Au risque de me répéter, je suis vraiment désolée pour le retard ! Je n'ai même pas de circonstances atténuantes, je me fais harceler régulièrement par une lectrice assidue... heureusement d'ailleurs ! Bref, ... pardon ! Et j'espère que ceux qui ont le courage de continuer à me suivre apprécieront ce chapitre !
Bonne lecture et à bientôt :-)
Bigoudi revint brièvement à lui, toujours étouffant, enserré et dans le noir. Et tout semblait si cotonneux. La panique aidant, il se débattit de ses maigres forces et il finit par se dégager.
L'air totalement hagard, il s'aperçut qu'il s'était totalement enroulé dans ses draps, et que l'étagère qui surplombait son lit s'était décrochée pour mieux lui tomber dessus, accompagnée de toute sa collection de peluches. Qui avaient pour lui un amour vraiment étouffant ce matin.
Ce cauchemar avait été tellement réaliste que même ses poils de pieds s'étaient dressés d'effroi… Il s'empressa de se lever pour chasser ces images de son esprit. Un peu d'eau froide sur la figure pour se rafraîchir les idées et hop, en route pour le petit déjeuner !
Sa maman avait déjà préparé un grand bol de chocolat fumant et deux énormes tartines de confiture. À peine avait-il englouti deux bouchées qu'entrèrent Madeleine et Constance, entièrement vêtues de noir. Le petit chapeau et la voilette de Constance parvenaient même à dissimuler la chevelure désormais mauve de la Hobbite.
Devant son regard interrogateur, Madeleine lui indiqua qu'elles se rendaient aux funérailles de Hilda Garenne. Remarquant que Bigoudi avalait plus rapidement son petit-déjeuner, elle refroidit son empressement :
«Non non non, il est hors de question que tu viennes avec nous. Les gens sont persuadés que tu as eu une aventure avec elle voire même que tu l'as tuée. Et son mari t'étranglerait sans aucun doute s'il te voyait. De toute façon, Esther a une mission pour toi.»
Bigoudi se massa inconsciemment la gorge, son rêve encore trop frais dans son esprit.
«Toi, mon petit Bigoudi, tu vas aller te préparer et partir avec ta maman. Mets des vêtements et prépare toi à être discret !»
C'est ainsi que notre jeune Hobbit se retrouva à faire le tour du smial du couple Garenne. Même si l'occupant survivant et les voisins devaient tous être à l'enterrement, Bigoudi et sa maman ne voulaient prendre aucun risque. Esther faisait donc le guet, cachée dans un boisson. Au moindre mouvement, elle devait miauler pour prévenir son fils unique qui devrait, le cas échéant, disparaître.
Le détective testa tout d'abord les fenêtres mais celles-ci étaient toutes désespérément closes. La porte d'entrée également. Il ne restait plus qu'une toute petite fenêtre, fermée mais légèrement branlante. La forcer ne serait pas bien compliqué mais même en rentrant le ventre et en serrant les fesses, il n'était pas certain de pouvoir s'y faufiler. Alors qu'il s'apprêtait à poser la main sur le carreau afin de tenter le tout pour le tout, il entendit un miaulement strident.
Ni une, ni deux, il plongea tête la première dans la première cachette disponible. La poubelle. Il retint sa respiration. Il n'osait même pas cligner des yeux alors qu'il sentait une substance visqueuse lui glisser dans le cou. Une crampe commençait à le saisir alors, il se força à compter jusqu'à cent. Rien ne bougeait. Bigoudi osa jeter un œil à l'extérieur. Les alentours étaient totalement déserts. Excepté un gros chat roux qui faisait sa toilette tout en lui jetant un regard narquois.
Bigoudi tenta bien de lui jeter un regard noir mais le jaune d'œuf qui dégoulinait entre les yeux nuisait très légèrement à l'effet escompté. Le Hobbit enjamba prudemment la poubelle pour en sortir sans trop faire de bruit. Frustré, il se saisit de son contenu pour le mettre dans un grand sac de toile apporté pour l'occasion et il s'éloigna d'un pas rageur. Tant pis, Roger Garenne pouvait bien faire ce qu'il voulait, Bigoudi en avait assez soupé de cette affaire !
«Mais enfin Bigoudi, le réprimanda gentiment sa maman, regarde donc dans quel état tu es. Le smial des Garenne est si sale pour que tu en ressortes sale comme un petit goret ?»
Bigoudi se contenta de maugréer dans sa moustache inexistante à propos de chat roux et de peau de banane, de journaux et de poubelle. Esther ne chercha pas à comprendre, elle lui prit le bras, faisant fi de la saleté, pour le raccompagner jusque chez eux. Elle envoya son fils sous la douche sans qu'il ne puisse penser à ronchonner, trop content de se nettoyer. Par tous les poils, il avait des trucs jusque dans les oreilles. Et dans les sous-vêtements. Beurk beurk beurk.
Lorsqu'il ressortit, propre comme un sou neuf, Bigoudi retrouva dans la cuisine sa mère accompagnée de Violette Douceplume. L'amie de sa mère était penchée sur la table de cuisine sur laquelle elle avait déversé l'ensemble de la collecte récupérée dans la poubelle de Roger Garenne. Elle s'appliquait à trier l'ensemble tandis que Esther notait dans un petit carnet toutes leurs trouvailles.
Les déchets végétaux d'un coté, pour nourrir les poules de Violette qui marmonnait à propos du gaspillage des gens irresponsables. D'un autre, des journaux, déballés ou non, certains étaient même découpés. Et enfin les inclassables, qui allaient d'une poignée de portes, à une paire de ciseaux, en passant par de nombreuses plumes et un chapeau excentrique qui avait vraisemblablement appartenu à la défunte madame Garenne.
À l'instant où Esther déclarait que les Hobbits devraient inventer le tri sélectif des déchets pour faciliter le travail des détectives, les deux cousines Marguerite et Constance entrèrent sans frapper. L'enterrement s'était déroulé sans événement notable. Constance parlait cependant d'une étrange femme, tout de noir vêtue, qui se dissimulait derrière un arbre. Mais Marguerite insinuait que sa camarade ferait bien de changer de lunettes ou d'arrêter le vin de ronces car elle n'avait vu personne.
Constance ne l'écoutait plus, elle s'était précipitée sur la pile de journaux. Elle en feuilleta un, s'arrêtant rapidement sur une page précise.
«J'adoooore leurs horoscopes ! Ils sont tellement précis dans leurs signes gastrologiques ! Alors alors… Tiens, c'est amusant, Hilda Garenne est comme moi, elle a entouré son signe… Les tomate ascendant basilic sont vraiment les meilleurs ! 'Vous semblez perdre de pied dans votre vie professionnelle et amoureuse. Reprenez votre vie en main !'. La pauvre, ça ne lui a pas porté chance… C'est le journal du jour de sa mort.»