Et voici la première partie du dernier chapitre. Je l'ai coupé en deux car le combat final est autant mental que physique. Le prochain chapitre sera du POV de Bruce. Il y a donc certains événements dans ce chapitre qui sont sous ellipse puisque Tony n'y assiste pas.

Bonne lecture.


Chapitre V.1 : Le boss final - Tony

Ils avaient laissé les chevaux souffler lorsqu'ils avaient commencé à montrer des signes de fatigue. Le roncin de Bruce notamment n'arrivait plus à suivre la cadence effrénée du destrier de Tony et lui-même commençait à craindre de choir à terre tellement la fatigue faisait trembler ses jambes.

La Forêt aux Faucons n'était plus visible quand bien même se dressaient-ils au maximum sur leurs étriers et Tony décréta qu'ils méritaient bien une pause, surtout avec la nuit tombante. Natasha était peut-être un formidable assassin, elle n'avait pas les pouvoirs de rattraper deux chevaux lancés au triple galop alors qu'elle-même était à pieds et retenue par Clint Barton.

- En tout cas, ya pas à dire, mon plan Robin des bois nous aura bien aidé. Je n'ose imaginer ce que cette histoire aurait donné sans le brigand Clint Barton de notre côté.

Bruce frissonna puis reprit plus vigoureusement le pansage de son roncin trempé et ahanant la tête basse. Tony se retourna vers son destrier qui mâchonnait distraitement quelques brins d'herbes, dressant parfois la tête aux sons environnants, somme toute prêt à repartir. Il y avait vraiment une différence de force et d'endurance entre les deux animaux.

- Tu es une brave bête, lui murmura Tony, espérant que Bruce ne l'entende pas parler au cheval. L'étalon noir pointa une oreille vers lui mais continua de mâcher, indifférent aux propos de son cavalier. Tony lui flanqua un petit coup dans l'épaule, s'ensuivant un piaffement indigné, des cheveux tirés sans douceur et des récriminations de l'ingénieur.

- Sale bête ! jura Tony en plaquant les cheveux que le cheval avait décoiffé. Un sourire amusé ne tarda pourtant pas à ourler ses lèvres et il flatta la puissante encolure.

- Tu vas me manquer quand on sera rentré. T'as pas intérêt à crever face au dragon, sale bête.

Le destrier le regarda quelques instants en bougeant l'une et l'autre de ses oreilles puis replongeant sa grosse tête vers les herbes.

- Que n'aurais-je donné pour un appareil-photo.

Tony se tourna vers le physicien moqueur, sa dignité drapée autour de lui comme une cape, et rétorqua :

- Tu n'as qu'à en fabriquer un, ça doit être dans les cordes de tes doctorats.

Bruce rit doucement en finissant d'entraver son roncin.

- Ne rigole pas, Tony. Avec nos connaissances et les bons matériaux, nous serions tout à fait capable d'en fabriquer un. En parlant de ça… il y a encore un village à traverser avant d'atteindre la dernière route vers la tanière du dragon. Peut-être peut-on en profiter pour créer quelques aides.

- Des armes plus efficaces que des épées et des arcs, tu veux dire ?

Le physicien acquiesça lentement. Tony fit la moue, peu convaincu par l'idée. Il n'y avait aucune certitude que ce monde n'aurait pas de continuité propre après leur départ et il ne voulait en aucun cas que son héritage soit des armes de destruction massive. Pas une nouvelle fois.

- Rien de bien compliqué, expliqua Bruce, comprenant certainement où son esprit l'avait mené. Juste quelques menus pièges, faits de bric et de broc.

- Des pièges de bric et de broc pour combattre un dragon ? releva Tony, un sourcil dressé et un ricanement aux lèvres. Bruce haussa les épaules.

- On y va bien avec une épée et un bâton magiques. Fichtre, Tony ! Nous sommes des scientifiques, pas des magiciens.

- Oh putain ! Tu as raison. Merde ! Je m'en remets à la magie, moi ?

Un long frisson désagréable le secoua à cette pensée et il rejoignit Bruce sur la bûche qu'il avait poussé près du feu où il avait mis à cuire leur bouillon du soir.

- Quels sont tes plans, Doc' ?

- Le dragon a deux têtes, il va donc nous falloir en combattre chacun une.

- Cela a déjà été admis. Au fait, Brucey.

Bruce roula des yeux à l'interruption de l'ingénieur et lui fourra dans les mains la branche qu'il utilisait comme tisonnier, libérant les siennes avant de se lancer dans ses explications.

- Dans les livres, le point faible d'un dragon n'est jamais sa tête mais plutôt son ventre. Il nous faut le faire se dresser ou utiliser une arme capable de trancher ses écailles.

- On aurait dû demander au guerrier Thor comment tuer efficacement un dragon, le coupa une nouvelle fois Tony. Bruce le foudroya du regard, appréciant guère d'être interrompu toutes les deux minutes, et Tony lui renvoya un sourire contrit.

- Nous n'avons pas Thor alors il va falloir faire avec nos idées. Ton ARC REACTOR doit être suffisamment tranchante pour décapiter le dragon mais il te faut une diversion car tu devras pour le cela attaquer latéralement et il ne se laisserait pas faire. Quant à moi, le mâtin Hulk devrait suffire à en venir à bout et ma magie servira de distraction, si toutefois nous arrivons à nous associer.

Ce disant, Bruce lorgna vers le chien qui s'était couché aussi loin de lui qu'il était possible sans éprouver de douleur et ses épaules s'affaissèrent dans la défaite.

- Et pour cela, il va nous falloir du temps. Or il nous en manque. Le solstice est prévu dans moins de dix jours et il nous faut encore sept à huit jours pour atteindre la tanière de la bête. Ce qui ne fait qu'une halte de deux à trois jours pour construire des aides.

- Laisse-moi parler au Hulk, il te mangera dans la main après.

Tony ne put que sourire lorsque les deux alter égo reniflèrent de mépris en même temps à cette affirmation. Ils n'avaient pas même conscience de leur ressemblance.

- Concernant les pièges pour distraire le dragon… Je devrais réussir à faire des petites bombes de lumière. Elles n'occasionneront aucun dégât mais l'aveugleront quelques secondes. De quoi me permettre de me déplacer sur son côté.

Bruce acquiesça mais son air restait sombre.

- Et s'il crache du feu ?

- Ah, bah merde je n'ai pas demandé au Roi de me passer son bouclier. Tu crois que de l'acier supportera les flammes d'un dragon ?

- Je te propose d'essayer. Un bouclier défaillant est préférable à l'absence de bouclier. Ton armure devrait supporter la chaleur des flammes mais te les prendre de plein fouet ne te fera aucun bien.

- Et toi ?

- Si une balle dans la tête ne peut tuer le Hulk, des flammes ne lui feront rien, maugréa sombrement le physicien, tournant la tête sur le côté pour éviter de croiser le regard de Tony. Ce dernier renifla.

- Tu es vulnérable comme ça. Putain, Bruce, dix pas ! Dix putain de pas ! Et tu n'as qu'une pauvre robe trouée sur le dos.

- Je suis un serviteur du Feu Secret, détenteur de la flamme d'Anor. Le feu sombre ne vous servira à rien, cita Bruce, un petit sourire au visage. Tony tenta de garder un air mécontent mais le frissonnement de ses lèvres le trahit et il ne retint plus son rire.

- Un vrai Gandalf ! Alors je veux voir autour de toi le même bouclier que l'vieux mage a. Flamme d'Udûn !

Bruce haussa un sourcil amusé.

- Je ne sais pas si je peux faire ça.

« Imbécile de chétif » leur parvint du mâtin Hulk qu'ils croyaient endormis. Tony sourit au physicien.

- Hulk dit que tu peux le faire.

Sans attendre de réponse, l'ingénieur trottinant jusqu'au chien vert et s'affala à ses côtés, osant caresser les poils drus de son échine.

- Est-ce que tu m'aimes bien, Hulk ?

« Hulk aime Iron, oui. Que veut-il à Hulk ? » questionna l'animal en le regardant avec ce qui semblait être un regard dubitatif.

- Allons ! Je suis ton ami, Hulk. Tu sais, Brucey a un peu de mal avec ses pouvoirs en ce moment. Tu ne voudrais pas l'aider à y voir un peu plus clair, le temps qu'il revienne à la normal.

« Ce n'est pas mon chétif. Je ne veux pas l'aider. »

Ce disant, le mâtin se leva pour se recoucher dos à l'ingénieur qui lança un regard surpris vers Bruce, lui-même abordant des yeux estomaqués. Il se leva lentement, faisant signe à Tony de le laisser parler avec le Hulk, et l'ingénieur s'éloigna en silence, les pensées fourmillant d'idées.

Il ne sut pas ce qu'ils se racontèrent tous les deux mais quand ils eurent fini de parler, le mâtin flanquait à nouveau les jambes de Bruce qui avait un regard à la fois plus serein et plus agité.

- Il a dit quelque chose de déstabilisant ?

- Un peu, oui. Il semblerait que ce monde existait avant que nous y venions. Hulk est persuadé que je suis différent du chétif qu'il connaît. Et Jarvis te trouvait réellement étrange.

- Mais il vient de mon esprit. Ou alors on s'est trompé sur toute la route depuis le début.

- Ce qui veut dire que tu as créé un nouvel univers avec son passé propre et… son futur propre.

- Tu prends bien la nouvelle, maugréa l'ingénieur qui avait encore du mal à se faire à cette idée mais qui devait convenir qu'elle tenait la route s'il admettait l'existence de plusieurs univers parallèles. Ne s'était-il pas inquiété plus tôt de l'héritage qu'il risquait de laisser sur ce monde ?

- Après des aliens et des dieux, des univers parallèles, ça te semble vraiment si bizarre ?

- Un point pour toi, Brucey, soupira Tony. S'il n'y avait pas le problème qu'ils avaient désormais, avec certitude, le futur de tous les habitants du Royaume entre leurs mains, en plus de leurs propres vies, il sautillerait de partout sous l'effet de cette découverte.

- Hors de question désormais de faire n'importe quoi. Ce Royaume a droit à son existence.

Bruce acquiesça gravement.

- Surtout que la logique serait qu'une fois que nous serons repartis, nos « nous » de ce monde vont revenir.

- Pauvre de « moi » d'ici lorsqu'il devra expliquer au serviteur Jarvis la raison de notre séparation.

Tony lui fit un clin d'œil, son esprit ayant déjà intégré les nouvelles données et se remettant de sa déstabilisation.

- Que penses-tu d'essayer de fermer les gueules de la bête en lui lançant des cordes lestées de pierre ? Comment cette arme s'appelle, déjà ?

Ce fut en babillant sur leurs prochaines créations que Tony rejoignit sa place auprès du feu où ils discutèrent jusqu'à ce que la lune soit haute et qu'ils soient rattrapés par la fatigue de la chevauchée.

Le lendemain, il n'y eut aucune plainte et ils partirent sitôt réveillés, grignotant en selle. Ils avaient décidé de passer trois jours au village et ne pouvaient donc pas se permettre une vitesse de croisière. Les chevaux allaient bon train et ils n'eurent à déplorer que la pitoyable attaque d'un bandit amateur qui fut mis en déroute par un seul aboiement du mâtin Hulk.

Le village était pratiquement déserté par ses habitants. Seule restait la garnison, décidée à se sacrifier en essayant d'abattre le dragon bicéphale lorsqu'il partirait à l'assaut du Royaume. Ils ne purent qu'être impressionnés par leur force d'esprit. Le chef de la garde les accueillit avec un espoir palpable qui leur fit comprendre qu'il n'espérait plus aucun secours, pensant que le Roi préférerait fortifier le Château pour y affronter là-bas la bête.

- Louée soit Sa Majesté, elle n'a pas oubliée les petites gens des campagnes. Tout ce que vous voudrez est à vous, messire chevalier.

- Nous allons avoir besoin de matériaux et de main d'œuvre.

- N'hésitez pas à faire appel à mes gars, messire.

Tony le remercia et rejoignit Bruce dans la maison qui leur avait été assignée. Le physicien avait commencé à dessiner les plans et écrire les formules de ce qu'ils avaient besoin.

Ils passèrent les deux premiers jours à fabriquer les pièges et à essayer qui un bouclier qui une côte de mailles et consacrèrent le dernier jour à échafauder des plans de batailles, tentant d'imaginer tout ce qui pourrait arriver au combat et comment y réagir.

- Mais je crains que la bête en elle-même ne soit pas ce qu'il y a de plus à craindre dans cette épreuve, murmura Bruce en se frottant les tempes, le crâne bourré de stratégies. Tony releva les yeux de leurs schémas, interrogateur.

- Que veux-tu dire par là ?

- Je me le dis depuis un bout de temps. Le dragon sera sans doute identifié. Deux têtes, une pour chacun…

- De quoi as-tu le plus peur, Tony ? répéta l'ingénieur, se souvenant de la question que Bruce lui avait posé quelques jours plus tôt et à laquelle il n'avait pas répondu.

- Nous ferons face, dit-il fermement avant de monter à l'étage rejoindre sa couche, refusant d'énoncer à voix haute ce qu'il craignait trouver dans l'antre du dragon bicéphale.

Ils partirent sous une aube écarlate qui semblait se moquer d'eux et de leurs efforts en prédisant une journée sanglante.

- La tanière du dragon se trouve à une journée de chevauchée, leur apprit le chef de la garde en frissonnant devant l'horizon rougi par les premiers rayons.

- Mauvaises présages.

- Balivernes, grogna Tony du haut de sa selle. Il s'y dressa et fit un doigt d'honneur au soleil avant de talonner son destrier pour prendre la tête.

- Le putain de destin, ce sont les hommes qui se le forgent. Je ne me laisserai pas abattre par un satané phénomène naturel.

- Nous abattrons le dragon, promit Bruce, son roncin s'éloignant déjà du chef de la garde, pressé de rattraper l'étalon noir.


Le vent était contre eux, charriant leur odeur vers l'arrière, ce qui était une bonne chose pour surprendre la bête. Ils avaient décidé d'en finir le soir même, même si le soleil disparaissait déjà derrière les montagnes, rougeoyant l'horizon encore plus que l'aube ne l'avait fait, et qu'ils avaient galopé toute la journée. Ils craignaient que le dragon soit devenu trop puissant s'ils tardaient encore. Le solstice était prévu pour la nuit d'après.

- La bestiole semble dormir. Réveillons-la en fanfare. Je n'aime pas l'idée de la combattre dans une grotte. Trop étroit.

Il tut cependant l'autre raison à lui faire craindre une grotte et si Bruce la devina, il n'en parla pas. Il fit s'avancer le roncin, le bout de son bâton luisant de magie.

- Prépare ta charge. Hulk et moi, nous allons le faire sortir.

- Attends, l'arrêta Tony en levant les yeux vers les falaises surplombant la grotte. S'il sort trop vite, il va déclencher un éboulis. Autant qu'il y ait dans le lot quelques bombes à lumière.

Ils eurent le même sourire mutin et entreprirent de rapidement placer quelques-unes de leurs bombes, n'oubliant pas de vérifier que le vent ne tournait pas, emmenant leur odeur vers la grotte. Si le dragon sentait leurs présences, leur plan tombait à l'eau.

S'en remettant à Bruce et Hulk, Tony fit remonter à son destrier la petite butte qui menait à la tanière. Le terrain était lisse et propice à une charge, la butte ne pouvant que lui permettre que plus d'élan. L'étalon noir piaffait et piétinait l'herbe, les naseaux fumants d'anticipation, les muscles tendus par l'envie de galoper à l'assaut d'un ennemi qu'il ne voyait pas encore mais qu'il devinait par les agissements de son cavalier. Tony ne pouvait qu'être impressionné par le dressage de l'animal transformé d'un placide herbivore en une vraie machine de guerre. L'odeur du dragon imprégnait l'air – le mâtin Hulk avait craché de dégoût plus tôt – mais il n'en était nullement affolé, au contraire attendait-il le combat avec impatience.

- Bientôt, ma sale bête, bientôt. Patiente encore un peu, murmura-t-il à l'étalon qui tirait sur les rênes. A son grand étonnement, le destrier se calma et se fit aussi immobile qu'une statue, seule sa respiration puissante indiquant son excitation.

Puis, aussi soudainement qu'éclate le tonnerre d'un orage sec, sans qu'aucun nuage ne vienne l'annoncer, un formidable rugissement s'éleva d'entre les arbres et il vit Bruce revenir au triple galop sur un roncin affolé qu'il eut bien du mal à faire volter pour se poster à ses côtés.

- Petit problème, souffla le physicien essoufflé. On n'avait pas prévu…

Dans un craquement sinistre, les falaises au-dessus de la grotte explosèrent sous la force de deux têtes cornues qui poussèrent chacune un nouveau rugissement. Le roncin de Bruce cabra et Tony dut resserrer son emprise sur les rênes pour éviter que son destrier ne s'emballe.

- … sa taille.

Ils ne purent que regarder avec horreur l'immense créature extraire ses ailes des falaises éventrées. Des flashes lumineux leur apprirent que les bombes placées en piège étaient déclenchées dans les éboulis sans qu'elles ne fassent rien au dragon dont les têtes s'élevaient bien plus haut.

- Putain de merdre, jura Tony, la peur lui labourant le ventre. Le dragon bicéphale darda sur eux ses deux paires d'yeux luisants de haine et de sombre intelligence puis ses ailes s'ouvrirent en grand, cachant le soleil couchant, et il prit son envol, le puissant claquement des membranes parcheminées déracinant les arbres alentours.

- Pouvons-nous vraiment espérer le vaincre ? murmura Bruce d'un ton fataliste. Même le mâtin Hulk gémissait entre les sabots du roncin, intimidé par la créature.

- Nous sommes des Avengers, gronda Tony en dégainant l'ARC REACTOR. Je ne crois pas que cette bestiole soit pire que Loki. Ou Fatalis ou le Mandarin. C'est juste une bestiole.

Il adressa au physicien un sourire tremblotant. Dans le ciel, le dragon revenait vers eux en piquée et il comprit ce qu'il avait en tête.

- Il va nous dégueuler dessus. On bouge !

A son cri, son destrier s'emballa de lui-même, dévalant la pente pour la remonter aussitôt à l'assaut du dragon qui venait de cracher une langue de feu à l'endroit où ils se tenaient quelques instants avant. Tony ne voyait plus Bruce mais il n'y avait rien dans les flammes et il se convainquit que son ami s'était mis à sûreté. Il devait maintenant appliquer leur plan de base : dissocier les deux têtes. Il prépara l'un des filets lestés qu'ils avaient confectionnés et apostropha la tête la plus proche.

- Hey ! Gueule d'horreur !

Elle se tourna vers lui en sifflant férocement et il lui lança sans sommation le filet lesté qui s'enroula autour de la gueule de la créature, occasionnant des mouvements saccadés pour s'en défaire. Sans laisser le temps à la tête de comprendre ce qu'il se passait, Tony la bombarda de bombes lumineuses et vit avec satisfaction ses yeux se fermer et s'ouvrir compulsivement sous les flashes douloureux.

Le galop de son destrier les avait rapidement ramenés sur la butte et le dragon n'était pas encore remonté dans les airs. L'ergot de son aile manqua de le décapiter en sifflant au-dessus de sa tête alors qu'il se couchait vivement sur l'encolure de sa monture. Sa peur oubliée dans le feu du combat, il se rétablit aussitôt, empoignant son bouclier au passage, et, profitant de l'état de confusion de son ennemi toujours muselé, porta un coup.

La lame de l'ARC REACTOR glissa en grinçant sur les écailles du dragon, parant le coup de boule qu'il lui était envoyé à l'aveugle, et il eut la satisfaction de la voir commencer à luire ; comme il s'en doutait, la bête était de nature magique et la frapper serait comme frapper Mjöllnir.

Plutôt que continuer sa lancée en ligne droite, ce qui l'aurait fait aller à la rencontre de l'autre tête, Tony fit volter sa monture, talonné par les crocs du dragon qui se fracassèrent à plusieurs reprises sur le bouclier.

Soudain, dans un bruit d'apocalypse, l'immense créature se fracassa par terre, ses ailes emmêlées s'agitant dans tous les sens, ses pattes griffues tentant d'attraper les deux impertinents qui venaient de le faire choir en tendant ses deux têtes dans deux endroits opposés.

Tony serait resté à fêter cette première victoire si son cheval ne s'était pas subitement emballé, lui arrachant les rênes. Il ne comprit pas son dessein jusqu'à ce que ses sabots ne labourent les os délicats et le fin parchemin de l'aile du dragon qui gisait à terre. Il y eut un cri de douleur et de rage mêlées, suffisamment fort pour briser les liens muselant la gueule de la bête,et une langue de feu fusa vers eux pour les en chasser. Ils durent vivement esquiver l'attaque, galopant loin de la bête, mais elle ne put s'envoler à nouveau, chutant à terre dès qu'elle essaya, son aile brisée pendant inutilement le long de son flanc.

- Sacrée bête, marmonna un Tony plus que surpris en tapotant l'encolure de sa monture. Je ne me moquerai plus jamais d'une charge de cavalerie.

Il put sans difficulté récupérer les rênes arrachées plus tôt et se prépara à faire face au dragon qui retournait déjà la tête qu'il avait défié vers lui, furibonde l'autre semblait bel et bien occupée par Bruce, à en croire les hurlements du Hulk qui se mêlaient à ceux de la bête.

- A nous deux, bestiole ! fanfaronna Tony en trottinant jusqu'à la tête, son ARC REACTOR prêtre à porter un coup et son bouclier levé. Le combat se déroulait jusqu'à présent selon leurs plans et il se sentait confiant quant à la suite des événements : l'intelligence de leurs stratégies ne pouvaient que vaincre aisément la force brute d'une créature idiote.

Mais le coup ne vint pas et son bras retomba mollement à ses côtés. Le destrier resta à piaffer en secouant la tête, sentant que son cavalier ne réagissait plus. Sur la selle, Tony était bel et bien tétanisé par la peur.

Car la tête du dragon abordait maintenant les traits de Howard Stark.


Il avait oublié les craintes de Bruce mais elles se réalisaient : le dragon représentait leurs peurs.

« Tiens donc, mon fils. Encore à jouer à des jeux d'enfants ? Un chevalier... Tu te crois brave et fort ? Tu n'es rien d'autre qu'un gamin. » siffla la créature avec la voix de son père. Les paroles atteignirent Tony en plein cœur et il rentra la tête entre les épaules, gémissant pitoyablement à la réprimande paternelle.

Un ricanement salua son geste.

« Tu me fais honte. Tu fais honte au nom Stark ! Regarde-toi donc, fils. »

Le mot fils sonna comme une insulte, comme un mot détestable craché avec de la bile dans la gorge, et Tony sentit les larmes perler au coin de ses yeux. L'ARC REACTOR glissait de sa main rendue sans force.

Puis la pensée que tout cela n'avait aucun sens se fraya un chemin dans son esprit figé dans la douleur. Il se rappela que son père était mort depuis longtemps et surtout qu'il avait réussi à construire bien plus important que son père, constructeur d'armes, n'avait pu le faire. Il avait créé les armures Iron Man. Il était un Avengers. Il défendait et sauvait des vies ; il ne construisait plus des armes de destruction massive.

- Je me fiche bien de ce que tu penses.

Si cela était sa plus grande peur, la victoire n'était pas loin. Parce qu'il n'avait plus aucune raison de craindre les réprimandes de son père.

- Tu t'es gouré, bestiole, gronda-t-il sombrement, raffermissant sa prise sur la garde de son épée et talonnant son destrier qui bondit aussitôt en avant.

- Prends-toi ça dans ta sale face, enfoiré !

La tête stupéfaite de le voir sortir aussi facilement de son emprise illusionniste ne put éviter le coup qu'il lui porta et plusieurs écailles volèrent dans l'air alors qu'elle se rabattait sur le côté, dévoilant les parties tendres de sa carapace entre le cou et la tête.

Tony s'engouffra dans la faille, bien décidé à porter un coup fatal. Mais la tête ne s'avoua pas vaincue aussi facilement et, balançant violemment sa face cornue vers eux, percuta le destrier noir qu'elle envoya loin de lui. Le cheval, soulevé par les cornes, ne put rien y faire et roula au sol dans des hennissements stridents, manquant écraser Tony sous son poids. Il ne dut son salut qu'à un réflexe qui le fit sauter de selle avant de se retrouver écrabouillé par sa propre monture, sa chute amortie par le bouclier qu'il perdit dans sa roulade. Avec soulagement, il vit l'étalon se relever sur ses quatre jambes indemnes, secouant la tête pour reprendre ses esprits, du sang s'écoulant de son ventre éraflé.

Sachant qu'il n'aurait pas le temps de remonter en selle, et que sa monture était trop sonnée pour reprendre le combat tout de suite, Tony s'élança sans tarder sur la tête, seulement armé de son épée, déterminé à en finir une bonne fois pour toute.

Mais il se figea une nouvelle fois et l'ARC REACTOR tinta sur un caillou alors qu'il la laissait pendre, portant de son autre main son poing à son cœur qui s'affolait dans la panique.

Les traits du dragon avaient changé et se tenait désormais devant lui la face cruelle d'Obadiah Stane.

- Im… imp… ossible… bégaya faiblement l'ingénieur alors que le sourire s'agrandissait que plus devant sa terreur. Il recula de quelques pas et la tête se rapprocha de lui jusqu'à ce qu'il ne sente le souffle puant et chaud du dragon sur son visage.

« Voilà ma poule aux œufs d'or. Quelles formidables armes vas-tu me construire ? Le marché attend des nouveautés. Le nom Stark se vend si bien.» ronronna la tête en se frottant à son torse. Il se rappela l'emprise glacée du paralysant que Stane avait utilisé sur lui, les mains qui arrachaient sans pitié la source de sa vie et son sentiment d'impuissance alors qu'il resté cloué sur son canapé à ne rien pouvoir faire pour arrêter la mort en marche ; son poing se serra compulsivement contre son armure, là où se trouvait autrefois son arc reactor.

« Ici ? » murmura le dragon avec la voix de Stane, infiltrant sa langue fendue entre les parois de l'armure pour tâter ce qui se cachait en dessous. « C'est ici que se trouve le plus grand des œufs d'or ? Celui qui me rendrait si riche que je n'aurai plus besoin de la poule. Alors passons à l'abattoir. »

Il eut un sursaut lorsque la langue glissa sur les cicatrices qu'avait laissées l'arc reactor et les traits de Stane se durcirent dans la perplexité et l'énervement.

« Où est-il ? Où est l'œuf d'or ? »

- En sécurité. Loin des mains cupides comme les tiennes, Stane, lui répondit sombrement Tony. La tête comprit qu'elle avait perdu son emprise mais elle ne fut pas assez rapide pour éviter la lame de l'ARC REACTOR. Tony la planta de toutes ses forces dans l'œil le plus proche et libéra la magie qu'elle contenait. Elle explosa à l'intérieur du crâne de la tête dont l'autre œil devenait terne et le cou était pris de convulsions. Tony refusa de lâcher son épée et elle fut dégagée de la tête par les derniers tremblements du cou.

- Super, souffla-t-il doucement, soudainement las. Ce n'était pas ce qui était prévu mais j'ai gagné.

Il sentit ses jambes affaiblies le lâcher et il chut à terre, tremblant de tous ses membres. Une lumière éblouissante l'aveugla avant qu'il ne puisse s'enquérir de l'état de Bruce et il se sentit partir, le cœur serré à l'idée d'abandonner son ami.

Mais il ne put rien faire pour rester éveillé.


J'espère que vous aurez reconnu la célèbre citation du Seigneur des Anneaux que j'ai glissé dans ce chapitre. ;3

A très bientôt - normalement - pour V.2 : Le boss final - POV Bruce.