Vous l'attendiez depuis longtemps (quelqu'un en particulier... * regarde titesouris * )... Voici la saison 4, version Alaia Skyhawk ! Si vous nous suivez depuis le début, bonne continuation. Si vous venez d'arriver et que vous n'avez pas lu les autres fics, je recommande vivement d'aller au moins lire Une Question de Motifs (par laquelle tout a commencé) et Celui que l'Histoire Oubliera (spin-off centré sur un OC), sans quoi vous ne comprendrez pas grand-chose à ce qui se passera ici...
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Chapitre 1: Alliance ~Partie 1~
La cité était recouverte de blanc, des traînées de fumées montant des cheminées tout autour dans l'air froid. L'hiver était probablement l'époque la plus pacifique, ici à Camelot. Un moment où les fermiers restaient dans leurs maisons sauf pour aller au marché, les forgerons travaillaient sur leurs stocks qui seraient utiles lorsque le printemps reviendrait, et les serviteurs faisaient leurs chemins à travers les rues enneigées pour aller au travail comme ils le faisaient toujours.
Les bras appuyés sur son appui de fenêtre, Merlin regardait la cité avec un petit sourire. Les chevaliers faisaient seulement un entraînement minimal durant l'hiver, et seulement lorsque la neige n'était pas trop profonde sur le terrain d'entraînement. Il y avait eu un véritable blizzard il y avait quelques jours, un de ceux qui laissait près de 18 pouces de neige sur cet emplacement. Si la neige était suffisamment profonde, cela aurait signifié se mettre en retraite durant une campagne militaire, ou se tenir en retrait durant un siège, ce qui faisait qu'Arthur gardait ses hommes à l'intérieur. SI la neige était trop profonde pour que quiconque attaque, alors ce n'était pas des conditions dans lesquels les chevaliers auraient à se battre. Il préférait les laisser se reposer que risquer qu'ils ne se blessent eux-même.
Et l'occasion qui se présentait à lui n'était pas une de celles qu'il allait laisser passer.
Le sorcier soupira pour lui-même, descendant de la table qu'il avait utilisé comme tabouret pour regarder par la fenêtre. Sur son lit, il avait déposé une partie de ses vêtements les plus chauds, incluant un épais manteau à capuchon. Son matériel avait aussi été déposé, déguisé avec une illusion pour lui donner l'apparence d'une branche d'arbre, typique que les roturiers utilisaient comme un moyen peu onéreux pour être capable de vérifier où mettre le pied sous l'épaisse neige. Il n'avait rien d'autre, ni sac, ni affaires. Là où il avait planifié d'aller, il n'en aurait pas besoin.
Merlin enfila le manteau, mais laissa la capuche baissée, attrapant son 'bâton' et descendit les escaliers vers la pièce principale. À la vue de celui-ci clairement habillé pour sortir, Gaius fronça les sourcils.
"Tu vas quelque part ?"
Son protégé attrapa un morceau de pain sur la table en prenant une bouchée avant de répondre.
"C'est une course, une course importante. Cette abondance de neige veut dire qu'Arthur sera coincé à faire des rapports à l'intérieur du château pour les prochains jours, de sorte que je vais la faire pendant que j'en ai l'opportunité."
Le médecin lui lança un long regard.
"Et-puis-je demander ce qu'est cette course ?"
"Je préférerais vraiment voir ce que cela va donner en premier avant que je ne dise quoi que ce soit. Je ne veux pas me porter la guigne."
Notant la grimace de son pupille lorsqu'il le dit, Gaius laissa un soupir résigné. Merlin semblait encore garder des secrets jusqu'à la dernière limite, mais il savait que le jeune sorcier lui en parlerait lorsqu'il sentirait que le moment était venu.
Merlin répondit avec un sourire.
"Vous me connaissez, Je retombe toujours sur mes pieds."
Il commença à s'avancer jusqu'à la porte.
"Je serai de retour aujourd'hui ou demain, le lendemain au plus tard. Je ne suis pas sûr exactement du temps que cela va me prendre, aussi je préfère prendre mon temps."
Gaius l'interpella.
"Arthur le sait ?"
"Ne vous inquiétez pas. J'ai demandé à Gwen de m'assurer qu'il ait ses repas et que son lit soit fait. Il est capable de trouver ses vêtements et de s'habiller lui-même. Je m'occuperais de son linge sale quand je reviendrais."
"Sois juste prudent."
Merlin lui donna un dernier sourire de réconfort, avant d'aller vers la porte, ce sourire s'effaçant en un regard solennel une fois qu'il fut hors de vue.
Il descendit jusqu'à la ville basse comme s'il se dirigeait vers le marché, changeant seulement alors de direction et se glissant tranquillement hors de la ville. Assez de monde sortait dans la forêt, pour collecter du bois de cheminée, qu'un de plus à apparemment le faire n'attirerait pas l'attention. La différence pour lui était qu'il s'assure de s'éloigner des aires où les arbres avaient été taillés pour fournir un approvisionnement régulier aux foyers de la ville, se dirigeant à la place vers une clairière qu'il avait utilisé à cette fin à plusieurs reprises.
Son appel fit écho dans le ciel comme toujours, avant qu'il ne se blottisse dans son manteau pour attendre. Fidèle à son habitude, il n'eut pas à attendre longtemps, à peine quinze minutes avant que Kilgharrah n'apparaisse dans le ciel pour atterrir parmi les congères.
Il regarda le jeune chevalier-dragon avec résignation.
"Tu commences à prendre l'habitude de ces 'courses' jeune sorcier. Où souhaites-tu aller cette fois ?"
Merlin s'avança à travers l'épaisse neige jusque lui, acceptant une griffe du dragon pour l'aider à l'en sortir et rejoindre les épaules de la créature.
"J'aimerais mentionner que celle-ci est pour gagner un peu de protection pour Arthur. Je ne vous aurais pas appelé si ce n'était pas important."
Kilgharrah prit son envol, virant et tournant la tête au nord-est, la direction vers laquelle il sentait que Merlin souhaitait aller.
"Et pour quelle raison, souhaites-tu aller en cet endroit ?"
Merlin soupira, se pressant plus près de la nuque qu'il avait escaladé du dragon pour éviter les vents les plus glacials qui soufflaient.
"J'ai peut-être dit à Liam que je ne voulais pas qu'il 'leur' dise que je savais pour eux, mais je n'ai jamais dit que je n'irais pas leur dire moi-même. 'À mes propres conditions' est la manière dont je veux le faire, et il a été assez bon pour me dire que tous les membres principaux de la Conspiration se rencontrent pour le solstice d'hiver. Pour clôturer l'ancienne et accueillir la nouvelle année, dans la tradition de l'ancien culte, ils seront tous à Ulwin aujourd'hui… Je vais juste en prendre avantage, pour avoir une petite discussion avec eux. Éclaircir un peu l'ambiance."
Kilgharrah inclina la tête pour lui lancer un regard.
"Donc cela veut dire que tu as manipulé cette chute de neige, il y a quelques jours, humm ? Je me demande si quelqu'un d'autre remarquera que la neige est bien moins épaisse une fois que vous passez les deux miles autour des murs de la cité, en un cercle parfait, pourrais-je ajouter."
Le sorcier au sommet de son dos grimaça.
"Et qui irait se balader à une distance exacte de deux miles autour de la ville par ce temps ? Je n'avais pas le temps de me compliquer la vie avec un sort pour faire tomber de la neige supplémentaire."
"Comme tu veux, jeune sorcier. Souviens-toi juste que jusqu'à ce que le temps vienne pour toi d'utiliser ta magie ouvertement, chaque fois que tu te permets d'être laxiste en la cachant, tu prends des risques."
"Si Uther avait eu l'idée de me tuer là tout de suite, il l'aurait déjà fait."
Merlin plaça une main sur sa bouche au moment où il réalisa ce qu'il venait de prononcer, Kilgharrah sursautant sous lui d'une telle horreur qu'il chuta vraiment de presque une centaine de pieds dans le ciel avant qu'il ne stabilise à nouveau son vol.
"Uther sait pour ta magie?"
Merlin grinça, les paroles faisant écho à la fois dans ses oreilles et dans sa tête, avant qu'il ne puisse atteindre l'esprit du dragon pour l'aider à transmettre ce qu'il s'était produit.
"Morgane lui a dit pour moi, et mon sort sur lui n'a pas pu l'empêcher de la croire. Après que nous ayons repris Camelot, je l'ai ramené dans ses appartements dans le but de pouvoir lui parler seul. En lumière de ce que j'ai fait pour Camelot, il a accepté que ma loyauté est pour le royaume et Arthur. Aussi longtemps que je ne ferai rien pour trahir Arthur ou le royaume, Uther a dit qu'il ferait une exception pour moi."
Il donna à Kilgharrah un petit sourire.
"J'admets que la situation me rend nerveux, mais je n'ai pas d'autres choix que de faire avec, pas si je veux rester près d'Arthur."
Le mécontentement de Kilgharrah gronda en lui.
"Pas d'autres choix ? Tu pourrais placer un sort sur lui pour l'effacer de sa mémoire. Aussi brisé que son esprit l'est en ce moment, je doute que quiconque remarque qu'il lui manque quelques semaines. "
"Non. Je ne referai pas le travail d'Arthur."
L'expression de Merlin se durcit, alors même que les yeux du dragon s'élargissait de perplexité.
"Vous avez dit une fois à Arthur que s'il y avait la moindre chance qu'Uther se rachète, ce ne serait que s'il écoutait des paroles prononcées par lui, son fils… Les paroles d'Arthur sont en train de le travailler. Ce sont les paroles d'Arthur, et la réalisation que son fils savait et acceptait ma magie, qui ont fait qu'Uther a décidé de fermer les yeux pour moi."
Un silence étonnant tomba entre eux, avant que Kilgharrah ne tourne la tête pour lui faire face et ne soupire.
"Eh bien, les miracles ne cessent jamais… Est-ce qu'Arthur est au courant de ceci ?"
Le sorcier secoua la tête.
"Non, je ne l'ai dit à personne. À part Uther et moi, vous êtes le seul à savoir. J'ai promis au roi que si Arthur l'apprenait, ce serait de lui… Parce que le jour où il admettra à son fils qu'il m'a épargné, je pense que ce sera le jour où il pourra se racheter. Le jour où il pourra dire qu'il m'a laissé vivre, et que cela a fait qu'il assure le retour de la magie. Il ne sait pas pour la prophétie, mais je ne doute pas qu'il la découvrira un jour et qu'il réalisera juste qui Arthur et moi sommes. Quand ce jour viendra, et qu'il sera face au choix de voir la magie revenir, ou de me tuer et voir son fils condamné à mourir… il choisira de sauver son fils, je sais qu'il le fera."
Derrière lui, le dragon soupira à nouveau.
"Je t'ai déjà dit ceci, jeune sorcier, tu es bien trop généreux. C'est ta plus grande faiblesse."
Il renifla.
"Mais c'est aussi ta plus grande force. Ton coeur est ce qui a façonné Arthur en l'homme qu'il est aujourd'hui, l'homme qui unira tout Albion."
Merlin sourit, caressant un des cotés du cou de Kilgharrah.
"Et vous ne me voudriez pas d'une autre manière."
Ils ne parlèrent guère plus durant le reste du vol, le couple finissant d'atterrir sur un sol boisé à un environ un mile de la ville d'Ulwin.
Merlin laissa le dragon là-bas, avec la promesse qu'il serait en ville que pour une paire de jours au plus. Il tira sa capuche avant de se mettre à crapahuter en direction de la route principale, ayant décidé qu'il voulait entrer à Ulwin sans être remarqué. Comme il pouvait se cacher lui-même avec une illusion, et qu'il n'y avait pas de soleil pour le faire jeter une ombre, il ne pourrait hélas pas cacher ses empreintes. Le manière la plus simple était de suivre la piste déjà labourée de l'endroit où elle quittait la lisière et se dirigeait vers la porte sud de la cité.
C'était une avancée pénible, lui prenant facilement une heure même avec son bâton pour l'aider à garder l'équilibre dans ses conditions glaciales. Passer enfin la porte fut un soulagement, et signifiait qu'il pourrait changer pour son second déguisement. Ce fut un jeune et invisible sorcier qui plongea dans une allée vide, et un vieil homme s'appuyant sur un bâton qui en sortit. Ce n'était pas un autre sortilège de vieillissement, il n'était pas assez stupide pour en jeter un dans cette situation même s'il avait le matériel avec lui pour le faire. Non il avait opté pour une autre illusion simple. Il devait juste s'assurer que personne ne verrait son reflet loin d'être vieux.
La marche à travers la ville fut bien plus facile, puisque plein de neige avait été évacuées des voies par les habitants, et plusieurs d'entre eux avaient permis joyeusement au 'vieil homme' de passer par les passages non obstrués. Les gardes du manoir l'avait également aidé quand ils l'avaient interrogés sur ses affaires et il leur avait dit qu'il souhaitait voir le médecin pour un remède pour ses articulations douloureuses. Les gardes le laissèrent passer immédiatement avec sympathie, un d'entre eux le guidant même jusqu'à la porte du médecin.
Quand le garde le laissa là, après que Merlin l'ait remercié gentiment avec une vieille voix, le sorcier dû réprimer l'envie de commencer à glousser avant qu'il n'entre dans l'ancienne écurie. Avec la bonne magie et la bonne information, c'était bien trop facile.
L'atelier à l'intérieur n'avait pas changé beaucoup en trois ans depuis la brève visite qu'il avait fait ici, cette fois où il avait suivi Arthur contre ses ordres quand le prince était venu à Ulwin pour une visite d'État. Forwin n'avait pas changé beaucoup non plus. Il ressemblait encore à une chèvre irritée aux poils hirsutes, et l'homme qu'il savait maintenant être un ancien druide croyait clairement qu'il avait un patient quand il vit le 'vieil homme' se tenant juste à l'intérieur de sa porte.
Forwin se dirigea vers lui, une expression pensive et pragmatique.
"Entrez, asseyez-vous. Comment puis-je vous aider ?"
Merlin inclina la tête pour placer son visage plus loin dans l'obscurité, tandis qu'il se raidissait sur son perron et jetait son bâton sur le sol. L'illusion sur celui-ci et lui-même s'évanouit, se révélant être un bâton manifestement magique, mais son visage était caché dans la profondeur de sa capuche et sa voix n'était pas assez familière pour l'homme d'âge moyen qui se trouvait là.
"Je suis à la recherche des leaders du groupe qui s'appelle la Conspiration. Pour suggérer un alliance au nom du brillant futur d'Albion."
Forwin s'arrêta immédiatement choqué, surpris d'entendre la phrase code de la Conspiration, mais toujours extrêmement prudent et tendu. Ses yeux se rétrécirent suspicieusement.
"Et qui êtes vous pour faire irruption ici en suggérant une telle chose ? Que vous connaissiez notre mot de passe me dit que vous avez été dirigé vers nous par l'un d'entre nous, mais cela ne veut pas dire que vous pouvez rester caché. Ceux qui ne montrent pas leurs visages sont ceux à qui on ne peut faire confiance."
Merlin s'arrêta pendant un moment, prenant une profonde respiration, avant d'atteindre de sa main libre le capuchon pour le rejeter en arrière. Il n'y avait pas de retour en arrière possible maintenant, son visage exposé tandis qu'il rendait un léger sourire au médecin.
"Je suis Merlin Emrys… mais je crois que vous le savez déjà."
Merlin observa Forwin prudemment pendant les instants qui suivirent, incapable de trouver des mots pour décrire le tableau amusant des émotions qui se jouaient sur le visage stupéfait du médecin. Forwin était littéralement sans voix, sur le point d'avoir la bouche béante avant qu'il ne retrouve finalement sa voix.
"T-toi?"
Merlin commença à se sentir un peu plus sûr de lui à présent, son sourire s'élargissant.
"De ce que j'ai entendu de vous, et été capable de deviner de vos activités me concernant, vous n'étiez probablement pas conscient que j'étais parfaitement conscient de mon destin depuis peu de temps après mon arrivée à Camelot."
Il fit un pas en avant.
"Et j'ai entendu de Liam ce qu'est ce que vous faites, la Conspiration et leur force de frappe, Les Chevaliers d'Aering. Son voeu à l'Ancienne Magie est entièrement en lambeaux, sa mémoire de vous en train de lui dire où me trouver, a refait surface. Il m'a déjà dit tout ce qu'il sait sur vous tous, bien que je puisse dire qu'il n'en sait vraiment pas grand chose… Aussi j'ai décidé qu'il n'y avait aucune raison d'agir comme si je ne savais pas que votre groupe existe."
Forwin, ayant encore du mal à retrouver son calme, bougea soudainement de la porte jusqu'à un passage étroit à l'extérieur de l'atelier.
"Remets ta capuche et suis-moi."
Il se précipita dehors, le jeune sorcier légendaire forcé de se démener derrière lui. Forwin le mena plus profondément dans le manoir lui-même, jusqu'à la zone intérieure présidée par la Garde d'Ulwin, la garde personnelle du Seigneur d'Ulwin. Merlin leur jeta un coup d'oeil tandis qu'ils passaient devant eux, sachant que tous parmi ces hommes étaient des fervents soutiens de la magie. Sachant cela, et étant à l'intérieur de l'aire qu'ils gardaient, il du admettre qu'il se sentait plus en sécurité qu'il ne l'ait été depuis un long moment.
Forwin le laissa dans une chambre d'invité, Merlin se déplaçant vers le foyer et remarquant qu'il était déjà prêt avec des brindilles et du bois de chauffage en cas d'invités. Calant paresseusement son bâton contre le mur, il alluma le bois d'un sort et retira son manteau humide, s'installant dans le fauteuil le plus proche du feu pour attendre. Bien que nerveux à ce sujet auparavant, il se trouvait maintenant quelque peu amusé d'être traité comme un hôte important et honoré. alors qu'avant, en tant que serviteur, il avait toujours été celui qui faisait toutes les courbettes et à traiter avec de tels individus.
Merlin resta assis à observer les flammes, tapotant de ses doigts sur le bras du fauteuil tandis que les minutes passaient. Ce fut juste quinze minutes après que le médecin l'ait laissé là que la porte s'ouvrit pour faire entrer une noble âgée et un serviteur d'âge moyen.
Dame Jancine , qu'il reconnut d'après la description de Liam, le regarda avec de larges yeux et de manière nerveuse.
"Je vous souhaite la bienvenue à Ulwin. Je suis Lady Jancine."
Merlin sauta sur ses pieds, souriant pour la rassurer, même s'il commençait à se sentir déconcerté. Depuis quand rendait-il les gens nerveux en sa présence ?
"Vous pouvez vous détendre. J'ai passé beaucoup de mon temps à Camelot à frotter les planchers et à transporter du linge sale, quand je ne suis pas en train d'espionner pour Arthur. Il n'y a pas besoin de faire des cérémonies avec moi juste à cause de qui je suis."
Jancine, faisant un geste au serviteur pour qu'il dépose le plateau arrangé hâtivement de nourriture et de vin sur la table à proximité, hocha la tête lentement.
"Ainsi Forwin disait la vérité. Vous savez que vous êtes Emrys".
Merlin soupira, en passant une main sur son visage.
"Je le sais depuis des années, depuis l'incident avec le petit druide que Morgane a essayé de faire s'échapper de Camelot, et qu'Arthur a sorti de la cité à sa place. Le garçon savait qui j'étais à ma simple vue, et m'a appelé par ce nom directement."
Il se frappa le front.
"Gaius m'a dit tout ce qu'il savait sur la prophétie après ça, et ce que cela signifiait. Depuis lors, j'ai juste fait ce que j'avais toujours fait depuis mon arrivée à Camelot. Protéger Arthur et le royaume des choses qui les menaceraient. Il n'y a pas de gloire là-dedans, juste un dur labeur. Je ne l'ai pas fait parce que 'je devais le faire'. Je l'ai fait parce que je crois que c'est la bonne chose à faire."
Il se déplaça jusqu'à la table et s'assit, Jancine faisant sortir le serviteur hors de la pièce avant de le rejoindre. La nourriture était de la qualité qu'il utilisait pour Arthur, sans être présentée par lui-même.
"J'ai fait apporter de la nourriture pour vous par Tabar, puisqu'il était près de midi. Il y a du vin aussi, si vous en voulez un peu."
Merlin regarda la cruche, capable de sentir le puissance de celui-ci de l'endroit où il était assis.
"Je trouve que l'alcool ne devrait pas être trop mélangé avec ma magie. La dernière fois où j'ai été soûle, j'ai soufflé une torche à une distance de vingt mètres avec rien d'autre qu'un éternuement. Je fais une habitude de ne pas boire à présent, à moins que je ne veuille me faire plaisir, et même alors je fais attention à mes limites. Je pense que ce vin pourrait être juste un peu trop fort pour moi pour en prendre le risque."
Son sourire ironique la fixa pendant un instant, avant qu'elle ne se relaxe et commence à rire.
"Je dois admettre que ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Nous croyions tous qu'une réunion comme celle ceci n'arriverait pas avant que la magie soit de retour, et qu'Arthur soit roi."
Merlin, ayant conjuré un peu d'eau dans son gobelet, regarda dedans en faisant rouler la tige entre ses doigts.
"Arthur ne sait pas que je suis ici, et je ne vais pas lui dire en quoi consistait ma 'course'. Pas encore. Il a bien trop de choses à s'inquiéter pour le moment, avec la régence du royaume et… Quelque chose à l'intérieur d'Uther s'est juste … brisé depuis la trahison de Morgane. Plus le temps passe, plus profonde semble être la blessure. Cela fait près de trois mois et il n'est toujours pas en état de gouverner. Et malgré les demandes d'Arthur, tous les deux, Gaius et moi sommes réticents à essayer l'usage de la magie pour aider à sa guérison. Bien que nous soyons capable de le faire sans que le roi en soit conscient, nous ne savons pas si cela peut l'aider ou lui nuire sur le long terme. La magie ne peut pas réparer ce que des émotions ont brisé, seules elles peuvent y mettre un terme."
Une fois encore la noble était en train de le fixer, mais cette fois pour une raison entièrement différente.
"Arthur sait pour ta magie ?"
Merlin déposa son gobelet et la regarda de manière solennelle.
"Il le sait depuis presque un an. Il sait qu'il est le Roi Présent et à Venir, et est déjà prêt à inaugurer le retour de la magie aussitôt que le temps viendra. Mais je sais que Morgane est encore là, peut-être Morgause aussi, si elle a survécu à ce que je lui ai fait. Elles vont préparer un revanche, comploter pour détruire Camelot, et nous allons avoir besoin de tous les alliés que nous pouvons avoir. Si le temps vient que j'ai besoin de l'aide de la Conspiration, je veux savoir que je peux compter sur vous pour répondre à cet appel. C'est pourquoi je suis venu ici."
Jancine hocha gravement la tête, ses manières devenant totalement sérieuses. Elle avait un coeur d'acier derrière ses gentilles manières, il pouvait le sentir.
"Alors vous pourrez compter dessus. Mon fils est le chef du groupe maintenant, mais je sais que je peux parler pour lui quand je dis que chacun d'entre nous sera d'accord pour une alliance. Notre groupe existe pour le bénéfice d'un retour pacifique de la magie, et Arthur et vous êtes le seul espoir pour ce retour. Si vous avez besoin de nous, nous viendrons."
Merlin prit une gorgée de son eau, ne la regardant pas directement, son ton se faisant légèrement préventif.
"Je m'assure juste qu'aucun de vous m'espionnera encore."
Quand elle se raidit, il lui jeta un coup d'oeil.
"Je sais que vous l'avez fait, vous avez dû le faire pour certaines raisons dont je me rappelle qu'elles faisaient sens. Je peux faire une approximation du moment où vous avez commencé et arrêté avant maintenant, mais je veux m'assurer que le fait que je sache pour vous n'est pas une excuse pour vous voir fouiller encore dans ma vie. J'aurais une discussion avec Georg et Catherine quand je reviendrais en ville, et je les avertirais que si l'un d'eux tente de garder un oeil sur moi, comme je suis sûr qu'ils l'ont fait durant mes premiers mois à Camelot, je m'assurerai de rendre les choses inconfortables pour eux. Je ne les blesserais pas, mais cela ne signifie pas que ce sera agréable."
Il rétrécit les yeux.
"J'accepte et je comprend pourquoi vous l'avez fait alors, mais maintenant j'ai déjà assez de pression sur moi sans que mon intimité soit encore violée. Même si c'est fait avec les plus altruistes motifs."
Jancine inclina la tête, d'excuse et de honte en même temps.
"Vous avez ma parole, nous n'avons pas eu à les faire vous surveiller depuis que l'accord avec Cenred a été signé. Nous avons réalisé alors qu'Arthur et vous étiez assez fort pour compter sur vous-même, et n'aviez plus besoin de notre protection comme vous en aviez besoin lorsque vous étiez encore enfant. Les seuls rapports qui nous sont arrivés de leurs parts sont les rapports généraux sur ce qui se passe en ville. S'ils avaient été en train de vous espionner, vos révélations d'aujourd'hui n'auraient pas été un tel choc, et je peux dire qu'aucun d'entre eux ne sont conscients que vous avez de la magie. Ils ne vous ont pas surveillé d'aussi près, et nous ne leur avons jamais dit. Ils sont trop proches d'Uther pour le risquer."
Merlin renifla, jouant encore son gobelet.
"Point pris et compris."
Il se leva.
"Je n'étais pas sûr du temps que ça allait me prendre, ou s'il y aurait de quelconques formalités à remplir, aussi je me suis accordé pas mal de temps. Mais si tout est ok, alors je suppose que je pourrais tout aussi bien rentrer maintenant."
Elle l'arrêta d'une main sur son bras, se levant aussi.
"S'il vous plaît, au moins restez dîner avec nous, et attendez la cérémonie du Solstice. Pour cimenter notre alliance, et … notre amitié, si vous la désirez."
Merlin fit un geste vers ses vêtements de serviteur quelque peu minables en réponse à sa suggestion, son expression un peu ironique.
"Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais je suis assez mal habillé pour dîner avec le seigneur d'Ulwin et vous-même. Cela n'a jamais été prévu que ce soit une visite sociale."
Elle relâcha son bras, défroissant sa robe et se redressa. Cela lui rappela Gwen lorsqu'elle avait en tête quelque chose.
"Absurde, j'ai un certain nombre de tenues de réserve que nous avions faites pour Nellan. Il n'en a porté que quelques unes, aux précédents solstices, et je pense que j'en connais une qui vous ira parfaitement. Alors resterez-vous la nuit ?"
Merlin, réalisa à quel point sa présence ce soir signifiait pour elle et le reste de ses co-conspirateurs, soupira. Il semblait qu'il ne pourrait échapper à ceci, pas s'il voulait faire bonne impression.
"Je suppose que je peux. J'ai prévenu Gaius que je ne serai pas de retour avant demain ou le jour suivant, et je sais que Kilgharrah ne m'en voudra pas de m'attendre. Il savait qu'il devait s'y attendre."
Jancine sourit chaleureusement, heureux de son acceptation et joyeuse à cette idée.
"Je vais dire à ma bonne d'apporter la tenue dès qu'elle aura été vérifiée et rafraîchie. Installez-vous confortablement, et si vous avez besoin de quelque chose, demandez juste à Tabar. Il sera en train d'attendre dehors."
Elle se dirigea vivement vers la porte, s'y arrêtant et lui jetant un coup d'oeil.
"Mais si vous restiez ici, cela serait utile. J'ai prévenu Forwin de ne rien dire à quiconque à propos de votre présence à l'exception de mon fils, et Clara ne sait pas qui vous êtes. Moins sont ceux au courant avant cette soirée, moins il y aura de chance que cela n'attise la curiosité de quelqu'un passant par là."
Merlin hocha la tête, content de ce sursis.
"Je pense que je préférerais ça aussi. Merci."
Elle partit, fermant la porte derrière elle, et aussitôt qu'il fut seul Merlin laissa échapper une respiration tremblante. C'était sans doute la chose la plus étrange et la plus troublante qu'il ait jamais faite, et il n'avait pas encore enduré le pire. Maintenant il devrait dîner avec tous les leaders de la Conspiration…
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