Chapitre 03 :

« …atur. Je t'ordonne de … à la maison avec le mé… et de le …uire. Ceci est mon dernier ... … ami. Ne dis … … personne …. …. Secret.

- Maî… …ulus »

Harry entendit deux personnes parler mais il avait du mal à comprendre ce qu'elles se disaient. Leurs voix semblaient à la fois si lointaines et proches. Comme un écho. Il se demanda s'il devait signaler sa présence quand il sentit sa gorge le brûler. Il avait soif, si soif. Il vit son frère et sa mère se disputer et réalisa que c'était un souvenir. La nuit où son frère avait décidé de partir, le laissant derrière lui. Où il l'avait finalement abandonné. Il aurait tellement voulu qu'il lui demande de partir avec lui, d'avoir le courage de lui demander de l'emmener mais il y avait trop de mauvais sang entre eux et Potter avait si complètement ensorcelé son frère que ce dernier avait rapidement oublié toutes les promesses qu'il lui avait faites et combien ils avaient été proches avant Poudlard.

Il avait soif, si soif. Il devait boire, tout de suite. Son corps lui paraissait si lourd et il avait du mal à voir à cause des larmes qui troublaient son regard. Il sentit soudain des mains (si nombreuses, si nombreuses) le saisir et il comprit dans un élan de lucidité qu'il allait mourir. Un sourire naquit néanmoins sur ses lèvres. Il allait peut-être mourir mais le Seigneur des Ténèbres n'allait pas tarder à le suivre dans l'au-delà. Alors que les mains (tellement de mains, froides et puissantes) l'entraînaient sous l'eau, il songea que son plus grand regret était que son frère et lui n'auraient jamais la chance de se réconcilier et qu'il ne saurait probablement jamais qu'il était mort en tentant de détruire le Seigneur des Ténèbres. Il regrettait également de ne pas pouvoir être là pour voir le plaisir de voir le visage de ce dernier se décomposer en découvrant qu'il avait découvert le secret de son immortalité. Si seulement, il avait une autre chance…

Les mains continuaient de l'entraîner et il fut bientôt incapable de penser. Il était complètement immergé à présent et son dos toucha le fond du lac. Il savait que les Inferi ne le lâcheraient avant qu'il soit mort mais il n'avait déjà plus la capacité de s'en soucier. Son corps était de plus en plus engourdi et même la brûlure de ses poumons s'était atténuée. Il allait mourir, plus heureux dans la mort qu'il ne l'avait jamais été dans sa vie depuis longtemps… Le silence de son agonie fut soudain troublé par des bruits sourds répétés.

- Harry ! C'est l'heure de se lever ! Harry Potter ! Debout ! Petit déjeuné dans cinq minutes !

- J'arrive Tante Pétunia, répondit automatiquement son neveu.

Harry cligna des paupières et s'efforça de rassembler ses pensées. Quel rêve étrange ! Le plus troublant était qu'il n'avait pas fait de rêve normal depuis ce qu'il lui semblait une éternité. En général, il rêvait du cimetière ou de ce que faisait Voldemort, si on pouvait appeler cela des rêves. Il pesta de manière presque inaudible quand il regarda son réveil, pourquoi est-ce que Tante Pétunia avait jugé bon de le réveiller aussi tôt mais se figea quand il entendit sa tante taper vigoureusement à la porte de Dudley. Apparemment, il n'était pas le seul à être tiré du lit et cela le rassura .

Les deux adolescents se traînèrent jusqu'à la cuisine et grognèrent un remerciement quand Tante Pétunia plaça une tasse de thé devant chacun d'eux. Harry souffla sur le liquide avant de boire une petite gorgée. Il était extra fort, sans doute pour les réveiller sans avoir à leur donner de café. Tante Pétunia croyait fermement que le café retardait la croissance des enfants. Les deux adolescents dévorèrent leur solide petit déjeuné constituée d'œufs brouillés, de saucisses, d'une salade composée et d'un verre de jus d'ananas. Harry songea absentement que c'était meilleur que le jus de citrouille.

Harry fut le premier à finir et plaça sa vaisselle dans l'évier par habitude. Il allait commencer à la laver quand sa tante fit un geste de la main pour l'éloigner.

- Je m'en occupe. Va prendre ta douche et mets ton uniforme. Prend un sac à dos dans la chambre de ton cousin pour mettre ta cape si pratique, je ne veux pas que tes « gardes » se rendent compte que tu pars avec nous. Dudley, tu prendras ta douche ensuite et je mettrai les vêtements que je veux que tu mettes sur ton lit avant d'aller finir de me préparer. Harry, n'oublie pas de prendre ta clé bancaire et tout ce dont tu peux avoir besoin.

Une demi-heure plus tard, Harry se tenait dans le salon dans son uniforme (sans sa robe de sorcier) aux côtés de Dudley qui avait revêtu une tenue similaire mais avec un cardigan noir et des chaussures de ville noires. Tante Pétunia descendit les escaliers, habillée d'une robe noire et d'un chapeau à voilette de la même couleur. Le jeune sorcier songea qu'elle ne dépareillerait pas dans le Monde Sorcier… ou un enterrement. A vrai dire, ils étaient tous les trois habillés de manière à la fois sobre et un peu formelle, ce qui leur permettrait de naviguer sans problème dans les deux mondes.

Tante Pétunia les regarda tous les deux de la tête aux pieds et plissa les lèvres en voyant les vieilles baskets élimées aux pieds d'Harry.

- Tu n'as rien d'autre ?

- C'est ma seule paire de chaussures.

- Je ne pense pas que tu puisses entrer dans les chaussures de villes de Dudley, elles sont faites sur mesure, les tailles standards ne lui vont pas. Il faudra penser à t'en acheter, ainsi que de nouvelles chaussures de sport et probablement des pantoufles. Assieds-toi.

A la surprise de Harry, sa tante passa plusieurs minutes à lui tartiner le front avec du fond de teint en marmonnant que c'était une chance qu'il avait hérité du teint Evans comme elle et non de la peau de rousse de sa mère. Harry leva les yeux au plafond en entendant son cousin ricaner mais une partie de lui était secrètement heureuse que sa tante reconnaisse leur lien de parenté après l'avoir nié toute sa vie. Il songea également que c'était une idée à la fois rusée et subtile et se demanda si ce n'était pas ce que signifiait être un Serpentard à l'origine, avant que les sorciers deviennent obsédés par la pureté de leur sang et choisissent plus leur Maison en fonction de celle où avait été des membres de leurs familles (ou des célébrités pour Hermione) qu'en fonction de leur propre personnalité.

Quand elle eut terminé, sa tante lui passa son miroir de poche et Harry du admettre qu'elle avait fait du bon boulot : on voyait toujours les contours de sa cicatrice si on savait qu'elle était là et qu'on se concentrait dessus, mais elle était beaucoup moins visible. Au début de sa carrière à Poudlard, Harry avait fait des recherches pour trouver un sort qui lui permettrait de cacher sa cicatrice mais les glamours étaient trop avancés pour le Première Année qu'il était alors et peu susceptibles de fonctionner étant donné que sa cicatrice était le résultat d'un mauvais sort. L'adolescent n'aurait jamais penser à essayer de la couvrir avec du maquillage, moldu ou sorcier et songea qu'il devrait ajouter cela à sa liste d'achats à faire. Mmm, acheter moldu serait sans doute plus avantageux, il était trop connu dans le Monde Sorcier et trop de personnes pensaient avoir le droit de connaître ses faits et gestes. Sa cicatrice était comme un néon indiquant qu'il était le Survivant. Moins il y aurait de personnes au courant qu'il pouvait dissimuler cette particularité physique très distinctive, plus cela serait avantageux pour lui quand ou si il s'en servait. En fait, il ne comptait en parler à personne. Ron se moquerait de lui et il ne savait pas toujours quand il devait ou non partager certaines informations tandis qu'Hermione gardait une confiance aveugle dans les figures d'autorité et lui dirait qu'il ne devait pas se servir de ce subterfuge avant de tout aller raconter à Dumbledore ou qui que soit d'autre pour qu'il soit plus facile de le « protéger ».

Ce n'était généralement pas visible à première vue pour ceux qui n'étaient pas familiers avec le voisinage, mais les Dursley possédaient en fait deux véhicules : la voiture de fonction d'Oncle Vernon et un monospace que conduisait Tante Pétunia, généralement pour faire les courses ou véhiculer Dudley et ses amis. La voiture de fonction - qui changeait tous les ans et était généralement une Bentley parce que Vernon était convaincu de la supériorité des marques anglaises - était garée devant la maison, pour se faire mousser auprès des voisins. Le monospace, choisit pour sa facilité à conduire et son espace (Dudley et sa bande ou l'important volume de courses nécessaire pour nourrir Dudley et Vernon chaque semaine) ne servait que deux à trois fois par semaine en dehors des vacances et restait donc la majorité du temps dans le garage parce qu'il était moins glamour et qu'il fallait bien utiliser le garage.

Tante Pétunia renforça les soupçons de son neveu qu'elle aurait eu sa place à Serpentard quand elle le fit monter à l'arrière du véhicule et lui demanda de s'étendre sur la banquette recouvert par sa cape d'invisibilité pendant que Dudley et elle sortaient par la porte de devant. Harry l'entendit même faire un show de donner des instructions à Harry de « se tenir à carreau » avant de le réprimander pour son insolence. Il se fit la réflexion que les trois quarts des Serpentards de son année étaient incapables d'une ruse aussi subtile et simple et se dit que la Maison du sorcier qui était probablement son ancêtre était tombée bien bas…

Pendant un instant, il regretta même d'avoir demandé au Choixpeau de ne pas être placé à Serpentard. Il y aurait peut-être plus à l'aise qu'à Gryffondor où les gens était trop démonstratifs, physiquement te émotionnellement et semblaient ignorer la notion de vie privée. De plus, être un Serpentard lui aurait visiblement permis de donner un bon coup de pied dans la fourmilière si quelqu'un d'aussi peu subtile que Draco Malfoy était considéré comme le Serpentard type… En fait, maintenant qu'il y pensait, il n'y avait probablement rien de plus Serpentard que de s'arranger pour aller à Gryffondor à part peut-être aller à Poufsouffle. Tout le monde sous-estimait les Poufsouffles. Et ils étaient d'excellents minions potentiels avec leur loyauté, il aurait trop peur d'être poignardé dans le dos avec les Serpentards. Non pas qu'il ait besoin de minions mais s'il avait été un aspirant Seigneur des Ténèbres ou Moriarty, Poufsouffle aurait été son premier choix. Non pas qu'un enfant de onze ans ait ce genre d'ambitions. A part peut-être Tom Jedusor mais il avait grandi dans un orphelinat dans les années 30-40 (Oncle Vernon avait pris un malin plaisir à lui faire regarder des documentaires sur les orphelinats ou le Programme des enfants émigrés pour montrer à Harry qu'e les Dursley le traitaient comme un Prince en comparaison).

Il fut tiré par l'étrange chemin qu'avait choisi ses pensées par le démarrage de la voiture. Tante Pétunia lui annonça qu'il pouvait retirer sa cape à la limite de Little Whining et il se redressa avant de mettre sa ceinture de sécurité. Ils continuèrent leur voyage silencieux jusqu'à Londres et Harry fut surpris quand leur premier arrêt se révéla être une banque moldue.

- Qu'est-ce qu'on fait là ?

- Je t'ai dit que nous allions faire des courses, non ? Etant donné les… limitations de ton école, nous allons également faire des achats du côté normal et pour cela, nous avons besoin d'argent. Je ne vois pas pourquoi tu devrai aller dans ta banque pour convertir de l'argent en payant des frais de conversion quand tu peux le retirer de ton autre compte.

- Mon autre compte ? Quel autre compte ?

Tante Pétunia, qui avait tourné la tête vers eux, eut une expression très gênée qui déconcerta les deux adolescents. Le choc de cette révélation était également visible sur le visage d'Harry. Les Dursley lui avaient toujours dit qu'il était une charge qu'ils élevaient par charité et que c'était pour cela qu'ils voulaient dépenser le moins possible pour lui et qu'il devait « gagner sa croûte ».

- Les Evans sont clients de cette banque depuis des générations. Mes parents – vos grands-parents – nous ont ouverts des comptes ici à notre naissance et quand ta mère est morte, son compte est passé à ton nom. C'est étrange mais jusqu'à hier, j'avais complètement oublié d'avoir fait toutes les démarches en même temps que celles pour leurs enterrements et ta garde légale. J'avais même dû aller chercher un certificat de naissance à ta banque, ton autre banque et j'ai bloqué le compte de cette banque jusqu'à tes dix-huit ans. Je pensais qu'avec les intérêts tu aurais un bon pécule à ta majorité. Je ne l'ai pas dit à Vernon parce que cela ne le concernait pas et il n'aurait pas compris qu'on ne s'en serve pas pour ta pension. Je suis la seule à avoir une procuration de toute façon. Je ne suis pas une voleuse, cet argent était pour te permettre de démarrer dans la vie après t'avoir élevé de manière à ce que tu comprennes la valeur de l'argent. Je ne comprends pas comment tout a si mal tourné…

Harry ne su pas trop quoi répondre au petit monologue précipité de sa tante et se demanda si le sort de compulsion était responsable des incohérences. Il était également surpris d'apprendre qu'elle dû s'acquitter d'un certain nombre de démarches administratives après la mort de ses parents, mais c'était en même temps logique, vu qu'elle était leur seule famille en vie. D'un point de vue légal moldu, Sirius et Remus étaient juste des amis de la famille et son parrain n'avait probablement pas d'existence légale en dehors du Monde Sorcier, sans compter qu'il était alors trop occupé à poursuivre Pettigrew et à se faire jeter en prison sans un procès. Remus avait parfois travaillé dans le Monde Moldu par contre, donc il devait avoir une identification. Une toute autre question lui brula les lèvres :

- Où sont enterrés mes parents ?

- Dans le village où vous viviez, Godric's Hollow. Le Directeur de ton école s'était déjà chargé de l'enterrement et a placé une épitaphe ridicule et assez déplacée sur leur tombe. Je ne sais pas pour James, mais ta mère aurait détesté.

Devant son regard intrigué, elle ajouta :

- « La mort n'est que la prochaine grande aventure. » Tes parents avaient seulement vingt-et-un ans. Leurs morts n'étaient pas une aventure, juste une horrible tragédie.

Harry ne put s'empêcher d'approuver. Une telle épitaphe pouvait convenir pour quelqu'un d'aussi ancien que Dumbledore, mais ses parents avaient été fauchés brutalement à l'aube de leur vie d'adultes.


Quand ils sortirent une heure plus tard avec une carte bancaire à retraits limités et un carnet de chèques, Harry et Dudley échangèrent un regard et suivirent silencieusement Pétunia avant de se glisser à l'arrière de la voiture. Ils étaient extrêmement soulagés de n'avoir jamais déclenché cet aspect d'elle au cours de leurs vies parce que Pétunia Evans Dursley pouvait vraiment être terrifiante ! Elle ne s'était pas mise à hurler comme l'aurait fait son époux et n'avait pas fait de scandale mais sa colère froide leur avait glacé les sangs et la dernière chose dont ils avaient envie actuellement était d'attirer son attention.

Le pauvre employé de banque qui avait déclenché sa colère s'était presque pissé dessus tellement elle était effrayante. Apparemment, le fond de placement de la famille Potter versait une pension confortable aux Dursley pour sa garde depuis son arrivée chez eux, pension qui était versée à Vernon en tant que chef de famille. Pension dont il s'était bien gardé de parler à sa femme et qui allait directement sur le compte personnel de son oncle. Le banquier était si terrifié qu'il lui avait donné un relevé de compte malgré le fait qu'elle n'ait pas de procuration. Les deux adolescents ignoraient ce qu'elle y avait trouvé mais sa colère avait été presque palpable. Ils avaient parlé au directeur de la banque qui s'était empressé de leur assurer que l'intégralité de l'argent serait transférée avec intérêts sur le compte de Harry. Ce dernier s'était alors demandé s'il devait s'attendre à apprendre la nouvelle d'un divorce ou des funérailles d'Oncle Vernon très bientôt.

Tante Pétunia resta un moment derrière le volant à faire des exercices de respiration. Les deux adolescents se regardèrent et Harry donna un coup de coude à son cousin avant de faire un signe de tête en direction de sa tante. Dudley secoua la tête, terrifié, mais Harry lui fit les gros yeux et murmura que c'était sa mère. L'adolescent blond soupira et se lança :

- Ça va, Maman ?

- Oui, je dois juste avoir une conversation avec ton père ce soir. Dudley chéri, veux-tu que je te dépose à l'arcade pendant que j'emmène ton cousin à son autre banque.

- Mais je voulais voir le district magique ! Je n'y suis jamais allé.

- Dudley, je ne veux pas que tu sois enchanté pour avoir ensuite le cœur brisé parce que tu ne peux pas appartenir à ce monde, dit patiemment Tante Pétunia avant de murmurer : Je sais trop bien ce que ça fait…

- Mais Maman…

- Tu sais, Tante Pétunia. Je ne pense pas que Dudley veuille plus qu'une visitée découverte. C'est un garçon très intégré dans le monde moderne et l'électricité ne marche pas dans le monde magique : cela cause des interférences ou un truc comme cela. Il ne se sentira jamais à l'aise dans un monde sans télévisions, consoles de jeux vidéo ou ordinateurs. Ils ne vendent même pas de sodas.

Dudley le regarda avec horreur.

- Pas d'électricité !

- Attends de voir comment ils s'habillent.

Harry vit sa tante réprimer un sourire dans le rétroviseur et se sentit aussitôt la tension le quitter.

- Bah, j'imagine que ce n'est pas si différent de la foire de la Renaissance où nous sommes allés une fois. Mais je veux que vous soyez polis et calmes, je ne veux pas attirer l'attention sur nous.


Harry fut surpris quand sa tante se gara sur un parking et entra dans une agence de voyage. Quand il l'interrogera sur leur présence, elle lui apprit que c'était un des points d'accès pour ceux qui vivaient dans le monde moldu parce qu'il était presque impossible de se garer près du Chaudron Buveur. Le jeune sorcier fronça les sourcils, agacé d'apprendre qu'il aurait pu éviter d'être molesté par la foule du pub lors de sa première visite au Chemin de Traverse. Mais s'il se souvenait correctement, Hagrid avait été fier de pouvoir parader le Survivant et il ne serait pas surpris si cela avait été volontaire. Le demi-géant devait croire que c'était une manière de faire une pierre deux coups : montrer à Harry que les gens se réjouissaient de son retour (sans comprendre qu'un enfant de onze ans n'avait aucun désir d'être accosté par des étrangers et encore moins par des fans enragés) et de se faire payer des coups à boire plus tard. Le jeune sorcier secoua la tête, il était trop cynique parfois. Il n'avait probablement pas tort mais il ne serait pas surpris si Hagrid, qui avait passé toute sa vie dans le monde sorcier, ignorait l'existence de l'autre accès et avait sincèrement cru que Harry serait ravi que la communauté magique lui montre son admiration.

L'accès les amena de l'autre côté de Gringotts où se trouvait une porte moins impressionnante que la porte principale. Le jeune sorcier fut surpris de ne pas se trouver dans la grande salle qui lui était familière, mais un hall qui ressemblait beaucoup à celui de la banque moldue avec des guichets. Il songea que c'était logique : l'entrée officielle était destinée à impressionner et intimider les clients réguliers vu la longue histoire d'inimitié entre les sorciers et les Gobelins mais cette partie de la banque était plus fonctionnelle, pour permettre aux personnes habituées au Monde Moldu de trouver rapidement ce dont ils avaient besoin. Harry songea que cela avait une certaine logique les Gobelins aimaient l'efficacité.

Tante Pétunia se dirigea vers le Gobelin à l'accueil et lui annonça qu'elle était la tutrice légale d'Harry Potter et souhaitait un entretien avec le gobelin responsable de son compte. Ils furent guidés à travers un labyrinthe de couloirs jusqu'à une porte portant les armoiries de la famille Potter. Une nouvelle fois, Harry fut légèrement surpris de connaître quelque chose qu'il ne pensait pas savoir jusque-là mais songea que peut-être c'était juste sa magie qui les avaient reconnus, comme elle avait su que la chevalière dans la malle lui appartenait de droit. Quand il passa le seuil de la porte, il sentit quelque chose tester sa magie et le juger, à défaut d'autre terme, adéquat. Il devina qu'il avait été reconnu comme un Potter.

Un Gobelin était assis derrière un bureau et leur fit signe de s'assoir. Ils le saluèrent avant d'obtempérer.

- Salutations, je suis Hache Ensanglantée, le responsable des comptes de la famille Potter.

- Trop cool comme nom, murmura Dudley, conduisant le Gobelin à lever un sourcil.

- Merci. Et vous êtes ?

- Oh, je suis Dudley Dursley, Monsieur. J'accompagne juste ma mère et mon cousin. Enchanté de vous connaître.

- Moi de même.

Il se tourna alors vers Pétunia, probablement parce qu'elle était la seule adulte et le gardien légal d'Harry.

- Je me rappelle de vous bien sûr, Mme Dursley et le visage de Mr Potter ne m'est pas inconnu. Que peut faire Gringotts pour vous aujourd'hui ?

- Nous avons découvert quelques irrégularités dans les affaires de mon neveu et nous souhaiterons y remédier.

Le visage du Gobelin se fit plus sévère :

- Quelles irrégularités ?

- Tout d'abord, en me rendant à ma banque personnelle plus tôt aujourd'hui, j'ai découvert que ma sœur et son mari avaient arrangé le versement d'une pension pour la garde de mon neveu qui est versée à mon époux Vernon. Or, il m'a laissé croire pendant toutes ses années que nous n'avions droit à rien et pas un seul penny n'a servi à élever de mon neveu, ni même à le nourrir car tout allait sur son compte personnel. J'ai fait les démarches auprès de ma banque pour transférer cet argent sur le compte bloqué d'Harry mais je souhaite vous avertir que tous les règlements se feront désormais sur ce compte.

Elle sortit alors de son sac une feuille contenant les informations bancaires d'Harry.

- Je vois, grommela Hache Ensanglantée avec une expression agacée.

Harry se rappela que les Gobelins n'aimaient pas les fraudeurs et se demanda si Vernon allait se trouver confronté à une hache très bientôt. Il ne trouva pas en lui le désir de s'en soucier.

- Le second point que je voudrai soulever avec vous est qu'il semble que plusieurs personnes non autorisées par mon neveu ou moi-même ont eu accès à son compte dans votre banque alors qu'il ne leur a pas donné sa clef.

L'expression du Gobelin devint proprement féroce alors qu'il se tournait vers Harry.

- Vraiment ?

- J'ignorai que j'avais un compte à Gringotts ou même que j'étais un sorcier avant mon onzième anniversaire. Hagrid m'a donné ma lettre et m'a emmené au Chemin de Traverse. Il avait ma clef, apparemment Dumbledore la lui avait confiée. L'an dernier, Madame Weasley a fait mes achats pour la rentrée mais après avoir parlé avec ma tante, j'ai réalisé que je ne lui avais pas donné ma clef ou la permission d'accéder à mon coffre.

Le Gobelin regarda sa tante, visiblement pas très impressionné par ses qualités de tutrice, la faisant rougir, avant de lâcher :

- Ai-je tort de déduire de vos propos que vous n'avez jamais reçu les courriers que nous vous avons envoyé ?

- Non, j'ignorai même que vous m'aviez un jour écrit. Ma première lettre du Monde Sorcier était ma lettre de Poudlard. J'ai eu des problèmes durant l'été après ma Première Année à cause d'un elfe de maison qui volait mon courrier mais il me les a rendus. Par contre, il y avait seulement des lettres de mes amis.

- Et vous, Madame Dursley ? Le testament des Potter a été scellé avant d'être lu par Albus Dumbledore en tant que le Président-Sorcier du Magenmagot, mais la pension des enfants mineurs est établie par la Charte de la Famille Potter. En tant que gardien, vous auriez dû recevoir par hibou les relevés trimestriels avant ses onze ans ainsi que les documents concernant les détails de la pension de votre neveu.

- Je n'ai reçu aucune lettre par… hibou avant que mon époux ne détruise la première lettre de Poudlard de mon neveu et que nous commencions à être ensevelis sous le courrier. J'ai été informée de la mort de mon unique sœur par une lettre qui se trouvait dans le panier où se trouvait mon neveu après qu'il ait été laissé en pleine nuit de novembre sur mon palier. Personne n'a eu la décence de m'informer personnellement de sa mort. Une semaine plus tard, j'ai reçu par la poste royale un colis du Ministère de la Magie avec une lettre m'informant qu'elle et son mari avaient reçu une médaille quelconque.

Elle farfouilla à nouveau dans son sac et en sortit une lettre dans un sac congélation.

- Voici la lettre qui était avec mon neveu. Harry pense qu'elle est ensorcelée.

Le Gobelin ouvrit le sac et sortit la feuille de parchemin avec sa magie avant de passer un doigt griffu sur la longueur de la lettre.

- En effet, un puissant sort de compulsion y est attaché. Sa fonction semble être de créer une boucle pour que vous éprouviez les mêmes sentiments que vous ressentiez en la lisant à chaque fois que vous pensiez à votre neveu ou que vous posiez vos yeux sur lui.

- C'est stupide. Vu la manière dont se sont déroulées les choses, comment la personne qui a fait ça pouvait espérer autre chose que chagrin, colère, mépris et amertume ?

- Connaissant Dumbledore, il devait penser que tu serais immédiatement submergée par le pouvoir de l'Amour.

Hache Ensanglantée, Tante Pétunia et Dudley lancèrent à Harry des regards incrédules. Le Gobelin eut alors un geste étonnement humain : il pinça l'arête de son nez.

- Connaissant le personnage, je ne serais pas surpris si c'était le cas. Le sort de compulsion est sans doute partiellement détruit parce que vous avez conscience qu'il existe mais il peut rester des traces et cela n'exclut pas l'existence d'autres sorts pernicieux. Pour une somme convenue, Gringotts peut vous scanner et éliminer tout sortilège indésirable sur votre personne.

- Ce serait adéquat. Nous voudrions également engager vos services pour vérifier les protections autour de notre maison et déterminer si le fait que Voldemort ait utilisé le sang de mon neveu pour sa résurrection les fragilise.

- Vous confirmez donc qu'il a ressuscité… Savez-vous quel rituel il a utilisé, Héritier Potter ?

- Juste qu'il avait besoin des os de son père pris dans l'ignorance, du sang de son ennemi pris par la force et de la chair du serviteur librement offerte. C'est-à-dire un tibia de son père moldu Tom Jedusor Senior, mon sang et la main de Peter Pettigrew.

- Beurk, murmura Dudley.

- Vous ne le savez peut-être pas mais prendre le sang d'un autre sorcier, en particulier un Chef de Famille, est un crime très grave, qui entre dans la catégorie des vols de lignée. J'aurai besoin d'une copie du souvenir.

- Si vous me montrez comment faire, je n'ai pas d'objection.

Après avoir suivi les instruction d'Hache Ensanglantée et fournit son souvenir, Harry songea aux paroles du Gobelin. Il était le dernier Potter vu qu'il n'avait pas d'autre famille que les Dursley et qu'ils lui étaient apparentés par sa mère. Donc, en tout état de cause, il était le Chef de Famille même si on pouvait difficilement qualifier de famille un seul individu. Il fit tourner mécaniquement sa chevalière autour de son doigt. Sa chevalière… Elle était devenue invisible quand Harry l'avait souhaité, ne désirant pas que Vernon la voit et pose des questions. Il souhaita qu'elle soit visible et comme il l'avait escompté, il pouvait à nouveau voir la chevalière.

- Ma tante m'a donné des affaires appartenant à notre famille hier et j'ai trouvé cette chevalière. J'ai senti qu'elle… comment dire…m'appelait. Et j'ai eu l'impression qu'elle m'acceptait. Elle s'est ajustée à la taille de mon doigt.

- Puis-je voir ?

L'adolescent tendit sa main et le Gobelin se pencha pour examiner la chevalière avec une loupe de bijoutier.

- C'est l'Anneau de Pairage de la Famille Serpentard. Le dernier sorcier à l'avoir porté était Salazar Serpentard lui-même avant qu'il ne disparaisse du Monde Sorcier.

- Je me rappelle cette bague. Il était traditionnel dans ma famille de l'essayer après notre quinzième anniversaire. Ma sœur Lily disait qu'elle avait l'impression qu'elle l'avait presque acceptée.

- La Famille Serpentard a un mode de succession patriarcale, la bague a probablement reconnu qu'elle avait le potentiel pour être le Régent de la Famille quand elle aurait un fils. Vous et votre fils êtes des Cracmols ce qui vous écarte de la succession.

- Pardon ? Mon fils et moi sommes ce que les sorciers appellent des Moldus ! On a refusé de m'admettre à Poudlard parce que je n'avais de magie ! Je ne suis pas ce que vous dites !

Tante Pétunia semblait être bouleversée et Harry fut intrigué par ses paroles. On a refusé de m'admettre à Poudlard parce que je n'avais de magie ! Est-ce que cela voulait dire qu'il y avait eu une époque où sa tante avait désiré être une sorcière ? Que sa haine pour les sorciers ne venait pas d'un désir d'être normale mais par son impossibilité d'être spéciale ?

- Les sorciers d'aujourd'hui l'ont oublié mais la magie ne peut pas apparaître spontanément chez un individu, il faut posséder ce que les Moldus appelle un gène. Un enfant magique ne peut pas naître de deux parents non magiques. Les Cracmols sont des individus qui sont nés de parents sorciers mais qui à cause d'une trop forte consanguinité, de problèmes durant la gestation ou la petite enfance ne développent pas les canaux dont un sorcier a besoin pour faire circuler sa magie dans son corps et la contrôler. Ils possèdent un noyau magique mais celui-ci est essentiellement atrophié et hors d'atteinte. En tant que Gobelin, je peux sentir les noyaux magiques de mes clients et je peux vous assurer que vous et votre fils en possédez un.

- Et vous êtes tous les deux des Fourchelangs, ajouta Harry. C'est une capacité magique et génétique de la Famille Serpentard.

Pétunia semblait profondément perturbée par ces informations. Harry supposait que c'était naturel, sa vision du monde avait été complétement été tournée sur elle-même.

- La plupart des Cracmols qui naissent dans des familles de sorciers sont envoyés dans le Monde Moldu et la magie réapparait dans leur lignée au bout d'un certain temps, généralement après que leur sang ait été suffisamment « dilué » par du sang neuf. La bonne nouvelle, c'est qu'en tant que Cracmol vous avez plus de droits dans le Monde Sorcier que si vous étiez une Moldue ayant connaissance de l'existence de la magie.

- C'est-à-dire ?

- Les Moldus sont des non-citoyens et n'ont quasiment aucun droit à part de ne pas être tués pour le sport. Le gouvernement ou soyons franc tout sorcier adulte peut vous effacer la mémoire s'ils sont assez imprudents pour faire de la magie devant eux. Poudlard n'a pas à vous notifier si votre enfant est à l'infirmerie à part en cas de décès. Les Cracmols sont des citoyens de seconde zone mais bénéficient de certains droits et protections, comme la possibilité d'être le gardien magique d'un enfant sorcier.

- Des citoyens de seconde zone ? siffla Tante Pétunia. Comment pouvez-vous…

- Les Gobelins sont catalogués comme des créatures par le Ministère de la Magie, Madame Dursley.

Tante Pétunia ferma la bouche et plissa les lèvres, apparemment consciente qu'elle n'était pas la seule à être discriminée dans la pièce.

- Un point intéressant est que votre neveu fait partie de la noblesse magique, ce qui lui confère certains privilèges dont ne bénéficie pas le sorcier de base. Le fait que vous-même êtes un membre non déshérité d'une famille historique vous donne un certain poids. Je vous recommande néanmoins de ne pas rendre cette information publique pour le moment, Lord Voldemort a bâti une partie de sa base de pouvoir sur le fait qu'il était l'Héritier de Salazar Serpentard.

- Mais il ne l'est pas, si j'ai pu mettre la bague.

- Non, la mère de Jedusor était une Gaunt. Ils ont obtenu la capacité de parler aux serpents par un vol de lignée mais Salazar Serpentard a magicalement déshérité cette branche de sa famille.

- Comment les Gaunts ont-ils volé notre don familial ? demanda Dudley avec une curiosité que partageait Harry. Ce n'est pas comme si c'était une voiture ou de l'argent.

- Je connais juste les grandes lignes, comme tout Gobelin : le vol de lignée est un crime très grave dans le monde magique et les Gobelins qui travaillent à Gringotts se doivent de connaitre les cas les plus célèbres, même si les sorciers ont fini par les oublier. Les détails ne sont connus que du clan chargé de gérer ce compte et je n'en fais pas partie. Je sais seulement que Salazar était un ami des Gobelins parce qu'il soignait indifféremment de la race et qu'il a disparu après s'être assuré que les Gaunts étaient officiellement déshérités de sa lignée. Leur cupidité a été leur ruine car ils ont dépensé leur fortune en quelques générations en menant la grande vie, persuadés qu'ils pourraient tôt ou tard s'emparer des trésors amassés par Salazar durant ses voyages. Comme le don avait été volé, il n'était pas stable et la seule manière dont ils ont pu le maintenir dans leur lignée a été en se mariant exclusivement entre eux, ce qui a contribué à leur isolation des autres familles et à leur ruine financière et génétique.

Les trois humains firent la grimace. La consanguinité extrême était vraiment une très mauvaise idée.

- Afin de pouvoir continuer, j'aurai besoin de plusieurs échantillon du sang de Lord Serpentard pour confirmer son identité et découvrir quels sont les coffres et comptes qui lui sont attachés.

Le Gobelin posa sur la table une feuille de parchemin. Harry glissa sa main dans sa manche et en tira une des dagues qu'il y avait caché alors qu'il s'habillait et trancha la paume de sa main. Hache Sanglante haussa les sourcils et utilisa un sort non verbal pour soigner sa main.

- Je peux voir votre dague, Lord Potter ?

Harry la lui tendit, prenant soin de lui présenter la garde.

- Très bel ouvrage. Elle fait partie d'une paire si je ne m'abuse.

Harry hésita quelques instants sur la marche à suivre avant de sortir la seconde dague.

- C'est un honneur de pouvoir les admirer. Elles ont été réalisées par le Roi Ragnuk le Second pour Salazar Serpentard en remerciement pour avoir guéri son fils qui avait été grièvement blessé par un groupe de sorciers alors que sa propre femme, qui était une des meilleures guérisseuse gobelin de l'époque, disait leur enfant condamné. Généralement, les objets fabriqués par des Gobelins sont sensés revenir au clan de celui qui les a forgé après la mort du sorcier qui les a acheté, mais Ragnuk a décrété qu'elles appartenaient à perpétuité à Lord Serpentard, assurant qu'elles restent dans la famille tant qu'il y aurait la possibilité d'un Lord Serpentard. Cela veut dire qu'elle sont entièrement à vous et qu'aucun Gobelin honorable ne s'offusquera qu'elles soient en votre possession. On dit qu'elles ont certaines habilités et j'espère que vous les découvrirez.

Harry hocha la tête, troublé par les paroles de son banquier. Il était un peu surpris de ne pas avoir été répriment de pour être entré armé dans Gringotts, mais après tout, les Gobelins étaient à l'origine des guerriers, pour eux être armé devait juste être une preuve qu'on avait une once de bon sens.

- Les résultats de votre test sont… intéressants.

Hache Sanglante fit glisser la feuille de parchemin vers lui et le jeune sorcier ne tarda pas à comprendre sa réaction. En effet, on pouvait lire :


Henry James Regulus Potter-Black-Serpentard

Date de naissance : 31 juillet 1980

Père : James Charlus Potter

Mère : Lily Katherine Potter, née Serpentard (Evans)

Parrain : Sirius Orion Black (gardien magique)

Marraine : Alice Eleanor Londubat, née Turpin

Émancipation partielle :

Education : 31/10/1994

Ministère de la Magie : 31/10/1994

Magenmagot : -

Titres :

Lord Potter de la Noble et Ancienne Maison Potter

Lord Serpentard de la Noble et Très Ancienne Maison Serpentard

Lord Peverell de la Noble et Très Ancienne Maison Peverell

Lord Fléamont de la Noble et Ancienne Fléamont

Héritier Apparent de la Noble et Très Ancienne Maison Black


La première pensée qui traversa son esprit était que personne ne connaissait son vrai nom, même pas lui et qu'il pourrait peut-être un jour se délester du poids d'être Harry Potter, le « délinquant » impopulaire de Little Whining ou Harry Potter le Survivant, tour à tour héros ou bouc émissaire du Monde Sorcier. La seconde était que Régulus était un nom plus cool que Sirius. Mais la plus importante à clarifier semblait être celle-ci :

- Emancipation partielle ?

- Pour qu'un sorcier mineur soit émancipé, il doit avoir obtenu cinq BUSE ou être reconnu comme un adulte par trois sorciers pouvant administrer les examens sorciers qui symbolisent le passage à l'âge adulte, par deux chefs de départements du Ministère de la Magie et par l'ensemble du Magenmagot. D'après ce test, il vous manque juste l'aval du Magenmagot.

Harry fronça les sourcils. Il ne se souvenait pas qu'une telle chose lui soit jamais arrivé. Il examina plus attentivement le parchemin et remarqua la date. Son émancipation partielle remontait au dernier Halloween, il ne se souvenait… La Coupe de Feu. Il avait été choisi pour être le quatrième champion mais d'après le nouveau règlement, seuls les élèves majeurs pouvaient participer. Croupton dirigeait le Département de la Coopération Magique Internationale et Ludo Verpey celui des Jeux et Sports Magiques. Dumbledore, Maxime et Karkaroff étaient tous les trois directeurs d'une école magique et donc habilités à administrer les examens sorciers. L'adolescent laissa échapper un rire sans joie : en le forçant à participer ou en ne s'opposant pas formellement à sa participation et en laissant concourir, les cinq sorciers adultes avaient sans le vouloir entamé le processus conduisant à son émancipation. Il se demanda si Dumbledore en avait la moindre idée et si c'était une chose qu'il lui cachait pour le Plus Grand Bien (mais jamais celui de Harry).

- C'est à cause de ce Tournoi stupide, n'est-ce pas ? compris Tante Pétunia après que Harry lui ait passé le parchemin.

- En effet. Le règlement modifié spécifiait que seuls des individus de plus de dix-sept ans, donc majeurs, pouvaient participer.

- Et donc quand ils m'ont obligé à participer bien que je n'avais que quatorze ans, ils m'ont reconnu comme majeur. Il y avait les directeurs de trois écoles de magie et je suppose que ce sont les personnes qui ont autorité pour dispenser les examens officiels. Ludo Verpey était le Directeur du Département des Jeux et Sports Magiques et Bartemius Croupton était celui de la Coopération Magique Internationale… Quelles sont les chances pour que le Magenmagot m'émancipe avant mes dix-sept ans ?

- Entre ta faculté à trouver les ennuis et la stupidité des sorciers, elles sont probablement très grandes, marmonna Pétunia.

Harry laissa échapper un rire sans joie tandis que Dudley bouffait de rire avec une expression sidérée. Il n'avait pas l'habitude de trouver sa mère drôle.

- Bien que vous soyez encore un mineur aux yeux de la loi, vous venez de fêter votre quinzième anniversaire et vous pouvez donc assumer vos titres et porter les Anneaux de Pairage correspondant à vos Maisons. Veuillez déposer quatre gouttes de sang sur ce plateau, ajouta Hache Sanglante en faisant glisser un plateau en argent gobelin aux armes des Potter.

Harry obéit et écarquilla les yeux quand quatre écrins apparurent, chacun portant des armoiries différentes. L'un d'entre eux était légèrement plus petit que les autres et Harry su que c'était l'anneau de l'héritier de la Maison Black. Quelques secondes plus tard, un cinquième écrin apparut, portant lui aussi les armes des Black.

- Vous êtes en contact avec Lord Black ?

- Vous voulez dire Sirius ? Pourquoi voulez-vous le savoir ? Il n'a rien fait de ce dont le Ministère l'accuse !

- Les Gobelins n'ont que faire des affaires des sorciers et le fait qu'il soit votre Gardien Magique atteste qu'il n'a jamais été condamné.

- Oh, nous sommes en contact en effet.

Hache Sanglante saisit l'écrin contenant l'Anneau de Pairage de la Maison Black et la poussa vers lui.

- Gringotts vous serait gré de lui remettre ceci dès que vous le pourrez, nous ne sommes pas parvenus à le contacter jusqu'ici.

- Ce sera un plaisir de rendre ce service à Gringotts, Maître Gobelin, répondit courtoisement l'adolescent en empochant l'écrin.

Hache Sanglante esquissa un sourire devant l'habile manœuvre du jeune sorcier qui faisait preuve des talents de diplomate de son illustre ancêtre. Salazar avait été un talentueux négociateur à l'affut du moindre faille et soucieux d'offrir le meilleur marché possible sans être lésé. En une seule phrase et sans insulte, il s'était placé en position dominante.

- Concernant les autres anneaux, vous devez placer ceux qui vous désignent comme le Lord d'un Maison à un doigt de votre main dominante et celle qui vous désigne comme l'Héritier de la Maison Black à votre autre main. Vous devez d'abord mettre celle des Peverell car il s'agit de la famille la plus importante, à titre égal avec les Serpentard. Puis, les Potter qui est la Maison patronymale et ensuite les Fléamont dont les droits vous viennent de votre arrière-grand-mère. Et pour terminer, l'Anneau d'Héritier des Black.

Le jeune sorcier suivit religieusement les instructions du Gobelin. A chaque fois qu'il passait une des bagues, il ressentit la même impression d'être jugé et approuvé que lorsqu'il avait passé l'anneau de la famille Serpentard mais étrangement, c'était la bague des Black qui lui parut la plus… correcte. C'était un peu comme si il avait retrouvé une partie de lui dont il avait été séparé depuis trop longtemps.

Il remua les doigts et fut surpris que les bagues ne s'entrechoquent pas. Quand il en fit la remarque à Hache Sanglante, le Gobelin lui apprit qu'elles étaient enchantées dans ce but et qu'elles ne pouvaient pas se prendre dans des vêtements ou des objets. Comme l'Anneau de Pairage de Serpentard, ses autres bagues pouvaient devenir invisible à volonté et ne réapparaître que s'il le désirait. Personne à part lui ne pouvaient les retirer et elles retourneraient dans leurs écrins à sa mort. Elles pouvaient également servir de portoloin d'urgence avec un mot de passe différent pour chaque bague qui était le mot Portus et la devise de la famille en latin. Chaque portoloin le transporterait à l'intérieur des barrières de protection de la maison ancestrale de chaque famille mais les anneaux des Potter, Fléamont et Black avaient être modifiés pour l'emmener à Sainte Mangouste qui était apparemment l'Hôpital des sorciers (parce que bien sûr ils avaient un hôpital dont il ignorait jusque-là l'existence parce que bien sûr personne ne disait les choses utiles à Harry Potter.

Les bagues le protégeaient également d'attaques mineurs, les poisons et empêchait un Legilimens de lire ses pensées de surface. Hache Sanglante lui conseilla néanmoins d'apprendre l'occlumancie pour protéger complètement ses pensées. Le jeune sorcier ressentit un profond malaise en apprenant que certains sorciers pouvaient lire dans ses pensées et cette révélation lui fit réévaluer certaines de ses interactions avec Dumbledore et Rogue. Il avait en particulier à l'esprit la manière dont Dumbledore l'avait attrapé par les épaules et l'intensité avec laquelle il l'avait plongé son regard dans le sien quand son nom était sorti de la Coupe de Feu. Il avait cru que le directeur l'avait cru sur parole, mais si ses soupçons étaient fondés, le vieux sorcier ne lui faisait pas assez confiance pour le croire sans violer son esprit.


Je suis vivante ! Après plusieurs révisions et avoir surmonté une sérieuse crise de la page blanche dans les dernières pages, j'ai finalement réussi à compléter ce chapitre. Et bizarrement peu après avoir franchi mon blocage, j'ai réalisé que la majeure partie de que j'avais écrit était suffisamment long pour constituer un chapitre et que tout ce que je voulais mettre d'autre pouvait être regroupé dans un autre chapitre. J'ai du modifier mon plan, ce qui s'avère être un occurrence régulière pour cette fic, mais il semble que l'Eveil m'inspire particulièrement (rire gêné).

Notes

A propos de Pétunia

Je voulais juste signaler que même si Pétunia semble avoir à cœur la survie de son neveu et plus se soucier de sa survie que beaucoup de personnes, leur relation ne va pas devenir chaleureuse et affectueuse tout d'un coup. Il y a trop de mauvais sang entre eux et ce n'est pas dans la nature de Pétunia. La compulsion sur la lettre ne l'a pas non plus empêché d'être une tante aimante, juste d'être une personne décente qui aurait accompli son devoir, ce qui il faut le reconnaitre aurait fait une grande différence pour Harry.

Son histoire avec Lily aurait fait qu'elle aurait refusé de s'attacher à quelqu'un d'autre qui aurait fini par l'abandonner pour les mirages du Monde Sorcier, mais Harry aurait été traité de manière beaucoup plus neutre, comme un locataire temporaire. Quant au Fourchelang, Pétunia est convaincue que cette aptitude n'a rien à voir avec la magie, elle l'a toujours seulement considéré comme un talent familial comme le fait d'être gaucher, de pouvoir rouler sa langue ou de siffler.

A propos du Programme des enfants émigrés

Initiative gouvernementale qui dura des années 20 aux années 70 et qui consistait à envoyer des enfants anglais ou gallois entre 3 et 14 ans peupler le Commonwealth, en particulier l'Australie. Il s'agissait d'orphelins, d'enfants provisoirement placés dans des orphelinats pour soulager leurs familles durant des moments difficiles (en particulier juste après les deux guerres mondiales) ou arrachés à des foyers modestes, tout cela sans que le gouvernement ne demande la permission de leurs parents ou n'avertisse les enfants de la raison pour laquelle ils se trouvaient sur un bateau.

Le but affiché était de soulager des institutions surchargées et de peupler les territoires du Commonwealth avec une population d'émigrés jeunes et blancs. En réalité, ces enfants ont été presque systématiquement victimes d'esclavage et d'abus sexuels. Ce triste pan de l'histoire britannique n'a été vraiment officiellement reconnu qu'en 2017