SURPRiiiiiiSE !
Coucou mes chatons, je suis ravie de vous retrouver pour vous faire découvrir ce bonus =)
Merci à tous de passer par ici et de lire cette fiction ! Merci à celles et ceux qui continuent de laisser des reviews et/ou qui ajoutent Les Enfants de Lune en favoris, ça fait toujours plaisir !
Je n'ai plus qu'à croiser les doigts (et à serrer les fesses) pour que ce bonus vous plaise !
Bonne lecture ;)
An 18 du quatrième Âge :
La bière coulait à flot à l'auberge du Cheval Blanc. Tous les habitats du hameau d'Underharrow semblaient s'être réunis autour des longues tablées et chantaient joyeusement. Ce n'était pas tous les jours que l'aubergiste recevait la visite du prince héritier du Rohan et de sa cavalerie. Derrière son comptoir, l'homme replet observait avec satisfaction Elfwine le Blond boire et discuter avec la quinzaine de Rohirrim qui l'accompagnait.
L'une des jeunes serveuses leur rapporta des cruches remplies de bières, et les cavaliers entamèrent un chant connu dans tout le royaume. Il avait été fièrement chanté sur ces terres des années plus tôt par un Semi-Homme devenu écuyer du Rohan dont tous connaissaient les exploits qu'il avait accompli lors de la guerre de l'Anneau.
- Viens donc, n'aie donc pas peur
Car il faut bien que je soigne mon cœur
Que le vent souffle et que la pluie tombe
Il faut partir plus vite que les trombes
Comme j'aime entendre le son de la pluie
Et comme j'aime regarder la colline sans bruit
Mais mieux encore que ces éléments...
L'un des cavaliers attrapa la jeune femme et l'assis sur ses genoux. Il lui ôta la cruche des mains et la leva devant les autres Rohirrim.
-... C'est une bonne bière qui vous rentrera dedans !
La chanson s'acheva et tous éclatèrent de rire avant de boire à nouveau. C'est alors que la porte de l'auberge s'ouvrit dans un grincement sourd. L'air frais de la nuit s'insinua dans la vaste pièce. Deux silhouettes apparurent dans l'encadrement. Elle se détachèrent de l'ombre et pénétrèrent à l'intérieur de l'auberge. Leurs visages étaient cachés par les capuches de leurs capes sombres. Au milieu de la joie et l'ivresse qui régnaient dans la vaste pièce, personne ne leur prêta attention. Personne hormis Elfwine.
Le prince regardait les nouveaux arrivants s'avancer vers le comptoir. Il remarqua les épaisses fourrures qui ornaient leurs épaules, et les vêtements de cuir qui dépassaient de sous leurs capes. Ce n'étaient pas les vêtements d'usage des gens du Rohan. A côté de lui, Elfwine sentit Eothain, ancien écuyer de son père et désormais capitaine, s'agiter.
- Que font des Sauvages si loin au Sud ? Lança-t-il aux étrangers.
Toute l'attention des gens de l'auberge se tourna vers les deux Hommes Sauvages. L'un d'eux ôta sa capuche, révélant ses cheveux gris savamment tressés et un visage anguleux en partie recouvert d'une barbe épaisse.
- Depuis le pacte de paix, il n'est pas interdit aux Hommes Sauvages de traverser le Rohan, répliqua-t-il avec un léger accent.
La tension était palpable. Depuis la chute de l'Ombre, Rohirrim et Hommes Sauvages avaient fait la paix, mais il n'était pas rare que des rixes éclatent entre quelques gens de ces deux peuples longtemps ennemis.
- Vous traversez donc le Rohan, Reprit le prince d'un air méfiant tout en se redressant.
L'étranger sembla le reconnaître. Il faut dire que l'héritier du Rohan ne passait pas inaperçu. Il avait hérité de la grande taille et des yeux sombres d'Eomer, mais tenait ses traits fins et altiers de sa mère, Lothiriel, ancienne dame du Gondor et à présent reine du Rohan.
- Seigneur Elfwine, le salua-t-il. Nous nous rendons à Minas Tirith sur ordre de la Reine Elenna.
Le prince observa l'Homme Sauvage de la tête aux pieds avant de reporter son attention vers son compagnon de route toujours encapuchonné qui attendait près du comptoir. Il était plus petit et sa décontraction laissait penser qu'il était également plus jeune. Son visage demeurait caché.
- Dans ce cas, reprit Elfwine, les fourrures que vous portez si fièrement sont de trop pour voyager en Gondor.
Quelques rires s'élevèrent autour d'eux. L'Homme Sauvage se força à sourire, accentuant les rides autour de ses yeux, mais son regard resta impassible. Il rejoignit son compagnon et tous deux s'installèrent à une table peu éclairée à l'écart de la foule. Elfwine les quitta du regard et replongea son attention sur la pinte que lui tendait une jolie jeune femme d'Underharrow visiblement pas insensible à ses charmes.
Le lendemain, le réveil fut difficile pour le prince du Rohan. Eothain dut venir le tirer de la paillasse où il avait échoué durant la nuit, et Elfwine s'était levé en grognant, l'esprit encore embrumé par les vapeurs d'alcool. Rares étaient les nuits où lui et ses cavaliers dormaient dans un village du Rohan. La plupart du temps, ils se contentaient de dresser un camp au milieu des plaines qu'ils arpentaient durant la journée, et il pouvait s'écouler plusieurs jours sans que les Rohirrim ne croisent un signe de civilisation.
Du haut de ses vingt-et-un ans, le prince était encore jeune et il profitait pleinement des plaisirs de la vie, mais il était aimé et respecté par les Rohirrim. Lorsqu'il se rendit aux écuries, plusieurs de ses cavaliers le charrièrent, lançant des remarques graveleuses sur la soirée de la veille, et parvenant à arracher un sourire à Elfwine.
Les habitants d'Underharrow leur offrirent du pain et de la viande séchée soigneusement emballés, leur souhaitant au passage chance et courage pour leur voyage. Les Rohirrim les remercièrent et se mirent en selle. Puis l'Eored quitta Underharrow, tout comme les milliers de cavaliers de Theoden l'avaient fait une vingtaine d'années plus tôt pour apporter son aide au Gondor dans la Guerre de l'Anneau. Elfwine mena ses hommes vers l'Est. Ils traversèrent les étendues verdoyantes et vallonnées de l'Estfold, longeant les Montagnes Blanches dont les sommets restaient enneigés malgré la douceur de ces jours de printemps.
Lorsque le soleil fut à son zénith, le prince ordonna une pause et l'Eored s'arrêta sur une colline rocailleuse, au pied des montagnes. De ce promontoire, les Rohoirrim avaient une vue dégagée sur la vallée. S'ils plissaient les yeux, ils pouvaient presque apercevoir les collines brumeuses de l'Emyn Muil au Nord. C'était là qu'ils se rendaient. Des rumeurs étaient parvenues jusqu'aux oreilles du Roi Eomer. Des rumeurs prétendant que des Orcs avaient été aperçu se réunissant dans le labyrinthe rocheux, aux portes du Rohan. Le Roi avait donc envoyé un messager à l'Eored de son fils, qui arpentait les terres de l'Estfold depuis plusieurs jours déjà, afin que les cavaliers fassent un détour vers l'Emyn Muil et puissent vérifier si la rumeur était vraie.
Alors que les Rohirrim se sustentaient, un sifflement fendit l'air. Elfwine aperçut du coin de l'œil l'un de ses hommes qui s'écroulait lourdement, une flèche sombre plantée dans le dos. Elfwine aperçut des silhouettes sombres émerger des rocs qui jonchaient la colline. Des Orcs. Ils semblaient nombreux. Le prince en repéra une vingtaine, mais il y en avait peut-être plus. Les Rohirrim n'étaient pas préparé à cette soudaine attaque et firent pris au dépourvu.
- Aux armes ! S'écria Elfwine alors que d'autres flèches fendaient l'air. Ils sont vers les Montagnes !
Tandis que certains hommes dégainèrent leurs épées, d'autres montèrent à cheval et attrapèrent leurs lance brillantes. Elfwine lança son cheval au galop et planta sa lance dans le crâne d'un des Orcs. Lorsque la pointe ressortit, elle était couverte de sang sombre. Comme le prince le craignait, les créatures étaient nombreuses. Elles bondissaient de rochers et, malgré les assauts des Rohirrim, elles encerclèrent bientôt le camp. L'étau se resserrait.
Soudain, un hurlement fendit l'air et le combat cessa durant quelques secondes. Une forme immense bondit sur un rocher derrière les Orcs. C'était un jeune warg gris, et sur son dos se tenait un cavalier encapuchonné. En voyant les créatures, le loup montra les crocs en poussant un grognement féroce. Un warg fauve lui aussi monté par un homme au visage plongé dans l'ombre apparut à l'opposé. Elfwine reconnut tout à coup les deux Hommes Sauvages rencontrés la veille à l'auberge.
Sans leur laisser le temps de réagir, les loups bondirent sur les Orcs. L'un des deux étrangers brandit une lourde hache tandis que l'autre dégainait une épée. Les lames brillèrent sous les rayons du soleil avant de se planter dans la chair des Orcs les plus proches. Les créatures sombres brisèrent le cercle qui entourait les Rohirrim et se dispersèrent. Elfwine et ses cavaliers en profitèrent pour répliquer. Aidés par les Hommes Sauvages, ils prirent rapidement l'avantage du combat.
Un sifflement fendit à nouveau l'air et Elfwine eut tout juste le temps de se baisser pour éviter une flèche sombre. Cette dernière se brisa contre un rocher, manquant de peu le warg gris qui se trouvait à côté. Le loup fit volte-face et son cavalier brandit son épée en direction de l'Orc qui les avait visés. Le warg s'élança et son adversaire n'eut pas le temps de fuir. La gueule du loup s'ouvrit et se referma sur la chair sombre et puante, ses crocs déchirant son armure de fortune. La créature poussa un hurlement qui glaça le sang des autres combattants. L'Homme Sauvage planta sa lame dans son ennemi pour l'achever et le cri cessa. Le warg releva sa gueule couverte de sang. Il ne restait de l'Orc qu'une masse de chair en lambeaux.
Les derniers ennemis encore en vie fuyaient vers les Montagnes. Les Rohirrim se rassemblèrent, quelques uns étaient blessés, mais seul un mort était à déplorer. L'Homme Sauvage qui montait le warg fauve posa le pied à terre et ôta sa capuche. C'était l'homme aux cheveux grisonnant à qui Elfwine s'était adressé la veille. Le prince du Rohan s'avança jusqu'à lui.
- Le Rohan vous est reconnaissant de traverser ses terres ! Sans votre aide, cet assaut aurait pu avoir une fin tragique. Dites-moi votre nom que je puisse vous remercier.
- Je me nomme Konrad, chef du clan des Champs-aux-Iris.
- Dans ce cas je vous dois de franches excuses pour mon effronterie de la soirée dernière. Vos exploits vous précèdent, Konrad, même par chez nous ! Mon père m'a maintes fois conté la bravoure dont vous avez fait preuve lors de la Guerre de l'Anneau. Le temps écoulé depuis lors ne semble pas avoir d'effet sur vos talents au combat ! Comment se nomme votre compagnon de route ?
Les yeux des deux hommes se tournèrent alors vers le second Homme Sauvage, toujours perché sur le dos du warg gris et occupé à essuyer la lame de son épée dans les pans de sa cape. Il rangea son arme et bondit du loup. Ses mains pâles abaissèrent sa capuche et plusieurs hoquets de surprise montèrent parmi les Rohirrim.
La jeune femme qui se tenait devant eux s'avança d'un air assuré. Quelques mèches blondes s'étaient échappées de ses tresses savantes et flottaient autour de son visage. Ses pommettes étaient encore rosés des suites du combat. Ses yeux sombres se plantèrent directement dans ceux d'Elfwine, et le prince fut troublé par l'audace qui se dégageait de son regard.
- Voici ma nièce, annonça Konrad.
- Je m'appelle Astrid, dit-elle d'une voix claire.
Elfwine était si troublé qu'il ne sut quoi répondre. Bien entendu, il savait qu'il était coutume chez les Hommes Sauvages que les femmes deviennent guerrières. Sa propre tante, Eowyn, la Dame au bras de l'écu, s'était engagée auprès des Rohirrim dans la bataille des champs de Pelennor. Mais il y avait chez la jeune femme qui se tenait devant lui quelque chose qui le troublait.
- Si nous ne vous avions pas aidés, poursuivit-elle, les Orcs nous aurait attaqués après s'en être pris à vos cavaliers.
Une fois de plus, les Rohirrim furent choqués par l'aplomb de la jeune femme.
- Ce ne sont pas les premiers Orcs que nous apercevons sur notre trajet, intervint Konrad. Ils ont quitté l'Emyn Muil et semblent gagner l'Est. Ils longent les montagnes et traversent les forêts en restant à l'écart des routes. Ils doivent avoir un ou deux jours d'avance.
- Si tel est le cas, le Gondor doit être alerté, déclara Elfwine. Eothain, pars pour Edoras avec les blessés et informe mon père de la situation. J'emmène le reste des cavaliers jusqu'à Minas Tirith afin de prévenir le Roi Elessar.
- Je crains que votre compagnie ne nous ralentisse, répliqua Astrid. Nos wargs sont rapides...
- Les chevaux du Rohan sont les plus agiles de la Terre du Milieu et n'ont besoin que de peu de repos. Il est plus prudent pour nous tous de voyager ensemble. N'ayez crainte nous chevaucherons avec rapidité et légèreté. Mais pour avoir une chance de rattraper les Orcs, nous devons partir immédiatement et voyager tout droit par la route à découverte.
Les Rohirrim se séparèrent en deux groupes, l'un menait par Eothain composé de six cavaliers aux blessures plus ou moins sévères, et un second menait par Elfwine constitué de neuf cavaliers. Tandis que les blessés partaient au galop vers Edoras, le prince du Rohan ordonna que les cadavres des Orcs soient rassemblés et brulés. La puanteur de leur chair calcinées s'éleva bientôt dans l'air et aucun des Hommes présents ne souhaitait plus s'attardait sur la colline.
- Ne nous encombrons pas, indiqua Efwine tandis qu'il se dirigeait vers son cheval à la robe alezan, nous devons nous charger que du nécessaire pour aller jusqu'en Gondor.
Konrad et sa nièce regardaient les Rohirrim organiser leurs paquetages. Les yeux de la jeune femme se levèrent vers le ciel et elle observa la course du soleil en soupirant. Le temps était précieux et s'écoulait inexorablement. Elle aurait souhaiter partir au plus vite, malheureusement elle devait se plier à la volonté du seigneur de cette terre.
Lorsqu'enfin les neufs cavaliers furent en selle, Astrid sentit la fébrilité l'envahir à l'idée de s'élancer à nouveau à travers les plaines verdoyantes. Sous elle, son warg grogna, visiblement impatient lui aussi. Le cor du Rohan retentit, et Rohirrim et Hommes Sauvages lancèrent leur monture à vive allure en direction de l'Est.
La compagnie longea de grandes forêts de chênes qui grimpaient sur les pentes des montagnes. Mille après mille, les feux d'alarme, qui n'avaient pas brillé depuis vingt-trois années, défilaient : Calenhad, Min-Rimmon, même Erelas était visible au loin. Ce ne fut qu'une fois la nuit tombée que les bêtes montrèrent les premiers signes de fatigue. La compagnie progressa encore pendant près d'une heure à travers les plaines obscures avant qu'Elfwine donne finalement l'ordre d'établir un camp à proximité de la forêt. Un feu fut allumé avec du bois sec ramassé à sa lisière et les cavaliers s'installèrent autour, fatigués. Les Hommes Sauvages restèrent à l'écart de leur cercle. Leurs wargs disparurent, à la recherche de quelques proies à attraper.
Le prince établit un tour de garde, laissant à l'écart les Hommes Sauvages en qui il n'avait pas totalement confiance. Tandis que les cavaliers s'endormaient, les hurlements des wargs résonnèrent dans la nuit, provoquant quelques sursauts parmi les Rohirrim.
Elfwine fut réveillé quelques heures plus tard par l'un de ses cavaliers afin de prendre son tour de garde. L'esprit encore embrumé par le sommeil, le jeune homme se leva et s'éloigna du feu de camp dont il ne restait plus que quelques cendres rougeoyantes. Ses yeux s'habituèrent peu à peu à l'obscurité. Aidé par la lumière de la lune, le prince fit le tour du camp. Il observait les alentours silencieusement, guettant la moindre menace.
Alors que le Rohir parvenait à la lisière de la forêt, un craquement le fit sursauter. Il s'immobilisa et tendit l'oreille en direction des bois. Un second craquement résonna. La main du jeune homme glissa par réflexe sur le pommeau de son épée. Elfwine crut apercevoir un mouvement et il se cacha derrière le tronc de l'arbre le plus proche. Il dégaina son épée le plus silencieusement possible tout en écoutant les craquements qui se rapprochaient. Quelqu'un, ou quelque chose, arrivait. Le prince était prêt, il attendait juste le bon moment pour surgir de sa cachette. Un ultime craquement résonna à proximité de lui. Il se retourna brutalement, menaçant l'arrivant de sa lame.
Les yeux d'Elfwine s'écarquillèrent en découvrant la mince silhouette d'Astrid. Les rayons de la lune se reflétaient sur sa peau pâle et ses cheveux blonds. Un étrange sentiment traversa le prince. Les sourcils de la jeune femme se froncèrent et son regard devint sombre en découvrant le prince.
- Menacer une femme en pleine nuit, voilà qui ne sont guère des manières de prince, murmura-t-elle d'un ton sévère.
Entendre la voix d'Astrid fut comme un déclic pour le Rohir. Il reprit consistance et rangea l'épée dans son fourreau.
- Que faites-vous dans la forêt en pleine nuit ? Murmura-t-il vivement. Vous n'êtes pas sensée vous éloigner.
- J'ignorais que j'étais sous vos ordres, répliqua la jeune femme avant de retourner vers le camp, laissant Elfwine outré.
Le lendemain, la compagnie repartit à l'aube. Les herbages n'étaient pas encore touchés par la lumière du soleil, l'astre étant encore caché derrière les sommets couronnés de neige des Montagnes Blanches. Les terres défilaient sous les sabots des chevaux et sous les pattes des wargs sans que la compagnie ne vit une trace des Orcs. Les créatures étaient surement passées par les flancs boisés des montagnes afin de ne pas progresser à découvert.
Depuis le dos de son warg, Astrid observait les cavaliers, ses yeux s'attardant sur Elfwine. Bien qu'elle ne l'est jamais croisé auparavant, Hommes Sauvages et Rohirrim préférant éviter les réunions diplomatiques, le prince avait un air familier qui attisait sa curiosité.
Bientôt le soleil fut à son zénith et ses rayons illuminèrent l'eau d'une rivière. Elfwine, en tête de la compagnie, fit ralentir sa monture.
- Voyez la Mering, annonça-t-il, frontière entre le Rohan et le Gondor. Nous ferons une pause au bord de l'eau afin de nous ravitailler.
Astrid ne put retenir un soupir. L'idée de s'arrêter ne lui plaisait pas. La compagnie progressait rapidement, mais pas assez au goût de la guerrière. Voyager à deux, bien que n'étant guère prudent, leur aurait permis à Konrad et elle de gagner un jour de voyage jusqu'à Minas Tirith. Mais en voyant les chevaux s'abreuvaient dans le lit de la rivière, elle dut se rendre à l'évidence : cette pause était nécessaire. A peine eut-elle posé le pied au sol que son loup courut vers l'eau. Les chevaux s'écartèrent, effrayés, alors qu'il sautait dans l'eau fraiche.
- Elwë ! Le rabroua la jeune femme avant d'éclater de rire en entendant le warg japper de satisfaction. Il est encore jeune, se justifia-t-elle auprès des Rohirrim qui les regardaient étrangement.
Elle laissa son loup s'amuser et rejoignit Konrad pour partager un bout de jambon sec et du pain. Tout en mangeant, elle lançait de temps à autre un regard en coin au prince du Rohan, assis à quelques mètres et discutant avec l'un de ses hommes.
- Reste à l'écart.
Astrid tourna son visage vers Konrad qui la regardait fixement. Elle lui lança un regard interrogateur.
- Ne te mêle pas des affaires du prince, poursuivit-il. Reste à l'écart.
Troublée, la jeune femme acquiesça et termina son repas en silence. Mais tandis que Konrad s'éloignait vers la rivière pour remplir leurs gourdes, elle ne put s'empêcher de jeter un nouveau coup d'œil à Elfwine. Elle eut tout juste le temps de l'apercevoir avant qu'il ne disparaisse derrière un bosquet. Intriguée, elle se leva discrètement et se faufila jusqu'aux buissons. Les Rohirrim étaient occupés à regarder Elwë qui tentait vainement d'attraper un poisson. Les pattes du warg frappaient l'eau avec force, faisant éclater les rires des hommes.
Astrid traversa le bosquet et s'arrêta derrière un buisson. A quelques mètres se tenait le prince du Rohan, penché au-dessus de l'eau. Il avait ôté sa cape et sa cotte de mailles. La jeune femme aperçut le visage d'Elfwine grimacer lorsque ce dernier enleva sa tunique. Mais bien vite, les yeux de la jeune femme dérivèrent vers le torse nu et musclé du Rohir. Une longue et fraiche coupure fendait la peau de son dos. Elfwine la devait surement un l'un des Orcs lors de l'assaut de la veille. Le prince se pencha vers l'eau et nettoya sa blessure du mieux possible.
Astrid se pencha légèrement, mais soudain une branche craqua sous sa botte. Elfwine se retourna vivement. Ses yeux se plissèrent et il s'éloigna aussitôt de la rivière. Il s'approcha d'un pas décidé du bosquet. Prise sur le vif, la jeune femme sortit de sa cachette et se planta devant le Rohir.
- Vous m'espionniez, constata-t-il tout en remettant sa tunique, voilà qui ne sont guère des manières de Dame.
- Il n'y a pas de « Dame » parmi les Hommes Sauvages, répliqua-t-elle avec un sourire narquois. Vous êtes blessé ?
- Ce n'est qu'une égratignure, répondit le prince en finissant de se rhabiller. Il est temps de reprendre la route, ajouta-t-il avant de retourner auprès des Rohirrim.
Lorsqu'Astrid revint à son tour, elle dut affronter le regard désapprobateur de Konrad. Ses joues rougirent alors qu'elle montait sur le dos humide de son warg. Sentant l'humeur maussade de son compagnon de route, la jeune femme guida rapidement son loup vers la rivière que les Rohirrim étaient déjà en train de traverser. Mais Konrad grimpa sur le dos de Vasà, le dévoreur, et la rattrapa rapidement.
- Tu demandes mes conseils, chuchota-t-il visiblement énervé, mais tu es trop jeune et impulsive pour les suivre.
La guerrière n'eut pas le temps de répondre car la compagnie termina de traverser la rivière et s'élança à travers les plaines de l'Anorien.
Deux jours s'écoulèrent sans que la compagnie n'aperçoive le moindre signe de vie. Les collines laissèrent peu à peu place aux prairies et aux champs cultivés. La forêt sombre longeait toujours les Montagnes Blanches. Du haut de leurs montures, Hommes Sauvages et Rohirrim scrutaient les bois, à la recherche de la moindre menace.
Ce ne fut que le troisième jour que les voyageurs aperçurent au loin les toits d'un village gondorien. Alors qu'ils n'étaient plus qu'à un mille des habitations, les wargs en tête de la compagnie s'arrêtèrent soudainement, les yeux rivés vers le village. Intrigués, les cavaliers immobilisèrent leurs montures.
- Qu'est-ce qu'ils ont ? Lança Elfwine aux Hommes Sauvages.
Ceux-ci restèrent silencieux et, à l'image de leurs loups, ils scrutèrent le village. Les champs et les vergers qui le bordaient étaient étrangement déserts.
- Il se passe quelque chose... murmura Astrid.
Comme pour prouver ses dires, des cris retentirent soudain depuis les habitations. Les wargs grognèrent. Une fumée noire commença à s'élever dans le ciel.
- Les Orcs !
- Aux armes ! Ordonna Elfwine. Haleth, prend quatre hommes et contournez le village, les Orcs ne doivent pas s'échapper. Les autres, avec moi !
Chevaux et wargs s'élancèrent vers le village duquel s'échappaient quelques Gondoriens terrifiés. A mesure que les cavaliers s'approchaient des premières habitations de bois, la fumée s'épaississait et l'odeur âcre de l'incendie flottait dans l'air. Ils brandirent leurs lances ou dégainèrent leurs épées. Les Hommes Sauvages, eux, s'accrochaient fermement à la fourrure de leurs wargs. Ils s'échangèrent un regard entendu.
Le cheval d'Elfwine parvint enfin à la limite du village. Le prince adressa un bref regard derrière lui et il remarqua que les Hommes Sauvages et leurs bêtes avaient disparu. Il laissa échapper un grognement rageur avant de reporter son attention vers le village. Déjà il pouvait voir les premiers Orcs sombres.
Bénéficiant de l'effet de surprise, les cavaliers écrasèrent les premiers ennemis sans rencontrer la moindre résistance. Leurs lances se plantaient dans les heaumes rouillés des créatures et ressortaient couvertes de sang noir. Mais rapidement, l'incendie se propagea dans le village et la fumée enveloppa les rues, empêchant les hommes de voir à plus de quelques mètres.
Le chaos s'installa. Les Rohirrim ne distinguaient plus que des silhouettes qui couraient dans tous les sens, et ne devinaient qu'au dernier instant si il s'agissait de Gondoriens ou d'Orcs. Menés par Elfwine, les cavaliers longèrent une grange encore épargnée par les flammes, se préparant à découvrir des ennemis au tournant du bâtiment. Mais alors que les chevaux passaient devant les portes de la grange, celles-ci s'ouvrirent à la volée. Surpris, le cheval d'Elfwine fit une violente ruade, et son cavalier tomba lourdement sur le sol poussiéreux tandis qu'une dizaine d'Orcs sortait en trombe du bâtiment et s'attaquait aux quatre Rohirrim.
Toujours prostré sur le sol, Elfwine aperçut l'une des créatures sombres s'approcher de lui, poignard à la main. Le Rohir tendit le bras pour tenter d'attraper son épée, tombée à un mètre de lui. Mais l'Orc se jeta sur lui avant qu'il ne récupère sa lame. Elfwine ferma les yeux, s'apprêtant à ressentir le choc et la douleur mais rien de cela ne se produisit. A la place, il entendit un grognement furieux. A travers ses paupières à demie closes, il reconnut les silhouettes du warg et de la jeune guerrière perché sur un toit. Le loup bondit avant d'atterrir directement sur l'Orc. Sa gueule se referma d'un coup sec sur son crâne, envoyant des éclaboussures de sang jusque sur le visage d'Elfwine. Celui-ci se redressa et ramassa son épée.
- Merci, dit-il à Astrid.
La guerrière inclina sa tête en souriant et c'est alors que le Rohir remarqua le collier qu'elle portait. Il avait dû s'échapper de sa tunique lorsque le loup avait bondi du toit. Le bijou était magnifique, en or et serti de pierres précieuses. Il échappa à la vue d'Elfwine lorsque le warg gris et sa cavalière se détournèrent vers de nouveaux ennemis.
Bientôt, le petit groupe fut rejoint par celui d'Haleth qui s'était assuré que les Orcs ne s'échappent pas par la porte Est du village. Ensemble, ils vinrent rapidement à bout des derniers ennemis. Déjà, les habitants se pressaient pour tenter d'éteindre les incendies. Quelques Rohirrim leur apportèrent de l'aide, tandis que les autres rassemblaient les cadavres des Orcs en compagnie des Hommes Sauvages.
- Ils n'étaient qu'une vingtaine, déclara Konrad en comptant les corps. Or c'est un groupe beaucoup plus important que nous avons aperçu il y a quatre jours. Les autres Orcs doivent toujours progresser vers l'Est.
Le soir venu, la compagnie établit un camp à proximité du village. Les incendies avaient finalement étaient éteints, et les Gondoriens avaient remercié chaleureusement les Rohirrim. Leurs regards avaient été traversés par la peur, l'étonnement et la fascination en découvrant les Hommes Sauvages et leurs gigantesques loups. Ce peuple pouvait paraître un peu rustre à leurs yeux, pourtant les villageois les remercièrent également. Ils offrirent vin et nourriture à l'ensemble de la compagnie, que celle-ci dégustait à présent en riant autour du feu de camp. Même les Hommes Sauvages s'étaient pour une fois mêlés au festin. Konrad et Haleth parlaient des batailles qu'ils avaient remporté, l'un sur les Champs de Pelennor et l'autre au Gouffre de Helm.
Les yeux d'Elfwine dérivaient vers Astrid, assise au coin du feu. Le précieux collier qu'il avait vu pendre à son cou durant la bataille était à nouveau caché sous sa tunique. Lorsque les hommes commencèrent à somnoler, le prince s'approcha de la guerrière.
- Astrid ?
La jeune femme ne réagit pas, il n'était pourtant qu'à quelques mètres. C'était comme si elle était ailleurs.
- Astrid, insista-t-il avant qu'elle ne lui adresse enfin un regard. J'ai à vous parler.
Les sourcils de l'intéressée se soulevèrent. Intriguée, elle suivit le Rohir à l'écart du camp. Lorsqu'ils furent suffisamment éloignés, Elfwine tendit sa main vers son cou. La guerrière ne protesta pas. Ce geste venant d'un seigneur aurait pu paraître plus que déplacé envers une jeune femme, pourtant Astrid se laissa faire. Les Rohirrim auraient été choqués d'apprendre le nombre d'hommes qu'elle avait déjà connu. Ce qu'une Femme Sauvage désirait, elle le prenait. Et à cet instant précis, la guerrière était intriguée par Elfwine. Elle distinguait à peine son visage dans l'obscurité grandissante.
Les doigts du Rohir effleurèrent la peau de son cou et descendirent lentement vers sa tunique. Ses yeux étaient plantés dans les siens. Puis, alors qu'elle s'attendait à ce que le prince poursuivre sa caresse, la jeune femme sentit son collier bouger. Elfwine l'attrapa et le sortit de sa tunique. Les rayons de la lune faisaient scintiller les pierres du bijou. En le voyant de près, le Rohir constata qu'il manquait une pierre au milieu. Il planta à nouveau ses yeux dans ceux de la jeune femme.
- Ce bijou est précieux, une simple guerrière n'aurait jamais pu se l'offrir, dit-il sèchement. Vous ne me dîtes pas la vérité. Quelle est la véritable raison de votre voyage vers Minas Tirith ?
Après un long silence, la jeune femme attrapa son bijou et le dissimula à nouveau dans ses vêtement. Elle se recula sans lâcher le Rohir de ses yeux noirs.
- Comme je vous l'ai dit, nous nous rendons à Minas Tirith sur ordre de notre Reine. Et nous traquons ces maudits Orcs en chemin, ajouta-t-elle avant de retourner au campement.
Le reste du voyage se déroula sans que le prince et la guerrière ne s'adressent la parole. La tension qui régnait entre eux n'échappa pas au reste de la compagnie qui s'abstint malgré tout de faire la moindre remarque.
Les visages fermés des deux intéressés laissèrent tout de même place à l'émerveillement lorsque la compagnie découvrit, là où les Montagnes Blanches prenaient fin, Minas Tirith, la Cité Blanche. Une telle architecture n'était pas commune chez les Rohirrim comme chez les Hommes Sauvages. La capitale du Gondor se dressait fièrement, illuminée par le soleil printanier.
La compagnie franchit sans difficulté les sept niveaux de la Cité. Leur passage dans les rues provoquait stupeur et curiosité auprès des Gondoriens. La compagnie franchit une ultime porte taillée dans la roche et parvint à la citadelle. Rohirrim et Hommes sauvages furent éblouis par la vue panoramique et par le magnifique jardin au centre duquel poussait l'Arbre Blanc du Gondor. Ils furent invités à laisser leurs montures aux écuries royales. Les Hommes Sauvages furent réticents quant à cette idée, mais les gardes leurs assurèrent qu'un warg avait déjà était soigné dans ces écuries par le passé et que leurs loups seraient également bien traités.
Il semblait que la nouvelle de leur venue les avait précédée car les Rohirrim et les Hommes Sauvages furent ensuite conduits dans les quartiers des invités. Elfwine, Konrad et sa nièce, en tant que représentants de leur royaumes, bénéficièrent d'appartements dans lesquels ils eurent l'occasion de se laver, ôtant la crasse et la poussière de leur voyage, et de revêtir des tenues plus appropriées afin de rencontrer le Roi Elessar.
Alors que le soleil descendait derrière les sommets des montagnes à l'Ouest, le prince du Rohan fut conduit aux portes de la Grande Salle. Il avait rasé sa barbe et paraissait à présent plus jeune. Il passa devant les gardes qui le saluèrent et pénétra dans la demeure de pierres. Des flambeaux éclairaient les bas côtés et la nef centrale, diffusant les ombres des immenses piliers sur le sol en marbre. Au fond, sous une voûte dorée, se dressait un trône sculpté de fleurs et d'arabesques. Le Roi Elessar, ou Aragorn comme se plaisait encore à l'appeler Eomer, y était installé et un sourire illumina son visage lorsqu'il reconnut Elfwine.
- Roi Elessar, le salua alors le Rohir en s'inclinant.
Au pied du trône se tenait un homme que le prince du Rohan reconnut aussitôt. Il avait la stature et la grande taille d'Elessar, mais son visage avaient les traits beaux et fins des Elfes.
- Elfwine ! S'exclama-t-il en donnant une accolade amicale au Rohir.
- Eldarion, le salua-t-il en retour.
Les deux jeunes hommes se connaissaient depuis l'enfance, et bien qu'ils ne se voient qu'en de rares occasions, ils avaient noué une solide amitié qui réjouissait leurs parents.
- Que nous vaut la visite du fils d'Eomer ? Demanda alors Elessar.
- Je crains de ne pas apporter de bonnes nouvelles. Des Orcs traversent le Rohan, en troupes peu nombreuses certes, mais assez pour attirer notre attention. Ils se dirigent vers l'Est. Mes cavaliers et moi avons pris en chasse l'une d'elle jusque sur vos terres. Tout indique que les Orcs regagnent le Mordor.
- Sombre est cette nouvelle en effet, répondit le Roi. Mais avec l'aide du Rohan, le Gondor parviendra sans peine à chasser ce fléau.
- Nous croiserons le fer contre ces créatures ensemble mon ami ! S'exclama Eldarion que la menace des Orcs ne semblait pas inquiéter.
Les portes de la Grande Salle grincèrent et des pas légers résonnèrent sur le marbre. Elessar se redressa sur son trône avant de s'adresser au nouvel arrivant :
- Soyez la bienvenue, Hilda, fille d'Elenna.
En entendant ce nom, Elfwine se détourna de son ami et vit apparaître une jeune femme qui lui paraissait familière. Ses cheveux blonds ondulés flottaient autour de son visage ovale. Elle portait une robe sur laquelle une tête de loup était tissée d'or. Elle précédait de quelques pas Konrad. Le Rohir manqua de s'étouffer en réalisant qu'il s'agissait d'Astrid. Sans ses tresses guerrières et ses vêtements de voyage, il ne l'avait pas reconnue. Les yeux de la jeune femme croisèrent les siens et il lui envoya un regard noir. Ainsi c'était la fille de la Reine Elenna, héritière des Terres Sauvages. Astrid, ou plutôt Hilda, l'ignora et s'approcha du trône.
- Roi Elessar, dit-elle en s'inclinant.
- Trop rares sont les visites des gens de votre peuple. J'ai appris l'assaut que vous avez mené contre les Orcs en Anorien et je constate que vous avez hérité du courage de votre mère. A quoi le Gondor vaut-il l'honneur de votre visite ?
- Je viens sur ordre de la Reine. Alors qu'elle voyageait à travers nos terres, des Orcs ont mené l'assaut contre son convoi et elle a été blessée lors de l'attaque.
Sa voix s'éteignit, et pour la première fois Elfwine aperçut le masque de fierté et de courage de la guerrière se fissurer.
- Vous pouvez parler sans crainte, l'encouragea le Roi.
- Ma mère est malade, reprit Hilda tristement, et notre médecine n'a pas réussi à la soigner. Elle a besoin de la médecine elfique. C'est l'objet de ma venue Roi Elessar, car il se dit que vous avez des talents de guérisseur.
En entendant ces propos, Elfwine s'était inconsciemment rapproché de la jeune femme. Le Roi Elessar s'apprêta à répondre, mais il fut soudain traversé par le choc et la surprise en voyant l'héritière des Terres Sauvages et l'héritier du Rohan côte à côte. Leurs chevelures dorées encadraient leurs visages altiers. A présent rasé, celui d'Elfwine laissaient apparaître des traits fins à l'instar du visage de Hilda. Mais ce qui retint l'attention du Roi, c'étaient leurs yeux d'un brun profond et leurs regards brillants. Leur ressemblance était si frappante que le doute n'était plus possible.
La nuit était tombée lorsque Hilda ressortit de la Grande Salle, le cœur un peu moins lourd grâce aux paroles réconfortantes du Roi Elessar qui lui avait promis de l'aider. Mais le trouble du Roi lorsqu'il l'avait vue aux côtés d'Elfwine n'avait pas échappé à la guerrière. Elle tremblait. Au lieu de retourner dans ses appartements, elle traversa les jardins fleuris de la citadelle, inspirant pleinement l'air frais de la nuit. Son esprit tournoyé. Elle dut s'appuyer sur le tronc de l'Arbre Blanc pour ne pas tomber. Des pas résonnèrent derrière elle. Hilda n'avait pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait.
- Tu m'as dit de me tenir à l'écart de lui, murmura-t-elle à Konrad. Pourquoi ?
Le silence de l'Homme Sauvage confirma la pensée de la jeune femme.
- Tu savais et tu ne m'as rien dit... poursuivit-elle sous le choc. Comment l'as-tu appris Konrad ? Se pourrait-il que ma mère t'en ai parlé ? Demanda-t-elle.
- Elle ne m'en a jamais parlé, mais j'ai vu la façon dont elle regardait Eomer après la Guerre. Alors quand tu es née quelques temps après, j'ai tout de suite su.
Un raclement de gorge les fit sursauter. Du coin de l'œil, Hilda constata que la silhouette d'Elfwine se tenait à côté d'eux. Visiblement, il les avait entendus. Konrad s'éloigna vers ses appartements tandis que la guerrière et le Rohir restaient face à face, silencieux, au pied de l'Arbre du Gondor.
- Astrid hein ? Finit par lâcher Elfwine.
- Voyager à découvert aurait été trop dangereux, s'expliqua la jeune femme. Et dire qu'il nous a fallu aller jusqu'en Gondor pour découvrir ce que nos parents nous cachent depuis l'enfance, dit-elle tristement.
Le Rohir leva sa main et caressa la joue de Hilda d'un geste tendre et amical. La mélancolie disparut du visage de la jeune femme, remplacé par un franc sourire.
Dans quelques jours, elle quitterait Minas Tirith et rejoindrait les Terres Sauvages avec un remède pour soigner sa mère. Mais Hilda avait gagné bien plus durant ce voyage. Comme un signe du destin, l'un des bourgeons de l'Arbre se mit à éclore, révélant les pétales brillants d'une fleur blanche.
Elle avait gagné un frère.
J'espère que ce bonus vous a plu !
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Vous pouvez me retrouver actuellement sur Gun Woman (suite de Trouble Woman)
La bise.