Oui, je suis encore debout à 4h du matin. C'est la faute de Don't Starve. (Oui, celles qui y jouent peuvent se lâcher à ce sujet dans les reviews. Surtout pour donner des astuces)
Résultat des votes : 7 pour la compilation, 1 pour la suite de petites histoires, et 4 qui n'ont pas voté. Donc à partir de mercredi, guettez l'apparition d'une fic intitulée Le Futur Modifié : ce sera la compilation de toutes les petites histoires jusqu'à la fic longue.
Lalala1995 : Aïe, deux jours avant ça craint... Pour te consoler, un chapitre avec de la romance !
Fan de fic : Merci mais ce n'est pas moi qui l'ai écrite...
Elodie : Contente que ça t'ait plu, j'espère que l'épilogue en fera autant !
Ange Dmoniaque cherche Hache : Un chapitre par jour ? Je veux bien, si c'est toi qui les traduis ! :p
Justelaura : Il s'est fait attendre, c'est le moins qu'on puisse dire ! Rassure-toi, en termes de choses étranges tu n'arrives pas à la cheville de Noooo Aime xD Comme ce n'est pas un gros spoiler, je peux te confirmer qu'il va garder sa canne !
Sabrinabella : La scène du couronnement c'est pour aujourd'hui ! Et félicitations, tu as mis la 200ème review et gagne donc une question gratuite !
Haliah : Voilà l'épilogue^^ J'espère qu'il va te plaire !
Noooo Aime : Ouille tu as l'air bien malade, j'espère que ça va mieux maintenant ! Pour la canne, rappel de la broche oui mais aussi le chêne pour le surnom de Thorin (Écu-de-Chêne)... Pour Frodon, il va falloir lire la suite pour le savoir ! Et ce n'est pas pour tout de suite de toute façon !
Alecton : Décidément tu l'aimes pas, Lobélia ! XD
Julindy : Toi aussi tu stalkes ta boîte mail en attendant les alertes ? Lol Contente que le chapitre t'ait plu !
Aliena wyvern : La voici !
Le long voyage de retour
Quand le jour du couronnement se leva sur les Montagnes Blanches, il faisait beau et le soleil brillait. Minas Tirith était baignée d'une lumière dorée, en particulier l'étage supérieur, où les portes de la salle du trône étaient désormais grandes ouvertes. Devant les portes se tenait Gandalf, et devant lui, Aragorn. Sur le côté se tenait sa reine, habillée de la façon qui convenait à un membre la famille royale du Gondor comme des Elfes.
Thorin regarda autour de lui, contemplant les autres personnes présentes. Toute sa compagnie était sur leur trente-et-un, observant avec bonheur Aragorn prendre le trône. Fili était à côté de Dernwyn, et même à distance, Thorin put voir que leurs mains étaient entrelacées. À leurs côtés se trouvait Kili, et Legolas à sa suite. Il n'avait pas besoin de regarder : il savait que leurs mains étaient entrelacées, et probablement aussi leurs bras. Comment ils avaient réussi à croire que quiconque était dupe de leur histoire d'amour 'secrète', Thorin l'ignorait. Mais ses fils avaient bien choisi, et il observa le futur d'Erebor briller tandis que leur ami montait les escaliers en haut desquels attendait Gandalf.
De l'autre côté de Gandalf se tenait Ecthelion, l'air plus âgé qu'auparavant. Son fils n'était pas avec lui, mais dans la foule à côté du Prince Adrahil. Thorin grimaça.
Quelqu'un tira doucement sur sa main, lui faisant tourner la tête vers Bilbon, qui se tenait à côté de lui.
« Ecthelion a fait son choix, dit-il doucement, ayant suivi le regard de Thorin. Il va devoir vivre avec, désormais. Et puis, quelques années de séparation pourraient leur faire le plus grand bien. »
Pour tout le Gondor, Denethor, fils d'Ecthelion, partait veiller sur la construction des postes de garde à Dol Amroth, protégeant le Gondor de toute future invasion pirate. Juste parce que le Mordor était tombé, et Sauron avec lui, ne voulait pas dire que tous les pirates s'étaient unis sous une seule bannière pour le servir. Il y aurait d'autres pirates, par conséquent, Denethor partait.
La vraie raison était que Denethor du Gondor ne pouvait plus envisager de rester ici, dans la cité qu'il avait défendue et aimée. Pas tant qu'Ecthelion était encore là. Pas pour l'instant, du moins. Et il avait reçu une invitation de visiter la mer de la part de deux jeunes filles, qui se tenaient à ses côtés comme des gardes protectrices, même maintenant. Quand elles n'étaient pas occupées à lancer des regards charmés à Aragorn et Arwen, ou à glousser follement devant le tableau que formaient Kili et Legolas, du moins.
Finduilas, la plus jeune, regarda soudain Thorin, les yeux interrogateurs. Thorin se contenta de sourire et de hocher la tête. Satisfaite, elle se retourna vers la cérémonie.
Bilbon fronça les sourcils.
« C'était quoi, ça ?
- Elle s'inquiète pour vous, dit-il. Elle s'assure que vous êtes toujours là, à mes côtés. »
Non que Thorin ne passe pas son temps à vérifier, lui aussi. Cela ressemblait presque à un rêve, que Bilbon soit là, après avoir disparu si longtemps seul dans la nature. Bilbon était là, et il mourait d'envie de tendre le bras et d'attirer Bilbon plus près.
… Mahal, pourquoi ne le faisait-il pas ? Il céda et tira Bilbon vers lui, tout en veillant à ne pas lui faire perdre l'équilibre avec sa canne. Bilbon se contenta de sourire et s'appuya contre lui, levant son bras libre pour le poser sur celui de Thorin.
« Elle n'a pas besoin de s'inquiéter, murmura Bilbon. Et vous non plus. Croyez-moi quand je vous dis que je ne voudrais être nulle part ailleurs qu'à vos côtés. »
Ses joues rougirent à ces mots, mais il tint bon.
« Elle s'inquiétera quand même, dit Thorin. »
Tout comme lui.
« C'est votre amie. »
Ce dont Thorin était reconnaissant, à un point qu'il ne pourrait jamais entièrement exprimer à l'enfant et sa sœur.
Après la longue journée épuisante où il s'était réveillé et réconcilié avec Thorin, Bilbon avait été forcé de se reposer, tremblant et affaibli par ses blessures et son manque de nourriture convenable et de sommeil. Thorin avait songé à partir, à laisser son intimité à Bilbon, mais un regard au visage silencieux et implorant de Bilbon avait poussé Thorin à s'asseoir dans le fauteuil près du lit. Bilbon avait été seul assez longtemps : Thorin n'allait nulle part. Il s'était retrouvé à s'endormir peu après Bilbon, leurs mains entrelacées.
Le lendemain, Bilbon avait été plus fort, et il avait insisté pour aller voir ceux qui étaient dehors. Le cri de joie qu'avait poussé la compagnie avait été écrasant, mais la façon dont les épaules de Bilbon s'étaient affaissées de soulagement en valait la peine. Ils s'étaient tous rassemblés autour de lui, racontant des histoires joyeuses, partageant la bonne nouvelle des fiançailles de Fili et Dernwyn. Bilbon avait aussi offert ses félicitations à Kili et Legolas, sans même qu'on lui dise, puis avait froncé les sourcils de confusion quand tout le monde avait éclaté de rire. Kili, Thorin en était certain, avait boudé comme s'il avait de nouveau quarante ans.
Bard était là, lui aussi, et les oreilles de Bilbon étaient devenues rouges, embarrassé par les excuses qui étaient tombées des lèvres de l'homme. Il avait été rapidement pardonné avec un grand sourire sincère, et ils avaient discuté comme des amis par la suite. Thorin ne cesserait jamais d'être émerveillé par son hobbit et son cœur.
Puis Bilbon leur avait posé la question que Thorin avait redouté.
« Est-ce que Thengel est venu ? Où est-il au Rohan ? »
Personne n'avait répondu, et Bilbon n'avait eu qu'à regarder le visage de Dernwyn pour savoir la vérité. Il avait secoué la tête avec déni, de plus en plus violemment jusqu'à ce que Dernwyn s'avance enfin pour le prendre dans ses bras. Ils avaient pleuré ensemble pour la perte de leur ami et de leur roi. Thorin avait placé une main hésitante sur l'épaule de Bilbon avec solidarité, et Bilbon avait attrapé sa main si vite et si fort que Thorin avait vu ses doigts devenir blancs sous la pression.
C'est alors que deux jeunes filles étaient passées en courant même devant Dwalin, se précipitant vers Bilbon. Si Thorin n'avait pas été juste derrière lui, elles auraient fait tomber Bilbon. En l'occurrence, Thorin s'était retrouvé au milieu de joyeuses retrouvailles entre le hobbit et les deux jeunes filles. Quand elles s'étaient enfin reculées pour se présenter à tout le monde, Finduilas avait aperçu Kili et Legolas et été de nouveau folle de joie. Apparemment son neveu aussi s'était fait une amie.
Leur arrivée avait détourné le chagrin d'avoir perdu Thengel et l'avait remplacé par le rire et l'espoir. Bilbon avait enfin été forcé de s'asseoir, sa cheville et son corps las ne le soutenant plus, mais il avait refusé de retourner dans sa chambre. Il s'était assis et avait regardé les deux jeunes filles avec la compagnie, Dwalin lui-même souriant affectueusement de leurs pitreries, et il avait enveloppé sa main autour de celle de Thorin avec seulement un moment d'hésitation.
Mahal, Bilbon lui avait pardonné, juste comme ça, juste comme Thorin ne le méritait pas. Il secoua la tête encore maintenant, pensant à la façon dont il avait passé chaque moment d'éveil – et de sommeil, d'ailleurs – avec son hobbit. À la façon dont Bilbon l'avait laissé faire.
Bilbon se pencha un peu vers lui, et Thorin soutint prudemment son poids.
« Désolé, marmonna Bilbon. »
Ses joues étaient de nouveau rouges, mais pour une raison bien différente de tout à l'heure. Et cela, ce n'était pas quelque chose que Thorin allait tolérer.
« Vous n'avez aucune raison d'être désolé, murmura Thorin. La seule chose pourlaquelle vous devriez être désolé, c'est d'avoir été désolé en premier lieu. »
Bilbon renifla, mais il y avait un petit sourire sur son visage.
« Vous parlez comme Kili. »
Thorin fronça le nez, ce qui ne lui valut qu'un rire.
« Je suppose qu'il doit le tenir de quelqu'un, taquina Bilbon. »
Thorin roula des yeux. Quand Bilbon s'appuya davantage sur lui, cependant, Thorin n'hésita pas à soutenir son poids. Bien que 'poids' ne soit peut-être pas le bon mot. Bilbon ne pesait toujours pas grand-chose : il était trop maigre, et sa peau était encore trop translucide. Thorin avait à moitié peur qu'un rapide coup de vent ne lui enlève à nouveau son bien-aimé.
Mais il était en train de guérir. Et Thorin ne quitterait plus jamais son côté.
Tout le monde fit silence quand Aragorn fit un pas en avant. Une couronne épaisse fut tendue à Gandalf par Ecthelion, et le magicien la plaça lentement sur la tête d'Aragorn. Thorin craignit à moitié qu'Aragorn ne trébuche sous son poids, mais l'homme tint bon. Il pensa à la couronne qui l'attendait à Erebor et ne put qu'espérer qu'il en ferait autant lorsqu'elle serait placée sur son front.
Peut-être fut-ce à cause de la femme qu'Aragorn regarda quand la couronne fut abaissée. Thorin baissa les yeux vers Bilbon qui observait la cérémonie avec le plus doux, le plus gentil des sourires sur le visage. Son Bilbon, le sien. Le soleil se reflétait sur la broche épinglée soigneusement à sa poitrine. Thorin n'était pas certain que Bilbon l'ait enlevée depuis que Thorin l'avait remise en place. Sa main se resserra sur l'épaule de Bilbon, et le hobbit inclina juste assez la tête pour le regarder. La lumière qui avait manqué à Thorin, que Thorin avait piétinée et presque éteinte avec ses actions et ses paroles, elle était de nouveau dans les yeux de Bilbon, et il n'arrivait pas à croire que Bilbon était vraiment là. Il sourit à Bilbon, un sourire impuissant qu'il n'aurait pas pu retenir s'il avait essayé, et Bilbon lui rendit un sourire timide. Peut-être était-il tout aussi stupéfait que Thorin, que ce soit vraiment réel.
Aragorn se retourna et fit face à tout le monde, et une acclamation monta avant même qu'il ne puisse parler. Il eut un petit sourire avant d'offrir sa main à Arwen, sa Reine promise. L'acclamation monta davantage, pratiquement menée par les neveux de Thorin. Finduilas et Ivriniel n'étaient que trop heureuses d'y ajouter leurs propres voix, et le sourire d'Arwen était aimable et lumineux.
Enfin l'acclamation retomba et Aragorn parla.
« Ce jour n'appartient pas à un seul homme, ou même à une seule race, dit-il. Ce jour nous appartient à tous. Nous avons la paix, de nouveau, entre nos terres et tous les peuples de la Terre du Milieu. Ce jour est un jour de réjouissances. »
Un souffle de vent souffla doucement sur eux, et Thorin fronça les sourcils quand quelque chose flotta au bord de sa vision. Quand il se retourna pour regarder, cependant, il découvrit que l'arbre mort derrière lui n'était plus mort, mais en fleur. L'arbre du roi vivait de nouveau, et des murmures d'émerveillement parcoururent la foule tandis que les pétales volaient au-dessus d'eux.
Aragorn et Arwen commencèrent lentement à traverser la foule. Fili et Kili s'inclinèrent à l'unisson, de grands sourires sur le visage, et Aragorn leur adressa un hochement de tête en retour. Les gens s'écartèrent tandis que le Roi et sa Reine promise traversaient la foule. C'était magnifique et tellement différent du jour une semaine plus tôt, où Aragorn s'était battu pour sa vie aux Portes, que Thorin fut presque incapable de réconcilier les deux images. Comment tant de mort et de vilenie pouvaient-elles mener à tant de beauté et de grandeur ? Comment tant de haine pouvait-elle mener à tant de bonheur et d'amour ?
Avant qu'il ne s'en rende compte, Aragorn et Arwen étaient devant eux. Thorin leur adressa un signe de tête respectueux, et Bilbon leur offrit une révérence plus formelle de son mieux, étant donné qu'il s'appuyait encore sur Thorin et sa canne. Mais tandis qu'il se relevait, Aragorn s'avança et secoua la tête.
« Mon ami, dit-il. »
Son sourire était plein de larmes.
« Mon ami, ce n'est pas à vous de vous incliner. »
Et il s'agenouilla devant Bilbon, la tête baissée avec honneur.
Arwen s'agenouilla aussi, et tout le monde autour se mit à genoux. Thorin se sépara de Bilbon juste assez pour pouvoir s'agenouiller avec les autres. Quand il leva les yeux vers son bien-aimé, Bilbon semblait stupéfait, et ses yeux débordaient de larmes. Son regard passa sur la foule, d'hommes, d'elfes, et de nains qui s'inclinaient devant lui, et sa main se resserra sur sa canne. Il ne tiendrait pas debout beaucoup plus longtemps, c'était certain, pas quand il tremblait comme ça. Mais c'était important de bien plus d'une façon.
Parce que tout le monde ici connaissait la tâche extraordinaire que Bilbon avait non seulement entrepris volontairement, même au risque d'y aller seul, mais également réussie. Bilbon avait accompli ce qu'aucun homme, elfe, ou nain ne pouvait faire : il avait porté l'Anneau Unique jusqu'en Mordor, avait défié des orques et Sauron lui-même, et l'avait détruit. La tempête au-dessus du Mordor avait disparu, les forces de Sauron avaient été avalées par la terre, Sauron lui-même était détruit pour de bon, et tout cela était grâce à Bilbon. Tout le monde le savait, et Thorin croyait vraiment que tout le monde était au courant. Le message avait été transmis par des cavaliers à chaque royaume de la Terre du Milieu, racontant la défaite de Sauron, et lehobbit qui l'avait réalisée. Tout le monde en Terre du Milieu connaîtrait la grandeur et le courage de Bilbon.
Le seul être qui ne semblait pas l'avoir réalisé était Bilbon. Encore maintenant, Thorin n'était pas certain que Bilbon comprenne à quel point la foule autour de lui l'idolâtrait et l'adorait. Il avait sauvé chacun d'entre eux avec son geste désintéressé, et lui témoigner respect et honneur était une si petite chose à lui offrir. Bilbon méritait son propre royaume, une couronne toute à lui, chaque joyau qu'il puisse désirer, tout ce qu'il pourrait jamais avoir.
Mais pour Bilbon, Thorin savait que cela était plus que suffisant. Bilbon avait le seul joyau qu'il désirait, et il brillait au soleil, épinglé à sa veste. Il n'avait plus de manteau, mais cela changerait, quand ils retourneraient à Erebor. Bien des choses allaient changer.
Bilbon regarda vers lui, alors, bouleversé.
« Je ne mérite pas ça, murmura-t-il d'un ton implorant. Thorin, je ne-
- Vous méritez tout cela et plus, mon bien-aimé, répondit Thorin sur le même ton. Vous ne comprenez pas ce que vous avez accompli avec votre quête, avec votre gentillesse. »
Il regarda la foule avant de reposer les yeux sur Bilbon avec un sourire.
« Vous leur avez donné un futur d'espoir. »
Des larmes débordèrent et coulèrent sur les joues de Bilbon, et sa main libre se porta sur la broche. Elle s'y attarda juste un instant, puis sa main retomba sur le côté, cherchant Thorin. Thorin prit sa main sans se faire prier, la serrant fort. Je ne vous quitterai jamais. Vous êtes mon bien-aimé, mon trésor.
Quand Aragorn se leva enfin, et tous avec lui, il éleva la voix.
« Vive Bilbon Sacquet, celui qui a sauvé la Terre du Milieu ! »
Le cri résonna à travers le pays.
« Vive Bilbon Sacquet ! »
Et à travers ses larmes, Thorin observa tandis que Bilbon réussissait quand même à sourire.
(-)
Il la trouva à l'extérieur de la salle.
« Dernwyn ? demanda-t-il doucement. »
Dernwyn ne dit rien, ses yeux fixés sur la nuit. Fili s'avança vers elle et la vit frissonner. Sans hésiter, il ôta sa cape et l'enroula autour d'elle. Elle agrippa les pans et lui offrit un faible sourire. Se sentant mieux que quand il était sorti, il appuya une main dans son dos.
« Si froid, murmura-t-elle. Je n'avais jamais aussi froid, ici. Je pouvais me tenir dehors dans la nuit, pendant la partie la plus froide de l'hiver, sans jamais sentir le moindre frisson. Maintenant, j'ai l'impression d'être gelée. »
Elle baissa les yeux et secoua la tête.
« Un autre signe que je ne suis pas à ma place.
- Votre place est ici, tout comme elle est dans n'importe quel endroit que vous considérez comme chez vous, insista Fili. Le Rohan sera toujours votre foyer. Je ne vous enlèverais jamais ça. »
Elle le regarda alors, enfin, et son sourire était un peu plus sincère. Fili se pencha en avant et pressa un baiser sur sa joue. Sa tête vint s'appuyer contre son épaule, et Fili l'attira plus près.
Ç'avait été un long voyage, de revenir vers le Rohan avec les Cavaliers. Bard et les nains étaient retournés à Erebor et Esgaroth après avoir enfin été convaincu que la compagnie n'avait besoin de personne pour les garder. De plus, ce voyage était personnel. Quand bien même, plusieurs nains avaient insisté pour voyagé avec eux, plus que prêts à se joindre à la garde Rohirrim pour protéger le roi défunt tandis qu'il rentrait chez lui. Thengel avait été enveloppé d'herbes et de fleurs et des draps les plus fins du Gondor tandis qu'il voyageait une dernière fois à travers le Plateau. Fili ne connaissait pas un seul d'entre eux qui n'avait pas senti ses yeux brûler pour Thengel durant le voyage.
Quand ils avaient enfin atteint Edoras, plus de chagrin les avait accueillis. Morwen, Théoden, et Théodwyn les attendaient, avec le plus jeune et le bébé encore à naître. Théodwyn avait pleuré sur l'épaule d'Éomund, mais Théoden et sa mère s'étaient tenus aussi droits que possible, des larmes coulant sur leur visage.
Morwen avait quand même trouvé un sourire quand elle avait appelé Bilbon. Bilbon, qui avait monté un cheval sur une grande partie du chemin de retour, s'était lentement avancé, appuyé sur la canne qu'Oncle Thorin lui avait fabriquée. Et bien sûr, juste derrière lui, se trouvait Thorin lui-même. Si ces deux-là se séparaient jamais à nouveau, Fili mangerait sa chaussure.
Mais Morwen avait doucement parlé à Bilbon, quelque chose que Fili n'avait pas entendu, quand il avait vu la deuxième moitié du pendentif de cheval, il avait compris. Bilbon avait tremblé tandis qu'il pleurait et acceptait le pendentif, et alors seulement Morwen avait craqué, enveloppant Bilbon dans ses bras tandis qu'il la serrait dans les siens. Ils s'étaient tenus l'un à l'autre, en pleurant, devant tout Edoras.
C'était seulement quand Dernwyn s'était avancée que Théoden avait commencé à pleurer, de doux petits hoquets qu'il ne pouvait pas retenir. Dernwyn avait attiré les deux enfants de Thengel dans ses bras, tombant à genoux et s'agrippant à eux. Morwen s'était déplacée pour les envelopper tous dans ses propres bras, et Bilbon avait reculé pour se tenir à Thorin. Fili avait même vu Dwalin, celui sur qui on pouvait compter pour rester impassible face à son chagrin, s'essuyer les yeux avec de la peine sur le visage.
Bien que la journée ait été passée à voyager, et à partager le chagrin, et l'après-midi à conduire Thengel dans son dernier lieu de repos, personne ne fut assez fatigué pour se reposer. Et maintenant, tandis que les choses commençaient à se calmer, Dernwyn s'était levée et avait quitté la salle quand le récit des exploits de Thengel était devenu trop dur pour elle. Fili n'avait pas hésité à la suivre, bien qu'il ait hésité à l'approcher. Il ne l'avait jamais vue afficher tant de chagrin, même quand il l'avait tenue dans ses bras sur le champ de bataille après la mort de Thengel.
« Holdwine reste. »
Fili hocha la tête.
« Je sais. C'est le nouveau Capitaine. »
Haleth avait été plus qu'heureux de rendre le poste à Holdwine. Ç'avait été le seul élément positif de la journée : tandis qu'ils pleuraient ensemble, Holdwine avait émergé, marchant sur ses propres pieds, des salles. Bilbon et Dernwyn avaient tous deux couru vers lui, Bilbon plus lent que Dernwyn, et Holdwine les avait pris dans ses bras avec un grand sourire, même au milieu du chagrin évident.
Dernwyn se mordit la lèvre.
« Il est tout ce qu'il me reste de ma famille. Ma famille de sang. Morwen va diriger le Rohan jusqu'à ce que Théoden soit assez vieux pour le faire, et ils restent tous ici-
- On n'est pas obligés de partir, affirma Fili à mi-voix. »
Dernwyn s'interrompit.
« Quoi ?
- On n'est pas obligés de partir. Pas tout de suite, en tout cas. Je ne vous arracherais pas à votre foyer, si c'est ici que vous avez l'impression que vous devez être. »
Dernwyn cligna des yeux pour chasser le début de larmes, son regard fixé sur lui. Fili déglutit et poursuivit :
« Je veux vous offrir un nouvel endroit à considérer comme chez vous, cependant. Avec moi, et Kili, et mon Oncle, et Bilbon et tous les autres. À Erebor. Si les vents froids ne vous gênent pas, alors la brise qui traverse la montagne ne vous touchera pas. Ce serait vous et moi et ceux qui se sont battus à vos côtés. Ceux qui vous considèrent déjà comme leur famille. »
Dernwyn renifla.
« Bofur a dit qu'il voulait m'appeler sa nièce honoraire, dit-elle au bout d'un moment. »
Fili sourit. Ce serait exactement le genre de Bofur.
« Alors cela veut dire qu'il devra se tenir de votre côté au mariage. »
Elle frissonna, mais ça n'avait rien à voir avec le froid.
« Ça a l'air très officiel, dit-elle, et les larmes avaient disparu de ses yeux. Où se tiendrait Bilbon ?
- Où il voudrait, répondit Fili. »
D'ailleurs, il avait le sentiment que Bilbon ne choisirait pas de côté. Et Fili ne l'y forcerait pas : Bilbon le comptait comme sa famille, mais comptait Dernwyn comme sa famille aussi. Aujourd'hui ne l'avait que davantage prouvé.
Dernwyn émit un 'hmm', pensant apparemment à la même chose.
« Mon cœur a mal pour lui. Il a tant perdu. »
Cela, Fili pouvait en témoigner. Voir Bilbon pour la première fois depuis qu'il avait quitté le Rohan avait été un choc violent, alors même qu'il avait joyeusement attiré le hobbit dans son étreinte. Bilbon avait été si fragile, presque, et Fili avait détesté ça. Il voulait que Bilbon soit l'esprit indomptable qu'il avait été pendant leur voyage ensemble. Il voulait que Bilbon sourie à nouveau. Il voulait que son oncle sourie davantage.
Peut-être qu'ils le feraient, ensemble.
Elle jeta un regard vers les portes quand un rire résonna à l'intérieur.
« Mais peut-être qu'il a reçu quelque chose en retour. »
Elle inspira.
« Tout comme moi. Du bonheur au milieu de tout le chagrin. »
Elle eut un mince sourire, qui illumina ses yeux.
Fili n'aurait pu retenir son sourire s'il avait essayé.
« Quand nous retournerons aux forges, je vous fabriquerai une multitude de perles. »
Elles seraient magnifiques dans ses cheveux, ses longs cheveux dorés qui encore maintenant flottaient dans le vent nocturne.
« Vous pourrez toutes les porter au mariage, quand je prendrai votre main dans la mienne et promettrai mon cœur au vôtre.
- Est-ce le moment où je promettrai le mien au vôtre, aussi ?
- Seulement si vous le voulez. »
Il avait répondu d'un ton léger à sa question destinée à le taquiner, et cela fit monter un sourire à son visage, comme il l'avait espéré.
« On dirait que je m'y suis mal prise, alors, dit-elle, parce que je vous ai déjà promis mon cœur. Au Gondor, quand vous m'avez offert mon anneau avant la bataille aux Portes. »
Il avait chaud, trop chaud, et il vint de nouveau appuyer ses lèvres sur son front, avant de passer à sa bouche. Il marqua une pause, à un cheveu d'elle, et elle fronça les sourcils.
« Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle.
- Je vérifie si on nous écoute, dit-il. »
Elle lui donna un coup joueur sur le bras avant de combler l'espace entre eux, scellant ses lèvres sur les siennes.
(-)
« Je jurerais qu'ils sont plus brillants qu'avant notre départ ! Vous ne croyez pas ?
- Oh, absolument, acquiesça Legolas avec un fervent signe de tête. »
Gimli semblait content de lui, mais Legolas continua de croiser son regard jusqu'à ce que Gimli se retourne pour parler avec Fili et Dernwyn. Alors seulement il laissa sa tête retomber avec un soupir.
Ils n'avaient pas eu d'ennuis tandis qu'ils marchaient le long de la Forêt Noire. Les arbres à sa gauche étaient peut-être une nuance plus clair qu'avant, et Legolas voyait vraiment le soleil illuminer le sol au-delà de la frontière de la forêt. Peut-être allait-elle mieux qu'avant. Mais elle ne serait jamais ce qu'elle avait été autrefois.
Une main vint se poser sur son bras, et Legolas jeta un regard à son fiancé.
« Elle est vraiment belle à regarder, dit Kili en désignant la forêt de la tête. Je parie que ça ne prendrait pas longtemps du tout à nettoyer. »
Son superbe Kili, plein d'espoir.
« Avec les ténèbres chassées du pays, je ne pense pas que ça mettra longtemps du tout, acquiesça-t-il. »
Il jeta un regard à Gimli et sourit enfin.
« Bien sûr, certains d'entre nous pensent que ça pourrait être fait en une journée.
- Gimli pense que beaucoup de choses pourraient être faites en une journée, dit Kili avec ironie. »
Le sourire de Legolas ne fit que s'élargir.
« Il apprendra à la dure. »
Il fronça le nez et sa voix s'éleva un peu plus.
« Mahal, j'ai l'air vieux comme mon Oncle. »
Le reniflement qui se fit entendre ne venait pas de Legolas, mais de Bilbon, à moins de deux chevaux devant eux. Thorin, qui chevauchait à côté de lui, se retourna pour jeter à Kili un regard incendiaire qui aurait fait s'étioler n'importe qui d'autre, mais Kili se contenta de sourire largement. Legolas savait que Thorin pourrait fusiller du regard et menacer autant qu'il voulait, mais il n'y aurait jamais de vraie colère derrière : Bilbon souriait et riait toujours, et le nain aurait donné tout son or pour cela. Les sourires de Bilbon étaient encore trop rares ces jours-ci.
Mais ils grandissaient, lentement mais sûrement. À chaque pas vers Erebor, Bilbon était un peu plus libre avec ses sourires, plus prêt à rire et sourire d'une blague lancée au hasard. Cela avait mené à des blagues assez pitoyables de tous les nains, y compris certaines bien colorées de Dwalin, pour essayer de le faire rire. Ce qu'ils ne semblaient pas comprendre était que Bilbon riait plus de leurs tentatives pour plaisanter que des des blagues elles-mêmes. Legolas ne pensait pas que ça dérangeait tellement les nains. Pas quand ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient, à savoir faire sourire Bilbon.
Même maintenant, quand Bilbon tourna son sourire vers Thorin, Thorin répondit avec un sourire lumineux qui fit grimacer Bofur et Dwalin dans son dos. Legolas se contenta de secouer la tête et de sourire. Ils avaient beau prendre des airs, les deux nains étaient heureux d'avoir retrouvé Bilbon, et avaient fait parti des premiers à les soutenir quand Thorin et Bilbon s'étaient pris la main.
Et puis, Legolas était à peu près certain que Thorin savait exactement ce qu'ils faisaient. Mais qu'il s'en fichait juste.
« Tenez. »
Legolas détourna son regard de la forêt – et quand avait-il recommencé à la fixer ? - pour le poser sur Kili, qui lui offrait une petite perle.
« Je, euh, je l'ai taillée. Dans le bois, dit-il quand Legolas la prit. Il m'a semblé que ça vous irait mieux que du métal forgé. »
C'était un bois magnifique, soigneusement poli, et formant une spirale autour de la perle se trouvait la forme d'une feuille. Elle était peinte en verte, et Legolasla caressa du doigt avec révérence.
« Legolas Vertefeuille, dit Kili, d'une voix soudain nerveuse. C'est ça ? »
Si les Valar eux-mêmes descendaient à ce moment et regardaient dans son cœur, ils ne trouveraient rien d'autre qu'une montée tourbillonnante d'émotions qui se mélangeaient toutes pour former la plus grande dose d'amour que Legolas ait jamais ressenti.
« Vous devrez la mettre dans une tresse pour moi, dit-il. »
Il ne fut pas surpris de trouver sa voix étranglée.
« Je ne sais pas si je saurais. »
Kili cligna des yeux, surpris, avant de sourire si largement que Legolas crut presque que son visage allait s'ouvrir en deux.
« Absolument, jura-t-il. Je peux faire ça. Je peux tresser vos cheveux avec une tresse d'intention.
- Est-ce que ça ressemble à ça ? demanda Legolas en hochantla tête vers Thorin. »
La grosse tresse qui pendait sur le côté de son visage donnait l'impression que deux tresses avaient été entremêlées jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une. Il ne savait pas quand Thorin avait fait la tresse, mais se souvenait que le nain avait porté une tresse très différente avant la bataille aux Portes Noires. Kili hocha la tête.
« Première tresse qu'il a mise, après que Bilbon se soit réveillé. Je ne crois pas qu'il l'a enlevée depuis.
- J'aimerais une tresse comme ça, lui dit Legolas. »
Il saisit la main de Kili dans la sienne et sourit.
« J'aimerais beaucoup une tresse comme ça. »
Kili serra sa main.
« Dès qu'on arrivera à Erebor on est presque à Esgaroth. Peut-être que je peux faire ça là-bas, voir si je ne peux pas emprunter une brosse ou quelque chose ?
- Je peux attendre, promit Legolas. »
La perle semblait brûler contre sa peau, un vœu d'intention qui envoya un frisson à travers son cœur. Il n'avait pas besoin d'une forêt, pas quand il avait Kili à ses côtés. Il avait fait son choix, et il n'en dévierait pas pour toutes les forêts du monde.
Il ne regarda plus la forêt sur le reste du chemin, mais Tauriel si, chevauchant à côté de lui. Elle observa davantage de lumière s'infiltrer entre les ombres, les chassant au loin, et un sourire rare s'afficha sur son visage.
(-)
« Thorin ? »
Rien.
Bilbon ouvrit lentement la porte des appartements. De leurs appartements, même si Thorin avait insisté pour qu'une section de l'aile supérieure soit donnée à Bilbon et à Bilbon seul. Pour toute intimité dont il pourrait manquer, mais Bilbon ne manquait de rien. Pas quand tout ce qu'il voulait était Thorin, et qu'il savait que le cœur du roi était à lui. Thorin était à lui, et cela ne cessait jamais de faire battre son cœur plus fort à cette idée.
Mais pour l'instant, son roi était introuvable, ce qui était en quelque sorte un problème, étant donné qu'il était censé être couronné par Gandalf dans... oh, quelques petites minutes.
« Thorin ? appela-t-il encore. »
Puis il s'arrêta. Là, les mains appuyées contre la petite table près du mur, face au large miroir, se trouvait Thorin. Le nain avait la tête baissée, ses cheveux tombant devant son visage. Ses tresses étaient immaculées, maintenant la majorité de ses cheveux en arrière en-dehors de quelques tresses plus lâches qui cachaient son visage. Les morceaux de mithril dans ses cheveux semblaient refléter la lumière des fenêtres ouvertes, et Bilbon pensa au jour où il les y avait mises. Est-ce que c'était seulement ce matin-là ?
Il savait qu'il avait été entendu. Aussi silencieux qu'il puisse être quand il le voulait, Bilbon ne fit aucun effort pour dissimuler ses bruits de pas ou la fermeture de la porte.
« Thorin, tu vas être en retard à ton propre couronnement, dit-il avec un sourire. »
Le sol froid était agréable contre les petites cicatrices sur ses pieds qui restaient encore de sa randonnée à travers le Mordor, bien qu'il ne fasse pas de bien à sa cheville. Il était content de porter un long pantalon pour l'événement aujourd'hui : cela lui permettait de bander sa cheville aussi serrée que possible. Il entrerait dans cette salle du trône sans sa canne.
Thorin ne lui répondait toujours pas. Le sourire de Bilbon commença à disparaître.
« Thorin, est-ce que ça va ? demanda-t-il doucement. »
Son front se creusa avec inquiétude. Est-ce que Thorin allait bien ce matin ? Il ne s'en souvenait plus : tout avait été tellement rapide. Fili et Kili couraient partout avec Dernwyn et Legolas, essayant de s'assurer que tout soit exactement comme ça, aidant plus que Bilbon ne s'y était attendu. Dwalin et Balin avaient certainement été occupés, et Ori avait désespérément essayé de tout écrire et de se préparer pour l'événement. Ce serait une journée mémorable, et Bilbon était à peu près certain que chaque nain, homme, et elfe qui pouvait venir serait là.
Ce ne serait pas un aussi grand événement si leur roi n'était pas là.
« Vous commencez à m'inquiéter, dit Bilbon. »
Il atteignit enfin Thorin. Il posa une main sur son bras et sentit à quel point les muscles du nain étaient tendus sous sa tenue de couronnement.
« Thorin, qu'est-ce qui ne va pas ? »
Quand Thorin ne voulut toujours pas lui répondre, Bilbon tira sur son bras, retournant le nain de façon à lui faire face. Étonnamment, Thorin ne résista pas plus que s'il était une marionnette entre les mains de Bilbon. Le froncement de sourcils de Bilbon s'accentua.
« Thorin- »
Quand il aperçut le visage de Thorin, Bilbon resta bouche bée. Le visage de Thorin était couvert de larmes, sa barbe presque trempée, et ses yeux étaient rouges. Tandis que Bilbon regardait, de nouvelles larmes s'échappèrent et coulèrent sur ses joues. Il semblait loin d'un roi triomphant, proclamant joyeusement son droit à régner.
Il avait l'air d'être la créature la plus malheureuse de toute la Terre du Milieu en ce qui aurait dû être le plus beau jour de sa vie.
« Thorin, dit Bilbon avec impuissance. »
Il tendit la main pour essuyer des larmes de ses joues. Thorin frissonna mais ne bougea pas. Il s'appuya contre la main de Bilbon, cependant, comme s'il était affamé de contact, et soudain Bilbon eut le terrible sentiment qu'il savait ce qui avait commencé cela.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il quand même. »
Quand Thorin leva enfin les yeux vers lui, plein de haine de soi et de malheur, Bilbon sut qu'il avait raison. Cependant, il attendit que Thorin parle. Quand il le fit, ce fut tout ce que Bilbon n'avait pas voulu entendre.
« Comment pouvez-vous vous tenir là ? dit Thorin d'une voix étranglée. »
Il ne fit aucun geste pour toucher Bilbon, ne prenant que ce qu'offrait le hobbit.
« Comment pouvez-vous vous tenir là avec moi ?
- Thorin, murmura Bilbon. »
Il n'avait pas les mots. Il leva son autre main pour entourer le visage de son promis, et Thorin ferma les yeux.
« Je ne peux pas vous demander de retourner dans cette pièce, dit Thorin. »
L'estomac de Bilbon se tordit. Alors il avait remarqué.
« Je sais que vous en avez peur.
- Je n'en ai pas peur, rétorqua Bilbon. »
Il fut récompensé par le regard sévère qu'il savait que son commentaire méritait.
« Non, vraiment. »
Non, il rêvait seulement de cette pièce, de Thorin rageant et menaçant de le tuer, d'être chassé et banni, quelques nuits par semaine. Et il avait pris grand soin de ne pas y entrer avec les autres. Il s'était assuré que Fili ou Ori s'occupaient de ce qui devait être fait là-dedans.
Une fois seulement il y était entré, depuis leur retour à Erebor. Il avait fait l'erreur d'y entrer la nuit, seul, aussi la salle avait-elle été sombre et froide avec seulement quelques bougies pour éclairer le chemin. Il avait fixé le long chemin qui menait au trône, avait regardé le sol qui se terminait et laissait le couloir de pierre suspendu en l'air, et avait pensé à tomber, à être poussé au sol et mis de côté, au terrible cœur brisé et à l'injustice et à la douleur qu'il avait ressentis tandis que les yeux de Thorin le regardaient avec haine.
Il n'y était pas retourné depuis. Il n'en avait parlé à personne, et avait continué, eh bien, sa vie. Il n'avait ni acquiescé ni contredit les commentaires sur l'état de la pièce, et il n'avait certainement pas cessé d'aimer Thorin. C'était son combat et le sien seulement, et il avait eu l'intention d'y faire face aujourd'hui, à côté de Thorin.
Sauf... sauf qu'apparemment, il avait été remarqué, et par la personne qu'il avait le plus souhaité garder dans l'ignorance.
« Vous la craignez, dit Thorin, mais sa voix était teintée de chagrin. Vous me craignez.
- Ça suffit, maintenant, dit fermement Bilbon. »
Thorin releva brusquement la tête.
« Je crains Kili plus que vous, et craindre Kili est une peur saine et bien-fondée. Les bêtises que fait votre neveu me dépassent.
- Bilbon-
- Je ne vous crains pas, dit-il, plus doucement. »
Il attira le visage de Thorin assez près pour que leurs fronts se touchent et ils partagèrent leurs respirations.
« Je ne vous craignais pas, vraiment, même à l'époque. J'avais peur pour vous. J'avais tellement mal que j'ai cru que mon cœur allait se déchirer. Mais je ne vous craignais pas, et je ne crains pas cette pièce. »
Il inspira profondément.
« Si je crains quelque chose, je suppose que c'est... le passé. J'ai peur des souvenirs, ce qui est ridicule, car les souvenirs ne peuvent pas me faire de mal à moins que je les laisse faire. »
Ce qu'il avait fait, mais penser au cauchemar qui l'avait réveillé quelques nuits plus tôt ne valait pas la peine, surtout quand Thorin se souvenait de cette nuit avec autant de misère que Bilbon. Il n'était pas en Mordor, il était ici, avec un Thorin, en une journée qui était censée être heureuse et brillante. Il secoua la tête.
« Et je refuse de les laisser faire. Vous êtes ici, avec moi, et vous êtes mon nain, et peste, nous allons entrer là-dedans ensemble. Je ne vais pas laisser une pièce m'arrêter, et vous ne devriez pas non plus. »
Il pinça fermement les lèvres.
« Compris ? »
Il en avait assez d'être inquiet et effrayé. Thorin était venu pour lui, à travers les flammes du Mordor et la Terre du Milieu. Encore maintenant, la plus grande inquiétude de Thorin était lui, ce que ressentait Bilbon, si Bilbon le craignait autant qu'il craignait la salle du trône, et à cet instant, Bilbon était certain qu'il aurait pu marcher à nouveau en Mordor et affronter le terrible Œil deSauron lui-même.
Comparé à ce qu'il avait fait, une salle du trône serait décidément facile.
Thorin le contempla longtemps, comme émerveillé. Bilbon n'était pas exactement certain de ce qu'il avait fait pour mériter ce regard cette fois il avait l'habitude de le voir à n'importe quel moment, dernièrement. La dernière fois qu'il l'avait reçu, il venait de sortir du bain, peignoir enveloppé autour de lui tandis qu'il se séchait les cheveux. Il parlait de quelque chose de politique, il en était certain. Comme ce que Thorin devrait faire pour aider la nouvelle agriculture prospère de Dale, et comment Bilbon pouvait en gérer certaines parties.
Il n'était pas certain de pourquoi Thorin l'avait regardé avec tant d'émerveillement, comme il le faisait maintenant, comme si Bilbon était le plus grand trésor que le monde lui avait jamais donné, et oui, il le disait assez souvent, mais Bilbon ne savait pas pourquoi-
Thorin tendit enfin les bras vers lui et leva des mains tremblantes pour entourer le visage de Bilbon. Sa voix, cependant, ne tremblait pas.
« épousez-moi, dit-il. »
Le monde de Bilbon ne s'arrêta pas, exactement il glissa plutôt jusqu'à s'immobiliser et trébucha quand il essaya de se redresser. C'est-à-dire que Bilbon ne pouvait plus penser du tout.
« Quoi ? demanda-t-il d'un air hébété.
- épousez-moi, répéta Thorin. Quand nous retournerons dans la Comté pour arranger vos affaires.
- J'y vais avec Kili et Legolas et Bofur, dit Bilbon, dont l'esprit ne les avait pas encore complètement rattrapés. Vous, vous ne pouvez pas y aller, vous serez roi.
- Si vous croyez que je vais vous laisser faire seul tout le chemin de retour vers la Comté, vous avez manifestement endommagé votre tête et je dois appeler Oin, dit fermement Thorin. »
Bilbon pensa à protester qu'il ne serait pas seul, mais ce n'était pas vraiment le sujet de la conversation, n'est-ce pas ? La partie la plus importante était...
« épousez-moi. Vous m'avez dit pendant notre voyage vers Erebor qu'il y avait un arbre à Hobbitbourg, un grand arbre, où-
- Ceux qui voulaient se marier étaient unis, murmura Bilbon. »
Il pensa au vieil arbre sur la grande colline par-delà la rivière, différent de l'arbre des fêtes, mais quand même tenu avec une célébration joyeuse. On pouvait se marier en ville où tout le monde pouvait se tenir et vous accueillir avec joie, ou...
Ou on pouvait se marier sous l'arbre, si la fête était un autre jour. Les branches faisaient un sacré parapluie, abritant de la pluie qui aurait ruiné un autre mariage. Peu de gens pouvaient se tenir sur la colline tant elle était petite et étroite. Ce serait eux deux sous les branches, Thorin portant peut-être une tunique bleu foncé avec les manches relevées pour que Bilbon puisse mieux tenir ses mains et ses poignets tandis qu'il jurait d'être avec lui jusqu'à la fin de ses jours.
Il avait le vertige, la chambre tournoyait devant les possibilités, et ensuite il réalisa qu'il n'avait rien dit depuis un certain temps. Thorin le contemplait anxieusement, ses mains n'entourant plus le visage de Bilbon avec autant de certitude. Il ouvrit la bouche pour parler, probablement faire de terribles excuses hésitantes, et Bilbon avait eu assez de ça.
Il saisit Thorin par ses robes et se jeta en avant. Ses lèvres s'écrasèrent sur les siennes, et Bilbon put sentir le goût des larmes. Thorin l'attrapa par la taille et l'attira plus près, et oh, ses lèvres, elles s'ouvraient pour lui et Bilbon ne put s'empêcher de lécher l'intérieur de la bouche de Thorin. Le goût de Thorin était là parmi le sel amer des larmes, et sa main glissa vers le haut pour emmêler les tresses de Thorin.
« Thorin, il est l'heure ! Presque trop tard ! »
Les paroles de Balin les incitèrent à se séparer, bien qu'avec réticence.
« Plus tard, promit Thorin. Après que vous et moi ayons affronté le passé. Alors vous et moi aurons tout le temps pour nous.
- Oui, dit Bilbon. »
Il se sentait euphorique, et Thorin souritenfin.
« J'aurais dû demander à vous parler plus tôt, si j'avais su que vous m'embrasseriez comme ça-
- Non, je veux dire, oui, essaya d'expliquer Bilbon, et Thorin fronça les sourcils. Oui, je veux vous épouser. »
Durant ses longues années, il y aurait quelques souvenirs qui resteraient d'une clarté parfaite, même dans ses vieux jours, et celui-ci en faisait partie. Le visage de Thorin s'éclaircit de ses doutes et de ses froncements de sourcils et laissa place à un visage empli de tant d'espoir et de tant de joie qu'il en sembla douloureusement jeune.
« Oui ? demanda à nouveau Thorin, comme s'il ne pouvait pas s'en empêcher.
- Oui, dit Bilbon. »
Et soudain il eut envie de sauter sur place comme un enfant. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, et il se demanda s'il allait se mettre à flotter dans les airs, tant il se sentait léger. Il laissa échapper un rire qui ressemblait plus à un gloussement haut-perché et il s'en fichait.
« Oui, oui, oui- »
Puis il volait et Thorin le soulevait dans ses bras et les faisait tous deux tournoyer. Bilbon enroula ses bras autour de lui, son rire lumineux et exubérant. À lui. Thorin allait être à lui. Ils allaient se marier, et Bilbon se demanda s'il devait porter une couronne, oh, il espérait que non, il n'aimait pas avoir beaucoup de choses dans les cheveux-
La couronne. Le couronnement.
« Thorin, le couronnement ! cria Bilbon. »
Thorin le reposa immédiatement au sol.
« Il faut qu'on vous sorte d'ici, il faut qu'on y aille-
- Patience, dit Thorin. »
Mais il souriait de nouveau, et son visage n'était plus aussi rouge qu'avant. Ses yeux étaient encore rouges, et Bilbon regarda autour de lui à la recherche de la bassine. Il ne fallut pas longtemps pour trouver l'eau encore fraîche et un chiffon etramener le tout à Thorin. Doucement il essuya les traces de larmes et apporta du soulagement à ce qui devait être des yeux douloureux.
« Là, dit Bilbon en souriant. Beaucoup mieux. Vos sujets ne peuvent pas vous voir chagriné, n'est-ce pas ? Aucune raison de se chagriner, de toute façon. »
Thorin l'attrapa soudain et le serra contre lui, et Bilbon se souvint du jour si longtemps auparavant, où il s'était tenu haut dans les airs avec un nain blessé enveloppé autour de lui, la Montagne Solitaire dans la distance.
« Par Mahal, Bilbon, murmura Thorin. Vous ne comprenez pas ce que vous représentez pour moi, ou ce que vous avez fait pour moi. Mon magnifique, merveilleux bien-aimé. »
Bilbon sentit ses joues se réchauffer et se demanda s'il aurait besoin du chiffon avant qu'ils aient fini.
« Allons, avant que Balin n'enfonce la porte, dit-il. Vous savez qu'il est juste là à vous attendre.
- Je sais, dit Thorin avec un sourire. Tout comme je sais qu'il tape du pied anxieusement. »
Thorin avait raison : Balin les attendait, ses bottes martelant un staccato contre le sol de pierre.
« Prêt ? demanda-t-il, bien qu'il hausse les sourcils en les voyant.
- Oui, dit Thorin. »
Bilbon pensa au mot et à la façon dont il l'avait dit peu de temps avant, et mariés. Sa main dans celle de Thorin pour le reste de sa vie. Époux. Il aurait un époux.
Ce fut cette idée qu'il garda avec lui tandis qu'ils entraient dans la salle du trône vers la foule en liesse. Ils remontèrent l'allée principale, et quand ils traversèrent le gouffre, Bilbon ne pensa pas à tomber ou à être rejeté. Il pensa au bras de Thorin enroulé soigneusement autour du sien, au pouce de Thorin caressantsa main là où personne ne pouvait le voir.
Il pensa au regard sur le visage de Thorin quand Bilbon avait dit oui, et il sourit si largement qu'il crut que son visage allait se fendre en deux.
Thorin les fit se retourner pour faire face à la pièce, et il y avait tant de gens que Bilbon ne pouvait même pas imaginer comment ils étaient tous rentrés. Thorin leva une main et ils l'acclamèrent à nouveau. Ils l'adoraient, et Bilbon savait pourquoi. Son nom était venu du Gondor et du Rohan, et il avait été salué par beaucoup comme Thorin le Brave, Thorin le Sans-Peur, Thorin le Tueur d'Orques. Même les hommes d'Esgaroth et de Dale le regardaient avec de l'admiration dans les yeux.
La couronne lui allait bien quand Gandalf la déposa sur sa tête. C'était une nouvelle couronne, que Thorin avait aidé à forger lui-même, faite de mithril et d'or ensemble, une branche de chêne entremêlée dans les veines d'or. Bilbon plaça une main sur sa broche et sourit.
« Salut au Roi d'Erebor, dit Gandalf. »
Thorin se retourna alors enfin en tant que vrai Roi pour faire face à ses sujets. L'acclamation résonna à travers toute la montagne.
« Salut au Roi Thorin d'Erebor ! »
Gandalf jeta un regard à Bilbon et fit un clin d'œil.
« Et salut à son promis, Bilbon Sacquet ! dit-il. »
Et comment est-ce que Gandalf avait su ?
Une autre acclamation monta, aussi forte que la première, et Bilbon fut certain qu'il rougissait jusqu'aux orteils. Cependant, quand Thorin tendit la main, Bilbon la saisit, et ils levèrent les bras ensemble. Sur la droite, Fili et Dernwyn étaient avec Kili et Legolas, et tous quatre lancèrent leur propre acclamation rapide, en dépit qu'ils se tiennent eux-mêmes près du trône. La compagnien'était pas loin, vers l'avant de la pièce, avec Dwalin veillant sur Ori tandis que le scribe notait le moment avec un grand sourire. Ce n'était pas quelque chose dont Dori et Nori avaient été particulièrement ravis, quand ils avaient découvert la relation, mais Ori avait tenu bon. Manier le marteau de guerre d'un air détaché n'avait pas fait de mal non plus.
Mais ils étaient heureux, et Fili et Dernwyn se tenaient la main, et même Kili et Legolas étaient admirés avec de grands sourires. Et Bilbon était là, avec Thorin, leurs mains serrées ensemble. Pour toujours.
Bilbon pensa à la broche sur sa poitrine, à l'arbre qui continuait sans fin.
« Vous allez aimer l'arbre à cœur, murmura-t-il à Thorin tandis que les acclamations continuaient. Les branches sont toutes entremêlées, comme sur ma broche.
- Alors je vais l'adorer, répondit Thorin sur le même ton. »
Ils échangèrent un sourire. Bilbon était à peu près certain qu'il se souviendrait toujours de cette salle du trône comme de l'un de ses endroits préférés, maintenant. Il regarda l'endroit où il était tombé si longtemps auparavant, où Thorin avait ragé et l'avait banni comme traître, puis regarda l'endroit où il se tenait désormais, avec la main de Thorin dans la sienne et la promesse d'un mariage devant lui.
Il serra la main de Thorin et sentit Thorin serrer la sienne à son tour.
Et quand il rêva cette nuit-là, ce fut de Thorin et lui-même sous l'arbre à cœur, des lanternes suspendues aux branches, les mains du nain tenant les siennes en une promesse.
Fin
Ou pas. Vous pouvez, bien sûr, décider de vous arrêter ici mais si comme moi vous avez toujours envie de savoir ce qui se passe ensuite, la saga entière est faite pour vous.
Comment les hobbits réagiront-ils au retour de Bilbon, et au récit de ses aventures ? Legolas, Tauriel et Dernwyn s'habitueront-ils à vivre à Erebor ? Balin ira-t-il quand même reprendre la Moria alors que Thorin est vivant ?
Bilbon n'a-t-il pas pardonné trop facilement à Thorin ? La Forêt Noire peut-elle vraiment être nettoyée ? Qu'adviendra-t-il de Frodon quand ses parents vont mourir ?
Pour savoir tout ça, il faudra lire les suites... Qui commenceront à arriver mercredi, alors soyez à l'affût ! Je rappelle qu'elles seront sous forme de compilation, dont le titre sera 'Le Futur Modifié'. Les titres des chapitres seront ceux des fics.