Auteur :Lady Azar de Tameran.
Traductrice : Tigrou19.
Série : Avatar : the last Airbender.
Titre : Denouement.
Rating : K+.
Lien vers l'original : s/5816915/1/Denouement
Résumé : L'homme du marais lui a dit que le temps était une illusion, tout comme la mort. Il ne pensait simplement pas que ça serait si difficile.
Disclaimer : Avatar ne m'appartient en rien. Tout est la propriété de Michael Dante DiMartino, Bryan Konietzko et Nickelodeon. Quant à l'histoire originelle, elle est la propriété de Lady Azar de Tameran. Je ne fais que traduire. Je ne gagne pas d'argent avec ceci.
Warning : Character Death, speculation et spoilers de la fin de la série.
Note : Je viens de terminer mon visionnage d'Avatar, et je n'ai pas voulu quitter les personnages que j'ai appris à aimer. Comme je n'avais pas vraiment d'idées d'écriture, je suis allée fouiner du côté anglais et j'ai trouvé ce OS (et d'ailleurs, cette auteur, parce qu'elle en a écrit des tas qui sont toutes excellentes) et je l'ai trouvé très triste et très beau. J'ai souhaité le faire partager aux non anglophones.
Bonne lecture !
x
xXx Denouement xXx
x
Le temps est une illusion, de même que la mort. Cependant, Aang n'a jamais réellement réfléchi à ce que cela signifie. Les moines lui manquent. Gyatso lui manque. Il sait qu'ils sont disparus.
Mais il n'était pas présent le jour de leur mort. Il n'était pas là lorsque le temple est tombé. Il n'a pas vu Kuzon et Bumi vieillir. Il s'est juste réveillé pour découvrir que tout a changé, qu'il est le dernier Maître de l'Air, que Bumi est un bien vieil homme et que Kuzon a grandi, a sa propre famille et qu'il est décédé quelques mois seulement avant qu'Aang ne puisse le revoir. Tout l'a dépassé.
Le temps est supposé être une feinte, le fruit de son imagination. Mais pourquoi ne peut-il qu'aller de l'avant ? Pourquoi ne peut-il pas se réveiller à nouveau au temple et entendre leurs rires ? Pourquoi sa nouvelle famille ne peut-elle pas rencontrer son ancienne famille ? Pourquoi ne peut-il pas emmener Katara et Sokka et tous les autres et les présenter à Gyatso ou Kuzon ? Pourquoi les choses doivent-elles changer ?
Ce sont les questions qu'il se pose à lui-même au cours des mois et années suivants, alors qu'il voyage jusqu'à la Nation du Feu, alors que Zuko et Suki puis d'autres plus tard s'ajoutent à leur petit groupe. Puis quand ils battent Ozai et commencent à se reconstruire. Puis lorsque la vie continue son chemin, quand le monde se relève. Puis lorsqu'ils trouvent et entraînent de nouveaux Maîtres de l'Air, qu'ils réparent les temples.
Mais ça n'est pas la même chose. Ça ne l'est jamais. De nouveaux visages, lumineux et passionnés, désireux d'apprendre, d'embrasser leur future et un monde plein de promesses. Mais les anciens sont comme des feux follets d'ombre. Leurs voix sont des échos qui s'adoucissent à chaque seconde qui passe. Il ne peut même plus se rappeler d'à quoi elles ressemblent, à présent. Il se souvient des mots de Gyatso mais pas de la façon dont ils sonnent lorsqu'il les prononce. Il ne se souvient pas avec exactitude de la nuance des yeux de Kuzon ou si Appa a quatre ou cinq frères et sœurs. Ses propres aventures deviennent floues à mesure que les années passent. Tout ce qui était net et clair devient indistinct et brumeux dans son esprit à cause du poids d'autres nouveaux souvenirs.
Grandir est difficile. Vieillir est encore pire. Et il regarde ses amis, un jour, uniquement pour réaliser qu'ils sont tous, vraiment, réellement adultes. Que même le Duc a arrêté de grandir. Qu'ils sont parents de leurs propres enfants et que même Toph est mère. Que le fils aîné de Zuko est pratiquement un adulte lui-même, qu'il a le même âge que son père lorsqu'il s'est mis à les pourchasser à travers le monde.
Le temps va toujours l'avant. Il s'écoule jusqu'à ce que le cœur de leur groupe se réunisse pour leur réunion annuelle. Seulement, elle a lieu des mois plus tôt parce que l'un d'eux ne survivra pas aussi longtemps.
Et c'est dur. C'est la chose la plus difficile qu'il n'ait jamais faite. Plus difficile que de combattre Azula. Plus dure que d'apprendre la maîtrise du Feu. Plus dure que sa lutte intérieure, de savoir qu'il devait tuer Ozai mais en était incapable.
Un bison volant est supposé être un ami pour la vie. Pour toute la vie. Mais Aang n'a jamais réalisé, jusqu'à ce moment, que Sœur Iio voulait parler de celle d'Appa, et non de la sienne.
Et la seule chose qu'il peut faire est de presser son visage contre la joue pelucheuse d'Appa et de rester ainsi. Aang peut uniquement rester là et le sentir respirer, sachant que même ceci s'arrêter bien trop tôt.
Katara est à ses côtés, mais ne dit rien, incapable de trouver les bons mots. Sokka est de l'autre côté avec Suki juste derrière lui, mais ils ne parlent pas beaucoup plus. A gauche d'Aang, Zuko se contente de gratter la tête d'Appa en petits cercles, son autre bras enroulé autour de Toph. Son visage est caché dans la fourrure blanche, ses épaules tremblantes au rythme de ses respirations mourantes. Momo s'accroche à sa tunique, et les bruits qu'il émeut sont tristes et abattus.
Perdre un ami, un membre de la famille, n'est jamais facile. Et c'est ce à quoi ça ressemble ; à la perte de quelqu'un d'irremplaçable. Il s'en va là où ils ne peuvent pas encore le suivre. Et ça n'est pas bien. Ca ne l'est pas. Ca ne le sera pas. Peu importe ce qu'ils essayent de lui dire.
Puis Appa émet un tremblement. Un petit. Mais c'est suffisant.
La voix de Katara brise le silence. « Il est temps, Aang. »
« Non. », nie-t-il en retour, hochant faiblement la tête. « Ca ne peut pas arriver. »
Mais il sait déjà la vérité. Il la connaît aussi surement qu'il maîtrise l'Air. Et aucune quantité de déni ne sera capable de changer cela. Il n'est pas un enfant. Il n'est plus un adolescent. Il est suffisamment adulte pour admettre qu'il a tort.
« Peut-être. », soupire-t-il. « Oui, je sais. » Et il raffermit sa prise. « Je suis désolé, Appa. »
« Ca n'est pas ta faute, Aang. », murmure Katara d'un ton doux et calme. « Ca n'est la faute de personne. Cela fait simplement partie de la vie. »
« Il est vieux, Tête de Flèche. », ajoute Toph, la voix étouffée par la fourrure. « Vieux et fatigué. Tu ne l'es pas ? », elle demande en faisant courir ses doigts sur une corne aussi longue que son bras. « Il mérite du repos. Même s'il est éternel. »
Aang peut sentir ses yeux s'écarquiller, mais il est interrompu avant de pouvoir parler.
« C'est un bison volant, pas un dragon. Il n'y a qu'eux qui vivent aussi longtemps. », intervient Zuko avec un visage insondable. « Je sais que c'est difficile, mais ça arrive. »
Puis il se détourne, pensant clairement à son oncle Iroh, encore souriant et heureux malgré son âge avancé, ses problèmes pour discerner ses tuiles de Pai Sho ces derniers temps et la gestion de son salon de thé de plus en plus laissée à son assistant Jin à mesure que les saisons passent.
« C'est vrai. », dit Sokka une minute plus tard. « Fawkie est mort, lui aussi. La plupart des animaux ne vivent pas aussi longtemps que Momo, aussi longtemps qu'un humain. » Ses doigts adressent une douce tape sur le front d'Appa. « Pas que les humains vivent si longtemps non plus. »
Il n'a pas besoin de le dire. Pas besoin de mentionner Mabuba ni Pakku, ni leurs dernières années ensemble. Il n'a pas non plus besoin de lui rappeler Jeong Jeong, ou le fait que Bumi est toujours là, fort, mais qu'il n'est pas si invincible. Que même lui a trouvé un successeur en la personne de Haru et qu'il vit à présent ses derniers jours dans une retraite plaisante, jetant des pierres aux plus jeunes et mains autant de jennamite qu'il peut ingurgiter. Qu'il finira par s'en aller un jour, lui aussi.
Le temps glisse à travers le doigt d'Aang, et même le grand et puissant Avatar ne peut l'arrêter, ne peut retenir cette marée qui est si déterminée à tous les éloigner un par un. Il est le plus puissant Maître des éléments dans le monde, à avoir jamais vécu, mais même ceci est hors de sa portée. Cet ennemi ne peut être vaincu en étant rapide, intelligent ou doué. Il ne peut pas du tout être battu.
Il ne peut qu'admettre sa défaite avec dignité. Et caresser la fourrure d'Appa une fois de plus, alors qu'il s'immobilise complètement. Alors qu'il sent l'étincelle lumineuse qui fait d'Appa lui-même vaciller et s'éloigner. Alors que l'énorme corps chaud devant lui commence doucement à refroidir. Et Aang peut seulement baisser la tête et silencieusement souhaiter à son ami un bon voyage.
« Il est parti. »
Et il lui faut quelques secondes pour réaliser qu'il est celui à avoir prononcé ces mots.
« Je suis désolée, Aang. », chuchote Katara, et les larmes dans ses yeux sont évidentes.
Aussi claires que celles d'Aang. Que celles que Sokka laisse librement couler. Que celles que Suki essuie. Ou que celles que Toph et Zuko essaient de cacher. Ou que celles que même le petit Momo laisse tomber le long de son visage et sur ses joues grisonnantes.
Et ils restent simplement là pendant une longue minute.
« Amuse-toi bien pendant cette nouvelle aventure. », dit ensuite Sokka. « Dans ce grand ciel dans les… Eh bien, cieux. Au revoir, mon ami. »
Sokka passe une main sur la tête d'Appa une dernière fois. Il est le premier à s'éloigner lentement. Suki est la suivante, alors qu'il se détourne et laisse échapper un souffle tremblant. Puis Toph et Zuko ensemble, emportant Momo avec eux, alors qu'il pose sa main sur son épaule et qu'elle le frappe affectueusement du poing. Enfin, Katara s'en va, elle aussi, bougeant doucement pour rejoindre son frère.
Seul Aang reste. Toujours accroché. Toujours pas prêt à arrêter. Toujours là alors qu'ils se tiennent derrière lui. Alors que des bras et mains s'enroule autour de lui pas pour le tirer en arrière, mais pour l'enlacer étroitement. Pour être là lorsqu'il a le plus besoin d'eux. Pour le soutenir comme ils l'ont toujours fait.
Ses amis. Sa famille. Tous ensembles. Même ceux qu'il ne peut plus voir. Ceux qui ne sont plus là mais ne sont pas vraiment partis. Ils sont toujours là, simplement hors de vue. Mais pas hors d'esprit.
Une main trouve la sienne sur la fourrure d'Appa. Il n'est pas certain d'à qui elle appartient, et franchement, il s'en fiche au final. Tout ce qui importe, ce sont ces doigts qui caressent les siens. Chauds, vivants, et lui rappelant qu'il est temps pour certaines choses mais pas pour d'autres. Qu'il a encore beaucoup de vie devant lui.
Et, finalement, Aang lâche prise.
x
Lundi 23 Février - 14 h 00.