament contre la douleur dont Merlin gardait toujours une bouteille sous la main.

Gauvain ricana lorsqu'il fut hors de vue.

« Ils ne sont plus aussi enthousiastes, maintenant, pas vrai ? »

Merlin lui jeta un regard impassible.

« Eh bien, si je pouvais les entraîner ouvertement, ils se prendraient beaucoup moins de raclées.

Le chevalier l'observa en haussant les sourcils.

« Ouais, comme si tu n'avais pas fait exprès de rendre cette chose aussi folle, parce que tu pensais que ce serait très drôle de voir leurs têtes. »

Merlin essaya, en vain, de cacher son sourire à ces mots.

« D'accord, peut-être que j'y vais un peu fort avec eux. Tu vas devoir t'assurer qu'ils ne relâchent pas le rythme pendant qu'Arthur, Gwen et moi serons partis. »

Le magicien eut une petite grimace à ces derniers mots, et ce n'était pas à l'idée de s'éloigner de Camelot. Gauvain pouvait deviner la vraie raison.

« Le Conseil radote encore que c'est une mauvaise idée que notre roi rende visite à un pays qui soutient la magie ? »

Merlin grogna dans sa barbe.

« Seulement à chaque réunion depuis qu'il a reçu l'invitation au mariage. Il a cessé de venir au milieu de la semaine dernière, et m'a abandonné à devoir les supporter. Même Gwen, qui commençait juste à trouver sa place dans les réunions, les évite. Bien sûr, ils disent au conseil que c'est pour pouvoir préparer le voyage, mais je pense que nous savons tous les deux qu'ils ne supportaient juste plus les protestations constantes. Ce n'est même pas comme si on allait partir si longtemps. Ce sera seulement une semaine, dont quatre jours de voyage. »

Gauvain renifla avec dédain.

« Eh bien, nous savons tous deux le peu de bon sens que possède le Conseil, à part Geoffrey. Je n'arrive toujours pas à croire que vous me laissez derrière. »

Merlin lui jeta un regard, ayant prévu que ce sujet finirait par arriver.

« Nous avons besoin qu'une partie de la Fraternité reste en arrière, et il se trouve que tu es celui qui s'est le plus impliqué dans l'entraînement des chevaliers à la résistance contre la magie. Léon et Perceval restent aussi, comme tu le sais. Ils sont chargés de veiller sur Gaius et de s'assurer que personnene le dérange pendant l'absence d'Arthur... Les gens ne sont plus aussi nerveux qu'il utilise la magie avec ses médicaments maintenant, depuis ces trois dernières semaines, mais il risque encore d'être pris pour cible. »

A la mention du médecin, et du danger très réel dans lequel le mettait sa 'permission spéciale d'utiliser la magie', Gauvain se redressa sérieusement.

« Alors tu sais que tu peux compter sur moi pour surveiller également ses arrières. »

Merlin sourit à ces mots.

« Je sais que tu le feras. »

Il se leva en soupirant.

« Eh bien, puisque notre cher chevalier là-dedans est le dernier pour aujourd'hui, est-ce que tu pourras verrouiller la pièce quand son temps sera écoulé ? Il faut que j'aille finir de faire les bagages. Arthur insiste pour que je n'assiste pas au mariage en tant que serviteur, ce qui veut dire que je dois préparer mes beaux vêtements. »

Gauvain se mit à ricaner.

« Oui, je m'assurerai que ce pauvre homme échappe au massacre à temps. Est-ce que tu vas assister au mariage en tant que Seigneur Merlin, Premier Conseiller du Roi de Camelot ? »

Le conseiller en question se retourna là où il avait commencé à descendre le couloir, un grand sourire sur le visage.

« En-dehors du Château d'Escetia, non. À l'intérieur... Oh que oui. »

Il s'éloigna dans le couloir et commença à remonter vers le château. C'était la seule chose qu'il attendait vraiment avec enthousiasme. Bien que la position d'Arthur sur la magie soit un secret, et par conséquent l'identité de son conseiller comme Sorcier de la Cour également, tous les nobles et conseillers en qui Fyren avait le plus confiance avaient été informés de la supercherie. Enfin, la supercherie d'un supposé serviteur qui était en fait un conseiller sous couverture. Pas celle du Sorcier de la Cour dissimulé comme conseiller.

Merlin ricana tout seul en y pensant. Certes, il serait debout sur le côté comme un dignitaire mineur durant le mariage lui-même, qui serait plein d'individus moins influents et fiables. Mais à la fête qui suivrait, où seul le cœur de la cour de Fyren se trouverait, il serait assis à une place d'honneur à la table du Roi.

Il avait encore l'air très content de lui quand il arriva aux appartements de Gaius, le médecin haussant un sourcil devant l'expression de son pupille.

« Tu attends ce voyage avec impatience, je vois ? »

Merlin sautilla pratiquement dans la pièce avec bonne humeur.

« J'ai toutes les raisons de le faire, non ? Fyren va se marier, je vais avoir quelqu'un pour me servir pour changer, au lieu de courir après Arthur, et j'aurai enfin l'occasion d'avoir une vraie discussion avec sa Sorcière de la Cour. Il est temps que j'aie une vraie rencontre avec Iunia. »

Gaius hocha la tête.

« En effet. Il serait bon pour les deux royaumes que vous vous consultiez tous les deux. Bien que tu sois le plus puissant, elle a la plus grande expérience. Elle a été élevée dans un temple de l'Ancienne Religion, après tout. »

Le sourire joyeux de Merlin vacilla un peu.

« Oui... Il faut que je lui demande comment me faire reconnaître comme Grand Prêtre. Je demanderais bien à Kalem, mais il a souvent les mains pleines avec le Clan de la Tempête. Et puis comme vous avez dit, elle a été élevée dans un temple. J'obtiendrais de meilleures informations sur le côté formel de tout ça auprès d'elle qu'auprès de Kalem ou Jadren.

- Et tu auras besoin de comprendre la position depuis le point de vue d'un temple, si tu dois rallier les survivants de ces sanctuaires à ta cause. »

Il y eut un long moment de silence, puis Merlin chassa ces idées sombres et monta les escaliers jusqu'à sa chambre.

« Je penserai à ça après le mariage. Je ne vais pas me gâcher la fête en m'inquiétant de quelque chose qui peut attendre quelques jours. Ce n'est pas comme si Morgane allait pouvoir organiser une autre attaque ou invasion dans un futur proche. Le lien que j'ai placé sur sa magie, bien qu'il ne bloque ses pouvoirs qu'en ma présence, détournera et gâchera tous les sorts qu'elle essaierait pendant encore au moins un mois. Elle ne risquera rien tant qu'elle est si vulnérable. La seule chose à laquelle elle va penser pour l'instant... c'est survivre. »

La fermeture de sa porte signala la fin de la conversation, Merlin poussant un léger soupir lorsque cette barrière fut entre son mentor et lui. Il n'avait pas besoin de dire à Gaius qu'il savait qu'elle était trop terrifiée par Emrys pour faire quoi que ce soit pour l'instant. Pas besoin de lui dire qu'il apercevait des images des rêves de Morgane à nouveau, via le sort qui bloquait ses souvenirs de son identité en tant que Emrys. Des cauchemars de lui sous sa forme âgée. Dénonçant ses actes tandis qu'elle gisait, mortellement blessée, sur un vaste champ de bataille. C'était la même vision qu'il avait aperçue durant la quête pour sceller le Voile entre les mondes, et même si elle ne révélait jamais plus que cette image, quelque chose là-dedans le mettait mal à l'aise. Comme si au fond, il savait qu'il y avait une facette de ce futur qu'il n'aimerait pas, mais qui était inévitable. Une facette qui ne pouvait pas être changée.

Une fois de plus, il chassa ces pensées et se concentra de nouveau sur sa tâche. Il avait des bagages à faire pour un mariage, et réfléchir à des questions auxquelles il ne pouvait pas répondre ne le ferait pas avancer.

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Son sourire était comme un lever de soleil quand elle entra dans la pièce. Ses robes échangées pour une tunique longue et des leggings qui seraient appropriés pour monter à cheval. Trois semaines en tant que Reine avaient fait des merveilles pour la confiance en soi de Gwen, et déjà elle marchait d'un pas beaucoup plus assuré.

Arthur lui rendit son sourire quand elle s'assit. Tous deux avaient décidé de partager un petit déjeuner tranquille et informel dans ses appartements avant de partir.

« Prête pour ta première visite d'État ? »

Gwen haussa les sourcils devant son ton taquin. Sa réponse fut faussement réprobatrice.

« Aussi prête que j'ai besoin de l'être. Tu oublies que je suis déjà familière avec plusieurs membres du cercle rapproché de Fyren. Je connais la Cour d'Escetia mieux que toi. »

Une cuillère de porridge se fraya un chemin puis disparut.

« Comment va Merlin ? J'aurais pensé que ce serait lui le plus nerveux. Il est le seul d'entre nous à devoir faire attention à ne pas révéler sa vraie position en public. Il a probablement passé la moitié de la nuit à réfléchir tout seul sur comment éviter ça. »

Ce fut le tour d'Arthur de hausser les sourcils, en se rappelant avoir aperçu Merlin qui se dirigeait vers les écuries moins de dix minutes plus tôt.

« Étrangement, je ne pense pas... Je pense que son seul problème sera l'excitation. »

En effet. Car retourner dans son pays natal d'Escetia, un pays permettant ouvertement la magie et dirigé par un bon ami, semblait plus merveilleux pour Merlin que n'importe quoi d'autre. En-dehors du jour où Camelot serait dans la même position. Merlin serait dans son élément.

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Si vous avez lu Fraternité, vous savez probablement qui a été prévue pour être la Reine de Fyren...