Cet OS est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "gondole" en une heure. Pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un mp.

Bien entendu, je n'ai aucun droit sur Harry Potter. Ce texte ne constitue pas non plus une critique de votre religion, quelle que soit la vôtre.


Vraiment, Harry regrettait la gare de King's Cross.

Au moins c'était un lieu associé à un souvenir plaisant, le départ vers Poudlard.

Non, cette gondole rouge et noire ne lui plaisait décidément pas. Elle lui rappelait trop son voyage de noces avec sa seconde femme dans sa... quel numéro était-ce déjà ? Sa trente-troisième vie ? Est-ce que ce n'était pas celle où il avait été accidentellement empoisonné par un lemming qui cherchait à se suicider ? Il venait d'épouser Julia à Las Vegas, cette gondole-là était rose fluo. Ce devait plutôt être sa soixante-douzième vie. C'était tout de même plus respectable de mourir de pneumonie. Même s'il l'avait attrapée au mois de juillet en glissant sur une voiture pour enfants au rayon des glaces et plats surgelés. Il avait fallu un peu de temps pour réussir à décoincer son avant-bras du mécanisme de fermeture automatique. Au moins, il avait eu le nez plongé dans une délicieuse glace parfum menthe et pépites de chocolat, pas dans le faux colin d'Alaska de la vitrine d'à côté.

À bien y repenser, cette gondole au milieu de nulle part n'était pas si mal. Il avait connu beaucoup plus inconfortable et beaucoup plus horripilant. Il avait eu le temps, vu le nombre de ses différentes vies. C'était d'ailleurs une chance qu'il ne puisse pas se souvenir de celles qui précédaient les reliques de la mort. Il finissait par s'y perdre avec toutes ces langues et tous ces noms. Même si cela avait été amusant de jouer les prophètes, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive qu'il avait fondé une nouvelle religion par mégarde. Cette fois-là il n'avait même pas essayé de s'écarter quand la foudre lui était tombée dessus. Plus simple de recommencer à zéro que d'essayer de dissuader ces fanatiques.

Il ne lui restait plus qu'à attendre de nouveau. La gondole n'était pas assez grande pour faire les cent pas, mais il pouvait au moins étendre les jambes et s'étirer les bras – le trapèze suspendu au-dessus du vide avait vraiment été un entre-deux inconfortable, même s'il ne pouvait pas vraiment tomber. Ça finit toujours par vous rentrer dans les fesses, cette barre de bois.

« Jiligo ? » Tiens, il avait parié sur quelqu'un d'autre.

Il se retourna. « Amalus ? » Un jeune homme aux cheveux verts en pétard venait d'apparaître derrière la rame. Son ami d'enfance, cette vie-ci.

« Je ne vais pas dire que tu as mal vieilli Jiligo, mais tu aurais peut-être dû attendre encore un peu avant de venir nous rejoindre ! » Le jeune homme se penchait vers lui en fronçant un sourcil familier.

« Désolé. » Comme s'il avait le choix. Ou quiconque d'autre, d'ailleurs. Tout le monde était égal devant l'inéluctabilité de la mort – et encore plus l'idiotie du destin. La différence, c'était que lui se souvenait de ses différents destins, depuis son petit accident avec les reliques.

« Fais pas cette tête ! On dirait que tu n'as pas ri depuis une éternité ! »

Cher Amalus, toujours les pieds dans le plat. Mieux valait ne pas commenter. Cette vie-ci, il était mort en avalant de travers pendant une crise de fou rire. Rupture d'anévrisme quand il avait toussé trop violemment. Et chute dans le saladier de crème fraîche au milieu de la table. Il ne manquait plus que la pâte pour un entartage en règle.

« T'inquiète pas, tu n'es pas encore tout à fait de l'autre côté. »

Comme d'habitude, quoi.

« Si tu continues dans la gondole, tu finis le voyage, je ne sais pas où exactement. Mais tu peux encore te jeter à l'eau et remonter le courant. »

Quand on vous regarde avec une telle insistance, on est bien obligé de trouver une réponse. « Tu en es sûr ? C'est possible ? »

« Foi d'Amalus ! » Un sourire, un salut, et il disparut.

Fin de la rencontre mystique numéro... numéro combien, déjà ? Quelque chose dans les trois cent cinquante ou soixante. Ça ne s'améliorait décidément jamais. Cryptique, mystérieux, et totalement inutile. Qu'il prenne la direction proposée ou son contraire, ça revenait toujours un peu au même. Dans la différence.

C'était normal, du coup, qu'il finisse par devenir paresseux.

Vous choisiriez quoi, vous, si vous saviez d'avance que vous vous réveilleriez dans une nouvelle vie, dans un nouvel univers, pour tout recommencer et vous souvenir des trois-cinquante-huit tentatives précédentes ? Oui, ça devait être le bon nombre.

Mais bon, entre nager trois plombes (c'est toujours long trois plombes, quelle que soit la durée relative de révolution de la planète) ou se laisser porter tranquille, il n'y avait pas besoin d'hésiter longtemps.

C'était dommage que la gondole ne soit pas assez confortable pour une petite sieste.