"Même la plus petite personne peut changer le cours de l'avenir." - Galadriel
En tentant de récupérer l'Arkenstone pour Thorin, Bilbon découvre que l'anneau qu'il utilise est l'Anneau Unique. Saisi par un besoin de détruire l'or, en particulier de l'or avec la capacité de piéger créature comme roi, il se met seul en route vers le Mordor. Tout pour oublier l'amour que l'or lui a coûté.
Ce qu'il ignore est que Thorin n'est plus sous l'emprise de l'or, et a entrepris une course désespérée pour le rattraper afin de le protéger.
Ils pourraient bien avoir commencé une nouvelle aventure, mais celle-ci pourrait ne pas se terminer aussi bien que leur première quête.
Notes de l'auteur
Me voilà ambitieuse à écrire le plot bunny qui ne veut pas me laisser tranquille. Il y aura des coeurs brisés. Il y aura de l'angst. Des gens vont probablement mourir. Je vais massacrer le canon comme personne.
Mais il y aura des sentiments et je prévois un grand final à la Retour du Roi avec beaucoup de merveilleux sentiments, alors soyez patients.
Dans ma version, la fièvre de l'or commence en quelque sorte à se saisir de tout le monde, parce qu'honnêtement, il y a beaucoup de mal dans le monde, beaucoup d'hommes/d'elfes/de nains en colère et le meilleur remède à tout c'est L'AMOUR. Tant de bonnes personnes sont tordues qui pourraient ou ne pourraient pas être sauvées en fonction de l'amûûûr. Voilà.
Notes de la traductrice :
Cette série est MASSIVE (allez voir en VO si vous ne me croyez pas). Merci à authoressjean qui m'a autorisée à la traduire. Merci à Colinou qui me sert de beta.
Cette série a été commencée entre la sortie du premier et du deuxième film, donc pour tout ce qui ne colle pas avec le deuxième, dites-vous que c'est pour ça.
J'aime le principe des podfics, aussi quand chaque fic sera finie, si ma tablette me permet un enregistrement de bonne qualité et que je trouve à le mettre en ligne, je le ferai.
En attendant je traduis en musique, et en ce moment c'est sur la musique de la saison 4 de Game of Thrones.
Pour le début (jusqu'à la bibliothèque) : I'm Sorry For Today
De la découverte de l'Anneau à la fin du chapitre : Mereen
L'Anneau Unique découvert
Banni. Il y avait un air de finalité à ce mot. Certainement lorsqu'il était prononcé par un roi en rage, sa voix tonnant pour que chacun l'entende. Peu importait que juste quelques jours plus tôt, le même roi l'ait couvert de cadeaux avec un sourire, un sourire qui lui était réservé. Peu importait qu'il lui ait offert le cadeau le plus précieux qu'on ait jamais offert à Bilbon.
"Vous voudriez faire un autre échange, Maître Hobbit ? demandait Bard."
L'homme semblait encore plus grand et plus imposant qu'auparavant. Il avait certainement l'air plus en colère, un feu brûlant au fond de son regard. Thorin avait un regard similaire à présent, Bilbon l'aurait parié. Il repoussa ces pensées.
"En effet. Je viens vous offrir de l'or et des trésors, en grande quantité, venant droit des salles d'Erebor.
- En échange de la pierre."
Bilbon acquiesça. Il la voyait, sur une table derrière Bard. Oh, comme il haïssait cette pierre. Elle était maudite. Condamnée à détruire la lignée de Durin. Condamnée à détruire Thorin et tout ce qu'il y avait de bon chez le nain. La façon dont ses yeux se plissaient quand il souriait, son rire profond, sa main solide sur l'épaule de Bilbon-
"Nous avons déjà fait un échange. Je commence à me demander s'il y a le moindre honneur chez les hobbits."
Paroles douloureuses, mais il tenta de le dissimuler.
"Il y a beaucoup d'honneur ; je vous offre ce que Thorin vous a refusé, ce que vous voulez pour votre peuple. Il y a ici beaucoup d'or, plus qu'assez pour rendre à votre ville sa gloire."
Plus qu'assez : un quatorzième du trésor, qu'il n'avait pas eu l'intention de prendre à l'origine. Peut-être quelques pièces, en guise de souvenir. Mais quand Thorin l'avait chassé, il avait pris tout, déjà chargé sur plusieurs poneys, et s'était dirigé droit vers Lacville.
Les yeux de Bard parcoururent la grande pile de coffres derrière Bilbon. Bilbon sentait son coeur palpiter dans sa poitrine, l'anxiété le saisissant jusqu'à ce qu'il pense ne plus pouvoir respirer. J'ai juste besoin de la pierre. S'il vous plaît.
Peut-être... Peut-être qu'elle ferait changer Thorin d'avis. Peut-être Bilbon pourrait-il récupérer son roi.
"J'accepte."
Bilbon n'avait pas réalisé qu'il retenait sa respiration jusqu'à ce qu'elle lui échappe dans un soupir soulagé.
"Je voudrais une dernière chose de votre part, hobbit, poursuivit Bard."
Bilbon se retourna lentement pour lever les yeux vers l'homme. Il faisait une silhouette terrifiante, le feu rugissant derrière lui projetant son ombre vaste sur le mur. Ses yeux perçaient jusqu'à la peau de Bilbon, et il résista à l'envie de s'envelopper davantage dans sa veste.
"Oui ?" hasarda Bilbon quand rien d'autre ne vint.
Les yeux de Bard glissèrent du visage de Bilbon à sa poitrine.
"Cela, dit-il en pointant son doigt. Je veux cela également. Alors et seulement alors je relâcherai l'Arkenstone."
Bilbon cessa de nouveau de respirer. Pas son cadeau. Pas la dernière chose qu'il lui restait de Thorin. Il essaya de pousser un rire détaché mais ne réussit qu'à s'étouffer en demandant :
"La broche ?
- Oui, la broche. Pourquoi, représente-t-elle également quelque chose pour le roi ? demanda Bard en haussant un sourcil."
Autrefois, c'était le cas. Quand ils erraient dans les champs, en direction de la Foret Noire, et qu'ils avaient eu un moment pour eux au camp, Thorin la lui avait offerte. Son père l'avait offerte à la mère de Thorin, avait-il dit à Bilbon. Sa mère la lui avait donnée avant de mourir.
"Pour l'offrir à quelqu'un que j'appellerais bien-aimé, avait murmuré Thorin en épinglant la babiole sur la veste de Bilbon."
Deux fils de métaux, l'un en mithril, l'autre en or, était entrelacés jusqu'à ne plus pouvoir différencier les deux tant ils étaient unis. Bilbon avait pensé que Thorin était le mithril : fort, incassable, beau, et protégeant l'or plus doux et inférieur.
"Eh bien, Semi-Homme ?"
Bilbon détestait ce nom. Comme s'il était la moitié de quoi que ce soit.
Mais Bard avait toujours les yeux sur la broche, et Bilbon voulut le repousser. C'était tout ce qu'il lui restait vraiment de Thorin, le seigneur nain, avant qu'il ne devienne Roi. Avant qu'il ne chasse Bilbon.
"Elle ne représente rien pour le roi, dit-il à voix basse. C'est... c'est juste une babiole."
C'était tout ce qu'elle valait, désormais.
Il y avait un triomphe dans les yeux de Bard, et Bilbon réalisa que l'homme savait que la broche représentait quelque chose pour lui. Il se faisait punir pour avoir demandé à reprendre l'Arkenstone. Ce n'était pas Thorin que Bard voulait frapper, c'était Bilbon.
"Alors…" Il y eut une pause tandis que Bard laissait sa voix en suspension dans l'air, son doigt pointé devenant une paume ouverte. Lentement Bilbon leva la main et défit l'épingle. La broche était froide dans sa main, et la lumière s'y refléta, la faisant briller. Elle avait brillé la nuit où Thorin la lui avait offerte, attrapant la lumière du feu. Le soleil s'y était reflété, lui rappelant sa présence tandis qu'ils voyageaient. Le sourire de Thorin avait été plus brillant, aussi, après qu'il lui ait offert la broche.
Banni. Chassé. Non désiré. Haï.
Bilbon la déposa dans la main ouverte de Bard. La broche fut enlevée en un instant, si vite que Bilbon ne put retenir une brusque inspiration.
"Alors l'accord est conclu, déclara Bard."
Il fourra la broche dans sa poche comme si ce n'était rien. Juste une babiole qui ne représentait rien pour lui.
"Vous pouvez suivre votre route, à présent, hobbit. Je veillerai à ce que la pierre soit délivrée au Roi Sous la Montagne."
Bilbon acquiesça avec hésitation.
"Mes hommes vous escorteront jusqu'au bord de la foret, mais c'est tout, poursuivit Bard, et Bilbon cilla.
- Maintenant ?
- Maintenant. Votre présence à Lacville n'est ni appréciée, ni désirée."
Non désiré.
"Me laisseriez-vous au moins rester pour la nuit ? demanda Bilbon d'un ton plus désespéré qu'il n'aurait voulu. Il est tard. Il n'y aucun endroit à proximité que je puisse atteindre avant le coucher du soleil. Je sais que vous avez déjà été généreux et bon, mais je vous demanderais cette dernière chose."
Juste une nuit avant qu'il ne s'aventure seul dans les terres sauvages, pour retourner dans la Comté.
Bard marqua une pause, et la lueur dans ses yeux sembla disparaître.
"Une nuit, accorda Bard d'une voix presque gentille. Puis à la première lueur, vous serez escorté hors de la ville.
- Merci, répondit Bilbon en laissant échapper un sourire. Juste... merci."
Une nuit pour obtenir une décente nuit de sommeil. Une nuit pour prétendre qu'il n'était pas méprisé par la même personne qui l'avait tendrement tenu dans ses bras, avait déposé des baisers sur sa tempe, l'avait aimé. Lui avait offert un cadeau qui désormais ne signifiait rien.
Bard acquiesça, et Bilbon partit. Il y avait une auberge à proximité, et Bilbon avait gardé quelques-unes de ses pièces pour faire des achats. Il était encore tôt dans la soirée, le soleil disparaissait déjà derrière la montagne, et des feux étaient allumés partout dans la ville. Ils guidèrent Bilbon tandis qu'il trouvait une chambre, prétendant qu'il n'y avait nulle suspicion dirigée vers lui.
Même les Sacquet de Besace auraient été plus accueillants.
L'Arkenstone serait délivrée à Thorin. Non qu'il ait grand espoir que Thorin lui pardonne, mais il espérait que, peut-être, cela donnerait à Bilbon la paix de l'esprit. C'était tout ce qu'il espérait.
Bilbon tira sur ses cheveux et se dressa, faisant fébrilement les cent pas devant la cheminée de sa chambre.
"Stupide, stupide, marmonna-t-il."
Tout ce qu'il espérait, tu parles. Il voulait que Thorin lui pardonne, implore lui-même son pardon pour avoir été si téméraire et fou, l'embrasse vraiment comme ils n'en avaient jamais eu l'occasion, tout cela à cause de cette maudite pierre.
Il ne réalisa pas qu'il jouait avec l'anneau d'or qu'il avait trouvé jusqu'à ce qu'il soit entre ses doigts, une pierre dorée déplorable. Il jura et, dans un moment de malveillance, la jeta dans la cheminée.
"Peste de lui ! Peste, peste, peste de lui !"
Personne ne lui répondit. Bilbon s'effondra au sol, ses doigts formant des noeuds dans ses cheveux, ses yeux brûlant de larmes qu'il refusait de verser.
"Peste de moi, murmura-t-il misérablement."
S'il pouvait juste revenir en arrière, défaire ce qu'il avait fait... Mais il avait eu peur pour Fili et Kili et Thorin, l'étrange brouillard qui s'était installé dans leurs yeux, la colère à laquelle avait cédé Thorin quand Bard et Thranduil étaient venus lui demander de l'or.
De l'or. L'anneau. Bilbon bondit et courut vers le feu. L'anneau était au centre, et il l'en sortit aussi vite que possible, grimaçant tandis que ses doigts frôlaient les braises brûlantes. L'anneau lui-même était remarquablement froid, un testament de la pureté de l'or. Bilbon se remit à genoux, soupirant. De toutes les choses qui le ramèneraient chez lui en sécurité, c'était celle-là, et voilà qu'il la jetait.
Il commença à briller. Bilbon le fixa.
"Que-?"
L'écriture qui courait le long de l'anneau ne ressemblait à aucune qu'il ait jamais vu. Perplexe, Bilbon le fit tourner, se demandant ce que ça voulait dire. Aussi soudainement qu'ils étaient apparus, les mots commencèrent à disparaître. Avec empressement Bilbon courut vers la table dans la pièce, jetant l'anneau dessus et saisissant encre et papier. Il commença à vide dessiner les ensembles de mots qu'il avait vus, essayant de se souvenir de ce dont il s'agissait. C'était inutile : il n'arrivait pas à s'en souvenir. Il tendit de nouveau la main vers l'anneau. Peut-être que s'il le remettait dans le feu-
A l'instant où sa peau toucha l'or, ça se produisit. Un éclair de feu, un oeil terrible comme celui de Smaug s'ouvrant en cillant, essayant de percer à travers les flammes. Bilbon lâcha l'anneau dans sa hâte de fuir quoi que ç'ait été, et il atterrit comme une pierre sur le sol. Il ne put que la fixer, la peur envahissant lentement son coeur. Un anneau magique qui vous rendait invisible, et Bilbon s'était attendu à ce qu'il soit sans pouvoir ? Oh mais il était tellement stupide, tellement fou. Bien sûr qu'il y avait un pouvoir dedans. Un pouvoir sombre, quelque chose de maléfique qui avait donné l'impression de se réveiller. Il voulut soudain qu'il disparaisse, qu'il appartienne à quelqu'un d'autre. Il avait eu assez de l'or et de ses maléfices pour toute une vie.
Un anneau tel que celui-là devait être enregistré. Quelqu'un, quelque part devait en avoir une trace. Alors il saurait ce que c'était, comment s'en débarrasser. Prudemment il tendit de nouveau la main vers l'anneau, grimaçant lorsqu'il le toucha. Il ne rencontra que de l'or froid, ni feu, ni oeil. Il le rangea dans sa poche, puis s'empressa de saisir le pauvre dessin qu'il en avait fait avant de partir.
Trouver une bibliothèque locale fut facile, encore plus quand les érudits encore présents tard dans la soirée se satisfaisaient de le laisser tranquille. Il parcourut les étagères, pas même certain de ce qu'il cherchait. S'il y avait quelque chose qu'un hobbit connaissait mieux que le jardinage et la nourriture, cependant, c'était les livres. Parchemins, papiers, livres, tout cela faisait le délice d'un hobbit. C'étaient des trésors à transmettre à travers les âges d'une génération à l'autre. Bilbon se souvenait de plusieurs dont il avait parlé à Thorin-
Non, se réprimanda-t-il. Il avait une mission ; il avait un long voyage de retour vers la Comté où il pourrait s'attarder à penser au nain qu'il avait perdu. Pas maintenant. Pas quand il était au milieu de... quoi qu'il soit en train de faire.
"Anneaux, anneaux, anneaux... marmonna-t-il tout seul, parcourant l'allée d'étagères suivantes."
Anneaux des Âges saisit son regard, ainsi que les deux livres suivants à ses côtés. Il s'empressa de les retirer et alla chercher un endroit pour lire..
Plusieurs anneaux magiques étaient discutés, mais aucun ne mentionnait l'invisibilité. L'un des livres mentionnait un anneau pour rendre son porteur invisible, mais il n'était pas fait d'or, et il n'y avait certainement pas de lettrage dessus. Bilbon mit le livre de côté et saisit le dernier volume.
Il n'avait pas feuilleté plus de trois pages quand il vit l'image d'un simple anneau avec un lettrage brillant. Bilbon sortit le papier sur lequel il avait dessiné et trouva le lettrage identique. Avec impatience il rapprocha le livre et lut l'inscription sous l'image.
Anneau de Sauron : l'Anneau de Pouvoir, pris par Isildur, fils du Roi du Gondor
Bilbon se figea. Sauron. Pas le Sauron ? Le Sauron dont les Rangers qui traversaient Hobbitbourg avaient raconté des histoires ? Le Sauron qui était devenu une légende, un mythe qui ne pouvait pas vraiment avoir existé ? Sauron, le Seigneur Noir du Mordor ?
Ce fut avec plus d'hésitation que Bilbon reporta ses yeux sur le livre. Les pages qui suivaient firent des noeuds à son estomac.
Isildur avait pris l'anneau à Sauron, et il avait été perdu lors d'un raid d'orques qui étaient venus le reprendre. Isildur avait été mortellement blessé, et quand ses hommes l'avaient tiré de la rivière, l'anneau n'était pas avec lui. Perdu... jusqu'à ce que d'une façon ou d'une autre, cette créature dans les cavernes l'ait retrouvé.
La rivière. Gollum était manifestement un pêcheur habile. Et s'il l'avait trouvé, un jour, et emmené dans les montagnes ? Seulement pour qu'il soit perdu, et que Bilbon le retrouve.
L'Anneau de Pouvoir, l'Anneau qui avait amené ruine et mort à la Terre du Milieu, et Bilbon l'avait dans sa poche. Il retomba sur sa chaise, la tête qui tournait.
Il ne pouvait pas le garder. Il n'en voulait pas. Il ne voulait absolument rien avoir à faire avec le mal qu'était l'Anneau. Il n'arrivait pas à croire qu'il s'en était servi si légèrement, avait eu l'intention de continuer de le faire pour retourner dans la Comté avant d'avoir vu l'oeil, et il eut l'impression qu'il allait être malade. Il fallait qu'il, qu'il l'enterre. Le jeter dans un ravin, le donner-
Il s'interrompit, la gravité de la situation pesant encore plus sur lui. Il ne pouvait pas le donner comme il avait voulu le faire. S'il pouvait posséder un grand homme comme Isildur, et le changer en un homme qui ne pensait à rien d'autre que cet Anneau, alors qui pouvait savoir ce qu'il ferait à quelqu'un d'autre ? La fièvre de l'or. Elle avait pris Thorin dans ses filets, et Bilbon priait pour qu'elle ne mène pas à sa mort. A la mort de Fili et Kili et de la compagnie.
Et s'il l'enterrait ou le jetait, un autre Gollum pourrait le retrouver. S'il n'avait pas été en sécurité dans le lit d'une rivière, il ne le serait pas dans la terre. Non, il devait y avoir autre chose qu'il pouvait en faire. Parler à Gandalf, peut-être. Mais que pourrait faire le magicien, il l'ignorait. Il ne savait même pas où était Gandalf. Probablement à Erebor.
La douleur qui lui traversa le coeur était si forte qu'il s'agrippa la poitrine. Erebor. Il voulait tellement être là-bas, avec Thorin, les bras du nain l'attirant pour se reposer contre l'épaule du Roi. Être bercé, aimé-
Il étouffa la brusque explosion d'émotion, mais tout juste. La dernière chose dont il avait besoin était que quelqu'un vienne voir pourquoi un Semi-Homme pleurait à l'arrière de la bibliothèque. Ou voie ce qu'il lisait et se demande pourquoi.
Ses yeux se reportèrent brusquement sur la page, un nom familier attirant son attention. Elrond des Elfes vint à Isildur au milieu des ruines de Sauron et lui ordonna de le suivre jusqu'au Mont du Destin, où l'Anneau Unique avait été forgé. Là, Elrond parla au nouveau Roi du Gondor et le pria de le jeter dans les flammes, car de là où il est venu, ainsi peut-il être détruit. Mais Isildur refusa, aussi l'Anneau Unique passa-t-il au royaume de Gondor.
Voilà un nom que Bilbon connaissait. Le Seigneur Elrond de Fondcombe avait été là ? Il relut l'écrit.
Au Mont du Destin, où l'Anneau Unique avait été forgé... De là où il est venu, ainsi peut-il être détruit.
Le Mont du Destin.
"Où est le Mont du Destin ? murmura-t-il."
Il feuilleta les pages, mais il n'y avait pas de cartes dans ce livre. Il rassembla rapidement les livres qu'il avait sortis, les remit à leur place, et se dirigea vers les cartes.
Sur une carte gigantesque, il eut sa réponse. Avec toute la Terre du Milieu étalée devant lui, Bilbon trouva rapidement le Mont du Destin, et souhaita immédiatement ne pas l'avoir fait. Orodruin était son nom, et il se trouvait par-delà les montagnes, loin, loin au sud du Mordor. C'était aussi loin de Hobbitbourg qu'on pouvait aller, et à une distance terrible d'Erebor. Pire encore, il n'y avait rien entre Erebor et le Mordor, à part Rhovanion. Les Terres Sauvages.
Quand les Rangers étaient venus à Hobbitbourg durant l'Hiver Terrible, Bilbon avait imploré des histoires. En tant que jeune hobbit mignon, il avait utilisé sa jeunesse à son avantage, et plus d'un Ranger avait ri et raconté des histoires du monde, y compris le Mordor, Gondor, Rohan, Rhovanion. Ils avaient parlé d'orques qui mangeraient tous crus les petits hobbits s'ils ne finissaient pas leur souper, mais Bilbon avait vu la peur silencieuse dans leurs yeux. Rhovanion n'était pas un endroit à voir. Si les Rangers ne voulaient pas le traverser, Bilbon ne le voudrait pas non plus.
Puis il s'interrompit. Pourquoi traverser Rhovanion en premier lieu ? Quelles affaires le conduiraient dans les Terres Sauvages ?
Alors même qu'il se posait la question, ses doigts se portèrent à sa poche. L'Anneau Unique. Il l'avait trouvé, il l'avait ramené dans le monde. Il devait s'en débarrasser.
"De là où il est venu, ainsi peut-il être détruit, murmura-t-il dans sa barbe."
Il était fou, absolument fou. C'était là le travail d'une armée, d'un roi, qui pouvait marcher audacieusement sur le Mordor et y jeter l'Anneau. Ce n'était pas pour un hobbit, un Semi-Homme comme Bard le lui avait rappelé.
Mais il savait ce que l'or faisait à un roi. Il pouvait voir ce qu'il ferait à des hommes, à une armée entière d'hommes. L'anneau d'or n'avait pas piégé Bilbon, toutefois. L'or ne représentait rien pour lui. Il incendia sa poche du regard, pensant amèrement aux nains et à leur réaction devant la salle du trésor. C'était tout ce qu'ils avaient voulu. Même Thorin avait été piégé par le trésor. Au final, son trésor avait plus compté que Bilbon.
Il enroula soigneusement la carte. Gandalf saurait quoi faire, mais allez savoir où était Gandalf. Non, Bilbon devait prendre la décision. Et dans son coeur, Bilbon savait qu'il l'avait prise.
C'était une nouvelle aventure. Ce serait simplement moins le voyage d'une compagnie et plus celui d'un hobbit en solo. Il ne pouvait pas détruire l'or d'Erebor, ni ce qu'il représentait pour Thorin. Mais il pouvait récupérer l'Arkenstone, et il pouvait détruire cet or. Les orques, les gobelins, les araignées de la Forêt Noire, tous les dangers qu'ils avaient affrontés, et Bilbon savait que c'était à cause de l'Anneau. Le mal engendre le mal, après tout. Et aussi trahi que se sentait Bilbon, les nains méritaient la paix. La Comté méritait la paix. Meme Esgaroth, alias Lacville, méritait de de vivre et de rebâtir Dale en paix.
Non. Bilbon ferait cela. Il était arrivé jusqu'ici, après tout. Il n'était pas convenable pour un hobbit de ne faire un travail qu'à moitié.
Il acheva de rouler la carte et la fourra sous sa veste après s'être assuré que personne ne regardait. Il sortit aussi calmement que possible de la bibliothèque, puis hâta le pas afin d'atteindre l'auberge. Il ne savait pas combien de sommeil il obtiendrait ce soir, mais il savait que ce serait le dernier sommeil reposant qu'il aurait pendant un certain temps.
Loin de là, un groupe d'orques approchant rapidement fit halte. Le message qu'ils avaient longtemps attendu de leur Maître et Seigneur était venu.
L'Anneau est retrouvé. Amenez-le-moi.
Ils changèrent de direction, abandonnant leur quête vers Erebor. Ils trouveraient l'anneau, à la place. De nombreux orques grommelèrent de ne pas pouvoir goûter la chair d'Homme et de Nain.
Ce problème fut résolu quand ils croisèrent l'armée gobeline, qui se dirigeait dans la même direction. Les orques firent un bon festin pour la nuit.
Le lendemain, ils chassèrent.