Bonsoir...

Ça fait longtemps...oui...très longtemps ! J'espère que vous allez bien. Je suis désormais maman de deux bébés ;) et croyez-moi, ça prend du temps ! Pardonnez-moi donc si le rythme est vraiment ralenti depuis la naissance de mon petit premier. La situation devrait aller mieux en Septembre ! Bisous et bonne lecture ! (ça fait également looongtemps que je n'ai pas traduit, j'espère qu'il y aura peu de coquilles!)

Note: J'ai beaucoup de mal avec le fait de traduire des poèmes. Durant mes études, je n'étais pas douée pour ça et honnêtement, j'aurais l'impression d'en détruire la composition.


Chapter 19: Love Mingled With Grief

Legolas ne pensait plus qu'à la façon dont sa main épousait parfaitement la sienne, et il craignait de détourner son regard de ses yeux doux et sombres comme si tout ce qui s'était passé pouvait s'effacer de sa mémoire comme un rêve au réveil. Et s'il s'agissait d'un rêve, Legolas ne voulait pas se réveiller.

Devant lui se tenait une elfe qui avait fait preuve de courage face aux dragons, qui prenait volontiers le risque de provoquer sa colère si cela signifiait qu'elle devait exprimer le fond de sa pensée, et qui lui parlait désormais comme une amie. Legolas désirait plus que tout qu'ils se rapprochent, qu'il lui soutire un sourire ou même qu'elle rit avec lui comme elle le ferait avec son frère ou les jumelles.

Il avait connu beaucoup de beautés elfiques avant la guerre et les avait toutes chéries, mais le prince n'avait jamais noué de véritable amitié avec aucune d'entre elles ; il se doutait que c'était la raison pour laquelle aucune de ces relations ne durait jamais très longtemps. Bien évidemment, il avait toujours compté Celeril comme l'une de ses plus grandes alliées et confidentes, mais elle était sa sœur et ne comptait pas. Legolas voulait se prouver à lui-même qu'il pouvait le faire, qu'il pouvait nouer une amitié dans les endroits les plus improbables, avec cette mystérieuse créature devant lui, qui avait ouvertement méprisé toutes ses avances.

S'il pouvait être ami avec un nain, il pourrait l'être aussi avec elle. Elle avait attisé sa curiosité. A présent, ses yeux luisaient d'une chaleur absente jusque-là et il la trouvait plus belle que lors de leur première rencontre sous les étoiles en Lothlórien.

Il ressentait son irritation, il se demanda quelle en était la raison. Ses actes en étaient-ils la cause ? Avait-il été trop dur à son égard ? Legolas concéda qu'il l'avait considérée comme une adversaire, une personne à battre à tout prix, et cet après-midi, quand sa première larme avait coulé, il avait compris qu'il avait gagné. Il l'avait vaincue. Seulement cette victoire le faisait se sentir pathétique et répugnant. Gagner son affection s'avérerait être un but beaucoup plus glorieux, et il endurerait les pires blessures de guerre pour l'obtenir. Ce soir en signait les prémices, car Miredhel et Legolas s'étaient tous deux efforcés d'être agréables l'un envers l'autre. Legolas prit la décision que s'il voulait devenir son ami, il devait d'abord gagner sa confiance. En d'autres termes, il voulait qu'elle lui fasse confiance, et pour le moment, elle avait l'air très mal à l'aise. Elle avait quelque chose à lui avouer ou à lui raconter, mais « Quoi que Miredhel ait eu l'intention de dire cela pouvait attendre. », décida Legolas et avant qu'elle parlât, il l'interrompit.

— Dame Miredhel, vous tremblez. Qu'est-ce qui vous trouble tant ? Dites-le-moi afin que je puisse vous aider.

— Je dois vous parler d'une affaire très personnelle. J'aurais dû vous le dire dès notre première rencontre, mais je ne l'ai pas fait... pour des raisons absurdes. Maintenant, je sais que je dois le faire. »

Legolas cligna des yeux.

« — J'ai pensé que vous aviez peur des attaques d'orques, ou de dormir dans le désert, ou du dragon...ou de devoir appliquer du baume sur mon dos. », renchérit-il d'un ton badin.

Miredhel avait l'air horrifié.

« — Mais je vous l'ai dit, je n'en ai pas besoin, car je me porte plutôt bien.

— Non, non, répondit-elle. Si j'ai l'air contrariée, c'est seulement parce que je m'en veux d'être si préoccupée au point d'en oublier vos blessures. Nous allons nous en occuper de suite.

— Mais... vous alliez me dire quelque chose ? », lui rappela Legolas.

Elle hocha la tête en ouvrant sa besace.

« — Et je veux toujours vous le dire. Mais si je veux toute votre attention, je ne peux pas vous laisser vous évanouir à cause de la douleur causée par ces brûlures, dit-elle puis elle se mit à écraser d'autres feuilles.

— Je ne me suis jamais " évanoui ", pour votre information, protesta-t-il.

— Je n'en doute pas un seul instant, répondit Miredhel avec une lueur dans les yeux.

— Je ne me suis jamais… pas à ma connaissance. », se défendit-il en lui tournant le dos.

Avec son aide, elle retira délicatement le tissu de sa peau meurtrie.

« — Comme c'est affreux !, sursauta-t-elle quand elle vit son dos à nu, avec des marques rouges et des cloques qui criblaient son torse.

— Ce n'est pas la réponse que j'espérais , dit-il, feignant la tristesse.

— Non, j'ai juste dit ça parce que ces brûlures sont assez vilaines. Votre dos va bien. »,dit-elle en examinant son épaule.

Il lui sourit, et Miredhel se corrigea aussitôt.

« — Je veux dire que votre dos ira bien, une fois que ces cloques auront disparu. »

Sur ces mots, elle commença à appliquer avec délicatesse la pommade sur le dos de l'elfe en effectuant de petits mouvements circulaires. Elle ne put s'empêcher de remarquer que ses années d'entraînement et de tir à l'arc avaient parfaitement tonifié et défini les muscles de son dos et se dit que toute autre femme qui le voyait dévêtu avait probablement eu une réaction très différente de la sienne. Miredhel se mordit la lèvre et s'efforça de se concentrer sur l'application du baume, tout en étant douce, dans l'intention d'aider le prince à guérir. Elle lissa la substance froide sur sa peau, détestant la façon dont ses doigts la picotaient à son contact, et la façon dont son cœur s'accélérait à le voir sourire.

« — Il n'est pas pour toi. », se rappela-t-elle en fronçant les sourcils.

Legolas avait tourné la tête au moment où le mécontentement de la demoiselle pouvait se lire sur son visage et il se demanda vraiment ce qui la tracassait tant.

Miredhel leva les yeux au ciel, se reprochant de lui avoir fait voir sa frustration. Bien sûr, elle ne voulait pas lui dire ce qui la dérangeait vraiment, alors elle fit mine d'être triste et d'un air sérieux, elle dit :

« — Ça me fait de la peine de vous voir souffrir autant.

— Dame Miredhel, j'ai subi des blessures beaucoup plus graves que quelques petites brûlures. Elles sont désagréables, mais pas insupportables, lui assura Legolas. Vos blessures sont bien pires que les miennes.

— Mmh. »

Miredhel réfléchit un instant à ses propos, puis elle poursuivit sa tâche, tout en appliquant soigneusement le baume vers ses omoplates.

« — La bonne nouvelle, dit-elle, c'est qu'aucune de ces brûlures ne laissera de cicatrices, mon seigneur.

— C'est une bonne nouvelle, je suppose, affirma-t-il, pensif. Quand pensez-vous qu'ils vont guérir ?

— Oh, je soupçonne que vous serez complètement guéri d'ici cinq jours au plus tard, si vous faites attention à ne pas frotter ou gratter les plaies. »

Il hocha la tête et se retourna, et elle poursuivit ses soins en retroussant soigneusement sa chemise au fur et à mesure qu'elle soignait ses épaules. Pour lui, ses contacts l'apaisaient presque autant qu'ils excitaient. Elle était si près de lui qu'il pouvait sentir son souffle léger tandis qu'elle se penchait, et partout, son corps le brûlait à nouveau, sauf que c'était à présent dû à la douce chaleur de ses mains. Ils étaient comme deux flammes qui consumaient tout ce qui se trouvait entre eux deux, dévorant lentement sa volonté de résister. Miredhel fredonnait doucement pendant qu'elle s'affairait, ignorant complètement son emprise sur lui, si préoccupée par sa propre bataille.

Elle savait qu'elle ne devait pas s'attarder sur de telles pensées, comme la façon dont un seul regard de la part de Legolas pouvait la troubler. Non seulement parce que, pour le moment, c'était son patient, mais aussi pour son nom, son statut, qui il était et ce qu'elle n'était pas, et tout simplement pour tout ce qui s'était passé auparavant. Parfois, il l'avait exaspérée à cause de ses manières autoritaires et son arrogance, et elle l'avait détesté, mais jamais haï de manière véhémente. Pourtant, les derniers jours avaient révélé en lui une force tranquille, une volonté de diriger et de protéger, qu'elle n'avait jamais vue auparavant, et il avait fait preuve d'une bonté inattendue, accompagnée d'un sens de la grâce semblable à celui du Seigneur Celeborn et de Dame Galadriel.

A présent ce prince était assis devant elle, vulnérable et exposé, lui accordant sa confiance pour le guérir. La jeune elfe au contact froid et au cœur encore plus glacial, ne pouvait nier qu'elle était insensible à tous ses charmes. Tout ce qu'elle savait ou pensait savoir, toute vérité qu'elle avait affirmé et dont elle s'était convaincue disparaissait, son cœur s'émarouchant peu à peu, et pour la première fois depuis très longtemps, Miredhel ne savait plus quoi croire ni quoi ressentir. Quand elle parvint aux omoplates, elle prit ses cheveux pour les mettre sur son épaule, et son esprit vagabonda vers cette nuit-là, dans le jardin, quand elle l'avait embrassé et enroulé ses bras autour de son cou. Elle se souvenait à contrecœur de la façon dont les cheveux de Legolas avaient frôlé sa peau, froids et chauds en même temps qu'il l'avait tenue fermement.

Miredhel ferma les yeux et se mordit la lèvre, voulant que les souvenirs disparaissent et que les battements de son cœur ralentissent. Elle avait cessé d'appliquer le baume et Legolas s'en aperçut.

« — Quelque chose ne va pas ?, lui demanda-t-il.

— Euh... non. Non, non, non. Je vais bien... Non, je veux dire, oui ! Oui, pour vous, bien sûr. Pas pour moi. Rien ne cloche chez moi. »

Miredhel bégayait, le rouge aux joues. Elle se sentait profondément reconnaissante que Legolas ne se soit pas retourné pour la surprendre en pleine rêverie. Elle s'efforça de se concentrer. Elle s'éclaircit la gorge.

« — On dirait que vous avez un hématome sur l'épaule. »

Elle appuya sur la zone du bout des doigts pour s'assurer que rien n'était cassé.

« — Comment vous êtes vous fait cet hématome ?

— Je n'en suis pas vraiment sûr. Je crois que j'ai heurté quelque chose quand je suis tombé dans le ravin. », dit Legolas.

Miredhel acheva d'appliquer le baume et remit doucement son haut par-dessus la peau meurtrie.

« — Vous vous êtes peut-être évanoui et c'est pour ça que vous ne vous souvenez pas des détails, le taquina-t-elle.

— Je vous ai dit que je ne me suis jamais évanoui ou perdu connaissance ! Que je me souvienne. », insista Legolas, et ses yeux brillaient lorsqu'il se tourna vers elle.

Puis il devint solennel et la remercia pour son aide. À son tour, elle lui répondit que c'était le moins qu'elle pouvait faire et qu'elle vérifierait ses blessures le lendemain matin. Puis les deux elfes se turent. Miredhel fredonna un peu nerveusement car elle savait qu'elle devait parler au prince de cette chose qui avait envahi son cœur depuis si longtemps. Ça le concernait autant qu'elle. Il devait le savoir. Il méritait de savoir.

Miredhel serra ses mains sur ses genoux, puis elle s'adressa à l'elfe à côté d'elle.

« — Monseigneur ?

— Vous n'avez pas besoin de dire ça, vous savez. », dit Legolas, un peu fatigué.

Miredhel se méprit sur ce qu'il venait de dire, et elle se demanda si Legolas connaissait déjà son histoire.

Mais comment le pourrait-il ? se demanda-t-elle. Qui aurait pu le dire ? Personne ne connaissait la vérité maintenant, sauf elle.

« — De quoi parlez-vous ? Qu'est-ce que je n'ai pas besoin de dire ?, répliqua Miredhel en s'alarmant.

— Vous savez bien. », dit-il.

Ne comprenant toujours pas les paroles du prince, elle haleta, et sa peau devint pâle.

« — Vous savez déjà... pour Annariel ?, demanda-t-elle calmement.

— Oui, Sulindal m'a parlé d'elle, mais ce n'est pas ce que je voulais dire, dit Legolas, un peu confus aussi. Je voulais juste dire que vous n'avez pas à vous adresser à moi de manière aussi formelle.

— Monseigneur, je préférerais que vous n'en fassiez pas mention. »

Désormais, c'était Miredhel qui avait l'air confus.

« — Le protocole elfique exige qu'après que deux personnes aient combattu un dragon ensemble, elles ne doivent s'adresser l'une à l'autre que par leur prénom. », plaisanta Legolas.

Miredhel cligna des yeux. Elle n'était pas tout à fait sûre de ce qui venait de se passer.

« — Oh, vous ne faisiez pas référence à mon amie, mais vous avez souhaité que je vous appelle... oh, je ne pense pas que je puisse être si audacieuse, mon seigneur. », s'exprima-t-elle lentement.

Legolas sourit.

« — Bien sûr que vous le pouvez. Vous m'avez déjà dit des choses beaucoup plus caustiques que mon prénom. »

Elle rougit.

« — Encore une fois, ne me le rappelez pas. »

L'elfe insista.

« — Dame Miredhel, vous me feriez un grand honneur si vous m'appeliez Legolas. »

Elle secoua la tête.

« — Pourquoi pas ?, demanda-t-il. Vous parlez à Belegil et Sulindal en utilisant leurs prénoms respectifs.

— Oui, mais je suis amie avec eux, répondit-elle avant de mettre rapidement sa main devant sa bouche en réalisant ce qu'elle avait dit. Je suis désolé, mon seigneur. Je ne voulais pas insinuer que nous sommes ennemis. »

Les yeux baissés, il haussa les épaules. Quand il leva à nouveau les yeux, son regard bleu profond trahissait le chagrin de ses années passées dans la solitude aggravée par l'immortalité. Il parla alors à voix basse.

« — Ne l'avons-nous jamais été, à vrai dire ? Depuis notre première rencontre, nous ne nous sommes guère montrés cordiaux l'un envers l'autre. »

Miredhel hocha la tête l'air misérable.

« — Je sais, mais c'est ma faute.

— Non, ma dame. Je suis également à blâmer. J'ai laissé mon propre sens de la valeur et ma fierté égoïste guider mon comportement dans tous les moments que nous avons partagés. Je méritais votre mépris.

— Je suppose que nous sommes tous les deux fautifs, mais je suis en grande partie coupable , dit-elle puis elle prit une grande respiration. Je vous ai dit plus tôt que j'avais quelque chose à vous dire.

— Oui, mais vous ne vouliez pas en parler devant votre frère.

— Je sais, je sais. Je ne voulais pas qu'il entende, pas encore. Ça vous concerne, et moi... et Annariel. Je ne sais pas exactement comment le dire. J'ai pensé vous raconter cette histoire plusieurs fois. Même quand j'ai appris que vous reviendriez visiter la Lothlórien, j'avais prévu de vous rencontrer et de vous le dire, pour que vous le sachiez. Ce n'était pas un accident quand je vous ai rencontré sur le balcon la première nuit de notre rencontre. J'avais prévu de vous le dire alors, mais.…

— Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? Nous étions seuls. J'aurais écouté.

— L'auriez-vous vraiment fait ? A ce moment, je ne pense pas. Pardonnez-moi, mais vous sembliez plus intéressé par une romance avec la première jeune fille croisée sur votre chemin. »

Legolas se hérissa un peu avant de se rendre compte qu'elle avait raison.

« — Vous avez raison sur ce point, avoua-t-il d'un air penaud. Je vous aurais volontiers conquis si vous m'aviez laissé faire. »

Le bout des oreilles de Miredhel rougit à cette suggestion et elle leva les yeux vers la voûte bleue nuit au-dessus et le croissant de lune couronné d'une lumière éthérée d'étoiles perdues. Elle se posait des questions, si le destin avait été plus clément, si les choses avaient été différentes. Legolas et elle se seraient peut-être rencontrés dans de meilleures circonstances, seraient peut-être même tombés amoureux. Une larme solitaire glissa sur sa joue. Toujours silencieuse, Miredhel secoua la tête et tordit une boucle d'or entre ses doigts.

« — Visiblement, vous semblez surpris.

— Pour ça, vous ne pouvez pas m'en vouloir. Je ne le savais pas. Je ne sais toujours pas. », protesta-t-il.

Les yeux de Miredhel étaient humides et lointains au début de son récit.

« — Ce qui s'est passé entre nous, surtout en ce qui concerne mon comportement envers vous, concerne curieusement ma meilleure amie. Annariel était vraiment une sœur pour moi. On a tout fait ensemble. Nous avions même promis il y a longtemps qu'elle épouserait Eledhel pour que nous puissions vraiment être sœurs. Puis un jour de l'hiver dernier, le 17 janvier, je crois que c'était...

— Quand la Communauté est arrivée à Caras Galadhon, termina Legolas.

— Oui, et vous parmi eux. Annariel est venue à ma rencontre sur les terrains d'entraînement ce soir-là. Je l'avais rarement vue aussi excitée. Ses joues étaient rouges et elle était à bout de souffle, car elle avait couru jusqu'ici pour me parler de la compagnie la plus étrange qui était venue dans notre ville : deux hommes, des hobbits, un nain et un elfe. »

Miredhel s'arrêta et leva les sourcils.

« — Vu la façon dont elle vous a décrit, je savais qu'elle était folle de joie.

— Moi ?, demanda Legolas l'air innocent.

— Ne soyez pas si surpris, lui conseilla Miredhel. J'ose dire que je vous connais assez bien pour ne pas me laisser berner par une fausse modestie. Bref, elle voulait que je l'accompagne pour vous voir en personne.

— Et qu'en avez-vous pensé ?, l'encouragea Legolas.

— Je ne l'ai pas accompagnée, répondit Miredhel. J'ai dit à Annariel qu'elle était folle, que l'elfe étrange qu'elle avait vu était peut-être un criminel, un vagabond, un serviteur du Seigneur des Ténèbres.

— Mais je n'étais rien de tout ça, lui rappela Legolas.

— Je sais, je sais. Eledhel est revenu de la garde forestière le lendemain et m'a dit qu'un de nos parents de la Forêt Noire, le fils de Thranduil, était arrivé avec une étrange compagnie. Quand je suis allée rendre visite à Annariel, elle était vraiment rayonnante. Elle m'a dit qu'elle vous avait vu en compagnie du nain dans les jardins, et elle n'arrêtait pas de me répéter combien vous étiez fort et beau et combien vos yeux étaient bleus... Je savais alors que mon amie avait dépassé les limites de l'engouement et qu'elle était éperdument amoureuse de vous.

— Et je ne l'ai jamais rencontrée. Pourquoi n'a-t-elle pas trouvé un moyen de me rencontrer ? », murmura tristement Legolas.

Miredhel regarda sciemment l'elfe.

« — Elle était très timide et beaucoup trop timide pour se présenter, surtout en présence d'un nain. Après ça, elle n'a parlé que de vous. Elle a essayé de trouver des moyens de vous rencontrer, mais vous étiez toujours avec un troupeau de gens ou errant avec le nain. Elle m'a demandé de l'aide et j'ai refusé, poursuivit-elle.

— Pourquoi ne l'aidiez-vous pas ?

— Je n'en suis pas fière, mais je suppose que j'étais jalouse. Après tout, elle m'avait promis qu'elle épouserait mon frère. Et pendant le mois où vous étiez en Lórien, elle a complètement tout oublié et il n'y avait personne d'autre que vous.

— Je me sens affligé par la perte d'une personne que je n'ai jamais rencontrée, dit-il lentement, souhaitant que le temps s'écoule pour qu'il puisse trouver cet amour qu'il n'avait jamais connu. Et si elle avait été son âme sœur et qu'il l'avait perdue avant de la retrouver ?

Miredhel posa une main sur la sienne pour le réconforter, et peut-être pour se soulager aussi. Son geste le surprit, mais les paroles qui suivirent l'étonnèrent plus encore.

« — Vous l'avez rencontrée, murmura-t-elle d'une voix laissant transparaître le chagrin Elle m'avait supplié encore et encore pour que je l'aide. J'ai fini par céder. Eledhel m'a dit que la Communauté allait bientôt se mettre en route, donc je ne pouvais pas voir le mal que cela lui causerait. Une fois que vous êtes parti, j'ai pensé qu'elle vous oublierait et que tout redeviendrait comme avant. J'ai laissé Annariel prendre ma place comme l'une des servantes de Galadriel quand le Seigneur et la Dame sont allés à votre rencontre sur le fleuve. C'est elle qui vous a offert l'arc.

— J'étais tellement émerveillé par ma nouvelle arme que je ne l'ai même pas remarquée, confessa-t-il, tête basse.

— Pourquoi m'avez-vous raconté cette histoire ?, demanda-t-il amèrement. Donc mes rêves peuvent être hantés par une nouvelle sorte de fantôme ?

— Non, et je vous demande pardon si c'est ce qui ressort de cette conversation, affirma Miredhel. Je voulais que vous en ayez connaissance, que vous compreniez pourquoi, lors de notre rencontre, j'ai été si odieuse envers vous.

— Parce que votre amie s'est éprise de moi ?

— Si seulement c'était aussi simple ! s'exclama-t-elle. Après votre départ de Lothlórien, Annariel avait changé. Elle n'a plus jamais chanté. Elle n'a plus jamais ri. Nous parlions rarement, car elle savait que je n'approuvais pas son affection à votre égard. Elle pleurait et s'inquiétait pour vous. Lorsqu'elle entendit parler des plans de Celeborn pour le siège de Dol Guldur et la bataille pour la Forêt Noire, elle fut l'une des premières à s'engager dans le groupe d'archers d'Eledhel. Elle ne me l'a pas dit. Je l'ai appris par mon frère. »

Miredhel a pris une grande respiration. Legolas repoussa les boucles de devant son visage pour découvrir les traces des nombreuses larmes qui coulaient sur ses joues.

« — Quand nous en avons parlé, j'ai perdu mon sang-froid. Je lui ai dit qu'elle était irrationnelle, et elle m'a répondu qu'elle comptait rester dans la Forêt Noire après la bataille pour vous attendre. Nous nous sommes battues. J'ai dit tant de choses horribles. Vous me connaissez assez bien pour me croire capable de ça. Elle m'a supplié de la libérer de notre serment concernant le mariage avec Eledhel, disant qu'elle ne pourrait jamais l'aimer maintenant que son cœur vous appartenait. Je l'ai traitée de traître et j'ai refusé. Elle m'a imploré, et je lui ai assuré que je ne lui parlerai plus jamais de toute ma vie si elle revenait sur sa parole.

— Et vous n'avez pas cédé ? », demanda-t-il en levant le menton de Miredhel du bout des doigts pour qu'il puisse la regarder dans les yeux.

Miredhel détourna la tête et baissa les yeux.

« — Non. », chuchota-t-elle de manière à peine audible.

Mais Legolas avait entendu et avait compris. Il s'agenouilla devant elle, lui tenant toujours la main, et lui prit le visage en coupe de l'autre main.

« — Ce n'est pas votre faute si elle est morte, Dame Miredhel. Elle a choisi d'aller à cette bataille de son plein gré. Vous n'aviez aucun moyen de connaître l'avenir. », dit-il calmement.

— C'est la dernière fois que je l'ai vue, renifla-t-elle. Quand j'ai appris qu'elle avait été tuée au combat, je n'ai pas pu trouver en moi la force de pleurer. J'ai remplacé mon chagrin par la colère et j'ai blâmé tout le monde pour sa mort, y compris elle, moi-même, mon frère, ses frères, le Seigneur et la Dame... et vous. Je n'ai jamais versé une larme pour elle jusqu'à présent. J'avais l'impression de l'avoir perdue à cause de vous. Et puis vous êtes revenu dans ma cité avec l'intention d'emmener un grand nombre d'elfes dans un nouveau pays et mon frère a voulu partir. Je vous détestais. Je suis désolé de vous l'avouer mais je vous détestais.

— Chut, vous n'éprouvez plus cela désormais, n'est-ce pas ? »

Il observa son visage à la recherche de tout signe de sentiment qu'elle pourrait avoir pour lui, craignant et désirant à la fois sa réponse.

« — Non. », répondit-elle en toute honnêteté.

Legolas soupira de soulagement. Miredhel prit sa main qui tenait la sienne avec précaution pour la poser au-dessus de son cœur. Elle le fixa.

« — Vous m'avez surpassé en paroles et en actes. J'ai découvert que je ne pouvais pas rester en colère contre vous longtemps. Ma gratitude et mon admiration m'en empêchent. Mais quand vous êtes revenu, vous étiez pour moi comme un voleur qui avait volé ou allait voler tout ce qui était précieux.

— Alors pourquoi avez-vous accepté de participer à un pari avec moi au concours de tir à l'arc, si j'étais si abject avec vous ?

— J'espérais pouvoir gagner, bien sûr, et assurer l'avenir de mon frère avec moi dans le Bois d'Or.

— Mais j'ai gagné, admit-il lentement, et je vous ai forcé à m'embrasser dans ce maudit jardin . D'après ces récits, mes crimes sont vraiment graves. »

Miredhel secoua la tête en signe de désaccord.

« — Non, mon seigneur. D'un seul coup, j'avais perdu mon frère à cause de vous et l'Ithilien. J'étais en colère contre vous, mais furieuse contre moi-même. Tout me semblait si incontrôlable et hors de ma portée. Puis je vous ai rencontrée dans le Cercle des Amoureux, et je vous ai embrassé selon notre accord...vous ne m'avez aucunement "forcée" », se hasarda Miredhel, et ses yeux, pleins de doutes, croisèrent les siens.

Legolas se considérait comme un bon juge des expressions et des émotions, mais, alors qu'il regardait dans ses yeux, il était perdu quant à ce qu'elle ressentait - le chagrin, certes, et la culpabilité, mais peut-être la peur persistait-elle aussi. Il ne comprenait pas ce qu'elle pouvait tant redouter.

La voix de Miredhel se brisa. et elle s'est répétée :

« — J'ai senti que je perdais tout ce qui m'était cher - à cause de vous! J'avais perdu Annariel à cause de vous ! J'allais perdre Eledhel à cause de vous ! J'allais perdre ma foyer à cause de vous! Puis on s'est embrassés, et j'ai su que j'étais en danger car j'allais moi aussi me perdre. »

Legolas ne savait pas quoi dire. La révélation de Miredhel l'avait stupéfait dans le bon sens. Étonné, il s'assit, la regardant pleurer entre ses manches. Puis il la rapprocha de lui et elle se lova dans ses bras comme si c'était naturel, ou comme si elle l'avait fait des milliers de fois. Il la tenait là près du feu et l'embrassa plusieurs fois sur la tête alors qu'elle se penchait sur son épaule. Ni l'un ni l'autre ne parlait, et tous deux pleuraient.

Il la tint ainsi jusqu'à ce que la lune commence à décliner, et Eärendil avait effectué un chemin paresseux à travers le ciel nocturne. Elle avait versé des larmes intarissables, son épaule était humide, et Legolas luttait encore pour trouver la paix dans le tumulte de son histoire. Il pleura le fait de n'avoir jamais rencontré Annariel, et encore plus pour ce que Miredhel ressentait pour lui. Legolas pensait qu'il se serait réjoui de découvrir qu'elle avait quelques sentiments envers lui, mais maintenant que le moment était arrivé, il ne se sentait pas bien. Miredhel avait peut-être des sentiments pour lui, oui, mais suivait-elle son cœur ? Legolas l'espérait. Il soupira et la rapprocha plus encore de lui.

Elle avait cessé de pleurer depuis plus d'une heure et dormait à présent. Même si l'elfe aurait aimé la tenir dans ses bras jusqu'à la première lueur du jour, son frère n'aurait certainement pas approuvé.

« — Miredhel, Miredhel. Vous devez vous réveiller. », lui murmura Legolas à l'oreille.

Elle remua dans ses bras, et la lumière revint dans ses yeux quand elle le regarda. Legolas l'aida à préparer son couchage, car il savait qu'il ne dormirait pas cette nuit.

Avant de s'installer, Miredhel jeta un long coup d'œil à cet elfe qui, à lui seul, avait fait tant de ravages dans sa vie. Elle savait qu'elle ne pouvait plus le haïr, mais elle luttait pour discerner ses vrais sentiments pour lui maintenant. Il valait mieux ne pas penser à de telles choses jusqu'à ce que les premières lueurs du jour apparaissent. Elle tira la couverture claire sur ses épaules, et avant de s'endormir, elle chuchota :

« — Bonne nuit...Legolas. »

Le prince était abasourdi. Elle l'avait appelé par son nom. Ça voulait sûrement dire quelque chose. Il errait dans le bosquet des arbres endormis, chantant doucement, pensant à elle, à tout ce qu'elle lui avait dit, et à Annariel. Plus il songeait à la situation, plus Legolas était certain que Miredhel n'envisagerait rien de plus que d'être ami avec lui. Il se demandait ce que Gimli dirait si le nain connaissait sa situation.

« — Cessez de tout analyser à l'excès, elfe ! », aurait-il répondu.

'mais je ne peux m'empêcher de le faire. C'était beaucoup plus facile quand elle ne m'aimait pas. ' pensa Legolas.

Arrivé au campement, il s'arrêta de marcher et s'assit sur un tronc qui était tombé en face de l'endroit où elle dormait. Legolas prit sa besace en pensant qu'il mangerait quelque chose pour oublier sa pathétique vie amoureuse. Tandis qu'il cherchait, sa main rencontra sa poudrière, et il la sortit à la vue de tous.

Gimli avait fait de son mieux pour les gravures. La mer ! Elle lui faisait signe. Legolas se demandait si son cœur ne connaîtrait la paix qu'une fois sur ses rives, près des vagues... et des mouettes. Tandis qu'il tournait la boîte dans ses mains, les vagues semblaient grossir et s'écraser, les oiseaux de mer voletaient, et le soleil s'abaissait comme une porte s'ouvrant vers l'ouest . Il s'empressa de remettre la poudrière dans sa besace, mais il pouvait encore entendre les cris des mouettes. L'elfe essaya de concentrer son regard sur Miredhel et de ne plus que penser à elle, mais le bruit des vagues persistait dans son esprit. Legolas se mit debout et pressa ses mains sur ses oreilles, mais il pouvait encore entendre l'appel...la mer, la mer ! Son esprit effaça toute pensée, à l'exception du goût salé de la brise au beau milieu de l'été, des navires gris avec des voiles blanches tranchant le vent et l'eau, et le cri lointain des mouettes et des vagues. L'elfe se mit à chanter :

Neither elm, mallorn, oak, or beech; no forests wide or small;

Nor shady paths through moonlit groves can dim her plaintive call.

Softly now she haunts each dream, and every moment waking,

I hear her cries, her murmured song, the will within me breaking.

With deepest blue and brightest gold, she tempts immortal elves,

To bid farewell to love and kin and slowly lose themselves,

Amidst curled waves, sheer glimmering stars, and countenance divine.

She lures me to my elvenhome to claim my soul and mind;

Yet I pledged these years to my friends, mortal though, and aging,

I cannot leave, I cannot stay, the land and woods are changing.

The seasons spiral, red drifting down, like a windblown leaf,

Bidding me to leave these shores, where love bleeds into grief.

Pendant qu'il chantait, Legolas aperçut Eledhel, les bras croisés derrière la tête, dormant sur une branche robuste. Il vit la forme élancée de Miredhel reposant paisiblement, la couverture tirée de manière à ce que l'on ne voit qu'une seule masse de boucles. Il pensa à Gimli, Aragorn, Merry et Pippin, qui l'avaient supplié de rester.

C'étaient ses amis, et il ne voulait pas les quitter. Il n'avait pas à se demander combien de temps encore il pourrait résister à l'appel de la mer. La réponse lui était déjà donnée : il resterait aussi longtemps que nécessaire.