ChickenCondition : Tes examens, stages et rapports de stage auront au moins eu l'avantage de t'éviter tous les cliffhangers du Futur Modifié ! Je ne doute pas que certains passages t'aient secouée et touchée... Merci pour tes compliments et voilà la suite !
Noooo Aime : Il a l'air particulier ton père^^ J'imagine la tête du docteur qui t'a recousue... Je proteste, je ne suis pas sadique. La preuve je t'ai laissé le choix de poser une question :p Tant mieux si j'ai bien retranscrit l'ambiance !
Non les voleurs sont arrivés à ce moment-là par pure coïncidence. Bien vu pour le coup de se couper la langue, moi je pensais surtout à toutes les sal*peries qu'il devait y avoir dessus... Cela dit pour vouloir ressembler à un orque il doit pas être sain d'esprit...
Non mais meuf ! Quand tu t'endors en lisant un chapitre, 1) tu continues pas de lire, 2) tu m'envoies pas un MP pour me le dire ! Tu vas te coucher dès que tu te réveilles, je survivrai de pas recevoir de tes nouvelles dans la nuit ! Et en plus elle s'excuse. Lectrices, lecteurs, cette fille est officiellement une cinglée :p
Bien vu la pose pour dormir incognito à la fac ! Je ferai passer la technique, ma beta y entre en septembre (si tout va bien, croisons les doigts pour le bac) elle risque d'en avoir besoin !
Et oui le dernier faisait exprès d'essayer de pousser Thorin au meurtre pour échapper à son employeur/se... Que tu retrouveras dans cette fic d'ailleurs. Ce qui te répondra quant à la question de qui peut être si terrifiant...
Si tu détestes le angst, qu'est-ce que tu fais sur cette saga, sérieux ? XD tu es maso, tu aimes souffrir ? Oui je passe toujours un bon moment à lire tes bêtises !
Justelaura : Et non, pas de mal de tête ! Et je n'ai jamais aimé l'alcool, pour autant que je me souvienne... Au début je me forçais à essayer de boire du champagne aux anniversaires et puis j'ai fini par assumer. Cela dit on peut boire sans aller jusqu'à se saouler, je tiens à le souligner !
Que Bilbon parte sans Lili aurait été bizarre, et s'il ne l'avait pas hissée en premier comment veux-tu qu'ils la récupèrent après ? Je ne crois pas qu'il existe de régime de thé, non, mais même si je me trompe je ne risque pas d'en faire un, j'aime trop le thé ! J'en bois d'ailleurs souvent pendant que je traduis...
Les nains et les hommes ne sont (probablement) pas pédophiles, mais ils auraient pu lui faire beaucoup de mal quand même, ou la menacer pour pousser Bilbon puis les autres à coopérer... Pourquoi tant de gens n'aiment pas Bilbon... Parce que même ce hobbit ne peut pas plaire à tout le monde, j'imagine ! Les voleurs se sont probablement arrêtés parce que s'ils disparaissaient trop longtemps, ça attirerait l'attention. Je compatis pour la musique de Blanche-Neige !
Oui j'imagine qu'il y a un contrat à signer pour devenir méchant de fiction, qui inclut une clause 'idées déplacées' ! Je ne vois que cette explication ! En fait, pour Bilbon courir dans le noir est sa meilleure chance, il risque moins de se faire attraper !
Ne t'inquiète pas pour les bruitages, il y a un certain passage dans le chapitre où j'ai mis en commentaire pour ma beta 'tin tin tin !' alors tu sais... Et non, pas de Bilbon gravement blessé dans ce chapitre pour changer...
Haha ! Victoire ! Bilbon et Thorin ont gagné le concours du couple le plus adorable ! Médaille d'or ! Et oui Holdred risque de coller sa frangine un bon moment maintenant... Bilbon est très doué pour s'auto-dévaluer et broyer du noir... Il va bien avec Thorin du coup xD
Disons que les pensées de Dernwyn sont une sorte de prélude à ce qui va se passer dans cette fic... Je n'en dis pas plus !
Aliena wyvern : Tu as raison d'avoir peur *rire sadique*
Sabrinabella : Tout est dans le 'pour l'instant' justement... *rire sadique, bis*
Julindy : Et oui c'est loin d'être fini !
Le sort de beaucoup
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Résumé : « De la pitié de Bilbon pourrait dépendre le sort de beaucoup » – Gandalf le Gris
« Nombreux sont les vivants qui mériteraient la mort et les morts qui mériteraient la vie. Pouvez-vous la leur rendre ? … Même les grands sages ne peuvent connaître toutes les fins. » – Gandalf le Gris
Dix ans après que l'Anneau ait été détruit, des rois couronnés, et qu'un hobbit ait épousé un nain, la paix règne sur tous les pays.
Mais ainsi qu'ils vont l'apprendre, le mal réside encore en Terre du Milieu, et il va frapper pour ses propres gains égoïstes. Quand la Comté, et Bilbon, seront menacés, l'ancien Porteur de l'Anneau trouvera de nombreux alliés à ses côtés, de vieux amis comme de nouveaux visages, pour faire face à la nouvelle menace.
Cependant la plus grande menace est celle qu'ils pourraient ne pas pouvoir contourner : le Destin lui-même. Car le Destin s'est vu refuser des vies qu'il était censé prendre il y a des années, et le même hobbit qui cherche à arrêter la main du Destin pourrait être celui qui le fera basculer.
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Notes : Major Character Death (vous voyez que je vous préviens) !
Pour ceux qui voudraient savoir à l'avance de qui il s'agit. Vous pouvez m'envoyer un MP, si vous avez un compte. Dans le cas contraire, je vais faire comme l'auteur, et vous proposer mon e-mail : julie . 231 hotmail. fr vous supprimez les espaces bien sûr. Je répondrai, je vous demanderai juste de ne pas donner la réponse en review. Et hum... Cette fic est longue. Pas autant que la première, mais presque 30 chapitres au total.
Est compté comme un 'major character' tout personnage dont on peut voir le point de vue. Mais pas d'enfant. Vous ne verrez pas mourir un seul enfant dans cette saga. (Et bien sûr, warning angst, ça va de pair avec le MCD)
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Chapitre 1 : De mauvais vents dans les ténèbres
Résumé : La célébration des dix ans est censée partager la joie de la paix à travers le pays. Une obscurité se glisse à l'intérieur et frappera près du cœur.
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Tout semblait si bien poli que Bilbon ne pouvait presque pas le supporter. Les pierres elles-mêmes semblaient briller de l'attention qu'on leur avait accordée, et la montagne avait pris vie en si peu de temps. Il avait l'impression que c'était hier qu'ils avaient commencé à nettoyer et préparer la montagne pour la grande célébration.
Il avait l'impression que beaucoup d'autres choses avaient eu lieu hier, aussi.
Dix ans. Dix ans de règne, et peu après, de mariage. Quelque chose voletait dans sa poitrine à cette idée, et il tendit la main pour s'appuyer sur la barrière tandis qu'il baissait les yeux vers les allées et venues du royaume. Tous les nains en bas bougeaient comme si les pierres elles-mêmes les y incitaient, courant avec des biens et des livraisons, tous déterminés à ce que cette fête reste dans les mémoires. Erebor, la montagne, semblait presque respirer avec la production en cours, les halls scintillant et l'or brillant. Le vent soufflait au-dessus des portes et dans la montagne, agitant les divers bannières et drapeaux de soie suspendus partout. Bilbon fixa la scène, fasciné, se sentant à nouveau comme un enfant qui observait les feux d'artifice de Gandalf pour la première fois.
C'était merveilleux. Simplement magique. Et savoir pourquoi on faisait cela, que tout était pour célébrer son incroyable époux... cela suffisait à mettre un sourire sur son visage et de la joie dans sa cœur.
« V'z'êtes pas supposé vous promener tout seul, votre majesté. »
Eh bien, ça n'avait pas mis longtemps.
« Dril, je ne peux faire grand-chose depuis les appartements, dit Bilbon en essayant de garder l'irritation hors de sa voix. Je voulais voir ce qui se passait.
- Ce qui est bel et bon, mais sa majesté le Roi allait venir vous rejoindre, en fait. »
Le large nain lui fit un clin d'œil.
« Et il n'aime pas ne pas vous trouver. Vous auriez pu tomber dans un autre trou de lapin. »
Il aurait dû savoir que c'était en rapport avec ce trou d'air. Deux ans et c'était encore un argument que Thorin ne cessait de répéter encore et encore.
« Ce trou était loin d'être aussi petit qu'un terrier de lapin, et qu'est-ce que j'étais censé faire ? Laisser ma petite-nièce en bas ? »
Cependant, il avait un grand sourire lorsqu'il termina, et Dril eut un rire bon enfant. Ça avait été une aventure. Et Thorin avait menacé pendant une bonne semaine de tresser des clochettes dans ses cheveux pour pouvoir le suivre.
Bilbon n'était pas entièrement certain que son mari plaisantait. Et il était certain que s'il en avait la moitié d'une occasion, Thorin aurait placé des clochettes dans ses cheveux en une journée, s'il ne les avait pas déjà faites.
« Lili aurait trouvé une sortie. C'est une racaille, ça oui. »
En cela, Bilbon ne pouvait pas le contredire. Hildili était une menace, encore plus que son grand frère. Même âgée de six ans désormais, elle avait encore un sourire qui annonçait les ennuis.
« Lili a l'esprit de sa mère et la tendance de son père à faire des bêtises, tandis que son frère a un peu de malice mais plus le côté attentionné de Fili et l'obstination de Dernwyn.
- Ça en fait juste deux terreurs. Des terreurs mignonnes, remarquez. »
C'était peut-être l'une des meilleures descriptions des petits qu'il avait entendues.
«Pourquoi êtes-vous vraiment venu à ma poursuite ? demanda Bilbon quand l'autre conversation mourut naturellement. Je suis là, je prends juste une pause de mes 'devoirs' royaux qui, vraiment, devraient être entre les mains de Fili- »
Dril s'éclaircit la gorge pour l'interrompre. Bilbon fronça les sourcils jusqu'à ce qu'il sente deux bras s'enrouler autour de lui par derrière.
« Parce que je n'aime vraiment pas ne pas savoir où tu es, murmura Thorin. »
Dril lui adressa un rapide hochement de tête et les laissa seuls pour observer la grande salle en bas.
« Et je n'aime pas être seul.
- Tu étais entouré par le Conseil je doute fort que tu étais seul. On pourrait croire que tu voudrais plus de temps seul après ces bêtises. »
Thorin renifla.
« Ils s'améliorent. Le fils de Nadr, Valdr, était là aujourd'hui.
- Oh ? Comment était-il ?
- Bon, très bon. Il connaît bien les affaires, même si sa discussion préférée implique les jeunes femmes qui viennent du Rohan. Apparemment Dernwyn a fait une impression très favorable aux jeunes nains. »
Bilbon éclata de rire, s'appuyant contre son mari. Une mèche de cheveux argentés tomba à côté de la tresse de mariage de Thorin, et Bilbon fit courir son doigt dessus avec affection. Il n'y avait pas que de l'argent, pas encore. Mais une bonne partie des cheveux de Thorin avait commencé à grisonner et scintiller, ce qui le faisait grommeler plus souvent qu'à son tour. Les cheveux de Bilbon, en revanche, étaient toujours dorés et bouclés, ce qui ne faisait qu'agacer davantage son époux.
En vérité, il y avait un petit carré grisonnant à la base de sa nuque, caché derrière ses cheveux. Mais ça, personne n'avait encore besoin de le savoir. Surtout pas Thorin. Son époux ne l'admettrait jamais, mais Thorin jubilerait absolument et ils le savaient tous.
« Pourquoi je me fais pourchasser, déjà ? demanda Bilbon, une lueur de sérieux dans la voix. »
Thorin poussa un soupir et attira Bilbon plus profondément dans ses bras.
« Tu sais pourquoi, dit-il doucement. »
Il le savait. Et il détestait, détestait, que rien de ce qu'il pouvait dire ou faire n'apaise les peurs de son mari.
« Thorin, nous n'avons que la paix depuis des années maintenant. Des années. Nos plus grands alliés sont en route pour nous rejoindre à la fête, avec leurs propres armées, il n'y a absolument rien qui puisse arriver. Nous sommes en sécurité. »
Il déglutit et laissa sa main glisser des cheveux de Thorin jusqu'à sa joue.
« Je suis en sécurité. »
Thorin ne répondit pas. Bilbon n'insista pas : ses paroles ne pouvaient offrir aucun réconfort comme celui que fournissaient son cœur battant et sa présence. Si la prise de Thorin était un peu plus étroite, ses mains étalées d'un air possessif sur la poitrine et le ventre de Bilbon, eh bien, il ne pouvait vraiment pas blâmer son époux. Dix ans plus tôt, Bilbon avait failli mourir pour les sauver tous. Et seulement trois ans après cela, il avait failli être assassiné aux mains de deux nains visant à 'purifier' la montagne des étrangers à l'intérieur. Puis juste deux ans auparavant, il y avait eu des voleurs à sortir de sous la montagne. Trois avaient été tué dans la courte escarmouche qui avait suivi, et les deux autres étaient morts en prison de leurs propres mains.
Mais il y avait la paix depuis. La Forêt Noire était pratiquement reprise, laissant Legolas le seul héritier du royaume. Le Roi Elessar rapportait la paix le long des frontières du Gondor. La Reine Morwen écrivait souvent à Dernwyn au sujet des bonnes fortunes qui étaient arrivées aux Rohirrim et de Théoden qui porterait bientôt la couronne. Et en ce moment même, plusieurs hobbits courageux faisaient le voyage avec des gardes nains vers Erebor, juste pour leur rendre visite et célébrer dix ans de liberté du Mordor, dix ans de rois couronnés à travers la Terre du Milieu, et de façon plus privée, dix ans de mariage entre un roi nain et un hobbit anciennement de Cul-de-Sac.
La paix. Ils avaient enfin la paix.
« Pessimiste, accusa doucement Bilbon. »
Il donna un coup de coude à Thorin qui grogna mais ne nia pas.
« Et moi qui croyais que tu me faisais suivre par la Garde parce que je venais d'être malade.
- C'était une raison. Juste pas la principale. Vraiment, tu pourrais faire tout ce dont tu as besoin depuis les appartements royaux.
- Et manquer les allées et venues de la montagne ?
- Oui, dit Thorin avec obstination. »
Bilbon roula des yeux.
« La semaine dernière tu étais tellement malade que tu pouvais à peine t'asseoir au lit, alors je ne compte pas m'excuser d'être concerné. »
La moitié de la montagne avait été malade : Thorin lui avait dit autrefois que les nains ne pouvaient pas tomber malades, mais après des contacts permanents avec les hommes pour le commerce, la maladie occasionnelle arrivait. Au moins Dwalin n'était pas tombé malade cette fois, car Bilbon n'avait pas eu l'énergie de sortir du lit pour lui crier dessus. Encore.
« Je vais bien, en fait. Je suis pratiquement guéri. Juste une petite toux. »
Et une tendance occasionnelle à voir tourner la pièce, mais ça son mari n'avait pas besoin de le savoir. Il irait bien. Oin l'avait dit... Globalement.
Son mari l'épingla d'un regard, mais heureusement ne dit rien.
« Tu mettrais mon cœur plus en paix si tu te reposais, dit Thorin. »
Bilbon lui adressa une mine renfrognée, parce que ça n'était pas juste.
« C'est de la triche, marmonna Bilbon. »
Mais Thorin l'avait et il le savait. Si ça rendait son époux heureux, quoi que ce soit, il y avait des chances que Bilbon essaye au moins de le faire. Même si ça incluait de s'asseoir dans l'ennuyeuse salle principale de l'aile royale pour satisfaire les inquiétudes de son mari. Thorin pressa un baiser sur sa tempe.
« Si ça veut dire que tu te reposeras sans te surmener, alors oui, je triche. Entre m'inquiéter de quelqu'un visant à faire une déclaration politique en te faisant du mal, et te regarder tomber malade, encore plus malade qu'à Esgaroth il y a toutes ces années...
- Oh, insiste, fais-toi plaisir, grommela Bilbon. »
Il se rappuya cependant contre Thorin avec un soupir. Sa tête fit un cliquetis quand elle rencontra le mithril tressé dans la barbe de Thorin.
« Je vais retourner dans les appartements. Je voulais... juste voir ce qui se passait. C'est brillant, tout ça pour te célébrer. »
Il ne put retenir le sourire qui monta.
« Ils sont tous là pour toi. Tous ravis que tu sois leur roi.
- Ils sont aussi là pour toi, fit remarquer Thorin. »
Mais quand Bilbon jeta un regard par-dessus les épaules, le visage de son nain était devenu un peu rose d'embarras.
« Tu nous as tous sauvés, il y a dix ans. Et personne ici ne l'oubliera jamais. »
Non, Bilbon le savait. Ori lui avait dit qu'ils avaient commencé à écrire les nouveaux parchemins d'histoire, et Bilbon avait une place proéminente à côté des héroïques Durin. C'était assez pour faire rougir un hobbit. Lui dans un livre d'histoire ! Sa mère ne l'aurait jamais cru.
Peut-être que si. Dans tous les cas, elle aurait ri et exigé de le lire. Cela le fit sourire.
« Je n'aurais pas pu finir sans toi, fit remarquer Bilbon. Si tu ne m'avais pas porté... Je ne sais pas ce que j'aurais fait. »
Peut-être qu'il y serait arrivé. Peut-être qu'il aurait pu atteindre le sommet du Mont du Destin par lui-même.
Mais il n'aurait jamais eu la force au dernier moment sans la présence de Thorin. Même quand Bilbon l'avait pris pour une simple hallucination, cela avait quand même boosté sa détermination lui avait donné le pouvoir de rejeter l'Anneau et d'achever la tâche. Non, Thorin ne s'accordait jamais assez de crédit. Si Thorin n'était pas arrivé, Bilbon était à peu près certain qu'il n'y serait jamais arrivé. Et si Thorin n'était jamais venu à Cul-de-Sac cette fameuse nuit, Bilbon n'aurait jamais su à quel point il pouvait être fort.
Thorin déposa un autre baiser – celui-là au sommet de la tête de Bilbon – et jeta un regard au travail en bas.
« C'est splendide à regarder, dit Bilbon en haussant les sourcils. Et tu es là avec moi, alors techniquement, il n'y a aucune raison de s'inquiéter... »
Son époux pouvait soupirer comme personne.
« Pour un petit moment, acquiesça Thorin. »
Bilbon eut un grand sourire. Après la fête, Thorin serait beaucoup moins inquiet. Et la fête elle-même serait magnifique, Thorin allait voir.
Il s'appuya contre son époux, les mains de Thorin l'encadrant toujours, et sourit avec contentement.
(-)
La forêt défilait à toute vitesse tandis qu'elle courait. Tout avait l'air trop grand, trop sombre, et tout était terrifiant. Son estomac était serré, trop serré, et elle enveloppa une main autour tandis qu'elle se précipitait. Des branches menaçaient de la faire trébucher ou de la trahir. Les feuilles bruissaient dans le vent, et il y avait quelque chose d'important ici – une odeur, peut-être, son père parlait toujours des odeurs pour la chasse. Mais elle était la proie maintenant, et tout lui sortait de la tête parce que du sang coulait le long de son visage et avait éclaboussé ses vêtements et ses pieds lui faisaient mal et saignaient à cause du sol.
Pendant tout ce temps, elle entendait les hurlements de ceux derrière elle, ceux qu'elle avait abandonnés dans sa tentative de s'échapper.
Elle continua de courir.
Les arbres commencèrent à devenir plus fins et séparés, lui offrant un chemin plus facile, et enfin elle émergea des bois. La lune n'était pas tout à fait pleine, mais elle pouvait quand même apercevoir la terre devant elle : la cité brillant au loin, la rivière scintillante qui sortait de la forêt sur sa droite.
Et loin devant, la grande montagne qui perçait le ciel. Erebor.
Ils devaient se rapprocher, maintenant. Avec un sanglot elle se força à avancer. Elle devait atteindre Erebor. Elle devait trouver de l'aide. Aussi terrifiée et impuissante qu'elle soit, comment s'en sortaient les autres ? Non, c'était elle qui avait de la chance. Que ferait Bilbon ?
Bilbon avait marché à travers la Terre du Milieu avec le pire ennemi du monde suspendu à son cou, et il n'était qu'à moitié Touque. Elle était une Touque à part entière, et elle pouvait faire ça.
« Chope-la ! »
Elle fit volte-face, ses longs cheveux blonds l'empêchant de voir devant elle avant qu'elle ne les écarte de ses yeux. Ils étaient là, sortant de la forêt derrière elle. Elle ne pouvait pas en combattre trois, même avec la petite lame qu'elle avait insisté pour porter.
Le bruit de sabots galopants lui fit faire volte-face à nouveau, la terreur lui retournant l'estomac. Doux Eru, est-ce qu'ils avaient fait demi-tour pour la piéger ? C'était un cheval, c'était définitivement un cheval-
Un sifflement dans l'air fut le seul avertissement qu'elle obtint avant que ceux qui la chassaient ne tombent au sol. Elle fixa les flèches, ne comprenant pas tout à fait ce qui s'était passé. Aucun ne bougeait, et la lune éclairait juste assez le ciel pour qu'elle voie les flèches dépassant de leurs poitrines. Morts, ils sont morts, ils ne peuvent plus te suivre. Elle se força à prendre une inspiration.
« Est-ce que ça va ? »
Elle se retourna, stupéfaite par la voix. C'était impossible. C'était juste impossible. Elle fit volte-face et fixa la personne à qui elle avait longtemps pensé.
« Tauriel ? murmura-t-elle. »
Les yeux de l'elfe s'écarquillèrent en la reconnaissant. Et ce fut la dernièrechose qu'elle vit avant que ses propres yeux ne se ferment et que son corps en fasse simplement autant.
Elle entendit encore son nom appelé avec horreur.
« Esmeralda ?! »
(-)
La nuit était froide, la brise acérée, mais aucune n'était source d'inquiétude. Il n'y avait rien à voir à travers le champ devant Erebor, et personne n'était attendu avant le lendemain. En somme, c'était une nuit paisible.
Legolas n'était donc pas sûr de ce qui l'avait fait descendre vers les portes, où se trouvait la Garde. Tauriel n'était pas en retard avec sa patrouille de la frontière, mais on ne lui avait pas non plus assigné la tâche. Elle lui avait simplement dit que quelque chose dans le vent l'avait appelée, et il avait fait confiance à son intuition, surtout quand elle avait chevauché à toute vitesse vers la Forêt Noire.
Malgré la promesse de Kili en train de l'attendre dans leurs appartements, Legolas était resté sur le mur, debout avec les Gardes, guettant son amie dans la nuit. Aucun bruit ne l'avait encore atteint. Il ferma les yeux, essayant de repérer une voix dans le vent, aussi léger qu'il soit cette nuit-là.
« Quelque chose ? »
Legolas secoua la tête.
« Rien. Mais Tauriel ne partirait pas sans raison. »
Dwalin hocha la tête et regarda dans la nuit. Même s'il ne pouvait pas voir aussi loin que Legolas, l'elfe savait que le nain viendrait aider en un instant, si nécessaire. Leur début avait été chaotique, au mieux, mais maintenant le nain était ce que Legolas appellerait un ami, et même un bon ami. En temps de trouble, Legolas serait reconnaissant d'avoir Dwalin en train de se battre à ses côtés.
« Je voudrais pas la contrarier, non. Ou ignorer son intuition. Elle a une bonne oreille pour les ennuis.
- Je lui fais confiance, acquiesça Legolas. Si elle dit que quelque chose ne va pas, je- »
Le vent souffla, et la peur et les effusions de sang qu'il portait avec lui le figèrent.
« Tout va bien ? demanda Dwalin, les sourcils froncés. Legolas ?
- Quelque chose ne va pas, murmura Legolas incapable d'élever la voix. »
Il se sentait malade devant combien ça n'allait pas. Tant de désespoir et de peur et de mort. C'était comme si un poison avait été versé sur son âme. Quelque chose allait en effet très mal.
Dwalin leva sa hache et se dirigea vers les escaliers.
« Combien ? appela-t-il.
- Je ne sais pas. Plus que nous ne pourrions combattre seuls, dit sombrement Legolas. »
Ils auraient besoin de plus de deux hommes pour répondre aux cris que le vent lui avait apportés. Il commença à suivre, puis marque une pause. Loin dans la distance, approchant à grande vitesse, se trouvait un cheval léger, deux silhouettes sur son dos. Tauriel.
« Elle est revenue, dit Legolas. »
Il s'empressa de dépasser Dwalin, dévala pratiquement les escaliers qui menaient au couloir sur le côté, puis faillit glisser sur la barrière de l'escalier suivant pour atteindre le rez-de-chaussée. Dwalin courait derrière lui, Legolas pouvait l'entendre, respirations fortes et pas lourds qui promettaient la mort et la destruction à ceux qui osaient frapper et blesser.
Malheureusement, pour les pauvres âmes dont les cris s'attardaient encore dans le vent, le nain arrivait trop tard.
La porte principale s'ouvrait, et Tauriel entra à cheval, portant dans ses bras un baluchon brun.
« Prends-la, pressa-t-elle. »
Éberlué, Legolas s'exécuta. Le baluchon brun bougea, un gémissement de douleur qui sembla familier et taquina sa mémoire. Le poids, le bruit, les douces boucles blondes sortant de sous la cape que Tauriel portait habituellement-
Les pieds nus et poilus. Legolas retint son souffle et retira soigneusement le capuchon de la petite figure effrayée.
Deux lacs jumeaux de misère se fixèrent sur lui, et la petite dans ses bras accrocha une respiration.
« Leg'las, murmura-t-elle.
- Mahal, souffla Dwalin, stupéfait. Esmeralda ? »
La hobbit eut un mouvement de recul, fermant étroitement les yeux. Ce fut assez pour pousser Legolas à l'action.
« Appelez Bilbon et Thorin et tous ceux que vous pourrez réveiller, dit-il. »
Dwalin, pour une fois, n'argumenta pas devant les instructions, mais cria à deux gardes de suivre les ordres.
« Tauriel-
- Quand ils arriveront, dit-elle sombrement. Je raconterai à tous quand ils arriveront. Elle a besoin d'un guérisseur. »
Maintenant qu'elle le disait, Legolas pouvait voir le sang glissant encore le long du visage d'Esmeralda. Il l'essuya doucement de la main, maintenant un contact léger et apaisant. Les yeux d'Esmeralda restèrent fermés, mais la peau autour se desserra. Ses doigts, agrippant un petit pendentif doré pendu à son cou, étaient tordus et couverts de bleus, et ses pieds étaient sales et coupés. Il ne pouvait qu'imaginer quelles autres blessures elle portait sous la cape.
« Es-tu grièvement blessée, Esse ? demanda-t-il, décidant d'utiliser le nom familier et informel. »
Elle ouvrit les yeux à ce nom, et sa lèvre inférieure trembla. Au bout d'un moment, elle secoua la tête, mais ses doigts relâchèrent le pendentif pour s'accrocher à lui à la place. Legolas la serra davantage dans ses bras. Elle était en sécurité au sein des murs d'Erebor, mais c'était entièrement différent et nouveau pour elle. Un visage et un nom familier soulageraient sa peine.
Il refusait de penser aux autres voix qu'il entendait disparaître dans le vent. Il refusait de penser aux autres hobbits qui étaient venus avec Esmeralda. Quand elle irait assez bien pour parler, quand elle serait guérie, alors ils sauraient.
« Esmeralda ! »
Esmeralda se redressa immédiatement autant que possible au cri terrifié de Bilbon. Le hobbit dévala les escaliers, sans même regarder où il allait, ses yeux trop fixés sur sa cousine.
« Esse ! cria-t-il à nouveau. »
Derrière lui, Thorin et Kili essayaient désespérément de suivre. Les yeux d'Esmeralda se remplirent de larmes tandis que Bilbon volait vers elle.
« Bilbon, murmura-t-elle. »
Puis Bilbon glissa au sol à côté d'elle, ouvrant déjà les bras. Elle étouffa un sanglot et trébucha vers lui, l'agrippant d'une autre main. Son autre main demeura fermement enveloppée autour de la tunique de Legolas, et Legolas la laissa faire. Tout ce qu'il pouvait offrir en réconfort, il le donnerait.
Il ne fallut pas longtemps à quelqu'un d'autre pour prendre sa place. Tauriel, s'étant occupée du cheval, revint, et s'agenouilla rapidement à côté d'Esmeralda. Elle murmura quelque chose que même Legolas ne put entendre, à sa grande surprise, mais Esmeralda déplaça sa main de la tunique de Legolas à la main de Tauriel, l'agrippant fermement. Bilbon refusa de lâcher sa cousine, ses bras enroulés étroitement autour d'elle, le visage enfoui dans ses cheveux.
Thorin vint s'arrêter à côté de son mari, enregistrant la scène avec un visage grave. Kili leur jeta brièvement un regard avant de se précipiter vers Legolas. Ses cheveux étaient emmêlés, comme s'il avait déjà été se coucher, et sa tunique semblait enfilée hâtivement, à en juger par les boutons mal fermés.
« Est-ce que ça va ? demanda doucement Kili en s'accroupissant à côté de lui. »
Comment Legolas pourrait-il commencer à décrire la terrible peine dans son cœur suite aux cris misérables dans la nuit ? Comment pouvait-il dire à Kili que d'autres étaient blessés et morts, des vies innocentes prises, et qu'Esmeralda pourrait être la seule survivante ? Comme pouvait-il leur dire à tous que la famille de Bilbon était morte, et que ç'avaient été des morts douloureuses, impitoyables et cruelles ?
« Legolas, murmura Kili avec un regard inquiet. Tu trembles. »
Il bougea, toujours accroupi, et enroula un bras autour de son mari.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
Legolas déglutit.
« Le sang a coulé. »
Ce fut tout ce qu'il put dire, aussi discrètement que possible, mais les têtes de Bilbon et Thorin se tournèrent immédiatement vers lui. Bilbon se tourna vers Tauriel, ses yeux implorant une réponse différente, mais Tauriel baissa les yeux. Cela fit mal à Legolas de voir la prière dans les yeux de son ami se changer en incrédulité, rapidement suivie par le chagrin. Esmeralda pleurait doucement, mais ça semblait presque résonner dans le hall caverneux.
Thorin, heureusement, prit les commandes.
« Tauriel, elle a besoin d'un guérisseur, dit-il d'une voix douce mais pleine de pouvoir. Emmenez-la là-bas. Legolas, Kili, réveillez les autres. Dwalin, fait venir plus de gardes à la Porte pour la nuit. »
Il ne prit pas la peine de parler à son époux. Ils savaient tous que Bilbon ne quitterait pas sa cousine.
Les propres actions de Thorin n'avaient pas besoin de mots, non plus.
Tauriel souleva doucement Esmeralda dans ses bras comme si elle était en verre. Bilbon resta à ses côtés, atteignant à peine les coudes baissés de Tauriel. Thorin suivit derrière eux, et les quatre disparurent plus loin dans Erebor.
Kili se leva en même temps que Legolas, mais aucun ne bougea pendant un long moment.
« Qu'est-ce qu'il est arrivé ? ne put s'empêcher de demander Kili, complètement éberlué. »
Legolas secoua la tête.
« La mort. Voilà ce qu'il est arrivé. Et c'est arrivé à une race innocente qui ne la méritait pas. »
Son esprit rappela à sa mémoire les visages souriants de Primula et Drogon, qu'il avait rencontrés bien des années plus tôt, et pendant un instant, il n'osa pas respirer. Bilbon avait parlé de leur enfant, une fois-
Kili le prit par la main et le tira de ses sombres rêveries.
« Nous n'aurons pas de réponses jusqu'à ce que tout le monde soit réveillé, fit-il remarquer. Les appartements royaux d'abord, puis tous les autres. »
Legolas hocha brièvement la tête, et ils volèrent à travers Erebor jusqu'à la salle principale et vers ceux dont la nuit n'avait pas encore été perturbée par le mal.
(-)
Voilà... Je vous avais dit que ça commençait fort...